Chapitre 48

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Le lendemain matin, la tempête commençait tout juste à faiblir, au grand soulagement de Johany.

"Il était temps..." songea-t-il.

Il envisagea de quitter l'hôtel pour constater si les bus allaient reprendre du trafic dans la journée et décida de régler sa note maintenant. L'homme à l'accueil lui sourit aimablement lorsqu'il lui présenta son billet et lui annonça qu'il se trompait. Etonné, Johany demanda quel était le problème et l'homme expliqua que la somme était insuffisante.

  • And why donc, s'il vous plait ? interrogea-t-il d'une voix un peu tremblante et plus forte qu'il ne le souhaitait.

Il avait la désagréable impression d'avoir fait une erreur et cela n'augurait rien de bon.

En effet, l'homme lui montra calmement les tarifs de l'hôtel et désigna celui de l'étage dans lequel il avait séjourné. Comme tout était écrit en lao ou en anglais, Johany avait mal interprété les informations qu'il avait cru lire en arrivant le premier jour.

Il avait pensé payer une somme très raisonnable pour les services de l'hôtel, qu'il avait trouvé bien plus confortable que les précédents, mais s'était en fait trompé de colonne dans les tarifs.

Sa note était de deux-cents euros supérieure à ce qu'il croyait devoir régler.

Il eut l'impression de se liquéfier sur place.

"C'est une catastrophe..." paniqua-t-il intérieurement.

L'homme qui lui faisait face en souriant courtoisement reprit la parole :

  • A problem, sir ? demanda-t-il.
  • Euh... Putain... No, no... Ou plutôt yes, I have a little problem. But just a little one, don't worry, précisa-t-il en souriant en retour à l'homme. Actually, hem... I... I mélanged, I thought... I mean, I am euh... confused, I have... I am a dick.
  • Sorry ? fit l'homme, qui n'avait pas compris un mot de ses balbutiements.
  • Ok, forget that. I can pay, I can pay. But... Your information is not clear at all, I... really, really...

De frustration, il frappa du poing sur le comptoir. L'homme derrière leva les sourcils, visiblement stupéfait.

  • Bordel, je suis dans une merde... grinça Johany entre ses dents.

Il paya sa note à contrecoeur et sortit de l'hôtel, son sac-à-dos à la main. Il ne savait plus quoi faire. Ce coup bas du destin lui laissait une saveur aigre dans la bouche. Il ignorait totalement comment il sortirait du pays, à présent amputé de deux-cents euros supplémentaires, dont une trentaine étant originellement destinée à payer son billet retour et le reste, banalement à le maintenir en vie.

Il était inutile d'aller vérifier si les bus en direction de Vientiane reprenaient du service, désormais.

Complètement abattu, le jeune homme erra sans but dans les rues désertes de Luang Prabang, battu par la pluie, malmené par le vent.

Il y avait eu une acalmie la veille malgré les violentes bourrasques qui n'avaient, elles, pas cessé. Mais les nuages semblaient s'être ranimés dans la nuit, même si la tempête s'était plutôt calmée depuis.

Johany, démuni, démoralisé, s'installa dans un bar à quelques rues de son ancien hôtel, faute de trouver meilleure alternative à l'idée d'oublier son malheur.

Quelques Beerlao plus tard, il sortit son téléphone d'une poche de son sac-à-dos. Protégé par un sachet isotherme transparent, il était resté au sec.

"Dao, I loft you. I really regret to be gomme and leave you like that. I âme an asshole. Please canette I come back ? I want your ass."

Il envoya le message, à l'écriture duquel son correcteur automatique et les pintes de bière avaient activement participé. Il n'était même pas passé par WhatsApp, puisqu'il n'avait plus internet. Plus rien ne pouvait davantage assombrir son humeur.

"Au diable... au diable l'avarice... ou les varices, peu importe..." s'était-il dit en songeant à sa facture, avant de piquer du nez sur le comptoir.

Dao ne lui avait toujours pas répondu depuis la veille, ce qui l'avait inquiété avant de partir de l'hôtel. Même si les imposants nuages se dissipaient peu à peu, il n'excluait pas que son cauchemar soit devenu réalité dans la nuit. D'aussi loin qu'il s'en souvenait, il n'avait jamais fait de rêve prémonitoire, mais pourquoi cela ne serait-il pas envisageable, après tout ? Si Dao était mort, ça ne le changerait pas tant que ça, c'était déjà un ange. Oui, un petit angelot qui dansait et virevoltait nu dans les airs, avec des ailes et une auréole...

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