Concours 2019 - PNE

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Derniers soupirs

— C’est trop tard !

— Trop tard pour quoi ? Pour qui ?

— Trop tard pour toi, pour moi, pour nous !

— Il n’est jamais trop tard, sauf quand on est mort !

Ces mots résonnent dans ma tête. J’entends encore sa voix les prononcer, revois l’intensité de ses yeux, le sourire au bord des lèvres.

Il voulait le faire une nouvelle fois.

Braver l’interdit. Contourner les obstacles pour assouvir cette pulsion qui nous vrille le ventre, démange les entrailles, réchauffe les reins et tend sa queue comme elle mouille ma chatte.

Il n’y avait jamais eu ni amour ni promesses entre nous. Juste du bon temps. Pas de moments câlins, ou de douceur au coin du feu… Non ! Nous c’était de la baise brutale, dictée que par le plaisir. Gravir les échelons de l’intensité, toujours plus haut, plus fort pour que l’orgasme déchire tout… y compris nos tympans lors des délivrances.

Nous nous étions croisés l’an dernier à l’anniversaire d’une amie commune. Quelques regards appuyés, des sourires énigmatiques et une proposition à l’abri des oreilles indiscrètes. Notre liaison, si on peut l’appeler ainsi, avait débuté simplement. Aucun secret ou cachotterie entre nous. Je le savais marié, il connaissait mon penchant pour garder ma liberté.

Ce soir, il m’attendait à la sortie du boulot… un petit cadeau entre les mains, persuadé que je dirais oui.

Mon sourire avait disparu lorsqu’il avait ouvert la portière. Je ne voulais pas toujours lui dire oui. Je voulais qu’il m’attende, me faire désirer…

La tentative d’une excuse bateau, prétextant une nouvelle rencontre n’a fait qu’attiser son envie.

— Fêtons cela… une dernière fois ! Au souvenir du passé… une dernière nuit.

Il ne pensait pas si bien dire !

Entièrement nue, j’admire mon reflet dans le miroir de la chambre, couvrant mes épaules de ce peignoir en soie incroyablement douce. Je choisis une paire de talons haut dont la semelle brille d’un rouge écarlate, signe distinctif de la célèbre marque. Jamais je ne pourrai m’offrir de pareils beautés.

Je déambule lentement, relevant le menton, fixant l’horizon d’un air conquérant, marchant au rythme d’une musique imaginaire. Mes hanches roulent, mes seins pointent, mon ventre frissonne sous la caresse du tissu soyeux.

J’évite volontairement de poser mon regard sur le lit, la silhouette qui s’y dessine ne me dérange pas, mais je préfère me concentrer sur moi… sur mon reflet, mes formes, l’allure que ces fringues hors de prix m’apportent.

— Tu souris… c’est un demi oui. Je ne te forcerai pas, tu le sais… Je te le demande comme un cadeau d’adieu, m’avait-il dit en déposant son cadeau dans ma main.

— Il n’y a que toi qui en profiteras ? l’avais-je provoqué, déjà convaincue.

— Je saurai me montrer généreux. Choisis le lieu !

Je n’avais pas voulu être sa maîtresse, du moins plus comme précédemment, avec uniquement une chambre d’hôtel comme témoin de notre attirance. Ce soir je cherchais à le provoquer et j’avais annoncé :

— Chez toi !

Il n’avait pas rechigné, il me semble même qu’il en avait souri. J’avais pris place à ses côtés et avant que le moteur ne ronronne sous le capot, sa main avait déjà pris possession de ma cuisse nue. Je me savais perdue.

Il avait ce pouvoir sur moi, sur mon corps qu’il faisait vibrer comme rarement.

Sa main était chaude, ses doigts exerçaient la pression idéale pour que je me sente désirée, excitée, dominée. Il me tenait, me retenait comme souvent, au bord de la limite.

Sans forcer, il dirigeait. Sans contrainte, il obtenait tout de moi. Pas parce que j’en étais amoureuse, mais bien parce que nous avions les mêmes attentes sous la couette et ailleurs.

Ses doigts se trouvaient à quelques centimètres à peine de mon intimité et la chaleur qui se répendait n’était que le résultat de sa paume et de mon imaginaire.

Je sentais ses doigts remonter le long de ma peau, rencontrer la finesse de ma dentelle, s’amuser avec la couture et l’élastique, frôler mes lèvres, éviter ma fente, trouver mon clito, le titiller, le frotter, le pincer avant de le branler.

Je soupire à ce souvenir. Mes jambes s’écartent d’elles-mêmes, les pans du vêtement aussi et ce qu’il cachait difficilement devint visible. Ma poitrine opulente dressée, mes tétons turgescents, mon ventre palpitant, mes poils pubiens décorant à merveille le haut de mes lèvres humides. Je croise les jambes, les frotte l’une contre l’autre, puis les écarte à nouveau. Un bruit de mouille se fait entendre.

Oh oui je suis excitée… Encore !

Mais il n’est plus très présent… Il somnole souvent entre deux ébats alors que généralement, je déborde d’énergie. Cette nuit ne déroge pas à la règle. D’ailleurs, il me dit souvent que je suis une pile électrique.

Je choisis de le laisser tranquille et je pars à la découverte de la maison.

A notre arrivée, le portail s’était ouvert sur un simple clic d’une télécommande, puis les grilles s’étaient écartées l’une de l’autre pour nous laisser passer. Sans vraiment y penser, mes jambes les avaient imitées et les doigts de mon amant avaient franchi la barrière de l’interdit au moment où la voiture était entrée dans la propriété. La carrosserie avait tressauté le long du chemin couvert de chaille, mais nettement moins que mon corps arcbouté sur le siège passager. Ma mouille couvrait ses doigts, ses pulpes malaxaient mes chairs, sa voix me promettait divers plaisirs mais pas suffisamment pour que je m’envole.

— La maison est pour nous cette nuit, avait-il annoncé en éteignant le moteur. Tu viens, je te fais visiter !

Le fait qu’il soit marié, même si cela ne m’avait jamais dérangée avait pris une importance différente ce soir. Des portraits de ses enfants et de sa femme décoraient la maison et sans l’état tremblant que ses doigts avaient su provoquer pendant le trajet, je n’aurais jamais pu me détendre totalement.

Le salon donnait sur une grande véranda qui elle-même offrait une vue splendide sur un jardin arborisé. Derrière une porte se cachait le bureau de mon amant et au milieu du hall d’entrée une rangée d’escaliers menait aux chambres.

— Je t’offre à boire avant de te montrer la douche, m’avait-il proposé en poussant une porte à double battant.

En d’autres termes, il voulait s’amuser au rez-de-chaussée avant de conclure dans le confort du lit.

Je retenais mes compliments, la maison était somptueuse et il le savait, il n’avait pas besoin que je m’extasie sur le choix du marbre ou la grandeur de la cheminée. Et il me connaissait suffisamment pour savoir que les éclats dans mes yeux étaient la conséquence de deux émotions… l’admiration et l’excitation.

Il était resté sage près du canapé, face à la baie vitrée, mais ce fut tout différent en pénétrant dans la cuisine. Il m’avait montré les verres et le frigo, m’invitant à me servir même au milieu de la nuit.

— Tu trouveras des jus de fruits, des limonades et de l’eau au réfrigérateur si tu as soif après…

Il n’avait pas fini sa phrase, sa bouche avait fondu sur la mienne et son baiser s’était fait brusque. Nos dents s’étaient entrechoquées alors que ses mains avaient soulevé ma jupe et descendu mon string. Je connaissais la suite du programme.

Il aimait baiser debout.

Sa langue s’était frayé un chemin entre mes lèvres, ses pulpes avaient malaxé mes fesses, son corps m’avait poussée contre l’ilot central. Mon dos s’était courbé sous l’assaut, sa bouche avait alors quitté mon visage pour se concentrer sur mon décolleté. J’avais senti ses dents mordre mes tétons, ce qui m’avait arraché un premier cri.

J’aimais sa brusquerie, sans violence, juste des pulsions presque animales. S’il restait identique dans ses gestes et ses demandes, je m’amusais à le déstabiliser par moment, passant de la gentille poupée docile à la tigresse indomptable. Ça le rendait fou de ne jamais savoir s’il devrait me maintenir fortement ou au contraire me bousculer pour que je réagisse. Et si j’avais été d’une obéissance sans nom dans la voiture, la pression du meuble dans mon dos et mon envie de le sentir au fond de moi m’avaient donné l’énergie que l’environnement aurait pu effacer.

Je m’étais alors tournée, avais pris brusquement ses mains que j’avais posé sur mes seins et à l’aide de ses doigts je m’étais pelotée fortement au rythme des pressions exercées par mes fesses contre son entrejambe. Il bandait, son sexe était tendu, dur, gonflé… Je l’avais imaginé coulant de son jus clair.

Je gémissais mon envie, le provoquais de grognements obscènes, de propositions indécentes, lui offrant ma chatte et mon cul, me soumettant tout en dirigeant les caresses.

Mes mains étaient passées dans mon dos, avaient déboutonné son pantalon, baissé tant bien que mal son boxer avant de branler sa queue.

Il avait grogné :

— Dis-moi que tu me veux… Tu me veux au fond de toi.

Evidemment j’avais répété ses paroles pendant qu’il couvrait son mat de latex. Il n’allait pas assez vite, je devenais impatiente et après une parole faite que de provocation, il s’était enfoncé en moi d’un coup.

J’étais dégoulinante, mon corps frappait le bois, mes mains s’étaient agrippées au meuble. Ses doigts frottaient ma rondelle ou mon clito et j’avais décollé. Mon orgasme avait été si intense que tout mon corps s’était mis à trembler.

Pensive et un brin nostalgique, j’observe la cuisinière qui avait non seulement eu la caresse de mes seins lorsqu’il me besognait mais également la chaleur de mes fesses après ma jouissance. S’il aimait baiser debout, il aimait aussi lécher ma mouille juste après mon orgasme. Il n’avait pas attendu que j’aie retrouvé mon souffle. Il m’avait assise sur la vitrocéram, puis avait écarté mes cuisses et s’était délecté de mon jus alors que mon con réclamait une pause.

C’est dommage, j’avais aimé baiser ici.

Les lueurs du jour se dessinent doucement sur l’horizon. Le soleil ne tardera pas à pointer ses rayons. Il est temps.

Je vide mon verre d’eau, le dépose dans le lave-vaisselle, éteint la lumière et rejoint le premier étage. Des images inondent mon esprit.

Notre première montée… ses mains sur moi, mon dos qui se plaque au milieu des marches, lui impatient, moi calmée et provocante… Il avait voulu finir avant d’atteindre le palier, je l’avais contraint à patienter… Les arrêtes des escaliers m’avaient laissées des marques… le marbre est trop dur.

Le couloir ne gardera aucun souvenir de nous, sauf nos rires, et nos regards audacieux. La douche avait été sage, il venait de gicler au fond de ma gorge mais la chambre à coucher… Autant dire que le lit avait martelé le mur !

Nous baisions souvent deux fois… Une fois rapidement, répondant à l’impatience de la séparation et une fois de manière plus technique, s’amusant de tout, imaginant de nouvelles positions, se contraignant à des jeux ou utilisant divers objets.

Cette nuit n’avait pas dérogé à la règle. Sa cravate m’avait servi de bâillon, son cadeau –des boucles d’oreilles – avait décoré ma poitrine, sa ceinture avait gardé ses chevilles immobiles le temps que je le branle entre mes seins.

Je retire les talons, replace le peignoir sur le cintre au milieu de la penderie et observe le reste des vêtements de Madame. Elle a bon goût, même si c’est trop classique pour moi. Par contre, je lui piquerais volontiers une ou deux paires de chaussures. Non seulement elles sont magnifiques, mais en plus elles sont si nombreuses qu’elles ne lui manqueraient.

J’enfile mes vêtements, string, jupe, soutien-gorge et chemisier, le tout un peu chiffonné et m’approche du lit.

D’une main, je remonte lentement le long du bras de mon amant jusqu’à son cou pour finir par une caresse sur sa joue, de l’autre je compose le numéro du SAMU.

Il ne leur aura fallu que quelques minutes pour arriver, policiers, médecin, pompiers…

J’ai beau leur dire que c’est trop tard… Ils ne peuvent s’empêcher d’essayer de le réanimer. Son cœur semblait plus solide… Jamais je n’aurais cru que…

— Madame… depuis quand est-il… mort ?

— Une heure… peut-être un peu plus, je ne sais pas. Je n’ai pas regardé ma montre.

— Pourquoi vous ne nous avez pas appelé avant ? s’étonne le policier.

— Je suis infirmière, inspecteur. Je lui ai prodigué les premiers soins, mais c’était déjà trop tard.

— Que faisiez-vous au moment de… Enfin du… décès ?

— Il vous faut un dessin ? me moqué-je. Je suis sa maîtresse, nous avons passé du bon temps et après une galipette de plus, j’ai été prendre une douche et à mon retour… il était… mort ! J’ai rangé un peu la chambre pour éviter que sa chère et tendre ne comprenne ce qui s’était passé.

— C’est un peu léger, Madame. Il nous faudrait un peu plus de précisions.

— Que voulez-vous que je vous dise de plus ? soupiré-je en plaçant mon sac sur l’épaule, prête à quitter cet endroit grouillant d’uniformes.

— Vous préférez peut-être vous expliquer au poste ? s’impatiente son collègue.

— Aurai-je besoin d’un avocat ?

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Texte écrit en une nuit, avec plusieurs contraintes :

- Début du défi à minuit et rendre le texte avant 8h le lendemain

- Le thème fut révélé au début du défi, quel est-il d'après vous ?

- Terminer le texte avec le mot "avocat"

- Que le texte soit érotique.

Si je le mets ici, c'est que mon texte n'a pas retenu l'attention du jury.

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