Chapitre 17

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La soirée battait déjà son plein lorsqu’on se pointa, Evie et moi, à la porte de l’appartement grouillant d’étudiants.

- Viens ! me cria Evie. Mon pote que je dois retrouver est déjà arrivé !

Elle me prit la main pour nous faufiler dans le séjour bondé, tandis que les basses de la musique grondaient en rythme dans notre poitrine.

Quelques verres plus tard, nous étions en pleine conversation avec son ami, que j’avais déjà croisé à une ou deux soirées.

La fête autour de nous battait son plein, nous étions debout près du buffet, un verre de vodka-pomme à la main.

- Et du coup, Nathalie, t’es célibataire ?

La question sans détour du jeune homme manqua de me faire avaler de travers. Je ne m’y attendais pas : nous parlions de camping à peine quelques secondes plus tôt.

- Oui, je suis célibataire et je compte le rester, dis-je d’un ton ferme.

Evie pouffa de rire. Elle commençait déjà à rosir sous l’effet de l’alcool.

- Qu’est-ce que tu trouves si drôle ? lui demandai-je.

- Ce ton et ce regard si sérieux quand tu as dit ça, répondit-elle, hilare. C’est tellement toi !

Je me tournai vers son ami, qui me fixait également d’un air amusé. Il enchaina :

- C’est vrai, t’as l’air bien décidée. Mais tu peux te détendre, on est pas à une conférence de presse…

- Je veux juste me montrer claire, dis-je, haussant les épaules. Pour éviter de faire perdre son temps à qui que ce soit. Si ça te plait pas, ça m’est égal.

- Non, j’aime bien ton franc-parler, dit le gars en souriant. C’est vrai que pour le coup, c’est limpide. Mais du coup, hormis d’être en couple, t’es fermée à toutes sortes d’aventures ou juste une relation longue ? Parce que perso, moi non plus je recherche pas de la stabilité.

Evie ricana et lança :

- Allez, je vous laisse discuter, je viens de repérer une connaissance ! À plus !

Et elle me planta là, face à son pote, sans que j’aie le temps de répliquer.

« Ah, le traquenard ! Elle m’a bien eue ! »

- Du coup ? reprit le jeune homme, devant mon mutisme.

- Eh bien, j’imagine que… En fait, je n’en sais rien. Je ne veux pas du long terme, ça c’est sûr, mais une aventure comme ça…

Le sourire du mec s’élargit. Je vidai mon verre d’une traite pour masquer mon embarras et le posai sur une table basse, avant de lancer :

- T’es chaud pour danser ?

Je n’avais aucune idée du temps qui s’était écoulé depuis que je m’étais mise à danser, mais en tout cas, je m’amusais comme une folle.

Le pote à Evie se trémoussait à quelques pas de moi, nous nous répondions par gestes, au milieu d’une petite horde de danseurs aussi éméchés que nous.

J’étais en sueur, aussi retirai-je mon pull en mailles fines, sous lequel je portais un débardeur.

Du coin de l’œil, je vis le regard du jeune homme se poser sur mon décolleté.

Je me rapprochai de lui pour entamer une sorte de slow, et gloussai lorsqu’il posa une main sur ma hanche.

- J’adore cette chanson, marmonna-t-il d’une voix que l’alcool rendait pâteuse.

- Moi je la hais, répliquai-je, sur le même ton lent et mou.

Nous éclatâmes d’un rire idiot. La tête commença à me tourner un peu. Je me raccrochai à mon cavalier avec une poigne plus ferme, rapprochant davantage mon buste contre le sien.

- T’es venue en voiture ? me glissa-t-il dans l’oreille.

- Nan, en tram avec Evie, dis-je.

- Tant mieux, t’auras pas… besoin de conduire au moins, ça c’est cool.

- Bah, j’suis bourrée, je comptais pas… conduire, de toute façon. Qu’est-ce tu racontes ?

- Chais pas. Moi aussi j’suis bourré.

Notre slow se changea en un collé-serré, tandis que je sentais ses mains se balader sur mon corps.

« Franchement, me dis-je, ça me ferait pas de mal, un coup d’un soir pour me changer les idées. J’espère qu’il habite pas trop loin, je tiens à peine debout… »

Le jeune homme se pencha alors vers moi pour m’embrasser. Je le laissai faire. Quelque part, j’étais insensible à la chaleur de ses lèvres pressées contre les miennes, je ne ressentais rien. Ce n’était que de la chair.

Lorsqu’il se détacha de moi, je captai un reflet dans ses yeux. L’espace d’une seconde, j’eus l’impression de voir le regard rieur de Julien à la place. L’illusion me provoqua un coup dans le cœur, et je sentis mon souffle changer de rythme.

- Tu veux qu’on s’isole un moment ? murmura le gars, les deux mains glissées dans mon dos.

Un très court instant, je fus tentée d’accepter. J’avais soudain envie de revoir ce regard familier, de l’imaginer me toucher, de le sentir contre mon corps…

Mais ce n’était pas Julien en face de moi, je ne pouvais pas me contenter de fermer les yeux et de penser à lui. Et d’abord, qu’est-ce que je fichais ? Je n’avais pas envie de ce type ! Ce n’était pas tant que je le connaissais à peine, mais plutôt qu’il ne m’attirait pas, en fait. Non, sérieusement, pourquoi est-ce que j’avais envisagé de coucher avec lui, l’espace de quelques instants ?

- Attends, lui dis-je alors, je vais voir Evie.

Et sans attendre sa réponse, je lâchai ses bras et le laissai au milieu des danseurs saouls. Son regard médusé manqua de me faire éclater de rire.

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