Chapitre 45

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– Je confirme, les clients ont pas menti sur la qualité des lits, commenta Julien dans un soupir ravi.

Retrouvant mon souffle, après notre délicieuse évasion intime, j’acquiesçai, aux anges.

L’agréable sensation qui parcourait mon corps ne me lâcha pas jusqu’au dîner, lorsque nous rejoignîmes les autres couples qui séjournaient dans le même lieu.

Le menu, composé de spécialités locales, nous plut grandement, et c’est la panse bien pleine que nous nous couchâmes ce soir-là.

– Joyeux Noël ! s’exclama Julien, à mon réveil.

J’émergeais à peine d’un profond sommeil cotonneux, et baillai en me frottant les yeux afin de mieux distinguer les traits de son visage souriant.

– Merci, joyeux Noël à toi aussi, répondis-je, avant de me pencher pour cueillir ses lèvres dans un baiser matinal.

Le chauffeur de taxi n’avait pas été excessif en nous avertissant de la météo annoncée pour le weekend : à peine sortis de la chambre d’hôtes pour prendre l’air, en fin de matinée, la fraîcheur du vent nous saisit et la pluie nous força à battre en retraite au bout d’une petite cinquantaine de mètres.

Nous apercevant rentrer, déjà trempés jusqu’aux os, l’un des clients nous proposa :

– Ma femme et moi prévoyons de faire un tour en ville après le déjeuner. On peut vous déposer, si ça vous intéresse.

Rassasiés d’un agneau de pré-salé divinement préparé par nos hôtes, de fromages du terroir et d’une délicieuse tarte normande aux pommes, nous quittâmes la charmante bicoque, aux côtés du couple qui nous avait aimablement offert de nous déposer dans une commune proche.

Une grosse veste d’hiver sur le dos et un sac-à-main à l’épaule, je me glissai à l’arrière de leur vieux 4x4, tandis que Julien, emmitouflé dans une doudoune moelleuse, un anorak à bout de bras, grimpait à ma suite.

Au cours du trajet, nous réalisâmes l’utilité des grosses roues et du puissant moteur du véhicule. Les pluies torrentielles qui s’abattaient depuis le début de la matinée, avaient transformé le chemin de terre que notre taxi avait emprunté la veille, en un champ de boue dans lequel une voiture classique se serait indubitablement enlisée.

– C’est ça, de choisir un site isolé pour une escapade sauvage, plaisanta le type qui nous conduisait. Vous aussi, vous avez été pris de court par la météo ?

– Oui, on n’a pas vraiment fait attention, répondis-je, et on s’est dits que de toute façon, le logement était réservé, nous n’avions plus le choix.

– C’est sûr, mais c’est avant tout pour l’aventure, compléta Julien, on se fiche pas mal du temps qu’il fait, tant qu’on est ensemble.

– C’est mignon, intervint la femme de notre chauffeur, assise à l’avant, en souriant. Dans ce cas, vous devriez passer un bon séjour, malgré tout.

Arrivés au cœur de la commune où le couple avait prévu de passer l’après-midi, nous les saluâmes, avant de nous séparer pour explorer les jolies ruelles du petit centre-ville, de notre côté.

Le parapluie que j’avais emporté avec moi se retourna cependant bien vite, me laissant munie d’une perche en bois surmontée d’un fouillis de tissu polyester, inutilisable.

– Fallait s’y attendre, se moqua Julien, en jetant mon parapluie, désormais hors d’usage, dans une poubelle privée. Pas grave, on va affronter la pluie ensemble !

– Oh, regarde, dis-je, le regard tourné vers une rue proche, il y a un petit marché de Noël !

En nous promenant le long des stands artisanaux, nous remarquâmes toutefois que la plupart des commerçants pliaient boutique, à cause du mauvais temps.

Nous nous empressâmes donc d’acheter un sachet de caramels d’Isigny et une bouteille de cidre du Pays d’Auge. Julien prit également un flacon de Calvados arrangé, en guise de cadeau de Noël pour son frère.

– Je commence à avoir froid, dis-je en grelottant, à quelle heure le couple a dit qu’ils rentraient ?

– Dans plus d’une heure et demie. Viens, on a qu’à se poser dans un café, comme l’a conseillé notre chauffeur de taxi, en attendant.

– J’espère qu’ils ne nous oublieront pas, m’inquiétai-je, claquant des dents. On rejoindra le parking où ils sont garés un peu avant l’horaire convenu, pour être sûrs de ne pas les rater…

Courant presque, pour nous soustraire aux grosses gouttes et aux capricieuses bourrasques qui nous assaillaient, nous nous précipitâmes dans le café le plus proche.

Un chocolat chaud et une teurgoule traditionnelle plus tard, nous ressortions, prêts à braver l’intempérie, qui n’avait pas faibli.

En nous hâtant de regagner le parking où le couple avait garé leur 4x4, je fus rassurée en remarquant que le véhicule était toujours stationné.

– Bon, eh bien, plus qu’à les attendre, déclara Julien, d’un ton léger.

Malheureusement pour nous, nos aimables chauffeurs ne se pointèrent qu’une bonne demi-heure plus tard, les bras chargés de présents, capuches et bonnets sur le crâne.

Nous étions si ruisselants d’eau que même nos caramels avaient pris la pluie, et nos mâchoires cognaient si fort entre elles qu’on aurait pu lancer un spectacle de claquettes dentaires.

Bien au chaud, devant l’âtre flamboyant de la belle cheminée de la chambre d’hôtes, nous buvions un thé fumant, en fixant les flammes.

– Je te parie que j’ai pris froid, marmonnai-je à Julien.

D’un geste délicat, ce dernier remonta le plaid dans lequel je m’étais enroulée, sur mes épaules. Le gratifiant d’un baiser sur la joue, je posai ma tête sur son épaule et fermai les yeux, bercée par le doux crépitement des bûches dans la cheminée et la chaleur qui nous engourdissait.

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