Ma "Chatteuh"... Qui aurait cru que ce drôle de surnom, lancé à tire-larigot par un curieux personnage lors de nos soirées au pub de la place, nous collerait encore à la peau douze ans plus tard ?

Qui aurait cru à une amitié si forte entre deux personnes aussi différentes que toi et moi ? Et pourtant...

Sur les bancs de la fac, tout nous séparait. Toi, la brune, moi, la blonde. Toi, la fille apprêtée et maquillée comme une voiture volée, moi, à moitié garçon manqué. Toi issue du Conservatoire, moi l'autodidacte... Tellement de différences qu'il me faudrait des jours pour les lister.

Je ne me souviens même plus des premiers mots que nous nous sommes échangés. Je me souviens juste que, rapidement, est née une belle complicité.

Nous avons d'abord partagé des rires. Avec toute la bande ou même rien que nous deux : nul besoin des autres dès lors que nous étions ensemble.

Puis nous avons traversé des épreuves. Tu as été une des rares à m'apporter ton soutien, lorsque j'ai failli perdre mon frère. J'ai ensuite accueilli, pour la première fois, tes larmes, lorsqu'un homme a brisé ton cœur. Et les rires sont revenus.

Pour une courte durée, puisque nous avons dû nous séparer.

Près de mille kilomètres entre nous. Chacune dans notre vie, seulement reliées par le fil des réseaux sociaux et des appels téléphoniques.

Près de dix ans d'absence physique. Mais "loin des yeux, loin du cœur" n'est pas une expression qui nous sied, et nos épreuves respectives nous encore plus rapprochées. Dans chacun de nos chagrins d'amour, nous étions toujours là l'une pour l'autre, par la voix, et par les écrits. Lorsque j'ai été endeuillée, tu étais encore là. Lorsque nous avons dû nous reconstruire, nous étions là.

Cette année, tu m'as fait le plus beau des cadeaux en trouvant le temps de venir me voir sur mon île perdue. Je nous ai revues, bien des années en arrière, lors de nos insouciantes virées étudiantes. Il n'y avait plus que les rires. Et les épreuves, bien que toujours présentes dans nos vies, ont semblé, pendant quelques jours, bien moins insurmontables.

Je sais, aujourd'hui, que les deux jeunes filles qu'autrefois tout séparait sont désormais liées. Plus fortes que les années qui passent. Plus fortes que la distance qui les sépare.

Ce que nous avons traversé et partagé a forgé notre indestructible lien, et quoi que nous réserve l'avenir, je serai toujours là pour toi.

Je t'aime, ma "Chatteuh".