Chapitre 36

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Johany prit un temps pour assimiler l'information selon laquelle sa mère était morte.

Oui, elle était morte. Elle était morte dans cet avion.

Elle n'était jamais arrivée à Vientiane, encore moins à Luang Prabang.

Elle n'avait jamais vu les tuk-tuk du Laos, ni senti l'odeur d'une soupe à la citronnelle.

Elle n'avait jamais mis les pieds dans les temples Bouddhistes, n'avait jamais dormi dans les hôtels miteux du pays.

Johany laissa une unique larme rouler le long de sa joue, la bouche entrouverte de stupeur depuis cinq minutes. Il avait la respiration saccadée, les mains moites, tremblantes.

Il sentait un grand vide se creuser au fond de son coeur, comme un fossé sans fin.

Il s'était amusé, malgré sa peine liée au manque qu'il avait toujours ressenti à cause de l'absence de sa mère, à essayer de suivre ses pas en venant au Laos. A voyager simplement, sans luxe, tel qu'il l'imaginait faire.

Et là, sous ses yeux, il avait la réponse à ses questionnements. Plus précisément à la question cruciale qu'il se posait depuis toujours : où était-elle ?

Elle était là, dans les articles de la presse.

Et ce qu'il restait de son corps était quelque part dans les débris d'une carcasse d'avion. Un avion qui s'était écrasé vingt ans plus tôt dans les montagnes du Laos.

Johany avala sa salive avec difficulté, sa gorge était si serrée qu'il avait la sensation d'étouffer.

Il lut les articles liés à l'accident avec attention, malgré son émoi, et tomba surtout sur de nombreux forums ou des sites expliquant les raisons du crash. Cependant, aucun site officiel ne relayait celles abordées dans ces articles, ils dévoilaient seulement que l'erreur humaine était en cause, mais que l'affaire n'avait jamais été résolue. L'enquête officielle n'avait pas donné de résultats concluants, alors les spéculations avaient pullulées sur la toile.

Intrigué, il commença à étudier les nombreux articles officieux qui démentaient cette supposition, même si les preuves et les sources manquaient pour affirmer que c'était faux.

Il obtint plus de détails : d'après tous les forums et les articles peu relayés, le crash avait d'abord été peu médiatisé car les autorités avaient tenté d'étouffer l'affaire. En effet, le nouveau Boeing sorti cette année-là aurait vraisemblablement une défaillance technique minime, mais qui aurait fini par engendrer un sérieux problème et aurait participé à causer le crash.

Ce détail aurait été négligé intentionnellement, pour la raison qu'il représentait un enjeu financier important et à la fois un risque d'accident très faible.

Les délais de construction du modèle, malgré le problème, n'auraient pas été retardés, pour éviter des pénalités de plusieurs millions d'euros.

Alors après le crash, les constructeurs avaient tout fait pour ne pas ébruiter l'affaire et s'étaient empressés de retirer le modèle du marché. Ils avaient été très lourdement sanctionnés mais le silence sur les raisons de l'accident avait perduré durant des années.

Encore actuellement, peu de témoignages ou d'informations permettaient de prouver la véracité d'une telle erreur de la part de Boeing, c'était pourquoi Johany n'avait jamais entendu parler de ce scandale.

Pour que les journalistes ne fourrent pas leur nez dans cette histoire ou ne s'y intéressent pas de trop près, les assurances, les avocats semblaient avoir mis le paquet. La corruption, l'intimidation auraient largement été pratiquées pour démotiver les plus coriaces.

Des manipulations politiques, économiques énormes seraient en cause, et si cette affaire était tirée au clair, ce serait une vraie bombe.

Johany garda les yeux rivés sur l'écran de son téléphone pendant des heures, absorbé par toutes les informations qu'il découvrait. Il ignorait si le complot évoqué par ces sites était vrai, ou si ce n'était qu'une vaste blague, un énième hoax d'internet.

Quoi qu'il en soit, il ne pouvait détacher les yeux des dizaines de pages web qu'il parcourait et se perdit toute la soirée dans les articles, les forums de discussion, les blogs douteux et les photos truquées.

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