Un été torride (suite et fin)

2 minutes de lecture

La chaleur torréfiait la capitale et le commissaire n’avait plus rien sous la main pour éponger son corps ruisselant de transpiration. Il saisit un buvard qui lui laissa un point noir sur le front. 

Inspecteur, me dit-il, il faut retrouver les propriétaires de tous les véhicules accidentés sur ces photos. J’insiste, Marfau. Je sens que nous tenons le meurtrier. J’ai toujours résolu mes plus belles affaires en été. 

Mon week-end était foutu. 

Il s’interrompit à ce moment pour déloger une mouche qui s’était aventurée par la fenêtre ouverte et était venue s’emmêler dans ses cordes vocales 

oOo  
Au même moment, quelques centaines de kilomètres plus au sud, la Juva 4 de Paulo laissait des traces sur le goudron fondu de la petite départementale. 

C’est alors que surgit un énorme camion, aussi large que la route, dans un infernal bruit de sirènes couvrant les informations du vieux transistor. 

« … Le curé de campagne est un psychopathe extrêmement dangereux souffrant de troubles graves de la personnalité en cas de contrariétés… » 

Mais il est cinglé ! Regardez-moi ce con ! Mais serre-toi ! Serre-toi ! Est-ce qu’il va se serrer, nom de Dieu ? 
Mon père, je vous en prie, ne blasphémez pas ! 

L’abbé tourna la tête vers Paulo. Ce dernier n’avait jamais vu un visage humain passer plus subitement du plaisant au sévère. L’abbé devint un être antipathique au dernier degré, patemment hargneux et un répugnant furoncle qu’il avait sur le front se mit à mûrir brusquement. 

« … L’homme a des tendances anthropophagiques perverses qui l’ont amené à commettre par le passé toute une série de meurtres particulièrement atroces. Sa maladie est incurable à ce jour et la récidive est à craindre fortement… » 

Le faciès de l’abbé continuait de se déformer au point que cette fois la simple vue de son regard aurait mille fois suffi à jeter l'épouvante dans les rangs d'un bataillon de légionnaires parachutistes. 

« …Après avoir assommé ou poignardé sa victime, il la dévore immédiatement… » 

Sa figure était défigurée – si toutefois on peut défigurer une figure telle que la sienne – par un affreux rictus. L’éclair d’une lame surgie de nulle part brilla dans la main de l’abbé. 

« … l’individu est d’autant plus dangereux qu’il est intelligent et courtois et se dissimule sous l’habit du prêtre… » 

Elle disparut entièrement dans l’abdomen de Paulo qui dit : « Ho ! » 

« … la population est donc invitée à observer la plus grande vigilance et à prévenir la gendarmerie si elle aperçoit cet indiv… ». 

Sans doute en raison d’une distraction de son chauffeur, la juva 4 et Joseph se jetèrent sur le premier platane venu, ce qui fut fatal à l’une comme à l’autre, privant ce dernier du plaisir de dévorer sa victime. 

oOo  
L’antique téléphone en bakélite noire déchira l’atmosphère poisseuse du bureau surchauffé. 

D’un geste étonnamment précis, le commissaire prit l’instrument et allô-a ; puis, après une brève communication au cours de laquelle il ne prononça pas un mot, le reposa délicatement, exactement au même endroit. 

Le curé de campagne est mort, Marfau. Le dossier Bourdayanne est clos et votre week-end est sauvé. 

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Oncle Dan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0