17 (V2)

4 minutes de lecture

J’entends la porte s’ouvrir violemment.


— Solène ! Ellie est…


J’ouvre avec beaucoup de difficultés les yeux, ma mère est dans l’encart. Elle regarde partout dans la chambre, tout porte à confusion. Je n’ose pas me redresser, je me suis endormie torse nu et ça en rajouterait une couche. Sans un mot, elle referme la porte dans un soupir qui veut tout dire. Je donne un coup d’œil à l’heure, huit heures. Je suis crevée, j’ai mal partout et, pourtant, je me dois de me lever. Je ne veux pas qu’elle s’imagine de mauvaises choses.

Je m’assois au bord du lit, récupère mon tshirt, Ellie commence à bouger. Elle attrape le bas de mon haut et m’empêche de me lever. Je lui caresse les cheveux.


— Je reviens, t’inquiète pas.


Je prends tout de même le temps de bâiller avant de descendre. Maman est en train de se préparer un café quand je la rejoins. Elle me jette un regard de dépit et d’agacement. Je m’excuse dans la foulée.


— C’est pas ce que tu crois, maman. Ellie est venue me rejoindre dans la nuit. Quand je me suis réveillée, elle était là, en train de dormir. Elle m’a expliqué qu’elle avait froid. Je pense surtout qu’elle avait besoin de contact humain.


— Et les draps par terre ?


— Alors là, il y a aussi une explication toute bête. J’ai fait un mauvais rêve, je me suis réveillée en sursaut. J’ai vu Ellie et je l’ai réveillée. Sauf que j’ai commencé à me sentir mal, certainement à cause des douleurs, et Ellie a été me chercher un verre d’eau et un cachet. On a renversé le verre, les draps étaient mouillés donc on les a changés.


— Et tu en as profité pour te déshabiller aussi ?


— Non, mon tshirt était mouillé, je l’ai enlevé, c’est tout. Ce n’est pas du tout ce que tu crois, je te jure.


— Jeune fille, on avait bien dit que, si Ellie restait chez nous, ce serait chacune sa chambre, non ?


— Oui, c’était juste une exception, cette nuit… En même temps, heureusement qu’elle était là, vu mon état, j’aurais pas pu prendre un antidouleur. J’étais à deux doigts du malaise...


J’avoue avoir omis pas mal de choses, mais j’allais pas me tirer une balle dans le pied. L’explication a l’air d’avoir plu à ma mère, elle semble plus calme et prend même le temps de boire sa tasse avant de reprendre tout en douceur.


— Et donc tu as fait un mauvais rêve ?


— Oui…


Elle attend, je baisse la tête et hésite à lui en parler. Elle insiste. Je sais qu’elle ne me lâchera pas tant que je lui aurai pas expliqué, je capitule.


— J’étais dans un couloir avec une porte au fond. Quand j’ai ouvert la porte, il n’y avait qu’une chaise au milieu et… Ellie… était en train de… se taper ce salaud de Mathieu.


Rien que d’y repenser, je me sens mal. Ma mère le remarque, me prend dans ses bras.


— Tu en as parlé à Ellie ?


— Non, je me vois pas lui dire. C’est bizarre de rêver de sa copine en train de coucher avec un mec. Dans son état, ce serait pas une bonne idée.


— Et ton état ?


— Moi ? Je vais bien, juste mal partout, mais c’est normal vu les coups que je me suis prise !


— Tu penses réellement que tu vas bien ? Entre toute cette histoire avec les parents d’Ellie et hier, tu crois vraiment que tout va aller ? Solène, ma puce, tu as aussi le droit d’aller mal, d’avoir besoin de parler. Tu n’as pas à garder tout pour toi.


— Je te jure, je vais bien !


— Ce rêve dit le contraire. Tu sais que tu peux tout nous dire, nous sommes là pour ça. Et sinon, je peux appeler le docteur Martin.


— Pas la peine, maman. Je vais bien, promis. C’était juste un rêve à la con, certainement la pression des derniers jours. Je te demande juste de ne pas en parler à Ellie.


— Et qu’est-ce que ta mère ne doit pas me dire ?


Je me retourne, surprise. Ma petite amie est là, encore à moitié endormie. Elle salue ma mère qui repart gérer le petit-déjeuner. De mon côté, j’essaie d’être le plus naturel possible. Je ne veux pas l’inquiéter à cause d’un cauchemar ridicule.


— C’est un secret, tu sauras en temps et en heure. T’étais pas obligée de te lever, je t’avais dit que je revenais.


— J’en avais marre d’attendre.


Elle se blottit contre mon dos, m’enlace avant de déposer ses lèvres sur mon épaule. Je grimace quand ses mains touchent mon ventre et mes côtes. Elle relâche la pression autour de ma taille.


— Désolée !


Je lui fais signe que ce n’est rien tandis que ma mère nous regarde avec beaucoup de tendresse.


— Il est encore tôt, vous devriez aller vous recoucher un peu, les filles. Et Solène, je vais voir avec ton père, mais je pense que nous apporterons des changements sur le règlement.


— D’accord…


— En bien. Ne t’inquiète pas !


Ellie et moi échangeons un sourire complice avant de retourner dans ma chambre. Nous sommes stoppées par ma maman qui interpelle ma belle.


— Ah, Ellie, juste une chose, ferme les portes des pièces que tu quittes. J’ai vraiment eu peur en voyant la chambre d’amis grande ouverte.


Elle se confond en excuses, je remarque même une légère rougeur sur ses joues. Je prends sa main et nous remontons. À peine dans la chambre, je file sous les draps et l’invite à s’installer contre moi. On s’embrasse, on se papouille sans chercher plus, nos corps sont juste en recherche de réconfort, puis nous nous endormons. Je ne sais pas si ce sont ces derniers jours, mais nous sommes toutes les deux épuisées.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Sophie M Rigger ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0