53. La revanche d'une starlette

18 minutes de lecture

Estelle, 16 ans
« Avant tout, je me choisis… »

Après deux jours d’entraînements intensifs avec Scottie, quelques-uns de nos Pokémon ont évolués sur la Route 7. Mon Mystherbe s’est transformé en Ortide et Gravalanch est devenu un Grolem alors que Soporifik a pris l’apparence d’un Hypnomade chromatique. Aux dernières nouvelles, les Pokémon de plusieurs de nos amis ont aussi évolués, mais nous sommes sans nouvelles de Jake et Kylie.

Tandis que nous marchons en direction de l’arène de Morgane, à Safrania ; une voiture s’arrête devant nous. De celle-ci, en sort une grande dame aux cheveux rouge feu et aux yeux verts. Elle est accompagnée d’un jeune homme blond. Je n’ai pas revu ces visages depuis plusieurs semaines, mais je les reconnais. Scottie se place devant moi et appelle son Herbizarre de sa Poké Ball, alors que le jeune homme en blond fait apparaître un Krabboss. L’énorme crabe martèle le Pokémon de mon ami qui change de forme afin de se transformer en Florizarre. L’énorme Pokémon de Scottie a un sérieux avantage contre lui, donc je ne crains pas pour sa survie.

La jeune femme ne dit rien, elle sort d’une Poké Ball son Rhinoféros et me pointe. Le Pokémon fonce vers moi et Braségali se place entre nous pour me protéger.

— Comme on se retrouve, ma belle Estelle, dit finalement Diana Lambert, d’un ton sardonique.

— Que veux-tu !? je lance entre mes dents. N’as-tu pas honte d’avoir tué mon Arbok ?! Braségali, utilise Lance-Flamme !

— Rhinoféros, esquive et lance Tunnel ! Valentin, occupe-toi du morveux !

— Oui, Madame !

— Cam ? poursuit-elle, en regardant derrière moi. C’est quand tu veux.

Mince ! J’avais oublié le troisième membre de leur groupe. Je suis aussitôt bâillonnée, les yeux bandés, puis soulevée dans les airs alors que j’entends Scottie hurler mon nom. Il y a d’autres voix que je ne reconnaissais pas près de nous. Sûrement d’autres sbires. Quelqu’un touche à ma ceinture et enlève mes Poké Balls. On me vole aussi mon sac et le reste de mes affaires et on m’entoure d’un grand sac sombre avant de me jeter derrière ce qui semble être le coffre d’une voiture.

Pendant ce temps, je perçois les cris de mon Braségali, enragé alors que Diana crie de douleur. Je crois que celui-ci l’a attaquée. Je réussis à me débarrasser du sac, mais je suis prisonnière du coffre de voiture. Mais que me veut-elle à la fin !?

La voiture retourne sur la route et part à une vitesse folle. Je me cogne la tête vers la paroi métallique qui me sépare de l’extérieur, puis perd connaissance…

À mon réveil, je suis dans une cellule sombre et je n’ai aucune idée où je me trouve. On m’a ligoté et jeté ici. Je suis confuse et choquée. Il fait noir, je n’arrive pas à voir autour de moi, sauf la cellule en face de la mienne, où je vois une ombre bouger un peu. J’essaie de fouiller dans l’une de mes poches de manteau pour me rendre compte qu’on me l’a enlevé. Mon smartphone et mon porte-monnaie s’y trouvaient.

Je lâche un juron.

— Estelle ? fait une voix familière. C’est toi !?

— Kylie… ?! je lance en tournant mon regard vers la cellule en face de la mienne. Qu’est-ce que tu fiches ici ? Je croyais que t’étais partie pour réfléchir.

— Mensonges, Jake et moi, nous avons été enlevés il y a deux jours.

— Hein !? Comment ça !?

— Ils nous ont kidnappé comme toi, puis nous ont emprisonnés dans ces cellules… Ils ont emporté Jake ce matin et il n’est pas revenu depuis…

— Mais qu’est-ce que la Team Rocket a derrière la tête !?

— Je l’ignore, mais ils ont volé nos Pokémon, ces bâtards !

Mes yeux commencent à s’habituer à la noirceur. Dans la cellule à côté de la mienne, quelqu’un est en train de se réveiller et gémit de douleur.

— Scottie !? lance Kylie. Mince… Ils t’ont eu toi aussi.

— Ils t’ont eu ?! je dis en tournant la tête vers la gauche.

— Ouais, grogne le jeune homme. Le blond… Valentin… Il m’a donné un coup de genou dans le ventre, puis j’ai perdu le souffle. Ensuite, un de ses camarades m’a assommé.

— Maudite Team Rocket ! grogne Kylie qui frappe les barreaux.

— Vous n’auriez pas des cachets pour mon mal de tête ? gémit son frère.

— Ça m’étonnerait, continue sa sœur. Ils nous ont tout dérobé, ces salopards…

J’ai envie de pleurer. Je suis heureuse d’entendre la voix de Kylie, mais en même temps je suis déconcertée et je ne sais pas comment réagir…

— Braségali a-t-il réussi à s’échapper ? je demande à Scottie.

— Ouais, mais pas avant d’avoir défiguré Diana. Tu t’en souviens ?

— J’ai entendu le cri de Diana, ouais… Mais je n’ai rien vu. Il l’a vraiment fait ça ?

— Oui et il a flambé les fesses de deux acolytes avant de prendre la fuite vers Céladopole. Mon Florizarre n’a pas eu cette chance.

— Bien joué, Braségali, je dis. Il va avertir mes parents…

Je m’assois contre l’un des murs de ma cellule avant que Scottie ne dise :

— C… comment ça tes parents !?

— Ah… ouais… j’ai oublié de vous le mentionner, je lui explique. Gabriel est en fait celui qui m’a mis au monde. Longue histoire. Pour faire court, c’est un homme trans. Son père l’a emmené à l’autre bout du monde quand il était ado et a menacé de poursuivre ma famille si on reprenait contact avec lui, après son accouchement. Maintenant que son père est mort, Gabriel a repris contact avec Papa et puis voilà… J’ai deux pères à présent.

— Putain… tu parles d’un moment pour nous révéler tout ça, grogne Kylie. Tu comptais nous le dire quand ?!

— Au petit-déjeuner de l’autre jour, mais Jake était là, tu t’en souviens ?

J’entends Kylie râler un peu dans sa cellule avant que Scottie ne dise :

— Ouf… donc ta mère n’est pas morte et c’est un homme… Tu dois te sentir tout bizarre, pas vrai ?

— Ouais… mais je vais m’y habituer… Au fond, je vais être grande sœur, parce qu’il est enceint de deux mois.

— Comment !? s’exclament les jumeaux en même temps.

Puisque nous sommes coincés ici pour, je ne sais combien de temps, j’en profite pour leur raconter en détail toute ma conversation avec mon gros papa, celle de ma dernière veillée. Quand j’ai terminé de leur raconter tout ça, j’entends Scottie renifler dans sa cellule. Il est touché par l’histoire de Gabriel. Kylie est en état de choc.

— Pffft… on dirait même pas que c’était une femme, remarque-t-elle.

— Il n’a jamais été une femme dans sa tête, je remarque.

— Ouais bah, je comprends enfin pourquoi il avait cet air familier quand je l’ai rencontré pour la première fois. Vos visages sont similaires.

— C’est vrai, mentionne le jumeau. Pauvre Gabriel…

Un moment plus tard, après s’être remis de ses émotions, Scottie demande à sa sœur :

— Au fait Kylie… Sais-tu depuis quand nous sommes ici, Estelle et moi ?

— Je ne sais pas, mais vous avez dormi longtemps. Au moins quelques heures ?

— Mince, il doit déjà faire nuit dans ce cas.

Il a sûrement raison parce que je suis fatiguée. Malgré tout, l’humidité et la puanteur de cette salle me dégoûte. À ma droite, je peux voir une cuvette de toilette et une couchette. À en juger l’état des lieux, nous sommes dans un bâtiment qui devrait être abandonné. Il y a de la poussière partout. Les sbires ne s’occupent pas vraiment des cellules. J’essaie de me souvenir si Safrania n’aurait pas des endroits de ce genre que mon père blond ne connaîtrait pas, lui qui connaît tout sur tout dans la région de Kanto. Rien ne me vient à l’esprit.

— Au fait Scottie… commente Kylie. T’as dit que t’as désormais un Florizarre ? Trop cool ! J’aurais trop aimé voir ça.

— Ouais, déclare Scottie. La plupart de nos Pokémon ont évolués ces derniers jours. Estelle et moi, on avait décidé de les préparer pour son duel avec Morgane.

— On croyait réellement que Jake et toi étiez partis, j’explique. Donc… On a dû changer nos plans. Après que ton frère m’a parlé de votre dispute, je n’étais pas certaine comment réagir… Mais qu’est-ce qui vous a pris de vous chamailler comme ça !?

— Je n’aime pas comment il te traite, c’est tout… Mais la dispute n’a pas duré longtemps. À peine sommes-nous sortis du Centre que je me suis mise à le poursuivre dans une ruelle, puis on s’est fait chopper par la Team Rocket.

— T’as essayé de lui faire mal, je réponds sèchement.

— Oui, je sais et je le regrette… Mais je me suis excusée à notre réveil.

Je secoue la tête, car je suis découragée. Ensuite, je plie mes genoux vers moi en essayant de poser mes mains dans une position confortable.

— J’ai pris la décision de renoncer de sortir avec vous deux, je déclare. Puisque je vous rends dingues, vous ne m’aurez pas. Vous devrez faire la paix.

— Oh allons ! T’as pas besoin d’être si dramatique, grogne Kylie.

— Pourtant, explique son frère. C’est la seule façon d’arrêter vos disputes.

— Bah… Merde, quoi ! Je sais que t’as raison, mais je n’aime pas ça !

— Vos tensions sexuelles ne valent pas le sacrifice de votre amitié, réplique son jumeau.

— C’est ça, je formule. Alors, faut qu’on sorte d’ici et qu’on fasse le pacte de ne jamais bousiller notre amitié. Mais avant, je veux faire la peau à Diana et ses collègues…

— Un… pacte ? Ça n’inclut pas de sang, hein ? demande Scottie.

— Ne fais pas l’andouille, je réplique. Je dis simplement que nous devrions passer une entente entre nous quatre, afin que l’on puisse sauver notre groupe.

J’entends un grognement sonore venant de la cellule de la punk. Elle nous dit :

— Bordel, j’ai faim ! Ces fils de putes ne m’ont rien donné à manger depuis ce matin.

— Patience, dis-je. Mes parents vont venir nous sauver.

— Tu es beaucoup trop calme pour une fille qui vient de se faire kidnapper, exprime Scottie.

— J’ai confiance en Papa Flint. Il est plus rusé que tu le crois. Et il a plein d’amis. Je suis certaine que Papa Gabriel sera avec lui…

— Tu veux dire que Flint a des contacts chez les flics ? demande sa sœur.

— Bah ouais ? C’est même lui qui conduit la plupart d’entre eux à travers tout Kanto, lorsqu’il y a des conventions de policiers.

— En tout cas, j’espère qu’ils n’ont pas tué Jake, dit Kylie qui tourne sa tête dans le coin éclairé de la pièce. J’ai entendu des cris durant une partie de la journée, puis plus rien… Je crois qu’ils l’ont torturé.

— Vraiment ? demande Scottie. Ils torturent les humains, en plus des Pokémon !? Je les déteste… Attends que je sorte d’ici, ils vont voir de quel bois je me chauffe !

— Avec quoi ? T’es maigre comme un clou et t’es aussi faible qu’une femmelette, grogne sa sœur. Tu ne feras pas le poids contre leurs sbires.

— Garde tes insultes pour toi, commente son jumeau.

Je prends mon front et fronce des sourcils. Ces liens commencent à m’agacer. Je me commence à mordiller sur les cordes, mais elles sont trop solides pour être détachées. Je maudis le mauvais sort qu’on m’a jeté, celui qui fait en sorte que je sois si facile à perdre connaissance depuis toute petite. Jenny, je doute que tu entendes mes prières à travers cette colère, mais je crois que je vais devoir te demander ton aide pour me remettre en forme. Si ça continue comme ça, je vais aussi être obligée d’apprendre l’art de l’autodéfense. C’est dans des moments comme celui-ci où j’aurai grand besoin de gardes du corps, en plus de mes Pokémon.

Un moment s’écoule tandis que les jumeaux se calment.

— FOUTUE MALCHANCE DE MERDE ! je crie en donnant un coup de pied à un barreau de ma cellule. AÏE ! J’en ai ma claque que ce monde se fout de ma gueule !

Kylie siffle de son côté.

— Ouf, c’est la première fois que je te vois énervée comme ça, commente-t-elle. Mais j’te comprends, Estelle. T’as vraiment eu une sale poisse depuis quelque temps.

— Et ce n’est pas le pire dans tout ça, je grogne entre les dents. J’ai récemment appris des trucs assez lourds sur l’héritage de ma famille.

— Est-ce en rapport à Gabriel ? demande Scottie.

— Non… Enfin… Lui, c’est une autre histoire. Tiens-toi bien, Scottie. Parce que j’ai déniché ce scoop pour toi. Mon père a hérité du manoir, car ses parents et mon grand-oncle Nash ne voulaient pas posséder des biens qui avaient appartenu à mon arrière-grand-père pédophile. Ils m’ont aussi révélé comment le jumeau de mon grand-père est mort. Il s’est pendu après avoir tué mon arrière-grand-père. AI-JE VRAIMENT ENVIE D’HÉRITER DE TOUTE CETTE FORTUNE, MAINTENANT QU’ELLE ME DONNE ENVIE DE VOMIR !? HA HA HA !

— Oh putain… lâche Kylie.

— Finalement, ta famille n’est pas aussi joyeuse que la nôtre… dit Scottie.

— À qui le dis-tu… je soupire. Toutes les familles ont leurs secrets. Maintenant, je comprends mieux pourquoi personne ne vient nous visiter au manoir… C’est toujours quelque part dans la ville, mais jamais chez nous. Sauf pour mes oncles Kyran et Lucas, puis ma tante Sarah. Je ne vous ai pas trop parlé d’eux, parce que je les vois rarement, mais… ils existent. Ce sont les quadruplés de mon père. Mes grands-parents et mon grand-oncle, c’est à peine si je les vois tellement ils sont occupés. On a beau être des gens riches et célèbres, je vois parfois ma parenté. Et si je me souviens bien de ma première rencontre avec Papa Gabriel, j’ai une autre tante quelque part sur cette planète et elle ignore probablement que j’existe. MAIS C’EST QUOI CETTE FAMILLE DE MERDE !?

Je respire lourdement par les narines.

— Ça en fait beaucoup à retenir, déclare Scottie.

— Je sais, je dis alors que j’essaie de me calmer.

— Minute, ton père est un quadruplé ?! s’exclame Kylie, surprise.

Je suis sur le point de lui répondre quand la porte s’ouvre de la grande salle ténébreuse s’ouvre à la volée. Une lumière s’allume au milieu du couloir et on peut entendre :

— C’est pas un peu fini, votre tapage de tarlouzes !? Vous commencez à me saouler !

Je reconnais cette voix… mais j’ai encore de la difficulté à retenir le prénom de ce type.

Quelqu’un pousse Jake au milieu du couloir des cellules. Il est recouvert d’hématomes et de brûlures sur les bras et les jambes. Ses vêtements sont taillés en pièce. Il a été malmené pendant des heures, jusqu’à épuisement. Je me lève d’un bond, empoigne mes barreaux et fusille les sbires de la Team Rocket du regard.

— QU’AVEZ-VOUS FAIT À NOTRE AMI ?! je hurle hors de moi.

Je reçois un coup de pied dans le ventre, de la part du type qui vient de nous dire de nous taire et tombe sur la couchette derrière moi.

— Ta gueule ! formule simplement le grand blond qui me toise. Ah ! C’est toi, la connasse du Pont Pépite…

C’est le type au Krabboss. Il crache au sol et esquisse un sourire.

— Si je peux me permettre, commente-t-il. Vos Pokémon vont faire plaisir au Boss. Ils sont tous d’excellentes qualités. Je crois que je vais revendre la Pikachu pour une jolie petite fortune…

— OSE LUI TOUCHER NE SERAIT-CE QU’UN POIL ET JE TE TUE ! je lance depuis le fond de ma cellule. SALE ORDURE !

Malgré la douleur que j’ai au ventre, je m’approche lentement près des barreaux, car j’essaie de voir s’il n’y a pas une autre personne dans la pièce, à part lui.

— OH ÇA NON, C’EST MOI QUI VAIS LE TRUCIDER EN PREMIER ! aboie Kylie.

— Qu’avez-vous fait à Jake !? crie Scottie.

— Ça, ça ne vous regarde pas… Et fermez vos gueules. Putaaaain, vous êtes chiants. Pire que des bébés. Ça chiale, ça chiale… ouin, ouin, ouin. Comme si je n’avais que ça à vous nourrir au biberon et torcher vos culs. Vous n’êtes pas en position de négocier avec moi. Si vous n’arrêtez pas, je vais envoyer mes hommes vous enculer.

Je lui jette un regard froid et recule sur mes fesses. Je n’ai pas encore été capable de me relever. Il ne plaisante pas.

— Arrête de faire le fanfaron et mets-le dans sa cellule, Valentin, grogne une voix féminine derrière la porte d’entrée de la salle. Je vais devoir rapporter ce que tu viens de dire au patron. Ce genre de langage est très inapproprié et tu le sais.

— Ferme ta putain de gueule, Cam ! T’es chiante.

— Et toi t’es mal élevé, soupire la voix. N’écoutez pas ce tas de fumier, il dit des conneries. Maintenant, crétin, met ce mec dans sa cellule et viens-t’en.

— Ouais, ouais…

Avant de pousser Jake dans une case vide à côté de celle de Kylie et de l’enfermer dedans, Valentin me jette un regard froid. Il revient ensuite vers moi en agrippant les barreaux comme un véritable psychopathe.

— Tu sais quoi ? dit-il avec un sourire narquois. Ton trou de cul de Braségali a défiguré ma collègue… Tu sais ce que ça veut dire ? Tu es la prochaine à passer dans la salle des tortures.

À peine debout, à quelques centimètres de lui. Je lui crache au visage. Insulté, il s’apprête à ouvrir ma cellule, mais la dénommée Cam s’impatiente et entre dans la salle pour cogner son partenaire sur la tête. Valentin tombe, étourdit. Elle le prend alors par le pied et le traîne en dehors, dans les couloirs. Il lâche plusieurs jurons et ses râlements diminuent pendant qu’ils s’éloignent. Je suis furieuse, mais aussi choquée de savoir ce qu’il se passe du côté de Jake. J’enfonce mon visage dans les barres de métal et je me tourne de mon mieux vers lui.

— JAKE ! je lance. Bon sang, pourquoi t’ont-ils fait ça !?

Kylie est au bord de la panique. On a dérobé la guitare de notre ami et on l’a violenté à plusieurs reprises. Pourquoi ?

— C’est pour… l’incarcération de Diana, dit-il. Putain… J’ai mal…

Il pleurniche en silence. Je sens mon cœur se briser de l’intérieur.

— C’était Kylie ou moi qui y passais… Ils avaient pour mission… de te capturer et de demander une rançon à ton père, dit-il. Du moins, c’est ce que j’ai… compris…

— Ah, je vois, Diana voulait se venger et s’en prendre à notre fortune, je réplique. Je n’en reviens pas qu’elle a eu le culot de faire ça !

Après la conversation que je viens d’avoir avec les jumeaux à propos de mon héritage, j’ai envie de rire jaune. L’argent, l’argent, l’argent. Toujours l’argent. C’est ça qui semble être le plus important pour tout le monde, sur cette planète. Et c’est pire quand les criminels veulent posséder toutes les richesses de ce monde. Sauf que là, ce n’est pas qu’une simple histoire de rançon. C’est une vendetta envers moi. Diana veut me faire souffrir, parce que c’est tout ce qu’elle sait faire.

Quelques secondes s’écoulent avant que Jake me réponde :

— La rançon, c’était leur premier plan. Mais après que Braségali a eu la brillante idée de l’attaquer… Bah voilà le résultat…

— Il ne faisait que me défendre ! je proteste. Ce n’est pas sa faute ce qui t’es arrivé !

Il se tait et soupire dans sa cellule. Au moins, nous savons maintenant pourquoi nous sommes ici. C’est un enlèvement typique comme on en voit dans les films d’actions, excepté que nos Pokémon ont aussi été volés par la Team Rocket. Enfin, je dis ça et je n’oublie pas que ma Némésis veut absolument tout faire pour ruiner mon existence.

— Estelle marque un point, dit Scottie. Nous ne pouvions pas prévoir qu’ils allaient s’en prendre à vous…

— La première chose qu’on fait en sortant de cet endroit, c’est t’emmener à l’hôpital, lâche Kylie. Tu m’entends ? Ne ferme surtout pas les yeux…

Dans la pièce se répand une odeur de peau brûlée et de sang. Plusieurs de ses blessures sont encore fumantes. Son visage ne semble pas avoir été touché à part quelques coups de poings. Il n’a même plus son bandana.

— C’est quoi ça ? dit alors Kylie qui s’approche des barreaux de sa cellule.

Il y a des bruits dans le couloir. J’entends des coups de feu et des bruits de pas qui viennent dans cette direction. Un combat a lieu entre un sbire de la Team Rocket et quelqu’un de l’extérieur. Prions pour que ce soient mes parents ou des amis.

— Y’a quelqu’un là-bas !? pouvons-nous entendre.

Ce sont les flics !

— Nous sommes ici ! je crie. Il y a un blessé !

L’Agent Jenny entre dans la pièce, armée d’un fusil. Elle est accompagnée de quelques policiers. Elle tient dans sa main libre un trousseau de clés. Lorsqu’elle voit la cage de Kylie, il s’empresse d’ouvrir celle-ci, puis celle de Jake à côté. Elle remarque dans quel état se trouve le jeune homme et fait volte-face vers ses coéquipiers.

— Appelez les ambulanciers ! ordonne-t-elle. Nous avons besoin d’aide !

— Ce n’est pas trop tôt… grogne Kylie en sortant de sa cellule, pour ensuite s’agenouiller. Arf… j’ai faim…

— Vous avez reçu un appel de mon père, c’est ça ? je demande. Je suis Estelle Markios.

— Effectivement. Votre Pokémon a alerté Monsieur Markios, votre père, et celui-ci nous a contactés.

— Nos Pokémon… gémit Jake.

— Ne vous en faites pas. Nous avons trouvé une salle remplie de Poké Balls volées. Nous sommes dans une usine désaffectée et abandonnée, au nord de Céladopole. La Team Rocket s’en est servie comme repaire.

— Qu’en est-il des sbires ? je dis.

— La plupart d’entre eux ont été arrêtés. Certains ont été tués par autodéfense. Quelques-uns de nos agents ont été blessés par balles.

Je fronce des sourcils et soupire. On entend encore des bruits de feu à l’extérieur, mais c’est plus loin qu’un peu plus tôt.

— Votre père et son fiancé vous attendent à l’extérieur avec d’autres civils, dit l’Agent Jenny en prenant mon pouls et ma température. Vous ont-ils fait mal ? Avez-vous la nausée ?

Je fais signe que non de la tête, alors qu’une femme en blouse blanche entre avec un assistant qui transporte une civière. Elle aide Jake à se déplacer dessus celle-ci.

— Nous allons devoir attendre que les couloirs soient libérés avant de sortir votre ami de ce bâtiment, dit la policière. Suivez-moi si vous voulez retrouver vos Pokémon.

L’Agent Jenny ordonne alors à l’un de ses collègues de rester ici afin de protéger Jake et l’équipe de secours, puis, elle nous conduit dans une pièce différente, où on a trouvé plein de Poké Balls volées. Kylie, Scottie et moi, nous avons dû chercher quelques minutes avant de tomber sur un sac dans lequel nos Poké Balls ont été entassées avec les Pokédex à nos noms. Je sors la boule métallique où j’ai rangé Psykokwak (que j’ai pu facilement identifier grâce à mon encyclopédie digitale portative) et l’appelle alors que Kylie invoque Dracaufeu. Quant à Scottie, il sort son Hypnomade chromatique. Je prends le sac qui contient les Poké Balls de Jake et je l’emporte avec nous. Comment j’ai pu identifier les Poké Balls de Jake ? Elles sentent tous le thé.

Les coups de feux ne font que s’éloigner, alors l’Agent Jenny nous emmène vers l’une des sorties du bâtiment. Il n’y a que deux étages : le rez-de-chaussé et un autre au-dessus de nous. C’est un endroit large et gigantesque. On trouve sur notre chemin des corps partout, des blessés comme des morts. Des Pokémon ont été tués aussi. Je vois que beaucoup de sbires de la Team Rocket sont morts dans cette fusillade. C’est triste à voir, mais plusieurs d’entre eux savaient dans quoi ils s’embarquaient en rejoignant cette maudite organisation criminelle.

Il n’y a aucune trace de Valentin, Cam ou bien Diana lorsque nous sortons. Ils se sont encore une fois volatilisés. Il y a plusieurs voitures de police et de civils dans la cour de l’usine. C’est hallucinant ! Finalement, nous n’avons pas eu besoin de nos Pokémon, mais nous sommes sortis sains et saufs de cet incident… enfin… tous sauf Jake. Celui-ci a perdu connaissance avant que sa civière passe près de nous, pour se diriger vers l’ambulance.

— Je viens avec lui ! lance Kylie. C’est mon pote !

— D’accord, répond l’infirmière, mais pressez-vous !

Je vois mon amie s’éloigner de nous en rappelant son Dracaufeu, puis elle embarque rapidement derrière l’ambulance dans lequel on transporte le musicien blessé. Je suis si en colère et choquée que je n’entends pas les bruits autour de moi. C’est comme si je suis dans une transe violente et que je vais faire une bêtise.

Sur le coup, je me tourne à nouveau à l’entrée de l’usine, puis j’y entre en courant. Je n’entends même pas Papa Flint qui crie mon nom. Je ne vois même pas Papa Gabriel qui me pointe du doigt afin de demander aux gens de m’arrêter. Il est trop tard, je rentre dans cette usine et je n’ai qu’une seule idée en tête : tuer Diana !

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