Episode 1 - Au commencement (1)

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207 ans plus tôt

Coincée depuis 7h30 ce matin dans son box de travail Vanity ne voyait pas le bout de sa montagne de travail. Quelle idée elle avait eu de tomber malade la semaine dernière ! Evidemment, elle n’avait pas choisi que la grippe la harponne sans raison apparente, mais cela tombait extrêmement mal pour elle. Méthodique, consciencieuse et perfectionniste elle avait millimétré à la seconde près son emploi du temps pour chacun de ses dossiers. Quatre jours de retard. Un véritable drame en somme. Il était désormais 18h13 et elle n’avait pas rattrapé un tiers de son travail. Elle aurait très certainement dû sucrer sa pause déjeuner. Vanity poussa un long soupir et se laissa aller dans son siège de bureau.

— Est-ce que j’en viendrais vraiment à bout ? se demanda-t-elle à elle-même.

Seul le ronronnement de son ordinateur lui répondit. Encore plus déprimant. Vanity passa une main dans son carré plongeant et termina sa tasse de café froide. Elle grimaça et réajusta ses lunettes sur son nez.

Son portable vibra annonçant un message, elle regarda distraitement l’écran qui s’illumina avant de reporter son attention sur ses dossiers. Totalement absorbée par son travail elle ne fit pas attention à l’heure et sursauta lorsque son téléphona se mit à vibrer avec insistance.

— Qu’est-ce que… ? (Elle regarda l’heure et poussa un juron avant de décrocher précipitamment.) Jo ! Mon chéri je suis vraiment désolée… je…

— Tu n’as pas vu l’heure c’est ça ?

Vanity se mordit la lèvre et ôta ses lunettes pour se passer la main sur le visage.

— Tu m’attendais pour dîner…

— Ma puce il est tard, tu t’es levée à cinq heures ce matin. Je sais que tu as du travail à rattraper mais tu as besoin de te reposer. Ok ?

La jeune-femme jeta un œil à sa pile de papiers, puis à l’horloge qui affichait 22h03 et capitula auprès de son fiancé.

— Je range mon bureau et j’arrive, à tout à l’heure mon chéri.

Elle s’étira et fit craquer son cou, la fatigue lui tombant dessus comme un coup de massue. Il avait raison. Elle avait peu dormi et beaucoup trop travaillé en une seule journée. Sans compter les heures supplémentaires qu’elle venait de réaliser. Heures qui ne seront sûrement pas prises en compte. A la bonne heure ! Qu’importe, elle ne le faisait pas pour être payée plus mais parce qu’elle était comme ça. C’était son boulot et il était de sa responsabilité d’assurer les dossiers qu’on lui avait confié, qu’elle soit malade ou non.

Vanity éteignit son ordinateur de bureau et rangea son ordinateur portable dans sa sacoche avec les dossiers qu’elle voulait continuer d’éplucher chez elle. Juste au cas où elle aurait une insomnie à mettre à profit. Elle enfila son manteau, mit son écharpe et entra dans l’ascenseur. En attendant celui-ci, elle prit son portable et consulta les pages du dossier qu’elle était en train d’étudier. Chaque minutes étaient précieuses. Elle ne voulait pas gaspiller davantage son temps. En entrant dans la cabine elle se rendit vaguement compte que même la musique d’ambiance était rentrée chez elle après les horaires de bureau. Peut-être travaillait-elle effectivement un peu trop.

A peine après avoir mis un pied en dehors de la cabine, le concierge, Franc, lui sauta quasiment dessus, blanc comme un linge. La jeune-femme sursauta et s’écarta de lui, perturbée par son comportement étrange.

— Madame vous ne devez pas sortir d’ici ! Le mal rôde dans les parages !

— Qu’est-ce que vous me chantez là Franc ? demanda-t-elle pas du tout rassurée par les propos et le regard dérangé du concierge.

Il la pris par les épaules et la secoua, les yeux exorbités, le regard fou et la voix chevrotante.

— Le malin est parmi nous ! Il est juste à nos portes ne sortez pas madame !

La jeune-femme ne savait pas quoi faire et elle était de plus en plus effrayée par Franc qui déblatérait des inepties sans nom. Elle ne voulait pas le froisser, ni le mettre en colère au cas où le véritable mal était celui qui la tenait d’une poigne de fer. Vanity tenta d’esquiver d’un pas en arrière, mais se heurta aux portes fermées de l’ascenseur. Se sentant prise au piège comme une biche dans les phares d’une voiture elle resserra sa prise sur sa sacoche et tenta de prendre une voix assurée.

— Franc. Vous me faites mal, pouvez-vous me lâcher s’il vous plaît. Je dois aller retrouver mon mari il va s’inquiéter si je ne rentre pas.

Le concierge la relâcha et se mit à gesticuler dans tous les sens.

— Ne sortez pas ! Vous devez rester ici ou il vous capturera et fera de vous sa putain !

Vanity écarquilla les yeux devant ses propos et ne réfléchit pas. La peur prenant le dessus sur sa raison qui lui disait d’essayer de le calmer et de lui faire entendre raison. Le cœur battant, la peur au ventre, elle prit ses jambes à son cou et couru le sprint de sa vie jusqu’à la sortie de l’immeuble. Franc sur les talons. Elle pria comme jamais encore elle n’avait prié et poussa presque un soupir de soulagement en franchissant les portes. Cependant la jeune-femme continua de courir dans la rue jusqu’à héler un taxi le souffle coupé.

La respiration saccadée, avant de monter dans le véhicule, elle se retourna et regarda Franc en train de taper sur les portes de l’immeuble. Elle eut un frisson et aperçu comme un mouvement dans la pénombre du bâtiment. Sûrement son imagination à la suite de ce qui ressemblait le plus à une agression sans vraiment en être une, ou peut-être bien que si ? Tremblante elle donna son adresse au chauffeur qui lui demanda si tout allait bien. Elle répondit qu’elle avait juste eu peur de le manquer et de devoir rentrer à pied. Il rit et s’engagea sur la voie de circulation.

La jeune-femme tenta tant bien que mal de reprendre le contrôle de son corps tout le temps que dura le trajet afin de ne pas inquiéter son fiancer inutilement. Il ne lui était rien arrivée à part une rencontre des plus perturbantes. Elle n’avait aucune blessure, ses affaires comme ses vêtements étaient intactes, pas de quoi en faire tout un drame en soi. Oui. Ce n’était rien. Ou du moins elle essaya de s’en convaincre autant que cela lui était possible. Pour s’occuper l’esprit elle reprit là où elle en était dans ses dossiers et fut vite happée par son travail. Le conducteur la ramena doucement sur Terre en baissant la musique et en l’informant qu’ils étaient arrivés à destination. Vanity régla la course, composa le code de son immeuble d’une main encore un peu tremblante et pénétra à l’intérieur avec la désagréable sensation que quelqu’un l’observait. Franc l’avait retournée plus qu’elle ne voulait bien l’admettre. Ou alors était-ce simplement le manque de sommeil combiné à son étrange rencontre, impossible à dire. Elle se hâta de rentrer dans son appartement.

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