Chapitre 8

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La tête de Xanërra reposait doucement sur le torse de Zekk. Leurs deux corps nus luisants de transpiration après les efforts physiques qu’ils venaient de faire. Allongée sur le côté, une jambe repliée sur une des siennes, sa main posée sur son torse dessinait tendrement les contours de ses muscles. Malheureusement, ses sombres réflexions de la journée revenaient déjà au galop. Son visage affichait un air absent, pensif. Son regard vide, comme si elle se trouvait en fait bien loin de là. 

Zekk caressait son dos avec tendresse, l’observant à son insu. Aucune de leurs relations charnelles précédentes n'égalait celle qui venait de se terminer. Plus de passion et de fougue, mais surtout, il avait sentit une véritable connexion avec elle. Comme si le mur que la métisse érigeait entre elle et les autres s’était abaissé, du moins temporairement. Son amante semblait à nouveau distante, perdue dans des pensées qu’elle ne gardait que pour elle-même. Ses cheveux bleu pastel commençait à foncir tranquillement, signe que ses sombres réflexions revenaient.

— Vas-tu finir par me dire ce qui te tracasse? risqua-t-il.

Xan garda le silence quelques secondes supplémentaires puis redressa un peu la tête pour le regarder.

— Il y a eu un incident au marché. Des gardes ont arrêtés des civils, répondit-elle, regardant à nouveau devant sans vraiment voir le décor. Ils en ont abattu un sur place, comme exemple. 

— Je vois…dit-il, comprenant maintenant son état émotionnel.

Confronté à la même situation, lui aussi aurait eu du mal à contenir sa rage. 

— La femme, apparemment l’épouse de cet homme, attendait un enfant...ajout-t-elle, la gorge serrée.

La main de Zekk quitta son dos pour se glisser dans ses cheveux, question de la soutenir. Il la resserra un peu plus contre lui, l’embrassant sur une épaule. L’homme garda lui même le silence alors qu’il assimilait l’horreur de la situation. Elle comme lui savaient que le destin qui attendait la femme, ainsi que son enfant à naître, serait bien pire que la mort.

— Je sais qu’on a tous vécu cette situation-là des dizaines de fois. C’est même un euphémisme. Je devrais être immunisée. Pourtant ça m’a frappé plus fort que toutes les fois précédentes! S’exclama-t-elle, se crispant un peu. J’en ai juste assez de ne jamais pouvoir y faire quelque chose! Je suis coupable de n’avoir rien fait! 

— Hey! s’objecta-t-il.

Zekk l’attira un peu plus à lui, la faisant par le fait même relever la tête. Il plongea son regard dans ses magnifiques yeux aux reflets violets envoûtants.

— Ne dit pas ça. Tu sais comme moi que la seule chose que tu aurais gagné en t’interposant, c’est la mort. Ça n’aurait aidé personne. En plus, avec l’hypothétique menace d’une purge, ajoutée à la fatigue d’avoir travailler comme une dingue toute la semaine, ton émotivité me semble plutôt normale, la rassura-t-il.

— Je sais bien...C’est juste que, quand je me suis engagé dans la résistance suite à la dernière purge, je voulais faire une différence. Sept ans plus tard, on dirait que je ne suis pas plus proche de mon but qu’à l’époque. Les gens meurent encore devant mes yeux sans que je ne puisse rien y faire. Je suis bonne seulement à pianoter sur un clavier et me tapir dans l’ombre pendant que les autres font le travail, ajouta-t-elle, les yeux un peu humides malgré elle.

— Ça c’est ridicule, tu sais te défendre aussi bien que nous tous. Aucun d’entre nous n’aurait pu faire quelque chose. Se battre, tout le monde peut apprendre. La vérité c’est que sans tes talents uniques, on ne pourrait rien faire la majorité du temps. Et je ne parle même pas de tes pouvoirs. 

Sur ces mots, il lui vola un baiser tendre puis la regarda à nouveau dans les yeux.

— Tu es exceptionnelle Xanërra, ne te sous-estime pas. Tu vas faire toute la différence du monde, il n’y a rien dont je sois plus certain.

L’ingénieure l’observa un peu en silence, le coeur battant, beaucoup trop émue à son goût. Elle se blottit contre lui, le visage enfoui dans son cou sur lequel elle déposa même un baiser. 

— Merci...tu n’as pas idée de ce que ça représente pour moi, affirma-t-elle, un trémolo dans la voix qui trahissait son trouble.

— De rien, je le pense vraiment et je vais te le dire aussi souvent que tu en auras besoin. Répondit-il en la resserrant contre lui, l’embrassant dans sa chevelure qui reprenait rapidement sa couleur précédente, celle du bien-être.

Xan ferma les yeux question de profiter du moment. Pourquoi ne pouvait-elle pas être amoureuse de lui? Intelligent, courageux, amusant, séduisant, passionné et attentionné. La définition même de l’homme parfait. Forcément, il devait y avoir quelque chose qui clochait chez elle...Sa peur de perdre à nouveau quelqu’un l’empêchait sûrement de développer ce genre de sentiment, pour qui que ce soit. Cette peur qu’elle ne contrôlait pas, qui la ferait peut-être passer à côté de l’homme de sa vie.

— Je suis désolée quand même de m’être pointé comme ça. Je veux pas que tu penses que je me sers de toi ou...quelque chose du genre...

— T’en fais pas, je comprends. Et puis j’ai pas vraiment à me plaindre! Dit-il avec un sourire en coin un peu malicieux.

— Non en effet! Répondit-elle en affichant elle-même un sourire confiant et séducteur.

Ses joues prirent une teinte presque écarlate quand elle sentit ses doigts se faufiler jusqu’à son intimité. Elle se mordit la lèvre, haletante, alors que l’humain gardait son regard planté dans le sien, un air satisfait au visage. Après une minute ou deux de cette délicieuse torture, Xanërra, n’en pouvant plus, se rapprocha de lui pour l’embrasser fougueusement.  Impossible de résister de toute façon, se dit-elle alors qu’il s’apprêtait à la posséder à nouveau.

Après ce deuxième acte, Xan s’assit sur le bord du lit alors qu’elle reprenait son souffle. Elle jeta un oeil par la seule petite fenêtre présente dans la pièce. La faible lumière qui y filtrait indiquait que l’heure du souper devait être déjà passée depuis un moment. La chambre de taille moyenne semblait pratiquement vide, uniquement meublée par le lit double et une commode usée. La femme ramena ses cheveux sur le côté et entreprit de les démêler en y glissant les doigts. 

— Je devrais y aller…

Zekk se redressa sur un coude et entreprit de déposer des baisers tendres dans son dos nu.

— Tu es certaine? J’ai encore plein d’énergie, demanda-t-il en affichant un sourire en coin pour lui-même.

La métisse laissa échapper un rire, si charmant que le coeur de l’homme manqua un battement. Ce son magnifique s’avérait être d’une grande rareté. Xanërra tourna la tête pour le regarder, un sourire taquin se dessinant sur ses lèvres.

— T’es vraiment obsédé toi! À t’entendre parler, tu passerais ton temps à faire ça!

L’humain retint de justesse la pensée qui lui vint en tête: “obsédé par toi, juste par toi.” Réprimant un soupir, il se contenta de lui sourire, quoiqu’un peu plus sérieux.

— Je blague tu sais bien, tu peux rester sans qu’on passe notre temps à faire ça. Ça me ferait plaisir.

Le voyant plus sérieux, la demi-elaraan perdit un peu son sourire. Elle craignait qu’une déclaration suive alors qu’elle n’avait pas de réponse à lui donner. Du moins, pas une réponse qui lui plairait.

— J’aimerais mais…mon père va s’inquiéter si je rentre trop tard, surtout après ce qui est arrivé. Et puis, je dois continuer à travailler sur les données pour demain. Toi aussi d’ailleurs!

— D’accord, t’as de bons arguments! J’abandonne. Dit-il en se redressant en position assise, s’étirant au passage.

Il avait l’habitude qu’elle recule dès que leur relation semblait s’approfondir, aussi douloureux que cela puisse être. L’ingénieure se leva pour remettre ses vêtements, après quelques secondes passées à les chercher du regard. Alors qu’elle l’observait à la dérobée pendant que lui même sortait du lit pour enfiler des caleçons, les mots franchirent ses lèvres avant qu’elle puisse s’en empêcher.

— Je pourrais venir plus souvent par contre...si tu veux bien sûr. Affirma-t-elle alors que son teint diaphane se colorait de rose, se traitant instantanément d’idiote intérieurement.

Pourquoi dire cela? Son cerveau devait forcément faire la grève. Certes, l’envie ne manquait pas, mais elle ne voulait pas lui faire de faux espoirs. Elle faisait preuve d'égoïsme en disant ça, en continuant à le voir malgré ses doutes.

L’homme releva la tête et plongea son regard dans le sien, cherchant à y déceler ses véritables sentiments. Venant d’elle cela s’avérait une proposition des plus étonnantes! Son coeur s’accéléra malgré lui. Il ne devait pas s’emballer, cela ne voulait probablement rien dire de concret. Un sourire apparut tout de même sur ses lèvres, plus tendre qu’escompté.

— Avec joie, répondit-il avec sincérité malgré ses appréhensions.

— On regardera ça alors...ça doit juste ne pas nuire à la mission.

— T’inquiète pas, ça me tient autant à coeur que toi.

Ayant terminé de s’habiller, Xan lui sourit puis se dirigea vers la sortie, sachant qu’il la suivrait. Alors qu’elle s'apprêtait à tourner la poignée de la porte principale, Zekk l’attira plutôt à lui, la poussant légèrement contre le mur de l’étroit couloir.

— Un dernier pour la route. Dit-il, son fameux sourire séducteur au visage.

Le rebelle prit tendrement son visage entre ses mains alors que son corps la maintenait contre la paroi. Il déposa ensuite ses lèvres sur les siennes. . L’embrassant d’abord avec douceur, puis avec ardeur. Xan lui rendit, s’ajustant à son niveau d’intensité. La chaleur du désir se manifesta à nouveau en elle, au creux de son ventre. Un feu qu’elle se devait d’étouffer pour le moment. L’homme aux yeux d’émeraude la relâcha finalement et l’observa si intensément qu’elle sentit ses jambes faiblir.

Zekk la relâcha finalement à contrecoeur et recula d’un pas, lui souriant un peu malicieux.

— Part avant que je te kidnappe.

— T’es trop gentil pour faire ça, répondit-elle, lui faisant ensuite un clin d’oeil. Et puis comme tu as dit, je sais me défendre!

La femme ouvrit la porte et sortit, lui lançant un dernier regard.

— À demain, lui dit-elle sur un sourire sublime avant de faire volte face et s’éloigner d’un bon pas.

— À demain.

             L’humain la regarda s’éloigner alors que son coeur se serrait. Les cheveux de son amante affichaient désormais une teinte vert menthe respirant la sérénité. Au moins avait-il réussi à apaiser son mal-être pour l’instant. Par contre, il ne pouvait se mentir à lui-même plus longtemps. Il était fou amoureux d’une femme qui ne l’aimerait surement jamais de la même manière. Une part de lui espérait se tromper.

De son côté, le coeur de Xan mit quelques minutes à se calmer. Il faudrait éventuellement qu’elle mette les choses au clair avec lui, pour ne pas qu’il souffre par sa faute. Cependant, elle devait mettre d’abord de l’ordre dans ses propres sentiments.  Zekk lui plaisait. Les émotions qu’il faisait naître en elle par de simples gestes le prouvaient sans équivoque. Pourtant, son coeur semblait verrouillé, comme si le poids des épreuves des dernières années formaient une barrière entre elle et les autres. Garder une distance avec les gens lui avait toujours paru la meilleure solution pour se préserver de souffrances supplémentaires. La situation d’aujourd’hui mettait en lumière les faiblesses de son plan. Elle ne pouvait pas continuer à vivre en se coupant de tout. Ce lien avec Zekk s’avérait salvateur. Indispensable. Cela ne l’empêchait pas d’éprouver une peur panique à la simple idée de franchir l’étape suivante. De lui laisser prendre une place plus importante dans sa vie. En serait-elle seulement capable? 

Un grande inspiration l’aida à remettre ses idées en place. Dans l’immédiat, la priorité restait de terminer l’analyse des informations. Ses problèmes sentimentaux devraient attendre. Les prochaines 24 heures seraient épuisantes…

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