Chapitre 15

3 minutes de lecture

Johany avait trainé sa valise toute la journée et avait une douleur lancinante dans le bras alors qu'il poursuivait sa route le long du marché, en attendant la tombée de la nuit comme l'avaient conseillé ses nouvelles amies.

Il songea qu'en attendant, il pourrait dîner d'un plat servi rapidement dans les rues, où des tas d'échoppes proposaient des soupes ou divers mets laotiens.

Avec soulagement, il laissa tomber sa valise contre l'un des stands, d'où s'échappait un fumet alléchant. Il commanda un bol de nouilles et des brochettes de poulet, puis s'installa sur un banc au bord du Mékong pour manger, sa lourde valise à ses pieds.

S'il n'était pas resté dans l'hôtel précédent, malgré le confort appréciable des chambres, c'était parce qu'il voulait avoir vue sur le fleuve, en dépit de ses eaux marrons. Il se dit qu'il en trouverait ainsi un répondant à ce critère après sa visite du marché nocturne et n'aurait pas à se soucier d'aller bien loin pour ça.

Il finit ses nouilles puis s'attaqua au poulet, mais eut bien du mal à le finir : les brochettes étaient si épicées qu'il dût s'acheter une bouteille d'eau afin d'éviter que des flammes ne lui sortent de la bouche.

Le jour était tombé sur la ville, dont les réverbères s'étaient allumés. Les phares des véhicules qui passaient bruyamment derrière Johany étaient comme des lumières dansant dans la nuit. Des Jeeps crasseuses venant de la campagne profonde, des camions chargés de marchandises, des tuk-tuk vides et des vélos défilaient sans arrêt dans les rues.

Alors qu'il commençait à s'ennuyer et à bailler sur son banc, Johany décida qu'il était temps de retourner sur le marché comme l'avaient proposé les filles, maintenant qu'il faisait nuit.

Les tentes colorées dressées au-dessus des étals l'empêchaient de voir s'il était aussi fréquenté qu'elles le disaient, il s'en approcha, sa valise roulant derrière lui, puis s'arrêta pour prendre un cliché de la scène*.

Il fit un tour sur le marché, s'acheta un souvenir : un petit cahier aux motifs asiatiques, puis, le poids de sa valise lui meurtrissant de plus en plus l'épaule, il se mit en tête de chercher un nouvel hôtel.

Comme il l'avait imaginé, il n'eut aucun mal à en trouver un au bord du fleuve, qui semblait propre et dans ses prix. Il prit possession de sa chambre et s'installa sur le petit bureau en formica après une bonne douche.

Il ouvrit le cahier qu'il avait acheté et laissa son stylo en suspens au-dessus de la première page.

Il avait envie d'écrire quelque chose, il ne savait pas quoi, ni pourquoi, mais ça le démangeait. Peut-être que pour lui, qui n'était pas habitué à voyager, les premiers jours de son voyage étaient intenses et qu'il se sentait chamboulé par tant de changements, qu'il ressentait l'irrépressible envie de tout relater. Il ignorait si c'était vrai, ou s'il avait tout simplement besoin de se confier secrètement à une feuille de papier, mais ce qu'il savait, c'était qu'il avait presque besoin de faire couler de l'encre, ce soir-là.

Il avait passé de bons moments dans la journée, sans jamais regarder l'heure sur son téléphone, sans se bousculer ni se restreindre, sans se censurer pour communiquer avec des étrangers.

Ce n'était pas habituel pour lui et il avait beaucoup aimé sortir de sa zone de confort, car contrairement à ce qu'il pensait, il n'avait pas ressenti la moindre pointe d'anxiété ou de méfiance. Il s'était laissé porter par sa rencontre improvisée avec les laotiennes, puis par le tour qu'elles lui avaient fait faire dans la ville. Tout avait semblé si fluide, si naturel...

Il espérait faire de nouvelles recontres comme celles-ci ou du moins continuer à profiter pleinement de ce qu'il découvrait.

Alors l'esprit un peu distrait par l'image d'Amber qui flottait dans sa tête, Johany écrivit des pages et des pages sur ses ressentis, sur ce qu'il avait vu et fait depuis son départ de France...

Jamais il n'avait écrit comme ça. Les seules fois où il avait dû disserter, c'était pendant sa scolarité.

Il ne se coucha que tard, en songeant qu'en même temps qu'il découvrait de nouvelles choses à l'extérieur, il en découvrait aussi en lui.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Hedwige et sa plume ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0