Chapitre I : Sur les bords du Kouban (3/5)

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 Temirjan se stoppa net et laissa tomber son arme dans un cliquetis sourd. Lorsque la fumée épaisse provoquée par les échanges de tirs se dissipa, on put voir le jeune Circassien à genou, les yeux imbibés de larmes se tenant la main droite noyée sous des effluves de sang. Son index encore fumant gisait à quelques pas de lui. En l’espace de quelques secondes tout se chamboula dans la tête de Temirjan. C’était donc ça le combat réel ? Le risque de se voir mutilé ? Le risque de mourir à chaque instant.

« Gouacha avait raison, je ne suis pas un guerrier ! Et encore moins un héros ! Père en est un, mes oncles le sont, Hadji Qerandiqo en est un ! Mais moi ? Je suis minable ! Un pleurnichard ! À la première balle perdue je m’effondre et fond en larmes ! Et en plus j’ai eu l’audace d’emporter Gouacha dans ma bêtise ! Où elle est d’ailleurs ? Est-ce qu’elle m’a abandonnée ? Si c’est le cas s’était la bonne chose à faire. Je ne suis qu’un imbécile et je dois en payer le prix… Mais je n’ai pas envie de mourir ! Non ! », pensait Temirjan

 « Gouacha ! Gouacha à l’aide ! Mon doigt ! », cria-t-il.

 Sur ces mots, Gouachakhouj sortit à son tour des fourrés, arc bandé en main. Elle visait, toute tremblante qu’elle était, le pauvre Russe qui se tenait tant bien que mal en appuis sur son fusil.

  « Ah Gouacha tu es là ! Mais qu’est-ce que tu fais ? Tir bon sang ! Arrête d’hésiter ! lança Temirjan

 — Mais… Temirjan ! Je… Non ! Je ne peux pas ! fit-elle tout en sanglots.

 — Gouacha ! Reprends-toi ! Pour l’amour de Dieu ! Pense à notre village ! Notre famille ! Nos amis ! Ils n’ont pas eu de pitié pour nous ! Pourquoi on en aurait pour eux ? C’est tuer ou être tuer désormais ! Bas-toi ! L’hésitation c’est la mort ! Si tu hésites tu es morte ! Alors tir ! »

 La jeune fille à bout de forces, jeta son arc par terre, avant de tomber à genoux. Pendant ces quelques instants de flottement, une bonne dizaine de soldats russes s’étaient attroupés autour de la scène, interpellés par les cris et les tirs. Tous pointaient de leurs fusils les deux jumeaux.

 « Temirjan… Je suis désolée… », dit Gouachakhouj n’osant même plus regarder son frère qui se tordait de douleur.

 Des interjections en russe, incompréhensible pour la fratrie, s’élevaient de toutes parts.

 « Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? disait un soldat.

 — Hé Sergueï ? Ça va ? demandait un autre en relevant l’interrogé.

 — Oh non ! Petia ! Ils ont tué Piotr ! Les fumiers !

 — Ce sont ces enfants qui ont fait ça ?

 — Monstres ! Ce sont des monstres ! Ces montagnards sont les engeances du Démon !

 — Qu’attendons-nous ? Tuons-les sur-le-champ ! »

 Tous se mirent d’accord sur cette dernière phrase. Ayant formé un cercle autour des deux enfants, les soldats s’en rapprochèrent peu à peu. Malgré la douleur qui le rongeait, Temirjan prit sa sœur derrière lui et dégaina son kinjal qu’il tint dans sa main ensanglantée. Ils allaient peut-être mourir mais ils donneraient cher de leur peau.

 « Venez giaours ! cria Temirjan dans sa langue, Je vous attends ! Je vais tous vous tuer, je mourrais peut-être mais vous ne toucherez pas à un seul cheveu de ma sœur ! Je mourrais peut-être mais j’en emporterais le plus possible avec moi ! »

 Une fois à portée de baïonnette, un premier soldat s’apprêtait à embrocher les deux Circassiens lorsqu’une voix grasse hurla :

 « Halte-là ! Qu’est-ce que c’est que ce bordel ! »

 À cette voix, rauque et autoritaire, tous les soldats se figèrent comme un seul homme en se mettant au garde-à-vous. Ceux qui avaient eu le temps de se retourner, purent voir un homme trapu, au visage gras couvert de la casquette à visière typique de l’armée russe. Saucissonné dans son uniforme verdâtre, il arborait fièrement ses épaulettes d’officier tandis qu’il marchait triomphalement entre ses subalternes, une main caressant sa longue moustache et l’autre tenant fermement une nagaïka. C’était le redouté capitaine Porfiri Daniilovitch Nestchadymenko.

 Dans ses pas, marchait un second homme, comme l’hyène talonne toujours un fauve. Ce deuxième énergumène n’était pas un militaire. De type oriental, il portait un arkhalyg rouge qui lui tombait jusqu’au dessus du genou. Le nez crochu, il dévisageait chaque soldat de ses sombres yeux globuleux. À vrai dire ce n’était même pas un Russe mais un riche marchand Arménien de Tiflis du nom de Krikor Khatchatourian. Il avait fait fortune tout en s’attirant les amitiés de nombreux officiers russes en devenant leur fournisseur privilégié de tabac. Tabac qu’il faisait venir directement de Macédoine par le biais de ses relations dans la communauté arménienne ottomane.

 « Bordel de merde ! Mais qu’est-ce que c’est que ce foutoir ! C’est quoi ça ? Pourquoi il est mort lui ? pesta le capitaine en désignant le cadavre de Piotr dédaigneusement.

 — Mon capitaine, ce sont ces deux diables de montagnards qui ont tué Piotr alors qu’il essayait de les aider ! », expliqua Sergueï en fronçant les sourcils de douleur.

 Nestchadymenko détourna négligemment ses petits yeux vers les deux enfants qui restaient serrés l’un contre l’autre. Puis il retourna son regard sur Sergueï qui était soutenu par deux autres soldat le tenant de chaque côté.

 « Et ta blessure à la jambe ? C’est eux aussi ? questionna l’officier.

 — Oui mon capitaine. », répondit l’intéressé en baissant la tête.

 L’officier soupira. Ses yeux firent encore quelques pairs d’aller-retour entre les Circassiens et le blessé. Il s’avança vers Sergueï, demanda aux soldats qui le soutenaient de s’écarter un peu et soudain se mit à l’asséner de coups de nagaïka sur le visage. Aussitôt, le subalterne se recroquevilla sur lui.

 « Pauvre merde ! Sale moujik incapable ! Comment peut-on se faire humilier de la sorte par deux vermines des montagnes ! », criait Nestchadymenko dans une déferlante de coups qui mit le visage du pauvre Sergueï en charpie.

 Toute cette scène se passant sans qu’aucun des soldats ne broncha. Oser intervenir c’était prendre le risque de subir le même sort. Sergueï ne valait visiblement pas cette solidarité. Lorsqu’il eut fini, le capitaine souffla de soulagement.

 « Bon Dieu que ça fait du bien ! », s’écria-t-il en écartant les bras vers le ciel.

 Sur le sol, le corps meurtri de Sergueï gisait dans une mare hémorragique et ce, dans l’indifférence totale. Il n’était pas mort mais aurait préféré l’être. Son visage en lambeaux ruisselait le sang.

 « Bon ! Vous avez vu de quoi sont capables ces barbares ? Ils ne sont pas comme nous ! Même de simples enfants sont entraînés à tuer ! Vous comprenez pourquoi il est nécessaire de tous les massacrer ? Sans distinction d’âge ni de sexe ! Vous avez pitié d’eux, ils n’en n’auront pas pour vous comme ils n’en n’ont pas eu pour notre regretté Piotr Antonovitch ! », expliqua solennellement l’officier.

 Puis après un moment de silence.

 « Vous là débarrassez-moi de ces deux cadavres ! ordonna-t-il, Sergent Andreïevitch ! Dans le rapport vous reporterez la chose ainsi : « Durant la prise de l’aoul d’Iegeroukhaï, le caporal Piotr Antonovitch Arkhipoff est tombé en martyr et le caporal Sergueï Ivanovitch Ivanoff a été grièvement blessé, tous deux en défendant héroïquement les batteries d’artilleries face à une dizaine de… non ! Une quinzaine, ça sonne mieux, de montagnards. »

 Puis, il se tourna vers les deux Circassiens. Gouachakhouj était terrifiée tandis que Temirjan n’avait cessé de fixer l’officier russe, comme s’il le tenait responsable de tous ses maux.

 « Bon ! À nous maintenant les merdeux ! », dit le capitaine en tatar.

 Temirjan ne sourcilla pas. Bien que ce ne fut pas leur langue maternelle, comme bon nombre d’habitants du Caucase, les deux jumeaux comprenaient au moins le tatar qui servait de lingua franca dans la région.

 « Alors, qu’avons-nous là ? Un petit effronté qui ose défier l’armée du Czar et ? Et quoi ? Pousse-toi le merdeux que je voie ta copine. Oh ! Une ravissante jeune demoiselle que voilà ! C’est drôle comme vous vous ressemblez ! Vous devez être frère et sœur je suppose Mais malheureusement pour toi bonhomme ta sœur m’intéresse davantage ! Krikor ! Ramène ton cul d’Arménien ici ! Regarde-moi donc ça ! Qu’est-ce que t’en penses ? On peut en tirer un bon prix non ? Combien les Tatars seraient prêts à mettre pour cette petite sauvageonne ? »

 Le vieux marchand de Tiflis s’approcha avidement. Il examina longuement Gouachakhouj en caressant sa barbe rase grisonnante. Il prit la tête de la Tcherkesse dans ses grosse mains râpeuses et la manipula dans tous les sens.

 « Hum… Elle est blonde. Un joli blond bien chatoyant. Son teint est d’un blanc immaculé, de belles joues roses. Des magnifiques yeux d’un bleu profond. Seul son nez est un peu pointu à mon goût mais je chipote ! Les temps sont durs, mon cousin de Constantinople me dit que les esclaves circassiennes et même blanches en général se font de plus en plus rare. Surtout depuis que le Sultan a interdit le commerce d’esclaves blancs il y a dix ans de ça ! Tu imagines Porfiri ? Cette petite peu nous rapporter gros ! Amet khan sera prêt à payer une fortune ! Enfin ça dépend !

 — Ça dépend ? Ça dépend de quoi ? demanda Nestchadymenko.

 — Eh bien ça dépend de…

 — Parle donc vieil Arménien !

 — Ça dépend si elle est vierge. Elle est pubère, elle a donc pu avoir des relations sexuelles. »

 Krikor songea un instant, il gratta son front ridé que laissait découvrir son bonnet de feutre noir. Enfin il se tourna vers Gouachakhouj.

 « Dis-moi ma petite, es-tu vierge ? », demanda-t-il en adyguéen.

 Tant la nature de la question que le fait que cet Arménien de Tiflis sache parler l’adyguéen choqua les deux jumeaux. Gouachakhouj était horrifiée. Que voulaient ces hommes qui parlaient d’elle comme si elle était du vulgaire bétail ? Jamais on ne lui avait posée de telles questions. Elle serra fort le bras de son frère. Temirjan lui vibrait, il tremblait frénétiquement et respirait de plus en plus fort.

 « Alors petite ? reprit Krikor qui s’impatientait, Tu es vierge ou pas ? Me permets-tu que je vérifie ? »

 Pendant ce temps la plupart des soldats s’étaient éloignés et vaquaient à leurs tâches. Seuls restaient deux soldats qui encadraient les jeunes captifs. Le capitaine avait reculé de deux pas et fumait sa cigarette d’un air ennuyé. Krikor s’avança vers Gouachakhouj et porta sa main à la taille de la jeune fille. Il commençait à défaire sa ceinture lorsque Temirjan lui empala la paume avec sa dague. Le vieil homme hurla de tous ses poumons tellement la douleur lui fut intense. Aussitôt les soldats s’emparèrent de l’audacieux Circassien et lui firent lâcher son arme. L’un des deux s’apprêtait à le frapper lorsque le capitaine s’interposa.

 « Hé là ! Stop ! Si quelqu’un doit châtier ici, c’est moi et personne d’autre ! », cria-t-il en colère.

 Nestchadymenko se baissa ensuite au niveau de Temirjan qui était cette fois-ci retenu solidement par les deux soldats.

 « Je dois admettre que tu as du cran petit ! J’avoue que tu me cloues le bec ! En trente ans de carrière dans l’armée, j’en ai affronté des sauvages ! Des Tcherkesses comme vous, des Tchétchènes, des Tatars, des Avars, des Abkhazes, des Lezguiens… Mais jamais ! Ô grand jamais et je le jure devant Dieu, j’ai vu de moutard aussi hargneux, qui a une telle haine, une rage de vaincre et de se battre que toi ! Quel gâchis ! T’aurais été d’une race civilisée t’aurais fait un excellent soldat ! Mais bon… C’est dommage… Et puis… Ce que t’as fait à mon Arménien là, c’est pas gentil du tout ! »

 Le capitaine jeta un bref regard en arrière en désignant Krikor qui était en train de se faire panser. Puis il reprit :

 « Tu tiens à ta sœur, ça je l’ai compris. Eh bien moi je tiens à mon Arménien ! T’as aussi butté un de mes soldats avant d’en blesser un autre bordel de merde ! Tu comprends que je pourrais pas laisser passer ça pas vrai ? »

 Nestchadymenko plongea dans le regard de Temirjan. Et il s’y noya comme on se noierait dans un océan sombre et abyssal. Sombrant peu à peu dans les profondeurs ténébreuses et angoissantes d’une étendu sans fin. On a beau se débattre, battre des pieds et des mains, rien n’y fait. On s’enfonce. Peu à peu. À mesure que tout espoir de survie s’effondre, notre silhouette s’éteint dans l’abîme obscur. Telle était la nature du regard avec lequel Temirjan engloutissait le capitaine.

 « Comment tu t’appelles ? demanda soudainement Temirjan en brisant son mutisme.

 — Hein ? Qu’est-ce que tu dis là petit ? s’étonna l’officier, Tu me demandes comment je m’appelle ? »

 Il éclata de rire, affichant une dentition incomplète et jaunie par le tabac.

 « Bon Dieu ! Tu me demandes comment je m’appelle ? Quelle bonne blague ! Tu veux connaître le nom de ton bourreau ? Retiens bien ce nom alors ! Je suis le capitaine Porfiri Daniilovitch Nestchadymenko !

 — Porfiri Daniilovitch Nestchadymenko… »

 Temirjan répéta ce nom ainsi plusieurs fois l’air pensif sous le regard amusé de l’officier.

 « Porfiri Daniilovitch Nestchadymenko ! Je vais te tuer ! Peut-être pas aujourd’hui, ni demain, mais je vais te tuer. Je te retrouverai quoiqu’il m’en coûte et…

 — Minute, morveux ! coupa le capitaine, Il n’y aura pas de demain ni d’après pour toi ! Tu vas mourir aujourd’hui. Dans tous les cas ta blessure au doigt aura raison de toi. Sans soins, elle va se gangréner et t’auras plus que les yeux pour pleurer ! »

 Après quoi Nestchadymenko se releva et tira un dernier coup sur sa cigarette avant de l’expulser du bout des doigts. Il poussa un long soupir et se retournant :

 « Krikor, demain t’emmèneras la petite chez Amet Khan. T’as intérêt à me la vendre à bon prix si tu veux ton invitation à la réception du grand-duc ! Mais pour l’instant fait soigner ta main ! »

 Puis s’adressant à ses subalternes.

 « Vous là ! Occupez-vous de Krikor et de la petite ! Je vais faire faire un tour au petit. Allez merdeux ! On bouge ! Je vais te montrer ce qu’on a fait de ton aoul miteux. »

 Sur ces mots, Nestchadymenko tira sur les liens avec lesquels Temirjan avait été attaché après son agression sur Krikor. Le petit Circassien ne pouvant se résoudre à laisser ainsi sa sœur tenta de résister en criant le nom de cette dernière. La séparation fut d’autant plus douloureuse qu’ils ignoraient s’ils allaient pouvoir se revoir. Ils hurlèrent désespérément leur nom mais rien n’y faisait. Alors tel un condamné que l’on mène à la potence, Temirjan se laissa traîner.

 Bientôt ils pénétrèrent dans l’enceinte meurtrie de l’aoul. Si la séparation avec sa sœur fut une condamnation à mort pour Temirjan, la vision qu’il eut à cet instant de son village, de ce lieu qui avait été toute sa vie durant, son univers, fut une damnation éternelle pour lui. Il ne restait plus rien de ce qu’il avait pu connaître. Son monde avait cessé d’exister. Des chaleureuses bâtisses d’adobe qui jalonnaient les ruelles tortueuses du hameau donnant cette vision si typique de l’aoul caucasien, il ne restait que des tas de briques mornes relevant davantage de la sépulture que de la chaumière. Ce qui était de pierre n’était plus que poussière, ce qui était de bois n’était plus que cendres et ce qui vivait, n’était plus.

 Au fur et à mesure que Temirjan et Nestchadymenko progressaient dans les rues du village, ils découvraient de plus en plus de cadavres jonchant le sol çà et là, tripes à l’air, morceaux de membres éparpillés. Au détour de certaines allées, là où tantôt on pouvait voir quelques vieilles dames assisent sur le perron de leur maison équeuter des haricots lors de la belle saison, on voyait désormais des soldats égorger ces mêmes femmes. Là où l’on entendait des cris de joie s’élever, on n’entendait des hurlements d’horreur. L’allégresse avait laissé sa place à la détresse.

 Le Circassien et le Russe avançaient sans se dire mot, sans même que leur regard ne s’effleura. Ils n’en avaient pas besoin, sinistre connivence des esprits, ils devinaient ce que l’autre pensait. Pour Temirjan s’était une véritable traversée des Enfers. Tel Orphée ne devant regarder mais ne pouvant s’en empêcher, à chaque cadavre il se retournait pour s’assurer que ce ne soit pas sa mère, ses tantes, ses grands-parents, ses cousins, ses amis. En fait, il ne savait même pas ce qu’il devait espérer. Valait-il mieux les voir morts ou ne pas les voir et rester ainsi dans l’incertitude dantesque ?

 Après une bonne dizaine de minutes, ils débouchèrent sur les rives du Kouban, de l’autre côté de l’aoul. Dante arrivé au bout de l’Enfer accédait au Purgatoire, Temirjan arrivé au bout du sien ne savait ce qu’il l’attendait.

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