36. Une pause qui fait du bien

15 minutes de lecture

Estelle, 16 ans
Déteste les orgueilleux

Il est près de quatre heures du matin lorsque je me réveille tout doucement avec Scottie, penché sur mon lit avec une lampe-torche allumée en direction de son visage.

— Bon matin, Esteeeeelle, dit celui-ci.

Cette vision me fait sursauter.

— KYYYYYYAAAAH ! je hurle en lui plantant mon poing dans la figure.

La lampe de lit de Kylie s’allume et je vois celle-ci se lever et enlever son masque de nuit. Elle a les cheveux emmêlés et est à moitié endormie.

— Qu’est-ce qui s’passe… ? grogne-t-elle.

— Scottie ! Tu m’as fait peur ! Vilain garnement !

— Ouille, ma mâchoire… couine le pauvre jeune homme.

Je le regarde furieusement.

Braségali hausse les épaules après que je lui ai lancé un air sombre pour ne pas l’avoir empêché de me réveiller. Mon Pokémon médite dans la position du lotus près de la porte de notre chambre et se repose facilement comme ça, alors il n’a pas besoin de grimper sur nos lits comme avant. Et c’est tant mieux, parce qu’il est quand même très grand à présent qu’il a atteint sa dernière évolution.

— Je veux bien croire que tu veux aller capturer de nouveaux Pokémon, mais je suis une dame et une dame a besoin de sommeil ! je m’exclame en frappant Scottie avec mon oreiller. Va te coucher, bon sang !

Jake dort toujours au-dessus de mon lit, malgré le tapage. Je l'entends ronfler, puis jouer d’une corde de sa guitare pendant qu’il dort. Je soupire. Il joue même en dormant, celui-là… Je lui ai pourtant dit de ranger son instrument avant de se coucher ! Ce qu’il m’exaspère, des fois…

Je replace une mèche derrière mon oreille et ferme les yeux. Scottie sort de la pièce tandis qu’il ronchonne et je finis par me rendormir.

Aux premières lueurs du jour, j’ouvre les yeux et remarque que Kylie est déjà levée. Elle n’a pas fait son lit. Jake dort toujours au-dessus de moi. Braségali quant à lui, fait des pompes au sol afin de maintenir la forme. Nos œufs sont tous entreposés près de nos sacs, sauf celui de Scottie.

Après la soirée d’hier, je me souviens que le Major Bob a demandé à notre maniaque des Pokémon Psy de prendre soin de son Magnéti pour quelque temps. Puisque le Champion de Carmin sur Mer est déjà débordé avec son horaire pour les prochains mois, il nous a dit que ça lui arrive de demander l’aide de jeunes Dresseurs afin d’élever ses Pokémon. Scottie a accepté sur le champ, car il n’avait pas de Pokémon Électrique dans son équipe.

Un instant s’écoule avant que je me rappelle que j’ai frappé Scottie au visage, quelques heures plus tôt. Je rougis de honte. J’espère que celui-ci ne m’en voudra pas trop lorsque j’irai le retrouver sur la Route 11. Nous nous sommes promis la nuit dernière d’aller nous entraîner, lui et moi, là-bas en nous levant. Il a insisté pour que ce soit très tôt… Mais que voulez-vous que vous dise ? Quatre heures du matin, c’est criminel pour une jeune femme de mon âge. (J’ai seize ans, mais je m’en fiche. Détails !)

Après un petit-déjeuner rapide et une douche, je m’habille en vitesse pour aller rejoindre mon ami, en compagnie de Braségali et de mon œuf. Scottie est aux côtés d’un Kadabra qui combat en ce moment contre des Piafabec et des Rattata. Abra a sûrement évolué durant mon sommeil.

— Ah, te voilà toi, dit-il en fronçant les sourcils.

Je vois qu’il a une ecchymose sur la joue.

— Kylie m’a dit que je te retrouverai ici, je formule.

Elle est occupée ce matin à faire des emplettes pour le groupe. Elle m’a laissé un message sur ma commode pour me le signaler. Je l’ai remarqué lorsque je suis allée me changer.

— Cool, dit-il sarcastiquement.

— Désolé pour le coup de poing…

— Pfft, grogne-t-il. Laisse-moi juste quelques heures pour décompresser.

Je soupire et secoue la tête.

— Je sais, explique-t-il. Ce n’est pas ta faute, je t’ai fait peur. Mais comprends-moi, je suis en quête pour devenir le Champion d’arène de Bourg Geon et je prends ça très au sérieux.

— Je n’ai jamais dit le contraire…

— Ouais, mais… euh…

— Tu te sens perdu par moments, n’est-ce pas ?

Il cligne des yeux et lève son regard vers moi, alors qu’il était concentré à observer Kadabra.

— Comment as-tu deviné ? me demande-t-il.

— Parce que nous sommes pareils ; voilà pourquoi nous voyageons.

— Pas faux… Les Dresseurs recherchent souvent un sens à leur vie…

— Tu as tout le temps devant toi. Tu n’as pas à stresser. Ce n’est pas comme si tu participais à la Ligue Pokémon comme Kylie et moi. Nous avons déjà beaucoup de retard.

Il hoche la tête, puis rappelle Kadabra vers lui pour me le présenter.

— Sinon, j’ai quelque chose à te montrer, formule-t-il. Abra a évolué durant nos derniers combats. Il est cool non ?

Je lui souris et je dis bonjour à Kadabra. Celui-ci cligne des yeux et hoche la tête d’un mouvement bref. Il a l’air en pleine forme.

Scottie se met aussitôt à rire d’une façon assez étrange, puis sort d’une Poké Ball un Pokémon plus petit, mais plus large avec une courte trompe qui me regarde en clignant des yeux.

— Voilà la nouvelle addition dans mon équipe ! lance-t-il. Et ce n’est pas qu’une simple addition, non madame ! C’est un Soporifik chromatique ! J’ai eu la chance de le capturer alors qu’il se faisait poursuivre par une troupe de Sabelette qui l’a confondue pour un Abo.

Je sors mon Pokédex de ma poche et je le pointe vers le Pokémon en question. En effet, celui-ci devrait être jaune, mais il est tout rose et magenta. Scottie continue son monologue avec tant de passion et à une vitesse folle que je ne peux me permettre de l’interrompre. Lorsqu’il a terminé, il prend une gorgée de sa bouteille d’eau et en donne une à son Kadabra qui l’accepte volontiers.

— Qu’en est-il de Magnéti ? je demande. Est-ce qu’il coopère avec toi ?

— Ah ouais, il est plus fort que je l'imaginais. Cependant, il a épuisé ses forces bien avant que je me concentre sur Abra. Il dort en ce moment dans sa Poké Ball, mais je compte aller le faire soigner lorsque j’aurai terminé mon entraînement. J’ai envie de voir comment Soporifik se débrouille. Il aura besoin de mon aide, je le sens.

— Sopo… ? répond son Pokémon qui lève la tête vers lui, confus. Soporiiifik…

— Allons, tu ne veux plus te faire pourchasser par des Sabelettes, non ?

— Sopooo…

— Alors, crois-moi, je vais faire de toi un Pokémon puissant !

— Sopoooorifik…

Le Pokémon rose et magenta sourit lentement. Kadabra fait volte-face lorsqu’il ressent la présence d’un Pokémon sauvage qui rôde derrière lui. Cette fois, un Rattatac bondit dans sa direction, mais le Pokémon à la cuillère argentée l’arrête aussitôt avec une puissante onde psychique.

Braségali devient défensif lorsqu’un Rapasdepic fonce dans notre direction. Je crois que c’est le temps pour lui de s’entraîner. Je ne suis pas encore assez éveillée pour donner des ordres à qui que ce soit, alors je bâille et je dis :

— Braségali, sois prudent, OK ?

Il hoche la tête, puis lutte contre l’oiseau rapace jusqu’à ce qu’il assomme ce dernier.

Il y a un banc pas loin d’ici. Je décide d’aller m’asseoir avec mon œuf à mes côtés.

En ouvrant mon smartphone, je tombe sur un texto de mon père et roule les yeux. C’est un selfie de lui complètement nu, avec une rose entre les dents, dans un bain moussant. Comme description, je lis :

Tu viens me rejoindre dans le bain, chéri ?

Je grince des dents, puis je lis le message d’en dessous :

OH PAR ARCEUS ! JE SUIS SINCÈREMENT DÉSOLÉ, ESTELLE ! J’ENVOYAIS CE MESSAGE À GABRIEL !

Je vois alors une photo de mon père en pleurs. Non mais quel idiot… Un peu plus et je voyais ses parties intimes. Pourquoi ne suis-je pas étonnée ?

Tu rajouteras ça sur les paiements de ma prochaine thérapie, je lui envoie comme texto, en blague.

Je glousse un peu, puis je consulte mes autres messages.

Jenny m’a envoyé un SMS, plus tôt. Je vois qu’elle est en ligne.

Dis, Estelle… Penses-tu que j’ai des chances avec Kylie ?

Je cligne des yeux et pouffe de rire. Pincez-moi si je rêve ! Pourquoi ne suis-je pas surprise de lire cette question ? Je ne pense pas que ce soit à moi de lui répondre. Je sais que celle-ci échange parfois des coups de fil avec ma compagne de voyage et j’avais des doutes quant à sa sexualité. Mais je crois bien que ce message confirme le tout. Hé hé hé… et si je m’improvisais Cupidon pour Kylie et Jenny ?

Tu peux toujours essayer, mais n’oublie pas qu’elle est toujours en deuil… je réplique.

Quelques minutes plus tard, elle m’appelle.

Elle semble essoufflée lorsque j’approche mon appareil à mon oreille.

Salut Estelle, dit la voix de Jenny. J’ai vu ton message en plein jogging. T’as raison, je ne devrais pas la déranger… Mais Vicky est quand même morte il y a quelques mois… Alors…

— Réalises-tu qu’un deuil peut prendre des années à soigner ?

Oui, oui… je sais… C’est juste que je la trouve si seule et… j’ai envie de la réconforter… Je ne sais pas trop comment. Je suis heureuse qu'elle soit bien entourée, mais j’ai quand même envie de savoir si elle voudrait bien d’un rencard avec moi…

— Depuis combien de temps as-tu des sentiments pour elle ?

Euh, c’est que…

Elle ricane timidement.

— Kylie est trop distraite pour se rendre compte de certaines choses, je lui dis. Si tu veux vraiment tenter ta chance avec elle, sois directe.

Tu… tu crois ? me demande-t-elle, hésitante.

— Crois-moi. Kylie est peut-être folle, mais elle a un grand besoin d’être aimée et d’aimer les gens en retour. Je ne dis pas que ça pourrait marcher entre vous, mais après ce qu’elle a vécu pendant les derniers mois, je pense qu’elle aurait besoin de tourner la page.

Je ne compte pas vraiment prendre la place de Vicky, mais il est vrai que je la trouve très mignonne et surtout… Cool. Ça fait des semaines que je rêve de lui demander si elle accepterait d’avoir un rencard avec moi.

— C’est son frère qui sera ravi de l’apprendre. Il se fait du souci pour elle.

Mouais, je lui ai parlé quelques fois. Il est tellement gentil…

J’échange quelques mots avec elle, puis elle décide de raccrocher pour continuer son jogging. Elle m’a remercié pour le conseil avant tout et m’a dit qu’elle compte faire les premiers pas d’ici peu. Je pouffe de rire en fermant mon smartphone.

Je finis par jeter un regard vers Braségali qui s’approche la tête.

— Jenny voit Kylie dans sa soupe… je dis en rigolant nerveusement.

Mon Pokémon hoche la tête et m’imite. Il comprend où je veux en venir. Il connaît notre amie lui aussi et sait à quel point je m’inquiète pour elle. Il n’est pas si habitué à Jenny, mais semble reconnaître son nom. Est-ce une bonne idée qu’elles sortent ensemble ? Je pense que Kylie a besoin de se faire de nouvelles expériences.

J’offre alors mon œuf à Braségali pour qu’il le réchauffe avec sa chaleur naturelle ; celui-ci accepte volontiers, car il apprécie de me rendre service.

Nous saluons ensuite Scottie qui continue son entraînement, puis retournons en ville sans lui. Puisque que cette journée est la dernière pour nous reposer avant de retourner sur la route, j’ai envie d’aider Kylie dans nos achats de provisions et de bricoles qui pourraient nous être utiles.

Je sais qu’il nous faut remplacer nos bouteilles d'eau et laver notre linge. À part ça, je crois que je préparerai quelques sandwichs avant d’aller me coucher.

En lançant un regard à ma gauche, je peux voir une équipe de construction qui est déjà en train de commencer à cimenter le sol près de la plage. Sans doute la base du monument destiné à la mémoire d’Arbok. Si vite ? Normalement ça peut prendre longtemps avant que les artisans ne commencent ce genre de travaux. Je ressens un pincement au cœur à cette pensée, mais je continue quand même ma route parce que je ne peux me permettre de pleurer davantage.

J’ai déjà perdu assez de temps comme ça à me morfondre. Après tout, je ne souhaite pas mettre Kylie en retard dans son itinéraire qui lui permettra de se percer une place dans la Ligue. Quant à moi, je veux simplement collecter les badges. Après, on verra.

Après quelques minutes de marche, j’aperçois Jake qui joue de la guitare, entouré de filles qui gloussent près de lui. Ils sont installés près d’un arbre et il est assis par terre avec Évoli sur ses jambes entrecroisées. Je sais que j’ai fini par mettre une croix sur lui, mais ça m’agace de voir qu’il attire autant de jeunes dames.

Kylie sort aussitôt d’une boutique qui se trouve à proximité de Braségali et moi. Elle a les mains remplies de sacs d’ingrédients et de craquelins.

— Besoin d’aide ? j’interroge en voyant celle-ci.

Elle me tend le sac le moins lourd.

— Je déteste les journées de préparations ! grogne-t-elle.

Cela me fait rire, parce que j’ai le même sentiment.

Ensuite, j’active mon smartphone pour lui montrer le texto de mon père. Elle se marre à son tour et secoue la tête.

— Ça lui arrive souvent de gaffer comme ça ? demande-t-elle.

— Au moins une fois tous les mois. Il est d’une maladresse, c’est épouvantable… !

— Parlant de maladresse… Mmm… Je viens de recevoir un coup de fil de Jenny, dit Kylie. Elle… euh… elle me demande si je veux bien dîner avec elle l’un de ces quatre.

— Oh… elle est rapide…

— Comment ça ? T’étais au courant ?

— Elle m’a appelée avant toi pour me demander si c’était une bonne idée de te demander en rencart, je réplique en souriant. Je crois que tu devrais t’essayer, au moins une fois.

Kylie rougit comme une tomate et se met à ronchonner. Elle semble furieuse, mais flattée en même temps. C’est typique de notre Kylie internationale, ça.

— Allons, Kylie… je formule. Qu’est-ce qui ne va pas ?

— C’est chiant, grogne-t-elle, tout simplement.

— Écoute, je sais que c’est en partie parce que tu as Vicky sur la conscience vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais t’imagines-tu vivre sans amour et sans tendresse pour le reste de ta vie ? Jenny a envie de te connaître. Je crois que ça vous ferait du bien à toutes les deux de passer du temps ensemble.

— J'aimerais qu’on change de sujet… soupire-t-elle.

— D’accord, d’accord. C’est comme tu veux.

Malgré sa frustration, je peux lire beaucoup de gêne dans son regard.

— Imagine-toi aux côtés d’une belle grande rousse, sportive et musclée… je formule pour taquiner celle-ci. Elle et toi, sous un arbre, en train de vous bécoter… Oulalah !

— Estelle, arrête ! grogne-t-elle avant d’étouffer un rire.

— Allons, qu’est-ce que t’as à perdre ? Tu m’as déjà avoué que tu la trouves mignonne, l’autre jour.

— Ça, c'est avant que j’apprenne qu’elle soit comme moi !

— Tu sais que je ne veux que ton bonheur, hein ?

— Je sais, mais…

— Vicky voudrait que tu sois heureuse. Tu ne l’oublieras jamais. Elle fait désormais partie de toi. Tu as appris beaucoup de choses grâce à elle, mais c’est le moment pour toi de voler de tes propres ailes et de laisser la chance aux autres de te connaître.

— C’est si dur…

Une larme coule le long de sa joue. Je lui mets une main sur l’épaule en guise de compassion. Elle pose un sac par terre pour s’essuyer les yeux et le reprend, un instant plus tard. Elle avait besoin de ce coup de pouce, d’après moi.

— Une journée à la fois, Ky’, je lui dis avec mon plus beau sourire. C’est ce que tu m’as dit quelques jours après la mort d’Arbok et ça m’aide beaucoup. Je sais que t’en es capable.

Elle n’est plus si frustrée que ça, mais elle est toujours gênée. Elle me grimace de dégoût, puis fonce en direction du Centre Pokémon en imitant un gros Monaflèmit grincheux. Hi hi ! Elle est marrante quand elle s’énerve !

Je décide de la suivre puisque je dois délivrer les sacs dans notre chambre. Certains ingrédients doivent être préparés afin d’être mis dans les sandwichs, donc je me rendrai aux cuisines après ma courte visite dans notre chambre. Je reçois un appel de mon père, quelques minutes plus tard, puis je raccroche après lui avoir assuré pour la millionième fois que je vais bien et que mon dernier texte était une blague.

Yuki m’envoie un texte pour me demander de mes nouvelles. Elle me montre que l’œuf du concours a enfin éclos et qu’elle a entre les bras un bébé Togepi. C’est quand même étonnant de voir qu’il a pris plusieurs semaines pour naître !

Une fois à la cuisine, je me tourne vers mon Pokémon Feu et dépose mes sacs sur un comptoir.

— Alors, Braségali… je commence. On prépare quoi pour le déjeuner ? Soupe aux légumes et brochette de pain ou bien salade et biscottes ? Hmm… Je vais peut-être devoir faire cuire de la volaille…

Il recule rapidement avec mon œuf lorsque je mentionne le dernier mot.

— Allons, tu sais bien que je ne parle pas de toi ! je glousse. Gros bêta…

— Gali, grogne et lève son pif en l’air.

— De toute façon, tu manges bien des Piafabec et des Rattata. Ne sois pas hypocrite.

— Braségali… couine mon Pokémon qui rougit timidement.

— Je t’avertis que t’as intérêt à ne pas manger ce qu’il y a dans cet œuf…

Je dis ceci en le regardant avec un couteau dans la main droite.

— GALIIII ! couine celui-ci qui se cache derrière une table avant de se contracter.

— Mais voyons, Braségali !? Qu’est-ce que t’as à être si inquiet ?

— Braségali… réplique mon Pokémon en levant lentement la tête par-dessus la table.

Je soupire et réalise que je tiens le couteau dans sa direction. Il a mal interprété mon geste. Je lui montre alors la carotte dans ma main gauche, celle que je dois râper et il expire de soulagement.

Après avoir préparé notre repas, je laisse la soupe mijoter au feu et je tartine le pain de mayonnaise pour les sandwichs. Je vois Scottie qui passe devant la porte de la cuisine, suivi de Kylie. Celle-ci semble de mauvais poil. Scottie fait demi-tour et s’arrête au cadre de la porte.

— Besoin d’aide, Estelle ? demande-t-il. N’oublie pas, je n’aime pas…

— La moutarde, je sais. Kylie, en veux-tu sur le tien ?!

— Ouais ! lance-t-elle à travers la porte.

— Un peu de mayo ?

— Nan ! Ajoute des tomates ! lance mon amie.

— Au fait, savez-vous si Jake aime la moutarde ?

— Il préfère la mayo, répond Scottie. Mets beaucoup de concombres dans le sien, puisqu’il ne mange pas de viande. Un peu de sel et des tomates, puis de la laitue. On devrait peut-être acheter plus de tofu…

— J’en ai, je réplique. Mais je ne sais pas comment en préparer…

— Demande à Jake, dit Scottie. Il y a plusieurs façons de préparer le tofu.

Je hausse les épaules et le laisse s’éloigner alors que j’entends Kylie qui s’impatiente dans les couloirs. Tant pis pour le tofu, il reste dans son emballage et je m’amuse à faire nos sandwichs.

Au bout d’une trentaine de minutes, la soupe finit de mijoter et je commence à servir mes amis dans la salle à manger du Centre. Jake est de retour et s’installe à côté des jumeaux. Braségali s’assit près d’eux avec notre œuf dans les pattes. Je lui offre un bol de nourriture pour Pokémon qu’il mange en silence. Ma soupe aux légumes est un succès, ainsi que mes sandwichs. Je suis fière de mon coup !

Comme dessert, je nous ai servi des biscuits simples au beurre de cacahuètes que j’ai cuisiné hier avec Scottie. Le reste de nos ingrédients servira pour faire les repas de ce soir et demain.

Nous avons la chance de pouvoir emprunter le réfrigérateur du Centre pour la nuit. Nous avons même mis nos prénoms sur notre sac, et normalement, personne ne volera ce dernier parce que les Dresseurs ont l’habitude de partager cet endroit public. La confiance entre les Dresseurs et les employés du Centre m’impressionnait au départ, mais je commence à m’y habituer maintenant.

— À quelle heure part-on, demain ? demande Kylie à son frère.

— Six heures du matin, ça vous va ?

Je regarde Kylie qui partage la même expression d’horreur que moi. Nous nous tournons en même temps pour lâcher :

— Non ! (— Non !)

Il cligne des yeux bêtement. Kylie et moi gloussons en même temps.

Jake se contente de hausser les épaules.

— Tout me va, dit-il entre deux bouchées. Rien ne presse pour moi.

Scottie s’avoue vaincu, puis opte pour que l’on parte vers neuf heures du matin. C’est un choix, beaucoup plus raisonnable à mes yeux. Nous acceptons tous et portons un toast à notre amitié. J’ai déjà hâte à demain. Qui sait ce qui nous arrivera, par la suite ?

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