Chapitre 10

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- Vous devriez faire un tour aux urgences, juste au cas où, nous conseilla le policier à qui nous venions de décrire notre mésaventure.

Nous étions au comissariat, dans un petit bureau. Après avoir contacté les forces de l'ordre depuis le banc où nous nous étions posés pour nous remettre de nos émotions, nous avions pris le tram. Alertée par notre signalement, une patrouille avait été envoyée sur place dans le but d'interpeller les jeunes.

Une fois au comissariat, on nous avait conseillé de porter plainte. Un jeune agent de police avait pris note de notre déposition.

- Je ne pense pas que ce soit nécessaire, lui répondis-je, tâtant machinalement mon poignet. Enfin, pas pour moi.

Je me tournai vers Julien. Ce dernier avait relaté l'incident avec le plus de détails possible, ce que j'avais été incapable de faire. C'était comme si ma mémoire avait automatiquement crypté mes souvenirs, je ne parvenais plus à me rappeler précisément ce qui était arrivé, après notre arrivée devant la boulangerie. Je conservai uniquement en tête les grandes lignes de l'épisode.

Julien, qui avait essuyé la trace de sang de sa joue, répondit à son tour :

- Non, c'est bon. Pas besoin d'aller aux urgences, c'est rien.

- Vous êtes en état de choc, ce qui est bien normal, au vu de l'attaque que vous venez de subir, dit le policier. Peut-être que ce serait judicieux d'y passer tout de même.

- Je vous assure, ça va bien, maintins-je.

Lorsque nous quittâmes le comissariat, la lune était déjà haute dans le ciel.

- Quelle heure peut-il bien être ? s'interrogea Julien.

Je sortis mon portable, prête à lui répondre qu'il était 23h48, lorsque la ribambelle de notifications qu'affichait mon écran me sauta aux yeux. Dans un hoquet de stupeur, je m'exclamai :

- Oh non ! C'est pas vrai, bon sang !

- Quoi ? s'alarma Julien, braquant spontanément son regard sur l'écran du téléphone.

- J'ai complètement oublié de prévenir la personne qui devait me récupérer à la gare... Julien, j'ai raté mon Blablacar !

Le jeune homme répondit simplement :

- Eh bien, oui, depuis le temps, heureusement qu'elle t'a pas attendu, la pauvre...

Je tournai vers lui un regard indigné.

- Mais enfin, comment je vais faire ? Je suis bloquée ici, la grève qui touche le RER ne s'arrêtera pas avant demain, au moins...

- Tu vas passer la nuit chez moi, tout simplement.

- Ou prendre un hôtel, reprit précipitamment Julien, devant ma mine furieuse. C'est toi qui choisis. Je veux pas paraitre lourd.

- Ce n'est pas la question, je travaille, demain ! protestai-je. Je dois être en cours à neuf heures !

- Oui, moi aussi, je bosse, répondit Julien. Mais j'ai pas de voiture pour t'emmener à Paris, et je sais pas si t'es en état de prendre un taxi...

- Je vais bien ! répliquai-je, plus sèchement que je ne l'aurais voulu. Je suis juste...

Sans pouvoir me retenir, j'éclatai en sanglots dans la rue déserte. Julien hésita, puis passa ses bras autour de mon buste, dans une étreinte maladroite. Je le laissai faire, les joues déjà baignées de larmes.

- C'était... tellement..., tentai-je d'articuler.

- Je sais, dit Julien, j'ai eu très peur aussi. On sait jamais ce que ce genre de types ont sur eux... Même si c'était pas drôle, je suis quand même soulagé qu'on s'en soit tirés sains et saufs.

Je levai la tête pour observer la marque laissée par le bout de verre sur sa joue. Elle n'était pas très profonde, mais il ferait mieux de la désinfecter. La petite trace de sang séché sur son cou, elle, était moins préoccupante.

- Tu dois soigner ça. Il y a ce qu'il faut, chez toi ?

- Oui. Et toi, ton poignet ?

Je levai mon avant-bras pour lui montrer la blessure, qui était bénine. Nul besoin de passer aux urgences pour cela.

- Ça va, rien de méchant, l'informai-je.

- Allez viens, on va prendre le tram pour rentrer à mon appart.

Julien se détacha de moi pour se mettre en marche, un bras derrière mon dos, sa main doucement pressée contre mon épaule.

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