J+1

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- Nnnnnooooooonnnnnn... !

Gaby se réveilla en sursaut, le souffle court, se redressant brusquemment dans son lit. Après quelques minutes pour reprendre ses esprits, elle posa une main tremblante sur sa poitrine pour calmer son cœur affolé. Sur la table de chevet, elle apperçut la photo de son amour souriant. La jeune femme poussa alors un long soupir et posa le front sur ses genoux. Un cauchemar. Ce n'était qu'un affreux cauchemar.... Elle prit une respiration plus ample et se concentra: elle se trouvait dans sa chambre, au calme, Mickael en mission, tous les deux en sécurités. Dehors, les hurlements de la tempête étaient encore audibles, indiquant une nouvelle journée de blizzard et les faibles rayons du soleil matinal peinaient à franchir le voile épais des rideaux. Cody ne pourrait pas venir travailler aujourd'hui...La sonnerie stridente du réveil tira Gaby de ses pensées. Alors qu'elle tendait un bras pour l'éteindre, une langue râpeuse et gluante lui lécha le visage avec enthousiasme.

-  Rudy ! Dégage !

Elle repoussa son chien d'une main, mais Ruby n'était pas du genre à abandonner si facilement.

- Allez ! Pousse toi !

Découragé, le golden retriever sauta à bas du lit et s'assit devant la porte.Gaby eut du mal à émerger et resta quelques instants assise dans son lit en se frottant les yeux. Soudain, elle avisa le fusil posé contre la table de chevet. Surprise, elle se demanda dans un premier temps ce qu'il pouvait bien faire ici.Puis, elle se souvint des événements de la veille.

-  Crois tu qu'il soit encore vivant ? demanda t elle à son chien,

Comme seule réponse, Ruby la fixa de ses grands yeux bruns et inclina la tête, comme s'il s'interrogeait. Gaby éclata de rire et écarta les couvertures pour se lever. Bien que chaudement vêtue, elle frissonna au contact de l'air glacial de la chambre. Elle attrapa son fusil, ouvrit la porte et se dirigea résolument vers le dressing, son chien sur les talons. Là, elle choisit ses vêtements les plus chauds et alla prendre une douche bien chaude. Enfin prête, elle descendit dans la pièce de vie.

Un grand silence régnait dans la maison. Elle prit quelques bûches dans le panier à côté et les posa dans le foyer où subsistaient encore quelques braises. Après quelques coups de soufflet, le feu repartit et sa douce chaleur commença à se répandre dans la pièce. Sur le canapé, Gaby retrouva le blouson du blessé qu'elle avait laissé là. Enfin, elle se dirigea vers la cuisine pour nourrir son chien et en profita pour regarder par la fenêtre. Le vent soufflait toujours très fort et la neige  tombait à gros flocons,recouvrant les allentours d'un épais manteau blanc. A priori, les bâtiments du Ranch n'avaient pas souffert de la tempête nocture,mais elle s'en assurerait en allant aux écuries un peu plus tard. Elle testa les lumières pour voire si l'électricité était revenue, sans résultat. Pas d'électricité, pas de téléphone, pas d'ordinateur.Elle se retrouvait complètement coupée du monde, sans aucun moyen de communication. Sa famille s'inquièterait sûrement pour elle,même s'ils savaient très bien qu'elle pouvait se débrouiller seule. Heureusement, Gaby dénicha une réserve de piles dans les tiroirs de la cuisine et put allumer le poste de radio. Elle ne remerciera jamais assez Mickael de lui avoir fait changer d'avis car cette radio devenait son seul lien avec la civilisation.Après plusieurs minutes passées à chercher une station, la jeune femme s'adossa contre le plan de travail et écouta le bulletin d'information en grignotant quelques biscottes. La station locale annonçait que la tempête de neige était la plus forte jamais enregistrée depuis une vingtaine d'années......

-   ....Les habitants sont invités à rester chez eux et à ne pas prendre leurs véhicules. Les routes sont toutes bloquées et la situation ne pourra s'arranger que le vent et la neige tomberont, c'est à dire d'ici quelques jours. Plusieurs foyers se retrouvaient sans électricité et les bornes téléphoniques fonctionnaient difficilement du fait de la neige.......

A la fin du bulletin, le journaliste souhaita une bonne journée à ses auditeurs et mit une chanson.

-  Et bien, nous voilà coincés pendant plusieurs jours à la maison, avec un inconnu gravement blessé dans la chambre..

Le blessé..... !Gaby l'avait presqu'oublié !Elle mit précipitament une casserole d'eau à chauffer, attrapa son arme qu'elle avait posée dans un coin  et se dirigea prudemment vers la chambre où était allongé l'inconnu. La porte était fermée et aucun bruit ne provenait de la pièce. Elle toqua timidement et attendit quelques minutes, mais n'obtint aucune réponse. Peut être n'était il pas encore réveillé ou peut être était il mort..? Gaby secoua légèrement la tête pour chasser cette idée morbide, rassembla son courage en serrant son arme contre elle, avant d'ouvrir doucement la porte. La pièce était plongée dans le noir, les épais rideaux aux fenêtre empêchant lalumière de pénétrer. Pourtant, lorsque ses yeux se furent habitués à l'absence de lumière, elle put distinguer la silhouette del'homme qu'elle avait sauvé la veille. Il se tenait dans la même position que lorsqu'elle l'avait quitté , assis, adossé à une pile de coussins. Sa tête reposait sur le côté, le visage caché par ses cheveux.

-   Bonjour... lança t elle timidement du pas de la porte.

Aucune réponse,aucun geste.

-  Monsieur ? demanda t elle une nouvelle fois, inquiète.

N'ayant toujours pas obtenu un quelconque signe de vie, Gaby s'approcha du lit,son fusil dans les mains. Alors qu'elle se penchait au dessus du visage de l'inconnu pour s'assurer qu'il respirait encore, celui ci tourna soudainement la tête en ouvant brusquement les yeux. Surprise, la jeune femme recula précipitamment en poussant un cri.Malheureusement, elle se prit les pieds dans arme et tomba à la renverse emportant la table de chevet dans sa chute.

-   Qui.. ?Quoi.. ? parvint il à articuler diffcilement, visiblement surpris et appeuré.

Gaby s'assit sur la moquette en se frottant la tête, tout en pestant. Réveillé,l'inconnu la regardait se relever d'un air inquiet et interrogateur.Pour éviter une nouvelle chute, Gaby se décida à poser son fusil contre le mur et tira les rideaux pour faire entrer la lumière.Lorsqu'elle retourna à ses côtés, elle ne put réprimer un petit cri de stupeur en appercevant son visage. A la lueur matinale, il paraissait très pâle et au vu de ses traits tirés, il devait avoir souffert toute la nuit...Le sang séché sur le visage et les ombres bleutées cernant ses yeux lui donnaient des airs de boxeur malmené. L'inconnu ne la quittait pas des yeux alors qu'elle commençait à l'ausculter. Déjà, elle put constater avec un certain soulagement qu'il respirait moins difficilement que la veille, même si un léger sifflement était encore audible. Ensuite, elle posa une main sur son front frais : pas de fièvre. Les violents frissons qui le secouaient  avaient disparu. Puis, elle lui prit la main droite pour contrôler son pouls. Pendant l'examen, il se laissa faire sans opposer de resistance.

- Comment vous sentez vous ce matin ? Comment s'est passée votre nuit ? demanda t elle doucement, concentrée sur sa tâche.

Il ne lui répondit pas et un silence tomba etre eux. Croyant qu'il s'était de nouveau assoupi, elle se tourna vers lui et ses yeux rencontrèrent ceux bleu azur de l'inconnu.

-   Comprenez vous ce que je vous dis ? lui demanda t elle en articulant clairement.Parlez vous francais ?

Son regard était quelque peu perdu, voilé par l'inquiétude. Les mots semblaient parvenir avec beaucoup de difficultés jusqu'à son esprit et sous ses doigts, Gaby pouvait sentir son pouls s'emballer. L'inconnu commença à s'agiter dans son lit, à vouloir se redresser, alors qu'il obervait, hagard, la pièce autour de lui.

-   Où suis – je ?Qui êtes vous ? demanda t il nerveusement en fixant Gaby.

L'homme avait une voix grave et mélodieuse, avec un accent traînant, typique des gens du sud, bien que rendue rocailleuse par les blessures.Interloquée, Gaby marqua un temps de silence.

-   Vous ne vous souvenez pas de ce qui vous est arrivé hier ? Comment vous avez atterri ici ? De la tempête ? lui demanda t elle.

Sans lui répondre,il repoussa ses couvertures et entreprit de se lever.

-   Que faites vous ?Où allez vous ? demanda t elle, surprise.

-  Je ....Je....commença t il confusément.Je ne peux pas rester ici. Je dois partir ! finit il dans un souffle en se mettant sur ses pieds.

Trop affaibli et pris de vertiges, ses jambes ne purent le porter et Gaby eut juste le temps de le rattraper avant qu'il ne s'étale par terre. Le blessé s'agrippait à son épaule de tout son poids, le souffle court. La jeune femme s'arc boutait de toute ses forces pour ne pas fléchir et l'aida tant bien que mal à s' allonger de nouveau dansle lit. Tous ces efforts lui causèrent de vives douleurs et l'inconnu ne put réprimer un cri de douleur en se calant contre les coussins. Essoufflée, Gaby se laissa tomber lourdement sur son tabouret, à côté du lit et quelques minutes s'écoulèrent, pendant lesquelles chacun reprit son souffle.

-  Ne refaites plus jamais ça.. lui répliqua la jeune femme, passablement agacée.Vous ne réussirez qu'à aggraver votre état ! De plus, vous n'iriez pas bien loin avec ce blizzard. Vous finiriez perdu et congelé ! Vous vous souvenez vraiment de rien ? demanda telle, suspicieuce.

Il secoua faiblementla tête. Visiblement perdu, il avait posé son bras gauche sur ses yeux. Gaby resta quelques instants silencieuse à l'observer, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver et jusqu'à quel point il ne se souvenait plus de rien. Le coup sur la tête avait du être plus fort que ce qu'elle avait imaginé.,, Elle lui expliqua alors en quelques mots comment il était arrivé ici.

-   Vous erriez,seul, couvert de sang, dans la neige. Heureusement pour vous que je passais par là...Vos blessures semble suggérer que vous avez eu un accident de voiture, mais je n'ai vu aucun véhicule sur la route.Vous avez besoin de soins et de repos. Pour le moment, la tempête souffle toujours aussi fort.Nous ne pouvons pas sortir,plus d'électricité, les téléphones sont hors service et les routes sont bloquées. Il faut patienter... Vous allez donc rester ici pour reprendre des forces, le temps que tout rentre dans l'ordre. On avisera à ce moment là...

Il l'avait écoutée sans bouger.

- Mais avant toute chose, je dois vous examiner pour voir l'étendue et la gravité de vos blessures, reprit elle après quelques minutes de silence.Acceptez vous que je vous ausculte?

L'inconnu ouvrit faiblement les yeux et la fixa, comme s'il avait du mal à comprendre ce qu'elle voulait. Puis son regard se détourna et avisa le fusil par terre.

-   Le fusil, oui...enfin non, non ! Vous n'avez rien à craindre ! Non vraiment ! se récria la jeune femme, en suivant le regard affolé du blessé.

Il ne semblait pas vraiment convaincu et l'observait toujours d'un air inquiet.

-   Le fusil, c'est au cas où. On ne sait jamais sur qui on peut tomber et on est jamais trop prudent, surtout une femme en pleine campagne. Je suis infirmière et veux juste vous examiner pour vous soigner, il n'y a rien de sexuel. Ne vous inquiétez pas, vous ne craignez rien. Vous pourrez partir quand vous voudrez. lui expliqua t elle calmement.

Bien que dubitatif, il sembla se détendre légèrement. De toutes lesfaçons, il n'avait pas vraiment le choix que de se laisser faire. Après un long silence de réflexion, l'homme, fatigué, capitula et accepta.

- Je m'appelle Gabrielle, mais tout le monde m'appelle Gaby. Et vous,comment vous appelez vous ?

A la surprise de la jeune femme, le blessé s'abîma alors dans une profonde réflexion.Puis il tourna la tête, fronça les sourcils. S'appretant à répondre, il s'arrêta, hésita.

- Je ne sais pas .... répondit il finalement, perplexe.

-   Ok, ce n'est pas grave... Vous souvenez vous de ce que vous faisiez les jours précédents ?

Les questions de Gaby le perturbait beaucoup et il s'agita de nouveau.

-   Je...Je n'arrive pas à m'en souvenir, j'ai beau chercher... Je suis désolé.. lui répondit il finalement dans un murmure.

-   Détendez vous.... Vous avez eu une nuit difficile et votre corps a beaucoup souffert. Il faut vous laisser du temps. En attendant, je vais aller vous chercher de l'eau, de l'anti douleur, de la pommade et je reviens vous examiner. D'accord?

Il acquiesça lentement, visiblement épuisé.

Gaby retourna à la cuisine pour y chercher un verre, une carafe d'eau, un ciseau et la grande casserole d'eau chaude. De retour dans la chambre, elle remplit un grand verre d'eau fraîche et le proposa à l'inconnu. Il esquissa un geste mais trop faible,laissa retomber son bras, les traits du visage crispés.Gaby approcha alors le verre de ses lèvres blessées et il put boire quelques gorgées qui le firent tousser.Puis elle se leva et se dirigea vers la salle de bain d'où elle revint avec de la pommade et des cachets anti douleur. Il n'avait pas bougé et semblait dormir mais Gaby devinait qu'il n'en était rien.

-   Je vais commencer à vous examiner, si vous le voulez bien, l'informa t elle doucement, en s'asseyant sur son tabouret. Comment s'est passée la nuit ?

Au geste evasif de sa main droite et au froncement de ses sourcils, elle comprit qu'il avait souffert toute la nuit.

-   Pouvez vous bouger ? Où avez vous mal ? demanda t elle sérieusement en prenant de nouveau son pouls.

Après quelques minutes de silence, il bougea doucement la tête et les épaules. Il leva ensuite lentement le bras droit avant de le reposer doucement contre lui. Ce simple mouvement le fit grimacer. Ce fut plus difficile lorsqu'il voulut lever l'autre bras. Vraisemblablement, le côté gauche le faisait beaucoup souffrir, ce qui ne l'empêchait pas de bouger les doigts des deux mains malgré tout. Puis il mobilisa légèrement les jambes en pliant les genoux et les pieds. Enfin, quand il voulu se redresser, une douleur atroce lui traversa la poitrine et contracta les traits de son visage. Il se laissa alors retomber lourdement sur les coussin, la tête en arrière, en laissant échapper un gémissement.

-   .... l' impression d'avoir des crampes...Très mal...épaule... poitrine, arriva t il à articuler difficilement dans un souffle.

Ces quelques gestes semblaient l'avoir vidé du peu d'énergie qu'il lui restait.

-  Si vous arrivez à bouger, c'est déjà un bon point, lui fit elle remarquer.

Elle commença son inspection au niveau du cou. Ce dernier, ainsi que les épaules étaient très durs.

- Vous êtes complètement coincé au niveau des cervicales. Vous n'avez pas mal ?

Il acquiesca. Ses muscles raidis et courbaturés n'étaient que douleurs.

- Vous avez du sang sur le visage. Je dois d'abord vous laver.

Elle attrapa le gant qu'elle avait apporté, le plongea dans la casserole d'eau chaude posée à côté d'elle et, très doucement, le posa sur la joue du blessé qui frissonna,

-   Pas trop froid ? lui demanda t elle.

Comme il ne réagissait pas, elle repoussa doucement les mêches brunes qui lui barraient le front et passa le linge délicatement sur les joues, le menton, en évitant soigneusement le nez et les yeux cernés.Son visage était ombré d'une barbe de plusieurs jours qui le rendait rugueux au touché. A mesure qu'elle lavait le sang séché, elle découvrit ses lèvres bien dessinées, charnues et ses traits réguliers.Alors qu'elle passait une main légère sur son front, il ouvrit les yeux. Le regard de Gaby plongea directement dans ses yeux d'un bleu profond et elle pouvait sentir sur son visage le souffle doux et chaud de l'inconnu.Un bruit lointain dans la maison ramena Gaby à la réalité qui détourna rapidement le regard et se racla la gorge pour reprendre contenance.

-   Je vais devoir ausculter votre thorax et votre épaule. Si vous êtes d'accord, il faudrait que vous enleviez votre haut, lui dit elle en souriant.

Il lui jeta un regard suspicieux. Bien que très affaibli et désorienté, il avait bien conscience que ses blessures le rendaient très vulnérable. Après quelques minutes de réflexion, il hocha lentement la tête puis fit mine de lever les bras, sans y parvenir.

-  J'ai ce qu'il vous faut ! lui lança t elle en lui montrant la paire de ciseaux.

En voyant son regard inquiet, la jeune femme éclata de rire.

-  C'est pour le T-shirt ! J'espère qu'il n'a pas une quelconque valeur sentimentale pour vous ?

Elle s'approcha doucement de lui et entreprit de découper précautionneusement le vêtement à partir du col. Pas très rassuré, le blessé retenait sa respiration et Gaby le sentit se tortiller légèrement.

- Je vous fais mal ? demanda t elle en suspendant son geste.

Il secoua lentementla tête.

-   la lame... froide... lui répondit il à voix basse.

-  Oh désolée....

Elle souleva ses ciseaux et le tissus pour éviter qu'ils ne touchent sa peau.

-  C'est mieux comme ça ?

Il acquiesca et resta immobile le temps qu'elle finisse de découper le vêtement.Lorsqu'elle eut fini, Gaby écarta les deux pans et resta bouche bée en découvrant le corps de son invité. Les muscles des abdominaux étaient bien dessinés sous sa peau lisse et bronzée et les pectoraux bien développés. Mikael n'avait rien à envier àl'inconnu, mais cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu uncorps masculin aussi beau. Elle s'aperçut qu'il l'observait et reprit, un peu confuse, son examen. Un gigantesque hématome violacé recouvrait la moitié de son torse à gauche, jusqu'en haut de l'épaule, ce qui expliquait ses difficultées à mobiliser cette partie du corps. Il avait du recevoir un coup violent et, au vu du dessin de l'hématome, Gaby pensa tout de suite à la ceinture de sécurité d'un véhicule. Sous l'ecchymose, un grand tatouage se devinait, représentant des motifs ethniques. Prudemment, elle effleura de ses doigts la peau violacée et le sentit se raidir,Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit que le blessé serrait les dents de douleur et qu'il avait levé la main droite, comme pour la repousser.

-   L'examen confirme les côtes fêlées ou cassées. Vous ne crachez pas de sang, ce qui est une bonne nouvelle. Il n'y a rien à faire excepter rester immobile quelques semaines.Vous avez aussi une belle luxation au niveau de votre épaule. Seule, je ne peux malheureusement pas la remettre en place et je ne peux contacter personne à cause de la tempête... Vous allez devoir souffrir encore un peu... lui expliqua t elle. Maintenant, il faudrait que je regarde votre dos.....

Il lui jeta un regard anxieux.

-   ... mais je pense que dans votre état, je ne peux raisonnablement pas vous demander de vous pencher en avant, se reprit elle.

Elle se rassit à côté de lui et le vit rabattre maladroitement les pans coupés de son T shirt dans un geste pudique.

- En plus de vos côtes et de votre luxation, vous avez une belle bosse sur votre front et le nez cassé, mais pas déplacé . Rien de visible au niveau du cou, mais dans le doute, il est préférable que vous restiez bien sage, en limitant les mouvements. Evidemment, vous devriez voir un médecin de toute urgence.... Mais c'est impossible pour le moment. Tout ce que je peux faire, c'est passer de la pommade sur votre hématome et vous donner quelques cachets contre la douleur.

Il hocha la tête et rouvrit lentement son T-shirt. Gaby attrapa le tube de pommade et en prit une généreuse noisette, l'odeur embaumant toute la pièce. Mais lorsqu'elle posa délicatement la main sur son torse, il tressaillit violemment. Elle hésita. Il l'encouragea d'un signe de la tête et ferma les yeux en serrant les dents. Alors, la jeune femme posa franchement la main, sans appuyer et s'appliqua à bien étendre la pommade sur toute la surface de l'hématome, du torse à l'épaule en remontant légèrement sur le cou. La jeune femme malaxait, massait plus fortement sur les zones épargnées,effleurait plus légèrement les zones sensibles. Elle sentait bien la tension extrême des muscles sous la peau douce du blessé. Sa respiration jusque là difficile, se ralentit et s'appaisa enfin. Une fois qu'elle eut fini, Gaby saisit alors le verre posé sur la table de chevet, le remplit d'eau et lui tendit avec quelque cachets. Il tourna la tête vers elle et Gaby lui trouvait une mine vraiment affreuse avec ses cheveux qui lui tombait sur le visage, ses yeuxcernés et ses multiples plaies.Voyant qu'il n'arrivait pas à se redresser, Gaby s'approcha de lui et passa son bras derrière ses épaules pour l'aider. Il but lentement, manquant de s'étouffer et se laissa retomber sur les coussins. Elle comprit facilement que toutes ses manipulations l'avaient fatigué et qu'il ne souhait que se reposer.

-   Je reviendrai plus tard. Je vais vous laisser dormir, lui dit elle doucement, en remontant les couvertures jusqu'au menton.

Elle se leva et se dirigea vers la porte de la chambre.

-    Merci souffla t il avant de sombrer dans le sommeil.

Alors elle sortit en souriant et ferma doucement la porte. Gaby revint dans la cuisine où son chien l'accueillit joyeusement,impatient de sortir enfin.

-   On y va ?

Elle regarda par la fenêtre et vit en grimaçant que le vent soufflait toujours aussi fort.

-   Quand il le faut, il le faut... s'encouragea t elle.

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