Lettre n°3

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Je suis retournée dans ta chambre. Aujourd’hui. Alors que le souvenir de ton mot, découvert il y a maintenant une semaine, me hante encore et me terrorise. J’ai peur de l’ampleur de la tâche que tu me confies. Je ne suis pas quelqu’un de courageux, de débrouillarde et surtout, j’ai horreur de faire quelque chose contraire à mes habitudes. Et pourtant, comme avant, tu interviens pour contrarier mes plans. J’ai de nouveau regardé ta bibliothèque remplie, garnie de livres en tout genre. Policer, fantastique, fantasy, biographique (certains titres sont assez étranges mais je ne vais pas m’attarder là-dessus), poésie, théâtre, contes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que tu étais vraiment une touche-à-tout. Je crois me souvenirs que tu ne parvenais jamais à choisir, que tu pouvais passer des heures dans les rayons de livres afin de trouver celui qui te paraissait le mieux adapté à tes goûts du moment. Mais comme ils changeaient sans cesse, tu finissais par ne pas lire la plupart d’entre eux car déjà tu passais à un autre genre. Papa et Maman n’arrivaient jamais à te trouver un livre, ils se contentaient alors de te donner de l’argent pour que tu puisses décider par toi-même, sans risquer de déception qui pourrait leur retomber dessus. De toute façon, tu as trop de livres.

J’ai passé mon après-midi à les ouvrir, un par un, avant de les refermer pour les poser sur le sol en voyant qu’il n’y avait absolument rien. Au final, je ne me suis retrouvée sans aucun autre mot de ta part, et plusieurs petites piles de bouquins délaissés jonchaient le sol de manière presque pitoyable. On aurait dit des tours construites maladroitement par les mains potelés d’un enfant désœuvré. Une tentative de faire de l’art avec pas grand-chose ou juste, plus simplement, un bon gros bordel.

Maman m’a malheureusement entendu. Elle est entrée d’un coup et a crié en voyant tout ça. Pendant quelques instants, elle a semblé ramer comme un vieil ordinateur. Elle observait la scène avec un effroi qui aurait presque pu, dans un autre contexte que celui-ci, être comique. Cependant, elle s’est brusquement réveillée et m’a empoigné violemment, avec une force que je ne lui aurais pas prêtée. Sans aucune autre forme de procès, elle m’a poussé dehors en me cirant d’aller près du fleuve si j’avais à ce point besoin d’exprimer ma colère. Elle a donné un grand coup de pied dans le carton que j’avais préparé il y avait une semaine de ça, avant de claquer la porte. En moins de 10 secondes, je venais d’être courtoisement expulsée.

Apparemment, ta chambre est vraiment devenue un sanctuaire sacré et impénétrable, vu le farouche gardien qui en surveille l’entrée.

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