Chapitre 23

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Plus de trois semaines se sont écoulées. C’est fou comme le temps passe, quand je suis débordée ! Je n’ai pas vu les jours défiler et on est déjà presque en été.

À mon plus grand regret, je n’ai pas encore pu revoir Julien, nos contraintes respectives ne l’ont pas permis. On échange beaucoup par message et on s’appelle régulièrement, mais ce n’est pas comme être ensemble pour de vrai…

Je sens qu’on se rapproche un peu plus à chaque nouvelle discussion, c’est presque surprenant de constater avec quelle facilité on parvient à s’entendre sur certains sujets, et à débattre sans agressivité lorsqu’on ne tombe pas d’accord sur d’autres. Je ne suis toujours pas certaine de la façon dont il me considère, j’ai peur que notre relation soit purement platonique ; de toute façon, je ne pourrais pas en avoir le cœur net avant de le lui demander clairement. Autrement, je resterais sans cesse dans le flou, étant donné que lui-même ne montre aucun signe qu’il ressent autre chose qu’une forte amitié à mon égard.

J’ignore si c’est parce qu’il n’ose pas prendre les devants, croyant déjà connaitre ma position sur le sujet, ou si c’est parce que je ne l’attire tout simplement pas de la même manière.

Quoi qu’il en soit, je ne veux pas parler de ça avec lui par téléphone, et encore moins par textos, j’aimerais lui faire part de mes doutes lorsqu’on se verra de nouveau en vrai. Et à ce moment-là, je pourrais être fixée. Ce n’est pas la peine de perdre mon temps, sinon.

Je sais qu’il peut devenir un bon ami, mais plus notre lien s’approfondit, plus j’ai peur de sa réaction. Parce que j’ai peur de le perdre, bien sûr. Et de m’être fait des films. De vivre une illusion montée de toutes pièces par les réactions chimiques de mon cerveau, les hormones, en croyant vivre une histoire d’amour à sens unique.

Je sors du cabinet d’avocat, éreintée par une longue journée de travail. Et je sais qu’elle n’est pas terminée : en rentrant chez moi, je vais poursuivre mon mémoire.

Ce n’est que tard, ce soir-là, que j’allai me coucher.

Avant de poser mon portable pour la nuit, je vis un message de Julien, qui me demandait comment avançait mon mémoire.

Trop épuisée, les nerfs un peu à vif, je tapai une brève réponse à la hâte, pressée de me glisser dans mes draps et de pouvoir dormir.

Le lendemain matin, je vis qu’il m’avait demandé ce qui n’allait pas. J’étais en retard au cabinet, je n’avais pas le temps de lui répondre et sautai dans le bus, mon petit-déjeuner à la main. Durant le trajet, je m’empressai de griffonner des notes dans un dossier que j’avais un peu délaissé pour me consacrer à mon mémoire la veille.

Le soir venu, je me replongeai dans mon travail, bien que la fatigue me fasse presque loucher sur mes livres et l’écran de mon ordinateur.

Ce n’est que le lendemain midi, alors que je prenais ma pause déjeuner au parc avec mes collègues, que je me rendis compte que je n’avais pas répondu à Julien depuis deux jours.

Nos derniers échanges avaient été un peu secs et je songeai qu’il devait penser que je lui en voulais.

Je vis qu’il m’avait renvoyé un nouveau message depuis, me demandant ce que j’avais de prévu pour le weekend, car il avait pu se libérer le samedi.

Nous sommes vendredi, et hier, j’avais accepté de joindre mes camarades de promo pour une sortie samedi. Nos cours étaient terminés et nous voulions fêter la fin de notre Master entre nous. Une journée canyoning était donc prévue et j’avais répondu que je serais présente.

"En fait, je viens d’accepter une sortie avec ma promo."

Sa réponse ne tarda pas. Il était déçu que je n’aie pas songé à lui répondre d’abord. C’est vrai que c’est dommage, pour une fois qu’il y avait une date où nos emplois du temps concordaient…

"Tu passes une bonne journée ?" lui écrivis-je, changeant de sujet et ignorant son dernier message.

Dans la soirée, alors que j’étais accaparée par mon mémoire, comme d’habitude, je reçus sa réponse.

"Elle aurait été meilleure si j’avais eu de tes nouvelles plus tôt…"

J’étais une fois de plus épuisée et n’avais pas la force de me justifier, d’expliquer que j’étais noyée sous le travail et que je n’avais pas pensé à lui répondre avant, qu’il n’y avait pas lieu de se vexer, que ce n’était qu’un malentendu et que nous trouverions une date pour nous revoir bientôt.

Je répliquai simplement : "Je n’ai pas envie de parler maintenant. Demain. Bonne nuit."

Oui, après tout, je n’étais pas à sa disposition, et il savait bien que j’avais ma vie, moi aussi.

Au matin, je vis qu’il m’avait répondu par un émoji pouce en l’air. Je ne pris pas la peine de revenir sur le sujet de la veille. À quoi bon ? De toute façon, c’était ainsi, je m’étais déjà engagée auprès de ma promo.

Deux nouvelles semaines s’écoulèrent sans que nous ne parvenions à trouver un moyen de nous retrouver, Julien et moi.

Nos échanges devenaient de plus en plus houleux, je sentais qu’il prenait de la distance en me voyant m’éloigner moi-même et même si ça me blessait, je n’avais pas le temps de m’émouvoir de ses états d’âme.

Nous nous reverrions, c’était certain, il fallait juste se montrer patients. J’avais beau m’être dit que je me lançais dans cette histoire tête baissée, je tenais avant tout à garder les pieds sur Terre. Il ne fallait pas que mes sentiments aient un impact sur mon travail, sur mon quotidien déjà bien chargé. Je verrai plus tard, pour les comptes à rendre, les explications. Nous aurons l’occasion d’en discuter en face à face, lors de nos retrouvailles.

Sur la route pour rentrer du cabinet, dans le bus, mes écouteurs vissés sur mes oreilles, j’écoutais de la musique, lorsque je reçus un texto.

Je baissai machinalement les yeux sur mon téléphone en le sentant vibrer sur ma cuisse, prête à lire un message de Julien me demandant comment s’était passée ma journée de travail.

Mais c’était un numéro inconnu.

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