Chapitre 27

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Johany se promenait le long des sentiers de terre de Don Khon, sifflotant l'air d'une musique du siècle dernier. Il se sentait bien. Vivant. Pas très reposé, car une fine pluie l'avait réveillé dans la nuit alors qu'il dormait sur le toit, mais très content.

Il trouvait un charme incroyable à cette île et admirait le mode de vie de ses habitants, qui vivaient en autarcie, loin du monde extérieur. Il constatait, en parcourant les rues de l'île, que tout le monde vivait au rythme du jour, plus encore qu'ailleurs dans le pays. Nul ne semblait pressé par un rendez-vous, une quelconque obligation. Chacun tenait son propre commerce, survivait comme il le pouvait, mais la précipitation et l'impatience ne paraissaient pas exister en ces lieux.

Les gens étaient très calmes, souriants, même un peu trop lents. Mais ça ne dérangeait pas Johany, qui avait tout son temps. Il savait que ça aurait pu agacer son ami Louis, qui était nerveux de nature, impulsif, impatient. Mais lui se retrouvait parfaitement dans cet environnement paisible, il se sentait serein et détendu. C'était comme s'il passait de vraies vacances pour la première fois de sa vie, même s'il avait quelques devoirs tout de même : faire ses courses pour manger, mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour se déplacer et accéder aux lieux qu'il voulait voir...

Mais ce n'était rien pour lui, il profitait pleinement et envisageait de passer les prochains jours à bouquiner, écrire dans son carnet et divaguer au bord du fleuve, le nez dans le vent.

Le jeune homme fit demi-tour, il avait parcouru la moitié de l'île en une heure et demi sans se presser, et voulait rentrer pour lire.

En chemin, il croisa des enfants qui riaient et couraient en poussant un pneu de vélo grâce à un bâton. Il s'arrêta pour les regarder jouer puis poursuivit son chemin.

Partout sur l'île, des dizaines de chiens errants vagabondaient comme s'ils étaient les maîtres des lieux. Ils étaient assez calmes, n'étaient pas agressifs, à l'image des habitants du coin. Johany était suivi par l'un d'eux, un chien au poil jaune et à la langue pendante.

Lorsqu'il arriva à la petite maison qu'il louait, il était épuisé et le chien aussi. Il sortit son livre, se posa sur la petite terrasse qui surplombait le Mékong, et passa l'après-midi à lire, tel qu'il l'avait souhaité.

Le lendemain, le chien n'était plus là. Johany sortit de chez lui en quête d'un petit restaurant dans lequel il mangerait le midi. A quelques pas de sa location, il tomba sur une bicoque colorée, d'où s'échappait une fumée blanche et une senteur de citronelle.

Comme la plupart des commerces de l'île, la porte d'entrée était ouverte. Johany entra dans la petite maison et constata qu'elle faisait aussi office de boutique.

Des chapeaux et des pagnes étaient étalés sur un présentoir bancal. Derrière, des épices et des nouilles étaient en vente sur une étagère poussiéreuse.

Au fond de la pièce, une lampe diffusait une douce lumière orangée qui éclairait une demi-douzaine de coussins.

C'était à droite qu'il y avait la cuisine, ouverte sur une cour extérieure. Johany savait qu'il avait le droit de visiter les lieux, d'après ce qu'il avait constaté sur l'île. Il vit que dans la cour, une table à tréteaux et d'autres coussins étaient disposés en cercle.

Lorsqu'il se retourna, Johany se retrouva nez-à-nez avec un jeune laotien qu'il n'avait pas entendu arriver et sursauta.

  • Oh ! Sorry, I... I didn't see you, balbutia-t-il.
  • No problem, rigola le jeune homme avec un grand sourire. What do you want ?
  • Euh... Eh bien... Can I eat something ?
  • Of course, get comfortable, répondit le garçon en désignant l'un des coussins dans la cour.
  • Thanks...

Johany s'assit en tailleur sur un petit pouf aux motifs asiatiques et attendit que le jeune homme revienne avec la carte. Le sol était tapissé d'une immense rabanne de bambous tissés, sur laquelle Johany mangea.

Encore une fois, puisqu'il était le seul client du restaurant, il en profita pour échanger avec le jeune homme, qui s'avérait avoir vingt-et-un ans et travailler ici avec son oncle, le responsable des lieux. Ce dernier n'était cependant plus en état de s'occuper du commerce à cause de sa maladie et était contraint de laisser son neveu s'en charger seul depuis près d'un mois.

Johany sentait la peine du jeune homme et était touché qu'il se confie à lui de la sorte, malgré la pudeur des laotiens.

Il lui parla de sa mère, qu'il n'avait jamais connue, de ses parents adoptifs et de leur brusque décès, de son voyage et même d'Amber.

Il avait tout de suite senti qu'il pouvait faire confiance au garçon, et partager le même âge à un an près les rapprochait. Il y avait une sorte de bienveillance mutuelle dans leurs échanges et c'était beau.

Lorsqu'il eut fini de manger, Johany ne partit pas tout de suite. Il resta encore auprès du jeune homme, qui s'était assis sur un coussin en face de lui pour discuter pendant son repas.

Il avait l'air aussi réservé que Johany mais s'était ouvert spontanément à lui et souriait sans cesse, comme la plupart des laotiens que le jeune homme avait croisés.

  • It was very good, thank you, déclara Johany lorsque le garçon prit son bol et son assiette pour débarrasser. And it was a pleasure to talk with you... What is your name ?
  • I'm Dao, répondit le jeune homme en revenant près de lui. And you ?
  • Johany.
  • It was also a pleasure to meet you, Johany, dit Dao en s'inclinant légèrement, son sourire en coin s'élargissant encore.

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