Chapitre 4

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Barakéel et Harmonia continuèrent leur chemin où ils entendaient des bruits de pas alors qu'ils étaient seuls ; les lumières clignotaient ; la jeune femme vit un souffle glacial émanant des murs comme s'ils étaient vivants ; des rires et des pleurs se firent entendre en échos ce qui fit frémir la guerrière et plus encore en regardant les masques de bouc dans des attitudes faciales différentes. Puis elle s'arrêta net en apercevant une petite fille habillée d'une robe blanche tachée de sang qui la regardait de ses yeux vides d'un air effrayant.

  — Comme d'habitude, Lilith fait son spectacle classique, histoire de te faire peur et on dirait que ça fonctionne !

  — Ça va la ferme !

  Le gardien se mit à rire de satisfaction en voyant la pâleur de la frimousse de la ''petite étoile du matin''.

  Dès qu'ils étaient entrés dans le palais, Harmonia vit tout le long du corridor, que ce soit à droite où à gauche, cinq portes qui amenaient à des endroits précis. Devant les portes en bois, il y avait des nefs arrondies en pierre.

  La jeune femme s'était rendu compte que la décoration avait encore changé depuis sa dernière visite.

  En face de l'entrée du château des ténèbres, se trouvait enfin la salle du trône. Sur la double porte, une croix noire à l'envers y était accrochée et sur les quatre coins, ornait une tête de mort doré signalant les quatre points cardinaux.

  La pièce était immense.

  À l'intérieur, à quelques pas du seuil, des bancs étaient disposés comme dans une église, sauf que là, il ne s'agissait pas d'ouailles, mais de soldats déchus.

  Plus loin, proche de l'estrade en pierre où reposait le siège royal, deux grandes tables avec leurs chaises avaient été installées à cet endroit pour les chefs de haut rang.

  Des vitraux gothiques offraient des dessins symboliques de la ''Grande Guerre angélique'' derrière le podium du Roi des Enfers pour avoir un peu de lumière en plus des bougies disséminés un peu de partout dans la pièce. Sur le frontal des fenêtres se trouvait une statue de Baphomet.

  Sur les murs du sanctuaire des anges disgraciés pendaient des tentures rouge et noir, couleurs préférées de Satan ; mais Lucifer a fait rajouter des dorures afin de démontrer sa classe supérieure à Satan.

  Sur la table ronde en granit collée au mur de droite du trône possédait une statue en bronze d'un chat satanique au milieu des deux chandeliers en or.

  Au sol, au centre de la pièce, le symbole du pentagramme intégré d'un serpent dessus était peint en noir charbon.

  Les deux gardes de la salle portaient des masques de bouc. Ils saluèrent Barakéel et Harmonia d'un signe de tête.

  Trois molosses étaient couchés au pied du fauteuil doré, mais la tête était levée dans la direction des visiteurs, les yeux fixés et les oreilles tendues à l'écoute.

  Samaël de noir vêtu regardait pour la millième fois l'historique de la descente des premiers humains du Paradis au monde terrien que le Tout-Puissant avait créé et son intervention pour contrecarrer les plans de son père.

  Le miroir imprégné du pouvoir archangélique faisait voir l'image du commandant des Séraphins alias les Chérubins criant « Je ne me courberai pas, je ne demanderai pas grâce à genoux. C'est une guerre éternelle, Il tient la tyrannie au ciel. Faire le bien ne sera jamais notre tâche ; faire toujours le mal sera notre seul délice. Notre nom est la volonté de la Liberté ! »

  Alors qu'à ce moment précis de son discours, il était remplacé par son frère Metatron, le scribe.   Le général des Chérubins montrait des signes de remords et de compassion pour ses compagnons déchus encore en vie et des larmes pour les disparus. Il savait que le Vainqueur courroucé doutait de son pouvoir et craignait pour son trône céleste.

  Le fils rebelle savait à présent qu'il devait gagner par la ruse et par l'artifice dans des desseins secrets ; Samaël savait qu'Il n'était pas invulnérable.

  Barakéel s'avança avec prudence au plus près de son maître et lui dit :

— Sire, votre fille est ici.

  — Je sais !

  Lucifer se retourna avec les larmes aux yeux pour faire face à son unique enfant demi-mortelle.   — Pourquoi vous torturer de cette façon ? Pourquoi continuer à remuer le passé ?

  — Parce que la guerre n'est pas terminée et que je suis déterminé à cause de ça ma fille.

  Laisse-nous Barakéel !

  Harmonia s'installa sur un des sièges d'or qu'il lui montra de la main et prit place en face d'elle.   — Rappelles-tu la raison de la rébellion ?

  — Pour avoir les mêmes droits que les mortels tout en restant supérieur au lieu de servir l'humanité comme Il le souhaitait ; les humains sont inférieurs aux anges malgré leur âme et leur libre arbitre et que pour Dieu, ils ne sont qu'un nouveau jouet dans un récent monde moderne qu'est la Terre.

  — Mon épisode préféré de ma vengeance.

  — Est celui d'Adam et Ève.

  — Celle où j'ai réussi à narguer mes frères ainsi que les sentinelles et à leur jouer un tour fabuleux.   

  — Où vous vous êtes mis sous les traits d'un adolescent chérubin et qu'Uriel n'y a vu que du feu.   — Il y a un passage sous le couloir que seuls les anges empruntent. Puis au lieu de franchir la porte de l'Éden, je choisis de survoler la muraille d'arbres et de buissons.

  — Et vous avez découvert une montagne où le fleuve traverse le Paradis : la campagne, la forêt et tout particulièrement le jardin de Dieu où se trouve l'arbre de vie et son fruit d'ambroisie, mais...

  — Le cours d'eau de la Félicité coulait tout proche et j'entendais la fontaine de Vie ; l'odeur des roses céleste me chatouillait le nez, mais cela sentait aussi la fleur d'amarante. La création de Père surprit à la fois mes yeux, mon nez, mais mes oreilles également : des cèdres, des pins, des sapins, des palmiers, des arbres fruitiers, des bosquets, des bocages, de multiples animaux différents.

  — Vous m'avez raconté cela une centaine de fois Père, alors pour quelle raison m'avez-vous fait venir ?

  — Ma première bataille victorieuse a été quand je me suis transformé en serpent et que j'ai conduit Ève à commettre l'irréparable qu'Adam prit ensuite le même chemin, ce qui conduisit Michel à leur faire passer la porte de l'Éden avec pour seul péché : une pomme.

  — Et vous vous en vantez encore.

  — Tu peux te moquer de moi, ma fille, mais le résultat est là, sur Terre.

  — Ma seconde demi-victoire amère.

  — Est celle de la mort de son soit-disant fils Jésus de Nazareth ; alors que ce n'était qu'un prophète, mais finalement son décès s'est révélé une lumière pour Dieu plutôt qu'une ombre.

  — J'ai encore le goût de la déception et l'échec dans ma bouche comme un fruit pourrit. Mais j'ai une future nouvelle victoire à mettre en route et toi Harmonia, tu es le soldat qu'il me faut.

  — Qu'est-ce que vous allez me demander cette fois ?!

  — Je veux que tu pourchasses les apôtres de son fils de substitution, son charlatan de gourou.   — Père !

  — Ils sont douze.

  Je veux que tu exécutes tous les gibiers ; pas un seul ne doit survivre.

  — Vous êtes sérieux là, vous voulez vraiment que je perde mon temps à chasser les pantins d'un type qui s'est fait crucifier pour avoir perdu la tête ?

  — Ce ne sont pas que des marionnettes, ils répandent une doctrine qui me pose problème, je dois mettre des bâtons dans les roues des projets du tyran céleste.

  — Tout ce que je vois, c'est que vous voulez vous venger. Vous voulez détruire ce qui peut lui apporter toute puissance même sur Terre et vous voulez vous servir de moi. Je ne suis pas un de vos pantins Père et j'ai d'autres ambitions, alors vous savez quoi, envoyez quelqu'un d'autre à ma place.

  Harmonia se dirigea vers la sortie quand Lucifer lui attrapa le bras.

  — Tu me dois toute obéissance, ne me défies pas !

  — Sinon quoi ? Vous allez me tuer ? Non, je ne crois pas ; vous avez besoin de moi.

  Ils se défièrent tous les deux du regard. Puis l'a relâcha.

  — Je comprends Père, votre ambition de vengeance ; parce qu'il s'est moqué de vous, pour votre soif de lui prouvé que vous êtes plus malin et plus puissant que lui où du moins que vous êtes un adversaire à son niveau, où encore pour votre volonté de liberté absolue ; mais cette affaire est entre vous et lui, la souris et le rat.

  — Quelle comparaison ma fille !

  — Désolée, mais vous ne m'utiliserais pas pour votre guerre guerre père-fils.

  La jeune femme quitta alors la pièce en passant par le portail situé à l'arrière du trône. Lucifer la regarda s'éloigner sans dire un mot de plus.

  Assis sur sa chaise d'or, une de ses mains caressant la tête de l'alpha du trio des chiens, assis sur leur séant, ils regardaient Seth agenouillé en bas de l'estrade la tête penchée en avant.

  — Tu m'as déçu Seth, mais je vais te donner une seconde chance.

  — Oui, Sire.

  — Tu vas chasser et exécuter tous les apôtres de Nazareth, pas un seul ne doit survivre et je te conseille de ne pas échouer cette fois ; ma clémence a des limites.

  Maintenant, va et sois efficace !

  — À vos ordres, Sire.

  Seth se leva et sans même regarder Lucifer, il se dirigea vers le seuil de la salle, en serrant les poings de colère.

 En sortant de la pièce, Harmonia se retrouva nez à nez devant une personne phosphorescente. Puis elle disparaît en un clin d'œil ; cela la surprit.

  La jeune femme suivit le chemin habituel de ce côté-là, puis d'un coup l'étrange personne réapparut devant elle à quelques mètres plus loin.

  Harmonia décida de la suivre. On aurait dit que cette créature avait un handicap et au vu du bruit guttural bizarre qu'elle émettait, elle devait avoir des douleurs physiques très intenses.

  À un tournant, du couloir vide, encore une fois la personne dont elle avait du mal à distinguer s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme s'arrêta et la fit sursauter la fille de Lucifer, se retrouvant face à face.

  C'était une créature laide et déformée, aussi sentait une odeur désagréable qui fit perdre un peu le sens de l'odorat à la jeune femme.

  La chose lui dit alors dans un crissement :

  — J'ai fait une grosse bêtise.

  — Qu'elle bêtise ? De quoi vous accuse-t-on ?

  — Mon délit est grave, grave, grave...

  Ces mots firent saigner les oreilles d'Harmonia. Alors qu'elle regardait le sang sur ses doigts, la personne s'évapora.

  — Fais chier, saloperie de spectre.

  Elle reprit finalement sa marche et rencontra enfin plusieurs déchus.

  — Dites-moi où est passée la créature qui était là tout à l'heure sur le chemin. Leur demanda-t-elle ?

  — Quelle créature Altesse ?

  Les hommes la regardèrent comme si elle voyait des choses qui n'existent pas.

  — OK, laisser tomber, j'ai hâte de m'en aller d'ici.

  — Ne vous en faites pas, il se passe toujours des choses étranges dans cet endroit ; c'est les Enfers n'oubliez pas.

  — Oh, mais je ne l'oublie pas et j'ai encore toute ma tête figurez-vous !

  Cette fois-ci, il la trouvait vraiment encore plus bizarre et se posait des questions, du genre qu'est-ce que Lucifer a bien pû lui faire ?

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