58. Deuxième tentative

14 minutes de lecture

Estelle, 16 ans
« Yuki est mieux de se calmer… »

Le lendemain, à la première heure, nous nous sommes rendus à l’arène de Safrania. Morgane nous a donné comme directives que nous avons droit au total à quatre Pokémon, comme elle.

Lorsque nous nous sommes toutes mises d’accords sur les règles, elle s’est éloignée de son côté de l’arène et nous a laissé faire de même. Scottie s’est installé dans les gradins avec Miaouss sur les jambes et Qulbutoké à côté. Jake visionne le combat à travers le téléphone portable de son ami. Il a insisté hier soir que Scottie lui stream tout ça en directe.

Au premier tour, je choisis Braségali et Kylie sort Ronflex de sa Poké Ball. Morgane invoque deux Kadabra, un Hypnomade et un Alakazam. Les deux derniers Pokémon reculent et se croisent les bras en attendant que les Kadabra ne soient plus en état de se battre. Morgane n’a pas peur de montrer son équipe. Je crois qu’elle essaie de nous intimider. Kylie ne se laisse pas impressionner. Elle ordonne à Ronflex d’utiliser Plaquage sur le premier Kadabra et moi j’ordonne à Braségali d’utiliser Nitrocharge.

— Kadabra, utilisez Rafale Psy sur vos adversaires ! lance la Championne.

Ronflex encaisse l’attaque psychique sans problème. Cela ne l’empêche pas celui de plaquer un Kadabra à droite qui se retrouve paralysé par la suite. L’attaque de Braségali est si violente que l’autre Kadabra s’évanouit. Malheureusement mon Pokémon est beaucoup plus affaibli que Ronflex. Morgane cligne des yeux, choquée, puis rappelle la créature inconsciente avant de l’échanger pour son Hypnomade.

— Ronflex utilise Repos ! lance Kylie.

— Braségali, attaque Tranche sur Kadabra !

— Gali ! lance mon Pokémon.

— Roooooooooonfleeeeeex…

Le Pokémon de Kylie tombe sur ses fesses, ensuite sur son dos et se met à ronfler, comme si ce combat n'a plus d’importance. Morgane profite de la stratégie de ce Pokémon afin de se tourner vers son Hypnomade.

— Hypnomade, attaque Dévorêve !

— Ronflex, Blabla Dodo ! ordonne Kylie.

— Quoi !? lance Morgane qui n’a pas vu ce coup venir.

Le Ronflex, complètement endormi, se lève et lance l’attaque Plaquage sur Hypnomade qui n’a pas le temps de lancer son attaque. Morgane rappelle son Pokémon et grince des dents, alors que je rappelle Braségali. Il ne reste plus qu’Alakazam et il ne faut pas le sous-estimer, donc je vais tenter ma chance avec Pikachu. Je sors aussitôt celle-ci de sa Poké Ball et elle me regarde rapidement, comme si elle essaie de me faire savoir qu’elle n’approuve pas.

— Pikachu, utilise Cage Éclair ! je formule.

— Pii… ? dit-elle en tremblant de peur.

— Alakazam, Rafale Psy ! ordonne la Championne.

— Gali ! lance mon Braségali derrière elle, afin de la rassurer.

— Pika, pika !

Elle hoche la tête et se tourne pour ensuite courir rapidement vers l’Alakazam qui envoie déjà une attaque puissante en direction de mon Pokémon, puis celui de Kylie. Ronflex est repoussé par l’attaque et roule un peu sur place, alors que Pikachu a de la difficulté à atteindre sa cible et se retrouve propulsée dans les airs. Morgane n’a pas terminé ; elle veut finir en beauté.

— Très bien, Alakazam ! lance-t-elle. Continue avec l’attaque Psyko !

— Pikachu ! je crie. Tu peux le faire !

— Pi… kaaaaaaaa !

Alors qu’elle retombe sur ses pattes, Pikachu lance l’attaque Cage Éclair. La capacité Psyko tape malheureusement ma Pokémon qui perd connaissance. Je rappelle Pikachu dans sa Poké Ball. Braségali grogne de colère, pendant qu’il prend la place de sa petite amie. Il opte pour une position défensive.

Kylie rappelle son Ronflex stratégiquement et le remplace par Dracaufeu. Le grand lézard ailé survole déjà l’arène.

— Dracaufeu, utilise Lance-Flamme ! ordonne Kylie.

— Braségali, attaque Lance-Flamme ! je rajoute.

Aussitôt, nos deux attaques combinées attaquent l’Alakazam de Morgane. Celui-ci fait apparaître un champ de force autour de lui qui repousse une bonne partie des dégâts, mais celui-ci se brise et les flammes carbonisent le Pokémon Psy. Ce dernier cligne les yeux à quelques reprises avant de recracher de la fumée. Ses pauvres moustaches ont pris feu. La Championne s’empresse de les éteindre avec ses gants.

— Eh bah… dit-elle. Ça, c’est ce que j’appelle un revirement !

Elle rappelle son Pokémon dans sa Poké Ball avant d’ajouter :

— Je m’avoue vaincue. Bien joué, les filles !

— C’est tout ?! lâche Kylie. Allez ! Envoie deux autres Pokémon qu’on continue ce combat !

— Arrête, Kylie, je proteste. On a gagné.

— Mais c’était trop facile… Rah… ! Après toute la misère qu’on a eue, la première fois, j’ai l’impression qu’on s’est fait rouler.

— Je vous assure que je n’ai pas diminué mon jeu cette fois, déclare Morgane. Vous avez gagné à la loyale et tout ça, c’est parce que vous formez une très bonne équipe. De plus, vos Pokémon sont bien entraînés. Bravo !

Je soupire de soulagement et tourne la tête vers Scottie qui semble déçu que son idole ait perdue. Il vire son téléphone portable vers lui et s’adresse à Jake. Je n’entends pas ce qu’ils se disent, mais d’après moi, ils discutent du résultat du match.

— On a intérêt à combattre à nouveau, grogne Kylie alors que Morgane s’approche de nous. Je veux me mesurer à ton Alakazam en solo, un de ces quatre. Cette fois, je serais prête à te vaincre sans Estelle.

— Ça reste à voir, dit Morgane, amusée. Je suis très occupée comme Championne. Mais j’essaierai de te faire une place dans mon horaire.

— Très bien, dit Kylie en se frottant le nez. Dans ce cas, promets-moi de t’entraîner dur pour le jour où je reviendrai te botter les fesses !

— J’y compte bien, déclare son interlocutrice avant de rire.

— Kylie, franchement… j'exprime. En voilà des manières.

Mon amie hausse des épaules alors que Morgane nous donne nos badges, tels qu’elle les avait promis. Puis, elle nous serre la main respectivement. Ensuite, elle nous offre la Capsule Technique de l’arène. Kylie l’a déjà dans son inventaire, donc elle le refuse poliment. Je l’accepte quand même, parce que j’ai l’impression qu’elle pourra me servir, bientôt.

— Mes félicitations ! dit notre adversaire. Vos Pokémon ont fait beaucoup de progrès en deux jours. J’ai ressenti en eux un esprit plus combatif qui semblait absent lors notre dernière rencontre. Ta Pikachu est terrifiée, par contre…

Elle s’est tourné vers moi quand elle a dit cela.

— Ai-je été trop cruelle ? me demande-t-elle en clignant les yeux.

— Je ne pense pas. Je crois surtout qu’elle a eu peur après que votre Kadabra l’ait soulevé du sol. Depuis cet incident, elle est plus nerveuse que d’habitude.

— Je vois… J’en suis sincèrement navré.

— Elle s’en remettra, j’en suis sûre.

Morgane me sourit, puis nous salue alors que nous marchons vers l’extérieur de l’arène. Il est temps pour nous de retourner au Centre, afin de nous préparer pour la route. Nous avons pris la décision de partir pour Céladopole, peu importe le résultat.

Scottie prend du temps à nous rejoindre, je crois qu’il est resté à l’arène pour discuter avec Morgane. Lorsqu’il revient, une demi-heure plus tard, il est de meilleure humeur.

Le Centre Pokémon est rempli de gens aujourd’hui. Les vacances arrivent à grands pas et plusieurs Dresseurs ont décidé de crécher ici pour les semaines à venir, puisqu’ils ne peuvent pas rejoindre leurs familles. Au lieu de m’attarder sur eux, je me concentre sur mes affaires. Je ramasse mes trucs pêle-mêle et je fourre le tout dans mon sac. Pendant ce temps, nos Pokémon sont en train de se faire soigner.

— Relaxe Estelle ! dit Kylie qui me prend la main. Rien ne presse ! Tu es trop agitée !

Elle a raison. Je suis tellement excitée que je ne tiens plus en place. J’ai si hâte de revenir chez moi que j’en perds la boule. Elle me tend un sandwich puisqu’on approche l’heure du déjeuner, puis une bouteille d’eau.

— Remarque, notre combat n’a même pas duré trois minutes, je formule. C’est étrange hein ? La première fois qu’on a combattue contre Morgane, ça m’a pris dix minutes avant de me faire éliminer. Je crois que ton Ronflex a fait toute la différence.

— Ouais. Il m’a surpris lorsque j’ai appris qu’il connaissait Blabla Dodo en plus de Repos. On peut remercier mon Pokédex…

— On a presque failli le perdre avec Dévorêve, par contre.

— Ouais, mais la contre-attaque du Blabla Dodo était parfaite !

Elle me pousse sur mon lit et me jette un faux regard noir.

— Bouffe, on part après, dit-elle. Et repose-toi un peu.

Elle s’éloigne ensuite pour sortir de la chambre.

Le truc qui me tracasse le plus, c’est toute cette histoire avec Yuki. J’essaie de l’oublier en essayant de me distraire.

Hier, quand je n’étais pas occupée, j’ai passé mon temps à écouter de la musique ou bien à demander aux infirmières si on n’avait pas besoin d’aide avec les Pokémon blessés. J’ai passé un sale quart d’heure jusqu’à ce que je m’endorme finalement, quelques heures avant les autres.

Bien que je savoure cette victoire contre la Championne de Safrania, je ne peux m’empêcher de me sentir mal à l’aise et sur le bord de péter un câble. Toute cette rage que j’ai accumulée jusqu’ici ne fait que me serrer la gorge, donc je n’ai pas tellement faim. Même ce matin, j’ai à peine mangé. J’en ai parlé un peu avec Kylie et c’est pourquoi elle insiste pour que je mange un morceau. Elle déteste Yuki autant que moi et ne veut pas que je me morfonde parce que j’ai décidé de couper les ponts avec elle. Cette fille ne veut pas s’aider, je ne peux donc plus rien faire pour son cas.

Je reçois un appel anonyme sur mon téléphone. Je ne réponds pas. Je bloque le numéro. Quelques secondes plus tard, je reçois un texto d’un autre numéro anonyme.

JE TE HAIS JE TE HAIS JE TE HAIS ! peut-on lire sur celui-ci.

Et je bloque ce deuxième numéro. Cette garce n’a rien de mieux à faire que d’emprunter les smartphones de parfaits inconnus afin de me déranger. J’en ai marre. Je ferme complètement mon téléphone. Pas la peine de le garder ouvert si cette conne continuera à me harceler ainsi.

Je jette donc mon appareil dans mon sac, puis sors de ma chambre dans le but de me rendre à la cafétéria pour me servir un café. Puisque je n’ai pas les clés avec moi, j’imagine que Kylie les remettra aux propriétaires du Centre.

Alors que j’attends pour mon expresso, je vois Akira s’approcher du comptoir des Pokémon blessés afin de ramasser ses propres Poké Balls. Il se tourne et m’aperçoit. Il s’approche en silence et s’appuie un moment près de moi. J’ai envie qu’il parte, mais je n’ai pas le choix de bavarder avec lui, par politesse.

— Toi aussi, elle te harcèle ? demande-t-il en me montrant son portable.

Son message est rempli de petits cœurs et de déclarations d’amour qui n’en finissent plus. Il fait défiler les textes avant de poser l’engin dans sa poche. Il soupire.

— Elle m’a appelée plusieurs fois depuis hier avec des téléphones inconnus, dit-il. Elle a crié ton nom à quelques reprises, en pleurant de rage.

— Ferme ton téléphone, change de numéro et ne lui répond plus, je dis. C’est ce que je compte faire. J’ai à peine dormi hier, à cause d’elle.

— Tu ne crois pas qu’on devrait intervenir avant qu’elle fasse une connerie ? propose-t-il. C’était une mauvaise idée de ma part de la laisser voyager avec Martyr. Celui-ci m’a envoyé un texto comme quoi il n’arrive pas à s’en débarrasser et qu’elle n’arrête pas de lui casser la tête avec ses histoires.

— Ce n’est plus notre problème Akira. Arrête de t’en faire pour elle.

— Pourtant…

— Je ne veux même plus entendre parler d’elle.

Il hausse les épaules, puis se tourne un instant, alors que je ramasse ma tasse en carton dans laquelle j’ai versé mon expresso. J’y mis deux laits et trois sucres.

— Pourquoi hésites-tu à partir ? je demande en commençant à perdre patience.

— J’ai l’impression que tout ceci est ma faute. Le fait qu’elle soit descendue aussi bas…

— Pourquoi tu dis ça ? T’as fait que voyager avec elle.

— Ouais, mais quand j’ai fait sa rencontre, elle était terrorisée et refusait de me dire pourquoi. Elle était en piteux état lorsqu’elle m’a foncé dedans, il y a trois ans. En robe de chambre à moitié déchirée et recouverte de sang.

— Où veux-tu en venir… ? Aurait-elle commis un meurtre ?

— Non, Estelle… Pas ce genre de sang. Ses cuisses étaient recouvertes d’égratignures et elle saignait de plusieurs endroits. C’était une agression pure et simple. Elle était recouverte d’ecchymoses et pendant des mois, elle a refusé de me dire ce qui s’était passé. Elle m’a simplement dit qu’une ordure l’avait malmenée, mais elle n’a jamais dit plus que ça. Elle n’avait que treize ans.

Je jette le café dans la poubelle, je n’ai plus soif. Derrière nous, il y a une table à laquelle je m’assois pour ensuite me mettre à taper des doigts. Il s’installe avec moi et me pose son regard sur le mien. Ce qu’il vient de me dire me glace le sang.

— Tu veux dire… qu’on l’a violé ? je demande.

— Je ne sais pas… Ce n’est qu’une supposition et j’essaie de trouver toutes les excuses possibles qui pourraient expliquer ses crises. Ça coulait entre ses jambes, elle était en robe blanche, et elle pleurait. J’étais en fuite parce que j’avais volé du pain dans une boutique pour me nourrir, puis j’ai foncé dans Yuki en pleine nuit, dans une ruelle. Certains détails sont flous dans mes souvenirs…

— Et qu’avez-vous fait ensuite ?

— Je l’ai emporté chez une amie qui lui a permis de se laver et elle lui a offert du nouveau linge. Après cet incident, elle a refusé de retourner chez elle… Puis, elle m’est collée à la peau en me traitant comme son sauveur.

— Ouais, bah elle nous ment tout le temps… Qui nous dit que ce n’était pas une connerie rien que pour se faire remarquer ? dis-je en grinçant des dents.

— C’est aussi ce que je me suis dit pendant des mois, mais elle était si perturbée et brisée que je n’ai jamais pu l’abandonner. J’ai eu pitié d’elle.

— Dans ce cas, son problème est plus sérieux que je l’imaginais. Elle s’invente un monde autour d’elle pour couvrir la souffrance qu’elle a vécue. J’imagine que tout ça a un rapport avec son père et sa famille. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que l’un d’entre eux est responsable de son traumatisme. Ça n’excuse pas le fait qu’elle transfère toute cette rage sur nous. On ne lui a rien fait.

— Je sais… dit-il, d’un ton aggravé.

Ce qu’il vient de me dire a du sens. Je commence à former une image de Yuki dans ma tête qui n’est pas forcément celle que je souhaiterais. Si elle est effectivement la victime d’un abus quelconque, pourquoi ne l’a-t-elle pas dénoncé ? Serait-ce parce que c’est directement lié à son père ou à son fiancé ?

Les fiançailles n’ont toujours pas été annulées, puisque Yuki n’a jamais remis les pieds à Kalos. Si c’est le cas, elle a une bonne raison de fuir. Même si je comprends d’où cette rage pourrait provenir, je ne compte pas lui pardonner si facilement. Je crois que nous sommes sur une piste pour mieux comprendre cette girouette…

— Bon… Je sais, toi et tes potes, vous avez d’autres plans… Mais je voulais te parler avant que vous partiez, me dit-il. Je compte partir retrouver Yuki et la confronter sur son passé. Je tenais à te demander ton avis avant de m’en aller, puisqu’elle s’est beaucoup ouverte à toi durant les trois derniers mois. Elle te traitait comme une source d’inspiration avant qu’elle ne devienne mentalement instable.

— Je crois honnêtement que tu perds ton temps avec elle. Mais si tu crois que tu peux la faire parler, c’est déjà un début. Comme tu l’as mentionné plus tôt, elle agace Martyr et sûrement Yanis. Il serait mieux pour toi d’aller la chercher.

— C’est aussi ce que je me dis… C’est pourquoi j’ai débloqué son numéro ce matin.

— Arrête de te compliquer la vie pour elle, tu ne lui dois rien.

— Elle a quand même été ma raison de vivre pendant trois ans…

— Mais tu n’arrêtes pas de dire qu’elle t’énerve… Fais-toi une idée !

Je tape la table de rage, puis je réalise qu’on nous observe. Je me calme et je respire fort avant de me lever de table avec mon sac sur l’épaule.

— Je l’aime, même si elle me saoule… dit-il en se levant à son tour. Si tu avais une personne aussi importante que ça dans ta vie, tu comprendrais.

— Pas au risque de me déprimer pour l’éternité !

Il secoue la tête, puis s’éloigne.

Je pars de la cafétéria et croise les jumeaux au comptoir des Pokémon blessés. L’infirmière nous remet nos créatures et Braségali se trouve déjà près de Kylie et Scottie. Tous trois m’attendaient et se demandaient de quoi je pouvais bien discuter avec Akira. Je n’ai plus envie de parler. Je sors le sandwich de mon sac et prends une grande bouchée alors que nous nous éloignons pour sortir du bâtiment. Akira aurait dû fermer sa gueule. Je n’avais vraiment pas besoin de tout ce poids sur les épaules alors que je m’apprête à partir pour Alola…

— Estelle… ? demande Kylie, qui se sent concernée.

— Ne cherche pas à la contrarier, dit Scottie. Elle n’est pas de bonne humeur.

— Mais…

— Gali, confirme Braségali.

Je m’en veux d’être si colérique au point de ne pas être capable de former une phrase qui ait du sens, mais après les dernières quarante-huit heures, j’ai le droit de me sentir en colère. Toute cette frustration finira par me faire exploser de rage et je jure que je vais péter la gueule à la première personne qui osera me manquer de respect.

Nous sortons sur la route qui mène à Céladopole. Ma ville natale est à une heure de marche environ et si nous pressons le pas, nous pourrons y arriver en une demi-heure. Pendant plusieurs minutes, je me retiens afin de ne pas lâcher des jurons. Puis finalement, je me plante au milieu de la route, je lève mon visage vers le ciel et je hurle à pleins poumons.

Ce cri est si puissant, si strident que la plupart des Pokémon sauvages qui nous entourent prennent la fuite dans tous les sens. Kylie et Scottie sont forcés de se couvrir les oreilles parce que je prends une éternité à me taire. Je maudis le ciel. Je maudis la terre. Je maudis Yuki.

Je tape le sol, je donne des coups de pieds dans un arbre mort qui est tombé sur la route et j’emmerde cette planète et tous ses habitants. Je vois tout en rouge. Jamais les jumeaux ne m’ont vu si en colère. Pas même Kylie qui est normalement la plus agressive du groupe. Tous les jurons que j’ai appris au cours des derniers mois me sortent de la bouche jusqu’à ce que je m’agenouille à bout de souffle.

Lorsque ma crise est passée, Scottie réagit le premier. Il hésite quelques secondes avant de s’approcher et met une main sur mon épaule.

— Ça va mieux ? demande-t-il.

Je hoche la tête. Je reprends ma respiration normale, puis nous continuons notre chemin en silence. Mon cœur bat à une telle vitesse que j’ai peur de faire un infarctus, mais je me sens… mieux.

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0