Chapitre 2

3 minutes de lecture

Je ne sais pas si c'est une coïncidence, mais cinq heures plus tard, le numéro rappela avec un motif étrange.

- Allô ? Que voulez-vous ? demandai-je avec une pointe d'agacement.

- Bonjour, ce téléphone est perdu, je l'ai trouvé dans le tram tout à l'heure et j'ai appelé le dernier numéro en date," répondit une voix chevrotante, une femme d'un âge avancé.

- Oh, pardon. En fait, je ne connais pas la personne à qui appartient ce téléphone, je regrette je ne sais rien de lui. Tentez un numéro fréquemment appelé," proposai-je avant que la vieille dame ne raccroche en s'excusant.

"Enfin quelqu'un d'honnête ! Je me demande si le type à qui appartient le téléphone aurait fait de même... Mais je ne le connais pas, donc je ne le jugerai pas d'avance," songeai-je en prenant mon sac-à-main.

Je sortis faire les courses et me ravisai à temps d'aller rendre visite à Evie : elle était partie en Angleterre rendre visite à toute sa famille, quelques heures plus tôt.


Les jours défilèrent, j'étais de plus en plus mal à l'aise. J'aurai aimé m'assurer que ce type ait bien retrouvé son téléphone. Mais ce n'étaient pas mes affaires, aussi tentai-je de faire abstraction de ma sensation de malaise. Ce n'était pas vraiment de la culpabilité, plutôt un mélange de curiosité et d'incertitude. Un drôle de cocktail qui me faisait réfléchir.

Au bout d'une semaine, je me dis qu'il n'y avait vraiment pas de mal à se soucier des autres et que moi, à la place de cet homme bourru, je serais touchée que quelqu'un me demande si j'ai bien retrouvé mon téléphone; j'apprécierais que l'on m'appelle pour s'en enquérir.

Bon, je concède que de la part d'un inconnu, cela parait bizarre. Mais puisque c'est moi que l'on a appelée, alors je suis dans l'histoire. Non ?

Je finis par appeler, tendue mais certaine de faire le bon choix.

"- Oui ? C'est encore vous ? Je croyais vous avoir dit de ne plus appeler !" aboya la grosse voix de l'homme bourru dans le combiné.

- Désolée de vous déranger, je voulais simplement m'assurer que vous avez bien retrouvé votre téléphone. C'est tout.

Il y eut un long silence à l'autre bout du fil.

- Oui, finit-il par répondre, celle qui l'a trouvé a appelé mon frère dans les contacts favoris et j'ai pu le récupérer. Comment êtes-vous au courant que je l'avais perdu ?

- C'est cette même vieille dame qui m'a tout d'abord appelée, car j'étais la dernière personne qui vous avait joint. Elle m'a informée qu'elle avait trouvé votre téléphone. Il ne devait pas avoir de code, je suppose.

- Non, en effet, répondit l'homme d'un ton bougon.

- Elle ne devait pas vraiment s'y connaitre en matière de technologie, elle n'avait pas appelé les contacts favoris en premier, ce que je lui ai donc conseillé de faire.

- Alors c'est un peu grâce à vous si mon portable m'a été rendu ? Elle aurait pu tomber sur des gens qui me connaissaient, si elle ne vous avait pas appelée, c'est vrai. Mais merci quand même, elle a bien fait d'appeler mon frère, nous vivons sous le même toit, ça a été facile de retrouver mon portable après ça.

- Je n'ai pas fait grand chose... Mais je voulais m'assurer que votre téléphone vous a bien été rendu.

Après un bref échange, nous raccrochions.

Je me sentais mieux, à présent. Bon, ce n'était pas encore les bonnes actions de Mère Teresa, mais j'avais l'impression un peu futile, de rendre le monde plus gai à ma façon. Cet homme bourru, dont je ne connais pas le nom et que je ne rappelerai jamais; s'était montré plus poli que lors du premier appel.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 9 versions.

Vous aimez lire Hedwige et sa plume ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0