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« ... Le spectre kundaliniste interdimensionnel se charge de mana divinatoire lorsqu'il intègre les sphères exotiques... » Hun-hun.

— Architexte ?

« ... la fulgurance de sa félicité détermine son aspect colossal. » Ouiii, je vois.

— Architexte ?

— « Pour l'invoquer, sacrifier un navet greffé de poils de blaireau et un Shrek et demi... » Jusqu'ici, rien d'anormaaal. « Ainsi qu’un Bélier mariné ».

— Architexte ?

Ouiii ?

— Qu'est-ce qu'on fait sur un canoë près de la banquise ?

L'éclatantaculaire ferme son livre en peau d'on-ne-sait-quoi, se change en ours polaire aux yeux d'ambre et de turquoise, puis en shaman qui emprunte la peau d'un tigre blanc et poudreux, lequel se laisse chuter à l'eau. La neige fond et révèle son pelage magmatique.

— Ça ne répond pas vraiment à la question.

Le tigre igné s'arrime au bord de l'esquif du canot, qu'il calcine un peu.

Mon petit Milo-Milo ! À moi de te poser la questiooon ! Que fais-tu donc iciii ? Il n'y a pas de pooorte !

— Hein ?

L'égaré regarde autour de lui, au-dessus aussi, mais point de porte flottante dans ces cieux bleus.

— Oh bah oui ! Comment j'ai atterri ici ?

Un tremblement de mer tonitruant secoue le canot, Milo et l'eau. Même el cielo, à tout propos. La secousse assourdissante gagne en intensité, et Milo est bien obligé de se réveiller. Il cligne ses yeux croûteux dans la cabine de l'équipage, où Bardan ronfle à faire chuter les astres. Ruleck ronge son frein et, quand elle le finit, passe à ses mains.

J'en ai marre.

Louboutou, lui, laisse ses larmes s'écouler ; deux cascades désespérées.

Je veux mourir.

Un nouveau tonnerre bardanien, plus terrible encore que les précédents, et une Ruleck exténuée lui lance son oreiller. Le monstre herculéen se lève sans tarder,

Qui est l'enfoiré...?!

et bombarde l'arme du crime avec la force d'un cataclysme apocalyptique sur l'innocent Milo, duquel s'échappe un faible cri de souriceau.

Toujours à se faire remarquer, le nouveau ! Déjà que j'arrive pas à dormir avec les deux qui piaillent !

Le matelot pleure, s'efforce de s'expliquer, mais rien ne sort des ses poumons broyés. Il se rendort enfin malgré la mitrailleuse à ses côtés, et rêve d'une musique agréable dont le nom persiste à lui échapper. La nouille de son cerveau fouille ses dossiers méningiques, et échange un dossier fiscal de sécurité, tamponné et double-tamponné, contre un relevé hystérique de puberté, puis un laissez-passer satellite, pour récupérer le polycopié du titre recherché :

— « Alarme 1 » ! annonce l'udon bigarré avec fierté.

Milo doute, et le gros spaghetto repart en péripéties assomadministratives. De circulaire en fiche de procédure, d'arrêté en feuille de nomenclature, il atteint son Graal : un petit casier gris, aux toiles d'araignée un peu rouillées.

— « Alarme 1 » ! répète le fusillo napoletano.

Toujours sceptique, Milo lui-même s'égare dans les couloirs déserts de sa mémoire. Et de visa en permis, de carte en certificat, d'accréditation en autorisation, il trouve un fragile petit bureau de bois, qu'il ouvre en même temps que ses yeux ; tiré du sommeil par les cris stridents du réveil fatigué de se sentir ignoré.

Le bras mammouthéen de Bardan écrase l'incommodant instrument, mais la bouillie de ressorts continue de brailler. Plutôt que de lutter contre les vibrations acoustiques, Milo s'éclipse vider sa vessie.

Sorti de la cabine, il se raidit : où, au juste, se trouvent les latrines ? Il attrape Ruleck, pas très occupée hormis à se frotter les yeux, et lui demande où elle fait pipi.

Heh ? Bah... fff... dans ma combi et... le grillage, là. Zzz...

D'obscures paroles peu rassurantes.

Louboutou, qui se brossait les dents avec une ardeur admirable ou psychopathe, crache son dentifrice teinté d'un rouge inquiétant, et se tourne d'un mouvement mécanique vers notre ami cheval-de-troyé par un trop-plein d'urée.

Sous la charpente. Y'a des petites toilettes derrière la porte coulissante.

Il crache à nouveau dans l'évier ; plus de sang que de dentifrice cette fois. Milo pâlit, mais Louboutou n'y prête pas attention.

Fais gaffe parce que que je me suis déjà fait attaquer par des météores.

Il lève son bras troué. Milo sent son pipi lui remonter jusque dans la trachée.

D'ailleurs j'ai peut-être oublié de reboucher l'impact. Y'a un rouleau de scotch à l'entrée, t'y penseras ?

Milo acquiesce en vitesse et trotte jambes serrées vers la direction indiquée.

Au fait, hèle l'ingé, t'as passé tout ce temps à bord sans savoir où trouver les W.C. ?

— J'étais pas si souvent là ! J'arrête pas de me faire porte-napper !

Ruleck ouvre une demie-paupière.

C'est... hmm... ton excuse pour nous avoir... zzz... laissé crever dans une éruption volcanique ?

— Vous... Vous êtes morts ?

— Quoi ? Bien sûr que non !

— Oh... Désolé, je cherche encore à m'y retrouver.

Il déambule sur les rotules du vestibule jusqu'au module et, incrédule, bascule dans la capsule qui l'éjacule chez l'Architentacule.

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