Chapitre IV - Des nouvelles inattendus - Partie 1

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Jeff n’avais pas encore trouvé le sommeil que le soleil se faufilait déjà à travers les rideaux pour lui réchauffer le visage. Son réveil s’apprêtait à sonner et il était prêt à l’éteindre. C’était tous les jours comme cela depuis sa dépression. Il sonna six heures cinquante-cinq du matin. Il avait une heure devant lui avant d’aller à sa première journée de travail depuis sa reconversion. Il avait reçu un coup de téléphone hier pour lui proposer une journée d’essai sur un nouveau projet. D’après sa conversation avec Hélène Rousseau, il s’agissait de l’étude en laboratoire de plantes qui serait capable de résister à des températures inférieures à moins cinquante degrés Celsius. Plantes qu’il faudrait introduire dans des zones froides pour le moment inhabitable dans l’objectif d’y insérer de la flore, des cultures et donc de la vie, là où l’homme est normalement carnivore mais a chassé la majorité des animaux, presque jusqu’au dernier.

 

« Bon compromis pour gagner un peu d’place sur cette minuscule Terre » selon Jefferson.

 

Depuis le cap des quinze milliards d’êtres humains, il ne restait en effet plus beaucoup de terre à partager et depuis l’échec de la colonisation spatiale, il fallait bien trouver d’autres solutions plus rationnelles pour palier à la surpopulation.

 

Un bon compromis certes mais Jefferson était moins emballé par ce projet. Il irait faire ces journées de travail mais pas plus. Il ne restera plus au laboratoire pendant toutes ces nuits à éduquer ordinateurs et algorithmes pour qu’ils deviennent des formes d’intelligences s’approchant du cerveau humain. Des heures supplémentaires, il n’en ferait plus. Avant, il pouvait passer des nuits entières la tête tourné vers les étoiles à imaginer des hommes s’approcher de l’une d’entre elles pour y habiter. Maintenant il ne voyait plus qu’une poignée d’humains sacrifiés par la science comme d’autres ont pu l’être quand on s’essayait aux villes volantes, les zeppelins, jusqu’à ce qu’on se rende compte que çà ne pouvait être qu’un rêve. Quand il se tournait vers la Voie Lactée, il était pris d’un certain dégout, comme si les cieux l’avaient déçu. Déçu, ce n’était pas réellement les cieux qui étaient responsable de sa déception, mais l’Homme et sa faiblesse. Les cieux, dans leur infinie grandeur, n’avait fait que les rejeter : « vous n’êtes pas prêt Humains, vous le serez peut être un jour... Mais je vous garantis qu’aucun de vous n’aura l’occasion de le vivre... » Jeff se voyait déjà vivre cette journée. Il avait vécu l’aube de ce jour quand le Humanity avait quitté la Terre. À peine à la moitié de la journée, il avait pris de force la machine à remonter le temps et était revenu, c’est comme ça qu’il le ressentait aujourd’hui, au temps des machines à vapeur. Une grande baffe. La porte les menant au futur qui était jusqu’alors entrouverte s’était fermé avec les derniers espoirs, quand le Humanity avait cessé tout contact, laissant ses cinq cents passagers dans le froid le plus glaçant de l’univers : moins deux cents soixante-treize virgule quinze degré Celsius, là où tout est immobile, inerte, où la seule matière à des années-lumière, c’est vous.

 

Jeff avait ouvert les volets, s’était servis un café serré et s’était jeté dans son canapé allumant, dans la continuité de ses deux semaines de chômage, la télévision.

 

« ... fin de l’été, la route sera bouchée dans le sens des retours. Tous les vols pour Humanitypolis sont complets. En voiture, prévoyez six-heures depuis Nairobi. Tout de suite le journal de sept heure avec Caroline Klein. »

 

Il y eut quelques minutes de publicités pendant lesquelles Jeff cuisina du bacon et des œufs qu’il saupoudra de sésame grillé. Il frotta de l’ail sur du pain qu’il fit revenir à la poêle avec de l’huile. Il revint s’installer sur sa table basse. Les informations venaient tout juste de commencer.

 

« ...à tous et à toutes, Caroline Klein, présentatrice du journal de sept heures. À la une aujourd’hui, ce qui fait trembler le monde entier, ce sur quoi se porte le regard de l’ensemble de la communauté scientifique, ce qui a offert de bons arguments à tous les fanatiques défendant fermement l’existence d’OVNIS : la réception d’un mystérieux message provenant d’une contrée située au fin fond de notre galaxie. Nous recevrons aujourd’hui l’astrophysicien vietnamien Ngoc Anh. Mais tout d’abord je vous propose ici, en avant-première mondiale, d’écouter un échantillon de se son. Nous l’avons écouté avant la diffusion et il est très déstabilisant, il sonne comme le message de quelqu’un qui voudrait communiquer avec nous mais ne maîtrise pas notre langue. Je ne parle pas de langue comme l’anglais, le français... Il s’agit de nouveaux sons, un autre langage sonore. »

Le son sembla très étrange à l’oreille de Jeff. En effet, un son étrangement pure, qu’on n’a jamais entendu auparavant. Mais le paradoxe était que ce son lui évoquait quelque chose, comme si il en connaissait la signification. C’était idiot. Impossible.

 

« Monsieur Anh, pouvez-vous nous en dire plus à propos de ce son ? Pourquoi sonne-t-il si inhabituelle à notre oreille.

 

- En effet, il s’agit là de son qu’on n’a jamais l’habitude d’entendre sur Terre. Ce son pure, sans harmoniques, fait d’une fréquence unique, est la forme sonore parfaite dont on peut s’approcher parfois mais qu’il nous est impossible d’entendre en dehors d’un laboratoire. Il faut pour cela utiliser des filtres spéciaux. Quand j’ai appris la réception d’un tel son en provenance de l’espace j’ai tout de suite pensé à un son filtré par les gaz d’une nébuleuse par exemple. Je sais qu’il sonne étrangement à l’oreille mais il est très peu probable qu’il provienne d’une forme de vie extraterrestre. Je privilégie personnellement l’hypothèse d’un son qui proviendrait de l’espace lui-même, d’une collision quelconque entre deux corps, de la mort d’un trou noir, ou d’un phénomène sonore très rare qui n’a jamais pu être observé étant donné qu’il n’y a pas toujours eu d’antennes pointées en permanence vers le ciel.      

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