74. Feux d'artifices

19 minutes de lecture

Estelle, 16 ans
« Tiens bon, Katia ! »

Je percute quelque chose de mou : le ventre gigantesque d’un Ronflex. Je lève la tête pour voir Kylie et Scottie qui arrivent en courant dans ma direction, avec Tom et Jenny à leur poursuite. Katia s’est enlacée contre moi alors que Roucarnage roule à un mètre du Ronflex.

Les combats ont commencé à éclater tout autour de nous. Sbires et Dresseurs luttent dans une guerre où tous les idéaux sont confrontés. Des agents de police sont sur place et essaient de contrôler la situation, mais le chaos se propage de plus en plus. Camille a réussi à semer la pagaille…

— Est-ce vraiment le chef de la Team Rocket qui vient de parler ?! demande Kylie en m’aidant à me relever. On dirait une voix féminine…

— C’est parce que c’est un imposteur, je réponds. Il s’agit de l’une des acolytes de Diana. C’est la fille qui porte l’alias de Cameron ou bien Camille… Je l’ai reconnue à cause du ton de sa voix.

— Ah, cette peste ? Si elle est ici, ça veut dire que Valentin n’est pas loin !

— Il faut à tout prix protéger le Centre Pokémon ! lance Scottie.

— Je suis du même avis ! dis-je.

Nous sortons tous nos Pokémon et courons en direction d’un grand camion qui vient de s’arrêter derrière le Centre. Quelques sbires en sortent et déposent de la dynamite près des murs. J’ordonne à Roucarnage de lancer une attaque Tornade dans leur direction au moment où l’un d’entre eux presse sur une commande, puis l’explosion dévie miraculeusement au camion.

Le véhicule s’envole dans les airs et tombe sur le côté avant de faire quelques roulements en bas d’une bute. Les vitres se brisent sous l’impact et cela tue le conducteur. Je grince des dents en réalisant ma bêtise et tourne ma tête vers les sbires qui viennent d’échapper à la mort. Je reconnais le grand blond aux yeux marron qui me toise du regard.

— C’est pas assez que tu tues ma patronne, faut en plus que tu extermines l’un de nos meilleurs conducteurs ? T’es pire qu’un démon… grogne-t-il.

— Je n’ai pas tué Diana ! je réplique sèchement.

— Elle avait pour mission de te tuer et de prendre tes Pokémon qui nous reviennent de droit ! Nous avons retrouvé ses restes dans la falaise. J’en déduis qu’elle a mené un combat contre vous et qu’elle a été tuée. Si ce n’est pas toi la coupable, c’est l’un d’entre vous !

— Le responsable a pris la fuite !

— Mensonge ! dit-il. Vous avez la mort de ma cheffe sur vos mains !

Au moment où il s’apprête à lancer ses Pokémon dans notre direction, quelques agents de police l’interceptent, ses associés et lui. Ils sont tous trois menottés, bien qu’ils essaient de se débattre.

— Je n’en ai pas fini avec toi, Markios ! hurle Valentin entre ses dents, alors qu’on le voit se faire embarquer dans une voiture de police.

L’Agent Jenny cogne la tête de Valentin alors qu’il me lance des injures, puis ferme la porte afin de lui couper la parole.

Pendant ce temps, les autres Dresseurs continuent de combattre contre les nombreux sbires de la Team Rocket. Je décide de remonter sur mon Roucarnage et nous survolons le Centre Pokémon. Plusieurs Dresseurs ont fait la même chose et détruisent les aéronefs un par un. Je cherche Braségali du regard. Où peut-il bien être ?

C’est alors que je vois un flash rouge passer devant mes yeux, je reconnais la fourrure de l’Arcanin de Camille. Celle-ci a ôté son masque de Giovanni, afin de laisser paraître sa chevelure blonde. Elle se dirige en direction de l’auto où est incarcéré Valentin. J’ordonne à Roucarnage de la rattraper et sur un coup de chance, nous réussissons notre coup.

— Lâchez-moi ! grogne Camille en sortant un canif de la manche de sa veste.

Roucarnage relâche instinctivement la sbire et elle tombe dans le vide tout en essayant de l’atteindre dans l’une de ses serres. Elle est rattrapée de justesse par l’Arcanin puis ils se tournent vers les policiers qui protègent tous les véhicules où sont emprisonnés ses pairs.

Le chien lance Déflagration en direction des policiers, mais Katia et Tom font apparaître leurs Pokémon d’Eau qui viennent éteindre les flammes de celui-ci. Scottie appelle même Qulbutoké par la même occasion et une bonne partie de l’attaque est reflétée en direction d’Arcanin et de sa Dresseuse.

Camille tombe en bas de son grand chien et roule dans la terre humide. Elle se relève rapidement et ôte son veston, révélant son uniforme de la Team Rocket qu’elle a gardée sous son costume.

— Arrête, Camille ! je lance. Vous n’êtes pas assez nombreux !

— Je n’admettrai jamais la défaite face à des incapables tels que vous !

— Mais c’est quoi ton problème !?

Elle ne répond pas.

Elle est à présent entourée de quelques sbires et ces derniers luttent contre les Pokémon des policiers. Derrière moi, Kylie et les autres mènent leur propre combat contre une dizaine de sbires et ils semblent avoir un avantage sur eux. Cette mission qu’ils se sont donnés est une mission impossible. Ça ne peut être qu’une diversion… Mais pour quoi, au juste ?!

Je fonce en direction de Camille qui prend la fuite et elle s’enfonce au milieu de la foule, s’attaquant violemment à une Dresseuse un peu plus jeune que moi. Elle lui chope ses Poké Ball et lui donne un coup de boule dans le visage. L’adolescente perd connaissance alors que la criminelle prend la fuite avec les Poké Balls volées.

Quel carnage… Quelqu’un doit l’arrêter !

Toujours sur le dos de Roucarnage, j’ordonne à ce dernier de la rattraper. Son Arcanin nous barre la route, d’un bond et me fait perdre l’équilibre. Je suis sur le point de tomber au sol quand Roucarnage me rattrapa par les bras en utilisant ses serres. Il me pose au sol et contre-attaque le chien gigantesque de Camille. J’appelle donc Archéduc en espérant retrouver la sbire, dans tout ce fouillis.

C’est alors qu’à ma grande surprise, plusieurs explosions commencent à avoir lieu un peu partout près du parc et dans la grande cour du Plateau. Je me tourne rapidement pour remarquer que plusieurs sbires se sont tués en fonçant dans certains Dresseurs. MAIS ILS SONT FOUS !?

Je n’ai pas le temps de m’arrêter, je dois arrêter Camille coûte que coûte… Quitte à y laisser ma propre vie.

Je la vois alors au milieu de la foule, son couteau pointé directement sur la nuque de l’Infirmière Joëlle du Centre Pokémon qui s’est perdu dans la mêlée. Plusieurs personnes se sont tournées vers elle, sous le choc et apeurés lorsqu’ils constatent qu’une personne tel que Mademoiselle Joëlle est en otage.

— Ça, c'est bas ! je hurle. Relâche l’infirmière !

Mon Roucarnage passe au-dessus de Camille et tente de l’attaquer, mais Camille menace celui-ci en levant son couteau, tout en serrant l’Infirmière Joëlle contre elle. Elle vient aussi d’appeler son Kadabra et son Excelangue qui la défend contre les autres Dresseurs. Elle se fait ensuite aider par d’autres sbires de la Team Rocket et ils s’enfoncent dans les ténèbres alors que l’infirmière lance un appel à l’aide.

— Archéduc, arrête-la ! je lance.

Mon camarade duveteux hoche la tête, puis lance une flèche fantomatique en direction de la criminelle. Cette flèche atteint le mollet droit de Camille qui pousse un cri de douleur. Elle relâche la captive et embarque sur le dos d’Arcanin qui l’éloigne du champ de bataille. Je ne peux pas la laisser s’en tirer comme ça, alors je prends mon courage à deux mains et commence à poursuivre la jeune femme à pied. Je fais confiance à mes amis et aux Dresseurs de s’occuper du reste.

Au bout de plusieurs minutes de course, je me retrouve à l’intérieur du stade où se déroule le tournoi. Nous n’avons pas le droit de nous y rendre en fin de soirée parce que les organisateurs de l’événement doivent nettoyer les estrades et la surface afin que tout soit propre demain matin. Je ne comprends honnêtement pas ce que Camille compte faire, mais elle se trouve à présent au centre de l’énorme piste. Je remarque qu’il y a des fils bizarres qui nous entourent et ils sont tous reliés aux estrades. Elle descend de son Arcanin et s’approche de ce qui semble être la même boite étrange qu’on a trouvé près du Centre Pokémon, tout à l’heure.

— STOP ! je lance. Qu’est-ce qui te pousse à faire ça !?

— Tu n’as pas besoin de le savoir, mais si j’étais toi, je partirais d’ici avant que tu n’exploses avec tout le reste de ce terrain !

— Quoi !? Mais arrête ! Tu vas tous nous tuer !

— Je m’en moque ! Gloire à la Team Rocket et à Maître Giovanni !

Et… elle appuie sur la commande. Comme dans un film de cinéma, je vois avec lenteur les flammes allumer chaque mèche reliée à un réseau de dynamites à travers tout le stade et il n’y a rien que je puisse faire pour l’arrêter.

C’est alors que je sens Braségali me prendre dans ses bras et bondir droit dans les airs, me soulevant au-dessus d’une explosion épouvantable. Des briques, des morceaux de métaux et de ciment volent dans tous les sens.

Derrière nous, quelques Dresseurs et sbires crient de peur lorsqu’ils ressentent cette explosion. Le ciel devient rouge sang, les flammes ont envahi l’horizon. Je suis terrifiée. Archéduc a pris la fuite juste à temps, sinon il aurait péri dans l’incendie.

C’est là que je comprends avec tristesse que Camille a péri dans cette explosion et que son Arcanin a pris la fuite dans une direction opposée à la foule qui se trouve derrière nous. Comment… comment est-ce possible qu’on mette fin à sa vie ainsi !? Je ne comprends pas… Pourquoi s’est-elle sacrifiée ? Dans quel but tout ça a-t-il servi ? Je suis certaine qu’il s’agisse d’une distraction. Le véritable Giovanni doit être derrière tout ça. Et elle osait encore le glorifier avant sa mort !

Alors que Braségali retombe sur ses pattes, j’entends les cris de Kylie, Katia et Scottie qui courent dans ma direction. Ils sont accompagnés de Dresseurs et de visiteurs qui viennent de voir le fantastique monument historique se faire détruire avec toute cette dynamite.

Comment de temps s’est-il déroulé depuis que la Team Rocket a eu l’accès au stade ? Ils ont tout planifié d’avance, si ça se trouve…

Je préfère ne plus me poser de questions.

Cette attaque au stade du Plateau a eu l’effet désiré de la part des survivants de la Team Rocket. Ces derniers prennent la fuite, abandonnant celles et ceux qui s’étaient fait capturer durant leur mission. Je suis sans voix et je ne sais plus comment réagir face à un tel désastre. Je lâche un long soupir de soulagement et me tourne vers mes amis, réalisant qu’ils sont tous sains et saufs.

¤*¤*¤

Camille, 17 ans
Sbire de la Team Rocket

Mon corps en entier est recouvert de sang alors que je suis allongée sur la pierre froide des montagnes qui entourent le Plateau Indigo. À la dernière seconde où mon corps allait exploser avec le reste du gigantesque stade, mon Kadabra m’a téléporté sans que je m’y attende.

Je suis à l’agonie et pourtant, il me démontre de la sympathie, chose que je ne lui ai jamais donnée. Les Pokémon pour moi ne sont que des outils pour survenir à mes fins. Ma vie ne vaut rien, tant que mon sacrifice aura donné quelque temps à Maître Giovanni d’accomplir sa quête personnelle. Nous devions, par tous les moyens, causer des diversions dans l’ouest de la province, alors que lui et une équipe d’élite s’occuperaient de dévaliser la banque de Safrania.

Diana Lambert, notre supérieure, a décidé à la dernière minute de rejeter cet ordre et de se mettre à la poursuite d’Estelle Markios, qu’elle traquait depuis des mois à présent. La raison ? Elle voulait la tuer et dérober ses puissants Pokémon pour les offrir à notre patron. Valentin a tenté de l’en dissuader, mais elle a pété un câble.

C’est pourquoi elle a pris un tireur d’élite et un garde du corps avec elle et s’est éloigné de nos campements… Quelques heures plus tard, on l’a retrouvé, elle et deux de nos acolytes, sans vie.

Quelle conne, cette pétasse… Elle aura été arrogante jusqu’à la fin…

Alors, notre destin était de mourir pour la Team Rocket…

Voilà qui est bien ironique, quand on sait que nous nous sommes dévoués corps et âmes pour le succès de notre organisation.

Mon histoire ? Elle n’a pas d’importance…

Je ne suis qu’une simple victime de cette putain de société qui a trop longtemps ignoré mes souffrances… Puis un jour, tout a basculé pour moi et je suis passée du côté de cette organisation qui m’a offert un toit et un but dans la vie. Non loin des montagnes, je vois des flammes consommer les bois et les bâtiments qui ont été affectés par l’explosion.

Un véritable chef d’œuf… Il ne manque plus que quelques secondes avant que ma dernière œuvre soit achevée dans un spectacle hallucinant… Je vais mourir, mais au moins, ils auront tous de quoi être éblouis…

Pan ! Pan ! Crack ! Badaboum !

Des feux d’artifices volent dans le firmament étoilé.

Crick ! Crack ! Boum !

Je regarde ces derniers avec le regard d’une gamine, celui d’une enfant qui tient la main de sa maman mourant d’un cancer du sein, alors qu’elle n’avait que cinq ans et demi…

Crick ! Crack ! Boum !

Tel un coup de poignard dans mon cœur, je revois dans ma tête les nombreux coups de poing que mon père alcoolique.

Crick ! Crack ! Boum !

Un tintement dans mes oreilles me rappelle les nombreux vols à l’étalage que j’ai faits pour lui, alors qu’il n’était qu’un simple sbire de la Team Rocket.

Pan ! Pan ! Crack ! Badaboum !

Je suis en prison… On m’annonce sa mort… Maître Giovanni envoie une somme pour me faire libérer… Je suis sous sa dette pour de nombreuses années… Jusqu’à ce que je me sente enfin chez moi…

Crick… Crack… Badaboum…

Mon cœur ralentit…

Le visage de Valentin, le seul type que j’ai considéré comme un frère durant ces nombreuses années… Ce visage, il commence à s’éloigner de mon esprit… Je ne me souviens même plus comment nous nous sommes rencontrés… Mes derniers souvenirs remontent en décembre dernier, lorsque la motocyclette que nous avons volée a manqué d’essence au bord de la route et que nous avons dû l’abandonner près de Lavanville.

— Va Kadabra, je dis en me tournant vers mon Pokémon. Tu m’as bien servi… maintenant tu es libre… Retourne… au QG… ou va… t’en…

Mon Pokémon secoue la tête, il n’a pas envie de me quitter.

— Libère les autres… Tu veux ? je demande en fermant les yeux.

— Kadaaabra… dit-il en soupirant.

Je ne peux plus ouvrir les yeux.

Crick ! Crack ! Badaboum !

Ce sont les derniers coups… J’espère que ce spectacle aura plu à quelqu’un… Un moment de folie qui me fait penser que j’aurai pu devenir une professionnelle dans l’art des feux d’artifices… Une histoire sans importance se termine enfin…

Hélas, j’ai le sentiment que je ne retrouverai pas ma mère lorsque je serai enfin loin de ce monde… J’espère pour Valentin que ce dernier aura la chance de se sortir de cette merde…

Je ne peux plus… réfléchir… Je…

¤*¤*¤

Estelle, 16 ans
Saine et sauve

Les feux ont été contrôlés, mais ont duré jusqu’à une heure du matin. Le Centre Pokémon n’a pas été affecté et nous avons pu aller nous coucher sans trop nous soucier de l’extérieur. À notre réveil, le stade a été détruit, ainsi que les petits bâtiments environnant celui-ci. Il y en avait pour plusieurs millions de pokédollards en dommages, d’après ce que j’ai compris. Nous pensions tous que le tournoi allait être annulé, mais personne ne voulait partir. La compétition aurait lieu malgré tout, à travers les ruines des ruines du Plateau Indigo.

Plusieurs Dresseurs se sont rassemblés pendant que nous dormions afin de nettoyer le terrain et d’éteindre le reste de l’incendie. Étrangement, personne n’est décédé hier soir, sauf quelques membres de la Team Rocket, y compris le pilote que j’ai tué accidentellement. Les policiers qui étaient sur place ont apparemment décidé de ne pas m’arrêter, stipulant que c’était de la légitime défense. Je n’étais pas la seule qui avait tué un membre de la Team Rocket. L’Agent Jenny aussi en massacré un par accident. Ce sont les risques du métier, m’a-t-on dit. Nos Pokémon ont été les outils de ces meurtres, mais nous sommes quand même responsables de nos actes.

Scottie et Kylie m’ont consolé ce matin alors que je repensais à l’homme que j’ai tué dans ce camion. Contrairement à Akira, je ne voulais pas tuer le pilote. Juste l’empêcher de fuir. Mais bon, puisque les autorités ne sanctionneront pas les gens qui leur sont venus en aide… je ne devrais pas m’en faire. Je m’en veux quand même. Cet homme avait peut-être de la famille… une épouse… des enfants… Et je viens de leur priver de cet homme. Un criminel, certes. Mais un être humain… Voilà un autre échec que je devrais ajouter à liste des choses dont je devrai parler avec mon psychologue.

Durant la nuit et le début de la matinée, quelques blessés ont été transférés à l’hôpital de Jadielle, mais il semblerait qu’ils s’en sortiront tous.

Je suis encore toute secouée que cette Camille ait décidé de jouer la kamikaze à la dernière minute. Le pire dans tout ça, c’est que vers dix heures du matin, nous avons appris à la télévision que la banque nationale de Kanto, à Safrania, a été dévalisée par nul autre que Giovanni. La fortune de mon père (et de mon arrière-grand-père) n’a pas été touchée, mais beaucoup de ses amis ont été affectés par ce cambriolage.

J’avais donc raison de penser que cette attaque au Plateau Indigo n’était qu’une mascarade. Le chef de la Team Rocket s’est bien joué de nous.

J’ai passé un coup de fil à Papa Flint pendant le déjeuner. Celui-ci m’a dit qu’il était déjà en négociation avec les sponsors de la Ligue afin d’offrir une somme importante qui servira à reconstruire ce qui a été détruit durant la veille. Il n’est pas le seul qui avait fait un don, car les téléphones du Centre Pokémon n’arrêtent pas de sonner.

Les parents des Dresseurs, ainsi que tous les gens qui ont visionné les nouvelles, tentent de rejoindre les responsables des évènements. C’est le chaos, tout simplement. Malgré tout, je me sens apaisée de savoir que le pire est passé.

Je suis dans la chambre de Kylie et Jenny en ce moment, alors que Katia cherche pour une brosse à cheveux dans le sac de voyage de sa cousine. Kylie et Jenny ont passé beaucoup de temps ensemble durant les dernières vingt-quatre heures… Je crois que c’est devenu sérieux entre elles, même si je n’ose pas leur poser de questions. Quoi qu’il se passe, j’espère qu’elles sont heureuses.

Jake m’a contacté ce matin pour me dire que son vol a été repoussé et qu’il ne pourra pas arriver à Kanto avant la semaine prochaine pour des raisons météorologiques. Je suis embêtée, mais au moins, je sais qu’il est en sécurité.

— Mmm… C’est quoi ça ? dit Katia en sortant un vibrateur avec harnais du sac de sa cousine. Ça se mange ? C’est tout arc-en-ciel…

Je sursaute du lit pour lui ôter l’engin de la main de la gamine et le balance sur le lit avant de sortir la fillette de la pièce en vitesse.

Kylie et Jenny pouffent de rire derrière moi, alors que je couvre leurs arrières. Je soupire d’embarras pendant que Katia se met à me poser mille et unes questions.

Vous savez quoi ? Je préférerais en revenir à la situation d’hier soir !

Au moins, je n’avais pas à discuter de sexualité avec une fillette. Par contre, ça doit expliquer les nombreux bruits bizarres qui venaient de leur chambre hier…

Il n’y a que Kylie pour penser à des trucs pareils !

— Mais pourquoi tu m’as sorti de la chambre !? boude la petite.

— Ce truc, tu ne dois pas t’en approcher ou sinon tes yeux vont te fondre dans tes mains ! je lui mens. Je suis sincère.

— Ah bon !? Alors pourquoi elle a mis ça dans son sac ?

— Parce que ta cousine est une justicière masquée qui doit détruire ce bidule en le jetant dans le feu d’un volcan.

— Tu me fais marcher… Ce n’est pas drôle… Avoue que c’est un sextoy…

— Eh… Je… Ahem… Tu n’es pas censée savoir ce genre de truc à ton âge !

Je rougis de honte et me sens fondre dans mes baskets.

— Mais pour qui me prends-tu, Estelle ? Je suis une gamine, pas une idiote, déclare-t-elle en croisant les bras, frustrée.

— Mais ce n’est pas ce que j’appellerai un truc de gamine…

— Quand on vit avec ma condition, on doit se tenir informée de tout ce qui concerne la sexualité et l’identité du genre… Enfin… C’est ce que certains ados comme moi m’ont dit dans nos groupes de soutien.

— Mais tu es toute jeune…

— Garde ton âgisme pour toi, grogne-t-elle en me tirant la langue.

Je ne sais plus tellement comment agir. D’un côté, j'ai envie de la protéger, mais d’un autre, je sens que je fais une bêtise en ne lui faisant pas plus confiance que ça. J’oublie qu’elle perçoit le monde d’un point de vue différent du mien et qu’elle est beaucoup mature pour son âge. Elle est si mignonne par moments que j’en oublie qu’elle est très intelligente. Je l’ai carrément sous-estimée.

— Je te demande pardon, Katia, dis-je. Ce n’était pas gentil de ma part.

— De toutes les copines que je me suis faite durant ce voyage, tu as vraiment l’air de vouloir me protéger coûte que coûte… Même plus que ma cousine et mon frère… Je trouve ça flatteur, mais je suis quand même capable de me défendre, hein ? Je veux dire… Je te suis reconnaissante pour tout ce que tu fais pour moi, mais des fois, je me demande si ça ne frôle pas l’obsession ?

Je rougis de honte. D’un sens, elle dit vrai. On se connaît que par nos textos et nos photos et surtout les quelques rencontres qu’on a eues par le passé, mais je me suis tellement attachée à elle que j’ai tout le temps envie de lui faire plaisir.

— Je déconne ! dit-elle en pouffant de rire, réalisant mon malaise.

— Ça, ce n’est pas gentil, je formule en boudant.

— Mais, il est juste que t’es marrante. Tu t’inquiètes beaucoup trop, par contre. Respire par le nez, Estelle !

— C’est facile pour moi de m’inquiéter quand t’es un vrai petit bout de chou. Pas vrai, ma petite princesse ?

Je me penche vers elle pour lui pincer les joues légèrement. Elle me fait une grimace, mécontente, mais pouffe de rire par la suite.

Je lui prends alors la main et nous décidons d’aller nous promener à l’extérieur, afin d’aller examiner les dégâts laissés par la veille.

Il ne reste plus qu’un quart d’heure avant que les combats reprennent d'après ce qu’on a entendu dans le Centre Pokémon. Les visiteurs et les Dresseurs commencent à s’agiter. Je frémis d’excitation à l’idée que cette fois, j’assisterai au grand spectacle depuis la foule.

Il n’y a aucun signe de Scottie dans les parages. Je crois qu’il est en train de bavarder avec son ami Odin. Peu importe. J’irai le retrouver une fois que les combats reprendront dans les ruines du stade.

Parlant des ruines… C’est vraiment triste à voir. Une bonne partie des estrades ont été détruites dans l’explosion de la veille, mais il reste encore, miraculeusement, quelques endroits qui n’ont pas été affects, car elles ont été construites dans un matériel assez résistant. Le sol a complètement été anéanti. Il ne reste plus rien d’électrique qui fonctionnait au stade. Le tout doit être éclairé à la lumière du jour. Pour ce qui est des murs, ils sont (pour la plupart) renversés alors que le reste n’est plus qu’un tas de débris et de poussières.

— Quel gâchis… se dit la gamine à côté de moi.

— Ça, tu l’as dit…

— Ils en ont pour plusieurs mois de reconstructions… même des années.

— Au moins, ils sont déjà assurés d’avoir assez de fonds pour tout remplacer.

Braségali revient de la chasse derrière nous et m’interpelle alors qu’il m’aperçoit. Lui-même semble plus agité que la veille. Je ne pense pas qu’il ait été capable de dormir à cause de l’incendie et des nombreux dégâts. Il s’est reposé un peu ce matin, mais sans plus. Je compte le laisser jouer un peu avec Pikachu, avant qu’il ne retourne dans l’équipe de Kylie. Je suis impatiente de voir jusqu’où ils se rendront en travaillant en équipe. Kylie connaît pratiquement toutes nos tactiques à force s’être entraînée avec nous. C’est pour moi un honneur que de l’aider dans cette compétition et je ressens la fierté de mon Pokémon, chaque fois qu’il termine un match.

N’empêche que je me sente triste à l’idée que cette adolescente… cette Camille… Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle se soit suicidée rien que pour détruire ces lieux. Tout ça pour donner la chance à son patron de braquer une banque, alors que la majorité des médias avaient les yeux rivés dans notre direction. Il y a de nombreuses raisons qui pousseraient une personne comme elle d’agir comme elle l’a fait.

Je ne connaîtrai jamais son histoire, mais une partie de moi se sent comme si j’aurai pu faire autrement et peut-être devenir son amie, dans une autre vie. Aurai-je pu faire la différence ? Aurai-je pu être celle qui sauverait cette fille de la misère, comme je l’ai fait pour Kylie et Yuki ? En même temps, j’ai ma propre folie à gérer… Quelle tristesse… Malgré ses nombreux crimes, je prie Arceus pour sa clémence et sincèrement que l’âme de cette martyre connaisse un certain repos.

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