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Le lendemain, nous nous réveillons de bonne humeur, trop du côté d’Ellie. Je passe mon temps à lui dire de faire moins de bruits et de parler moins fort, on a prévu de préparer tout pour le petit déjeuner avant que nos invités se lèvent. Mais c’est peine perdue et c’est de ma faute. Elle m’entraîne sous la douche pour un doux moment avec elle, sa main plaquée sur ma bouche pour étouffer mes gémissements, je perds le contrôle et lui mords le doigt. Elle hurle de douleur et réveille tout l’étage. Une nouvelle honte, je les accumule depuis qu’elle m’a officiellement présentée à son groupe d’amis.

Finalement, le repas est préparé par tout le monde dans la joie et la bonne humeur. On apprend par Alban que lui et Timothée ont décidé de mener l’enquête à la rentrée pour connaître les filles hétéros encore célibataires. Notre annonce de la veille leur a fait barrer deux noms sur leur liste de cibles potentielles. Ellie leur donne de faux espoirs en parlant de son idéal masculin, son Chris Evans dont elle m’a saoulé cette dernière quinzaine. Je suis, d’ailleurs, bien contente que mes parents rentrent aujourd’hui, je n’en peux plus de regarder sa filmographie en boucle.

Antoine taquine ma belle sur le fait que je ne ressemble pas du tout à son homme parfait. Elle ne se démonte pas, se tourne vers moi et sort fièrement que je suis son idéal féminin, je vire au rouge. Le groupe nous charrie. Encore. Je me sens vraiment intégrée et je suis de plus en plus confiante pour l’année à venir, nous serons bien entourées.

Ses amis sont vraiment cools et gentils, ils nous aident même à ranger avant de partir. Pour la première fois, j’ai hâte de retourner au lycée. Fatiguées par le trop-plein d’émotions, nous nous écroulons sur le canapé et, blotties l’une contre l’autre, nous tombons de sommeil.


Nous sommes réveillées par mes parents, l’après-midi est déjà bien avancée. On a tellement bien dormi qu’on a oublié de manger, mais ça ne nous empêche pas de leur faire un câlin. Ils repèrent tout de suite nos mines souriantes, on respire le bonheur selon eux.

On les laisse quelques minutes, le temps de se préparer des sandwiches. Mon père monte directement les valises pendant que ma mère regarde le courrier posé sur la petite table à l’entrée. Elle nous appelle, avec Ellie, on se regarde. Notre première pensée est Qu’est-ce qu’on a fait comme connerie ?


On la retrouve au salon, mon père à ses côtés, elle nous fait signe de nous asseoir. Elle nous tend une grande enveloppe brune, on ne comprend plus rien.


— C’est notre cadeau, mes petites puces. Vous pouvez sortir les documents, vous savez !


Nous nous exécutons, prenons le temps de lire. C’est un courrier officiel de la mairie suite à une demande de travaux. Ma maman nous explique tout.


— On a décidé de détruire l’abri de jardin qui ne sert à rien. On va faire construire un studio à la place, ce sera votre petit chez vous.


Je me jette dans leurs bras, Ellie est plus hésitante.


— Je… Je peux pas accepter, c’est trop… Et puis, on sait pas comment ça va se passer demain…


— Ma petite Ellie, ne t’inquiète pas pour tout ça. Si tes parents acceptent de t’émanciper, tu seras la bienvenue ici. Et s’ils refusent, tu pourras passer autant de temps que tu veux avec Solène.


— Oui, mais même, c’est beaucoup trop. Vous avez déjà tellement fait pour moi, je ne peux pas continuer à…


Je lui coupe la parole pour la rassurer.


— On paiera un loyer, on sera indépendantes. Regarde, tu vas continuer à travailler les samedis et les dimanches matin après la rentrée et pendant les vacances aussi. Moi, je continuerai mes petits boulots à droite, à gauche. D’accord ?


Mes parents refusent au début, mais, à force d’insister, ils acceptent à condition que les études priment sur le reste. Ils décideront du montant en fonction des dépenses en eau, électricité et nourriture, nous ne paierons que cette part et nous pourrons garder le reste de notre argent pour le loisir ou des achats précis. Je dois avouer que l’envie d’avoir ma propre voiture est bel et bien encore là, ça pourrait nous simplifier la vie de notre couple.

Après cette petite discussion, ma petite amie et moi détaillons les plans prévus. Une grande pièce regroupant un coin cuisine, la chambre-salon et une zone pour manger et travailler, plus une salle d’eau avec douche, lavabo et toilettes. Tout est très bien pensé pour allier fonctionnalité et confort. Ellie regarde attentivement tout et se met à rire.


— J’espère que vous avez pensé à suffisamment de rangements ! Parce qu’avec toutes les fringues de votre fille, on prend déjà la moitié du studio.


Je lui donne un coup de coude dans les côtes, outrée par sa vanne. Mes parents entrent dans son jeu, lui répondent qu’ils y ont réfléchi et que, si jamais, il y en a trop, je devrai faire un choix. C’est vrai que j’ai deux armoires et une commode remplie, mais quand même, à les entendre, on pourrait croire que je suis une accro des vêtements.


— Ce n’est pas de ma faute, ma belle si je fais autant d’effort pour te plaire.


Un brin de malice surgit dans ses yeux, ses doigts retrouvent les miens. Un point pour moi, on dirait. Tout au long de la soirée, nous parlons de notre futur chez nous, nous remercions à tout va mes parents. Malgré des temps compliqués, notre vie va pour le mieux.


Un nouveau jour se lève et Ellie montre des signes de stress. Nous restons à ses côtés, l’aidons à se détendre, à relativiser. Cet après-midi, nous avons rendez-vous chez ses parents. Les miens ont accepté de nous laisser gérer, nous voulons prouver à ses géniteurs que nous sommes sûres de nous, que nous continuerons d’avancer ensemble.

Après le repas du midi, nous nous préparons. Ils n’ont pas revu leur fille depuis notre venue début juillet, son nouveau style va être un choc pour eux. Ma belle assume pleinement son côté garçonne et ne rentre plus du tout dans leurs critères. J’espère juste qu’ils ne lui feront aucune remarque désobligeante. Nous prenons la route jusque chez eux, on choisit d’y aller à pied pour profiter d’un dernier moment d’accalmie.


À quelques mètres de la maison, Ellie se raidit, je la sens commencer à perdre pied. Je lui prends direct la main, un baiser et un sourire pour lui redonner confiance, je l’enlace et la bloque contre moi pour lui chuchoter à l’oreille.


— Écoute-moi, plus rien. Tu m’entends, plus rien ne se mettra en travers de notre chemin. Personne ne pourra plus jamais défaire ce lien que nous avons tissé.


Je l’aide à reprendre sa marche et nous filons, avec assurance, vers notre avenir.

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