Songe endormi

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- C'est quoi qu'ce gribouillage ?

Une voix gutturale vint perturber ce petit être. D'une taille enfantine, une âme pure, joie candide d'un enfant, les Vivants comme les Morts en ferait sûrement un délicieux met ! On ne s'attardait pas - juste un peu - sur cet enfant mais on y donnait toute son attention. Adossé contre le vide, ses fesses avaient trouvé refuge sur un tabouret de bois, aux tissus royaux. Accoudé sur un dessin rempli de couleurs et de sentiments, crayon à la main.

Déjà à cet âge ses cheveux étaient flamboyants, aussi chaleureux que l'Inconnu nommé Soleil. Sa peau douce comme celle d'un bébé ravivait les femmes qui venaient déposées leurs baisers, et ses petites joues étaient à croquer ! Sans oublier son sourire et son regard, une paire qui faisait accéder ce petit être à tous ses caprices.

Encore maladroit dans son art il réussissait tout de même à éveiller des sourires chez la cour, sauf chez Lui. Il n'était ni cauchemar, ni rêve, il était Songe. De ses nuits il s'alimentait et se complaisait dans cette sphère. Il était souvent là à avouer une vérité dont les Hommes ne veulent pas parler. Il ne pouvait s'autoproclamer conscience, juste Vérité.

- Vallens !!

Le petit chérubin, il appelle au secours son grand frère face aux médisances de ... Lui !

- C'est Lui... Il recommence...

Les larmes venaient éclairées ses yeux d'enfants martyrs au corps drapé d'or. Un homme, grand et saillant, d'une vingtaine d'année accomplie fit son apparition dans la brume céleste du jeune enfant âgé tout au plus de six années. On remarquait tout de suite les signes de fraternités entre eux, leurs cheveux, leur visage et surtout cet Amour qui se dégageait, unique.
Il indiquait Lui. Là-bas dans cette autre brume.

- Regarde, dit la voix craintive, il marqua un temps d'arrêt et reprit : il y aussi cette femme qui est apparue...

Apeuré, il se leva et se réfugia derrière son frère, serrant son pantalon dans ses frêles petites mains. Vallens s'accroupit à côté de lui et pointa du doigt les deux apparitions au coin de la pièce. D'une voix bienveillante il prit la parole. Doucement il caressait les cheveux de son petit frère qu'il voulait protéger de ses Songes.

- Neth, que vois-tu ?
- Il... Il y a... Un homme et une femme... L'homme rigole souvent fort, très fort, il est bavard et n'est pas du tout... Du tout.... Il avait peur de dire la suite.
- Du tout quoi ? Ne t'inquiète pas Neth, je suis là. D'un sourire il essayait de rassurer son petit frère.
- Pas du tout... Sa voix se réduit et il murmura ; du tout bien élevé...

Neth baissait la tête, peureux, prêt à recevoir une punition par Lui à qui il avait dit ça, Vallens eut un petit rire et prit le petite être sensible par l'épaule.

- Neth, ne t'inquiète pas, tes paroles ne sont pas mauvaises à propos de cette personne. Comment se nomme-t-il ?
- Il s'appelle Nyatar, mais il dit... Souvent que mes dessins sont moches ! Répondit-il boudeur.
- Il est tout simplement jaloux, moi j'apprécie tes dessins. Tu ne m'as toujours pas parlé de cette femme ?
- Elle ! Ses yeux pétillaient. Les cheveux du diable, des yeux de braises, le corps d'Aphrodite... Et elle a cette marque sur le Cœur... Plus tard, lorsque je serais devenu un artiste, je dessinerai cette belle Femme ! Elle sera reconnue pour ce qu'elle est !

Il était fier et prêt à reprendre du service maintenant qu'il avait confié ses craintes mais aussi son espoir à son confident, comme un mauvais rêve.

- Et avant que tu ne retournes à tes petits dessins, pourrais-tu me confier le nom de cette femme si belle et scintillante ?
- Bien sûr ! Elle s'appelle Sae !

Son sourire resplendissait, il tira son frère vers sa table à dessin et lui montra son dernier chef d'œuvre, ce n'était pas encore très élaboré mais six personnes figuraient sur cette page. Il les désigna du doigt et les nomma, ils les avaient dessinés ; Eux.

La brume fit son apparition, le cauchemar se présentait à sa porte, comme une berceuse elle effaçait chacun des traits, laissant Neth dans son malheureux vide sans rien ni personne. Il était seul et toujours Seul avec son Démon, la mélodie recommençait, l'entraînant au plus profond. Il se débattait, criait, mais les murs restaient sourds, sa voix muette...

En sursaut, il se cabra sur son lit, de retour à la réalité, les yeux ouverts il regardait ses mains, il regardait la Réalité, son cœur lui faisait sentir la Vie, il cognait et voulait s'échapper, sa respiration se canalisait petit à petit sur ce réveil insipide. Ses draps de soies étaient chiffonnés. Ses rêves eux-mêmes étaient un brouillon d'idée. Mais elle était nette cette silhouette, ce nom. Elle. Il se laissa tomber sur son oreiller, ses cheveux dans une élégante danse vinrent se reposer. Sa main ouverte en direction des étoiles, derrière cette vitre.

- Jamais je ne t'oublierai.

Dans un dernier soupir il se rendormit en soupirant son nom.
Sae.

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