Végéta inspira, expira. Les robots d'attaque qu'il avait programmé allaient arriver d'ici quelques secondes. C'était largement suffisant pour atteindre le niveau qu'il s'était fixé. Les yeux fermés, bras paralléles au corps, il dépassa mentalement les différents stades des deux premiers niveaux du Super Sayen.

 Lorsque les robots sphériques s'activèrent, Végéta ouvrit les yeux et se transforma. Ses cheveux prirent leur teinte jaune tandis que son Ki jaillit avec force hors de son corps tout en se criblant d'éclair bleuté. Il hurla. Non pas d'effort, mais de frustration. Le niveau supérieur était là, non loin devant lui, mais il ne cessait de se heurter à ce satané mur.

 Les robots tirérent, comme le leur intimaient leurs algorythmes. Végéta esquiva chaque assaut, cherchant à comprendre ce qui l'empêchait de rattraper Kakarot. Cette pensée le déconcentra une milliseconde, permettant à l'un des robots de lui frapper le bras droit. Piqué au vif dans sa fierté, il monta sa puissance à son maximum et explosa le coupable d'un tir d'énergie.

 La Salle de Gravité, et les alentours, tremblèrent. Heureusement que Bulma avait pour habitude de renforcer régulièrement cette pièce d'entrainement au fil des progrès de son mari.

 Sentant qu'il ne parviendrait à rien, il détruisit chaque robot d'une impulsion de Ki. Acte inutile, il lui aurait suffit de les désactiver par commande vocale. Mais Végéta avait besoin de se passer les nerfs. De toute façon, sa femme adorait bricoler ces choses malgré ses protestations à chaque fois qu'il brisait le matériel d'entrainement.

— Passe à 1G, ordonna Végéta tout en repassant sous sa forme originelle.

 Végéta était furieux envers lui-même. Pourquoi diable s'était-il à nouveau comparé à Kakarot ? Depuis leur combat avec Boo, le Prince pensait pourtant s'être débarassé de son complexe d'infériorité vis à vis de son rival. Les habitudes avaient la vie dure. Ou peut-être lui fallait-il plus de temps pour se défaire totalement de ce mode de pensée ?

— Maudit Kakarot, soupira le Prince des Sayens. Même lorsque je décide de ne plus me préoccuper de toi, tu parviens à me les briser.

 Ne décolérant pas, Végéta alla prendre une douche brûlante. A travers la fumée qui émanait devant ses yeux, le Sayen cherchait à comprendre la raison de son surplace de ces derniers mois. Il n'avait que trop peu progressé à son goût. Quel était le secret de Kakarot ? Comment faisait-il pour surpasser encore et encore ses limites ?

 Lorsqu'il se sécha, le guerrier eut une pensée pour son fils Trunks. Pour se changer les idées, le guerrier aurait été d'humeur à l'emmener au zoo ou à un parc d'attraction. Mais le jeune garçon était à l'école à cette heure-ci.

 Après s'être habillé d'une tenue terrienne, Végéta décolla pour Kamé House. Bulma avait pour habitude de rendre régulièrement visite au vieux Tortue Géniale. Le guerrier n'aimait pas savoir sa femme seule avec ce pervers au surnom ridicule.

 Végéta n'avait jamais compris l'intérêt que cet homme représentait pour Kakarot et ses amis. Muten Roshi avait été leur maitre dans leur jeunesse, mais Kakarot et les terriens avait surpassé le vieil homme bien avant son attaque de la Terre en compagnie de Nappa. Qu'une reconnaissance subsiste passe encore, mais que chacun lui demande régulièrement conseil était un fait qui restait un mystère malgré les années passés à leurs côtés.

 Kamé House apparut à l'horizon. Végéta accéléra légèrement pour poser pied à terre plus rapidement. Sachant que la porte était en permanence ouverte, il ne daigna pas toquer avant d'entrer. Bulma et Tortue Géniale étaient assis en face l'un de l'autre à sirotter un thé.

— Bonjour Végéta ! la salua sa femme. Ton entrainement s'est bien passé ?

— Pas vraiment, soupira Végéta.

 Il se saisit d'une chaise et s'avachit dessus.

— Tu m'as l'air d'une splendide humeur...

— Ne commence pas.

 Ne laissant pas le temps à Bulma de répliquer, Muten Roshi proposa poliment du thé au Sayen. Ce dernier accepta.

— Nous parlions de toi justement. Pas de vos séances de pan-pan malheureusement, plaisanta Tortue Géniale. Dis-moi, que recherches-tu lors de tes entrainements ?

 Végéta, bras croisés et légèrement penché en arrière sur sa chaise, le toisa du regard. Il était surpris de cette question. Les deux hommes ne s'étaient jamais vraiment adressé la parole depuis que Végéta s'était établis sur Terre.

— En quoi ça te regarde, vieillard ?

— Végéta ! la rabroua Bulma en tapant du poing sur la table. Un peu de respect !

 Muten Roshi ne sembla pas se vexer. Il donna son thé à Végéta tout en lui souriant.

— Goku avait tendance à être comme toi lorsque j'ai commencé à l'entrainer. Une vrai tête brûlée qui ne cherchait qu'à devenir plus fort. Tu me fais un peu pensé à lui à cet époque. Excepté pour les femmes. Tu sais les choisir toi !

— Fais attention à tes paroles, le prévint Bulma, entre sourire et regard menaçant.

— Quel âge avait-il ? demanda Végéta en ignorant royalement sa femme.

— Une dizaine d'années, répondit malicieusement le vieil homme.

— Tu te fiches de moi ?

 Végéta garda la main sur sa tasse sans la boire et fronça les sourcils. Muten Roshi soutint son regard, semblant nullement impressionné. Où ce vieux clown voulait-il en venir en se moquant ainsi de lui ? Essayait-il de l'énerver ?

— Je t'ai vu combattre à de nombreuses reprises. Comme le Goku de cette époque, tu ne comptes que sur ta force brute. Il te manque quelque chose.

 Végéta garda le silence et continua à fixer le vieil homme. Il essayait de comprendre où il venait en venir, mais peinait à saisir le raisonnement. Du haut de sa soit disante grande expérience, Muten Roshi était à peine un asticot face à lui. Que pouvait-il prétendre lui apprendre alors qu'il maitrisait la puissance d'un Super Sayen Deux ?

— Tu devrais prendre note de ses conseils, lui suggéra Bulma en reprenant une gorgée. Tortue Géniale est réputé pour être l'un des plus grands experts en Arts Martiaux.

— Il est peut être fort face aux cloportes que porte ce monde, pesta le Prince. Mais il n'est rien face à ma force.

 Végéta se tourna vers Muten Roshi et soutint son regard à travers ses lunettes.

— Il n'y aucune fierté à être le plus grand des insectes, asséna froidement Végéta.

— Nous l'étions car jusqu'à l'arrivée du frère de Goku, nous n'avions jamais eu à nous améliorer à ce point. Piccolo a pourtant tué Radditz alors que ce dernier était plus fort que lui. Krilin a failli prendre la vie de Nappa avec son Kienzan. Et tu as été vaincu par le Genkidama de Goku. Toi même, tu as eu l'idée de recourir à cette technique quand tu as compris que vos puissances ne parviendraient pas à tuer Boo.

 Il but une gorgée de thé.

— Face à ta puissance, je ne pourrai certainement esquiver aucun coup. Encore moins y survivre. Mais je suis persuadé que je pourrai anticiper chacune de tes attaques. Je l'ai toujours fait en assistant à tes combats. Tu es trop prévisible.

 Piqué dans son orgueil, Végéta but à son tour une gorgée de thé. Il parvint ainsi à se contenir, invitant silencieusement Muten Roshi à développer. Le Sayen voulait connaitre le fond de sa pensée. Ce dernier comprit le message.

— Je ne te dis pas cela pour t'offenser, précisa le vieil expert. Depuis que tu vis sur Terre, je t'ai toujours vu chercher à dépasser Goku. Et que fais-tu lorsque tu as acquis la puissance que tu visais ? Tu te laisses enivré par ta capacité à écraser tes ennemis. Et lorsqu'un adversaire plus puissant et plus rapide se présente à toi, tu te retrouves perdu. Retour à la case départ.

— Donc selon toi, je ne sais pas me battre ?

— Je n'ai pas dit ça, rectifia Muten Roshi. Au contraire, tu es un grand guerrier. Mais tu agis par instinct. Je peux le comprendre, ça fait partie du chemin que tu as été amené à suivre. A l'inverse de Goku et des autres, tu n'as jamais eu de maitre pour te transmettre les notions qui t'aurait permis de te dépasser toi-même.

— Abrége, lui intima froidement Végéta. Tes grands discours me fatiguent.

— Ce qu'il te faut, ce sont les bases des arts martiaux. Tu dois acquérir une panoplie de mouvement te permettant d'improviser face à n'importe quel adversaire. Et surtout, à acquérir une mentalité te permettant de dépasser tes propres limites, et non plus à chercher à dépasser uniquement les autres.

 Végéta reprit une gorgée. Ce discours était bien beau, mais quelque chose le titillait.

— Tu sembles fier de tes élèves, l'ancêtre. Mais à part Kakarot, tous ont raccroché le combat depuis que les Sayens se sont mis à les surclasser.

— Je ne t'avais pas dit que Krilin et Yamcha m'ont demandé une machine à gravité ? intervint Bulma avec un ton faussement innocent.

— Pardon ? s'étonna Végéta.

 Le Sayen était véritablement surpris par cette nouvelle. Tous deux ne s'étaient pas entrainé depuis la mort de Cell. Quel lubbie les avait donc soudainement pris ?

— Gohan a organisé une réunion avec la plupart de nos amis le mois dernier, lui expliqua Roshi. Tenshinhan et Chaozu nous ont montré leurs incroyables progrès. Tu n'as pas ressentis leurs énergies ?

 Végéta répondit par la négative. Il avait travaillé avec le Docteur Brief et Bulma pour isoler sa salle d'entrainement aux Ki extérieurs. Leur petite réunion avait certainement eu lieu durant l'une de ses séances. Gohan avait-il donc décidé de ne plus se tourner les pouces ? Cette décision était intéressante.

 Le Sayen décala doucement sa tasse et se pencha sur la table pour fixer Muten Roshi droit dans les yeux.

— Tu penses donc qu'à puissance égale, tu me bats ?

— J'en suis persuadé, affirma le maitre des Tortues.

— Vérifions cela. Dehors, tout de suite.

 Bulma eut tout juste le temps de soupirer d'exaspération, avant d'être brusquement secoué par un inatendu tremblement de terre. Elle tomba de sa chaise, mais fut rattrapé par les réflexes de Végéta. Ce dernier la guida jusqu'à l'extérieur, suivi de prés par Muten Roshi.

— Mais que se passe t-il ? s'exclama la scientifique.

—Ce Ki, marmonna Tortue Géniale. C'est...

—Kakarot, acheva Végéta. Qu'est ce qu'il fabrique ?