Pourquoi on ne vous dira jamais pourquoi

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Introduction

Les RH eux-mêmes s’accordent à penser que les motivations des salariés ne peuvent être prises en compte - ce qui ne les empêche pas de vous demander quelles sont vos motivations à venir travailler dans leur entreprise, question piège, puisqu’ils s’en fichent.

1. Vous progressez (autrement dit, vous réussissez), et vous ne savez pas pourquoi

À la limite, c’est passable, tant que les résultats sont bénéfiques, surtout pour vous, et qu’on vous le fait chaleureusement remarquer.

Le bémol, c’est que vous ne savez pas quelles conditions vous permettent de progresser, et de ce fait, vous ne pouvez pas les recréer.

Donc :

Vous spéculez sur les éléments susceptibles de générer ces conditions de développement optimales.

2. Vous ne progressez pas (donc vous échouez), et vous ne savez pas pourquoi

Là, ça coince pour vous.

Vous n’apportez rien à l’entreprise - qui vous le fait méchamment remarquer par un refus catégorique -, et vous pouvez aller jusqu’à vous sentir trahi par vous-même car vous n’avez pas su être à la hauteur.

En entreprise, le temps, c’est de l’argent. La moindre formation prend du temps même si elle peut être à moindre frais, et l’entreprise préfère les individus déjà « finis », ou formés par un tout autre système que le sien (stage, université, etc... sachant que le diplôme n’est pas à considérer comme un « sésame magique », mais la preuve que les compétences demandées soient bel et bien acquises et validées par un quelconque organisme). Ceci dans le but de ne pas perdre de temps, et donc pas d’argent.

Si on vous dit non, c’est parce qu’il a été conclu que vous ne pouviez rien apporter à l’entreprise. Vous ne lui servez donc à rien en l’état. Mettre un terme à l’entretien reste le choix le plus approprié à l’entreprise pour garder son temps.

Donc :

En ce qui vous concerne, vous pouvez sortir du bureau du DRH en vous répétant en boucle que vous n’avez aucune valeur. Sachant que l’entreprise ne vous aiguillera pas sur la recherche de votre potentiel car, une fois de plus, c’est une question de temps, que vous lui faite perdre.

3. Pourquoi « pas de pourquoi » ?

Si tu ne progresses pas, ça veut dire que tu échoues.

Pas très rassurant.

Si vous progressez, on ne vous dira pas pourquoi parce qu’on ne le sait même pas. La politique du RH ne s’intéresse pas aux motivations, je le rappelle. Tout n’est que résultat.

Si vous ne progressez pas, on a aucune raison de s’intéresser à vous ou de vous garder ne serait-ce qu’en option de secours. Vous n’avez pas les compétences pour. Lesquelles ?

Ah ! Justement. Le mieux que vous puissiez faire, c’est de vous renseigner sur ce qu’attend le poste, et au mieux, approfondir vos recherches en les étendant à des services proches et aux valeurs demandées (ou autre chose, renseignez-vous sur l’entreprise avant l’entretien), ceci dans le but d’éviter des questions de connaissances qui risquent de vous surprendre, et de vous gêner si vous ne savez rien. Le jury peut tenter de vous faire perdre vos moyens, vous devez anticiper le plus de coups bas possible.

Par exemple, imaginez une phrase imprimée sur un papier disant « capable de parler anglais », et à côté de ceci les cases « oui » et « non ». Ces cases décident littéralement de votre sort, et en un temps record.

  • Si « oui », très bien ! Je commence demain.
  • Si « non », du balais. Je dois apprendre l’anglais / changer d’entreprise.

On peut constater que dans le cas négatif, deux choix s’offrent à vous.

« Dans le positif aussi, tu peux accepter ou refuser. »

Dans un cas spécifique, comme si vous avez été accepté dans plusieurs entreprises (domaines, écoles...) à la fois, d’accord. Mais si vous postulez, généralement, c’est pour le « oui ». Même si vous ne restez que deux jours pour aller voir ailleurs ensuite, ou parce que vous avez été viré pour une obscure raison, ou une erreur.

Conclusion

Vous attendre à des justifications est inutile car le spectre du temps planera sans faiblir pour vous signifier d’abréger immédiatement ce que vous faites. Vous êtes un grain de sable dans les rouages de la machine capitaliste, estimez-vous heureux que ce qui fait tourner le monde vous accorde un entretien qui ne peut se solder que par deux possibilités :

  • Dans le meilleur des cas, vous avez le loisir d’enchaîner les situations en espérant tomber sur la combinaison gagnante.
  • Mais dans le pire, vous avez au moins le choix de changer de plan mais pas l’objectif, ou bien de changer l’objectif, mais pas le plan.

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