Sous le lac...

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  Des facultés dont l’être humain est capable lorsqu’il a atteint l’âge de raison, le ressentiment est sans doute celle qui m’invite le plus à la réflexion, non pas que j’aime à me questionner sur ces choses tout au long de la journée, mais si l’occasion se présente, au gré d’une situation peu commune alors, oui, j’avoue y réfléchir. Et l’occasion, d’ailleurs, se présenta il y a de cela quelques temps.

  Comme j’apprécie de longue date à savourer un peu d’air frais, une heure après dîner, dans les allées du parc à quelques rues de chez moi, je ne dérogeai pas à la règle en ce 13 Octobre. Le mois ne s’y prêtait pas très souvent, mais comme ce fameux soir, le ciel était d’un clair chaleureux, illuminé de milliers d’étoiles scintillantes. Dans cette fresque, la lune pleine et blanche trônait fièrement sur ce fond d’obscurité. La brise était légère, quoique déjà fraîche en cette période, retournant par vagues les feuilles mortes jonchant le chemin de gravier fin. Rares étaient les bruits alentours bien que je ne fusse pas seul à arpenter les allées du parc, sans pour autant être suivi de près par quelque couple de jeunes amoureux ou quelque anonyme flânant en solitaire. Des personnes ordinaires, comme moi en somme. J’éprouvais toujours ce petit plaisir, de renouer avec le bien-être en écoutant le vent chanter dans les arbres et le vol des oiseaux regagnant leur nid. Le silence en était à peine troublé.

  Le calme et la quiétude.

  C’est là que tous les soirs je retrouvais mon havre de paix. Progressant sur cette allée sombre que seule éclairait la lune, j’adoptais le pas lent des gens sans contraintes ni soucis, mains croisées dans le dos, laissant errer à leur gré mes pensées. J’approchai ce faisant du petit lac situé au nord du parc, accessible seulement par un sentier étroit, mal dessiné et peu éclairé sous les branchages touffus des grands chênes.

  Un aboiement me parvint, alors, au loin.

  Dans ce milieu hostile, je dus écarter les branches à moitié nues comme autant de doigts décharnés pour me frayer un chemin. Je me faufilai, courbé pour éviter les plus basses branches, avant d’arriver, une trentaine de mètres plus loin, en vue de la calme étendue d’eau. À voir ce cadre si reposant, l'on n'aurait cru qu'il se trouvait dans une plaine, ou quelque forêt éloignée de toute civilisation, mais non. L'on se trouvait bien au beau milieu d'une ville, au cœur-même du brouhaha incessant et de la fureur de la civilisation.

  À nouveau, un aboiement, plus proche cette fois se fit entendre.

  Je n'étais donc pas le seul ce fameux soir à vouloir profiter d'un peu de calme sur les bords de ce lac reculé, désireux de humer son air frais en rêvant devant le reflet de la lune. Cette lune, d'ailleurs, qui, illuminant les pourtours du lac, me dévoila ce chien que j'entendis depuis déjà plusieurs minutes. C'était un magnifique malinois dont le pelage cendré laissait deviner un âge qui se confirma par le peu de souplesse dont il faisait preuve dans chacun de ses mouvements. Il n'en resta pas moins que le bel animal laissait transparaître une profonde joie ; sa queue battant l'air de droite et de gauche à vive allure et sa gueule haletante sur les genoux de son maître.

  L'individu, jeune et d'allure modeste, semblait le regard perdu devant la surface limpide et sans trouble, comme s'il espérait quelque chose. Sa tête pivota par moment vers son chien puis revint au lac, tandis que l'animal tournait joyeusement autour de ses jambes. Lorsqu'il aboya avec un peu plus de force avec l'espoir que son maître porte son attention sur lui, l'individu s'anima. Je pus le voir se pencher vers son espiègle et vieillissant compagnon mais, la lune à ce moment-là dissimulée par un nuage naissant, l'obscurité reprit ses droits et je n'en pus voir davantage.

  Privé ainsi de ma vue, je me résolus à m'approcher de quelques pas, sans pour autant m'exposer à sa vue. Le vent qui souffla dès lors plus vivement m'apporta les glapissements du vieux malinois, que je distinguai à peine, la tête enfouie dans les mains de son maître. L'instant d'après, les bourrasques aidant, les nuages se dissipèrent et la lune à nouveau illumina la scène. Une scène qui cette fois me stupéfia.

  Affublé de ce qui sembla être une corde en son cou, l'animal léchait tendrement les joues de son maître qui le tenait dans ses bras. Cette vision m'intriguant, je voulu m'approcher un peu plus encore mais les rires d'un couple au loin, sur l'allée principale derrière moi, attirèrent son attention.Il se mit à scruter l'horizon dans ma direction avec tant d'insistance que j'eus toutes les peines à rester hors de vue, derrière le tronc d'un chêne. Mais craignant d'être vu également par quelqu'un d'autre, je surveillais à mon tour le sentier en arrière, trop heureux cette fois, que la lune soit à nouveau dissimulée par les nuages.

  « Wouuuuuh !»

  Le cri du chien, suivi d'un bruit d'éclaboussures me fit soudain tourner la tête en direction du lac, presque affolé. L'individu avait disparu et la surface du lac était continuellement agitée. Je me précipitai aussi vite que la luminosité me le permit jusqu'au bord du lac, deux mètres en contrebas.   

  « Wouh... wouuuuuh ! »

  De ma position, je ne pus que voir le pauvre animal se débattre avec la force du désespoir afin de garder le museau hors de l'eau, son cou tiraillé par la corde qui l'emportait inexorablement vers le fond. Ses yeux emplis de peur et de détresse ne cessaient de me fixer tandis que ses pattes avant n'avaient de cesse de frapper la surface de l'eau. Mais plus il s'agitait, plus son corps semblait s'enfoncer.

  Je n'en pouvais pas plus supporter !

  Passées la surprise et l'horreur de la scène, je décidai de sauter afin de lui porter secours, laissant tomber ma veste à terre en prenant pieds au bord des rochers. Sur le point de m'élancer, je fus brutalement tiré vers l'arrière et projeté au sol.

  « Whouuuummmh ! »

  Pris de panique, je m'élançai à nouveau vers le rebord sans plus m'inquiéter de la silhouette qui revint à la charge et m'asséna, par deux fois, sur la tempe, des coups de pierre. Sous l'effet de la douleur, complètement désorienté, je me senti incapable de faire le moindre geste, subissant les assauts du vent qui attisaient davantage les élans de mes plaies. Les yeux mi-clos, je pu voir encore les gesticulations presque grotesques des pattes arrières et de la queue de l'animal.

  Et pendant que l'individu au-dessus de moi exprimait sa joie en un rire des plus révoltant, la bête s'agitait encore frénétiquement.

  Désespérément.

  Ce n'est qu'au petit matin que je repris possession de mes esprits, entouré par le chant des oiseaux, mais la tête élancée du fait de mes plaies. Lorsque l'enchaînement des événements me revint, je regardai machinalement l'endroit où j'avais vu l'animal pour la dernière fois. Conscient que mon initiative serait malgré tout infructueuse, je bondis dans l'eau froide et plongeai pour le retrouver.

  Après plusieurs tentatives, je ne pus que me satisfaire de remonter la dépouille ruisselante de la pauvre bête, ses yeux vides et grand ouverts. Elle semblait m'implorer encore, même dans la mort. À son cou, je retrouvai la corde aperçue le soir et, en son extrémité, une barre de plomb. Pas assez grande pour emporter l'animal rapidement, mais suffisamment pour le fatiguer et lui promettre une mort lente.

  Comment pouvait-on... ?

  Ramenant à la nage le cadavre avec moi, j'essayai en vain de répondre à cette question. Le bord du rivage me sembla étonnamment loin et mon parcours durer une éternité, la tête du chien buttant sur mon torse à chaque brasse. Un fait étrange, pourtant, détourna mon attention. S'il n'avait connu de suite, sans doute m'auriez-vous considéré comme fou ou, tout du moins, impressionnable. Il n'en demeurait pas moins que je sentis, à plusieurs reprises, mes pieds et mes mollets bousculés par quelque masse furtive et à un rythme régulier. Ma progression avec le cadavre sous un bras n'étant déjà pas très aisée, cette difficulté supplémentaire -si je puis vraiment parler de difficulté- n'était pas pour aider mon humeur. Malgré tout, la curiosité l'emportant, je retins le cou du chien d'une main et plongeai ma tête seule afin de voir ce qu'il me serait possible du fond du lac.

  Peine perdue...

  Le soleil n'étant pas encore tout à fait levé, la profondeur était impénétrable à mes yeux.

  Revenant à la surface, je décidai d'aller déposer la dépouille à terre et de revenir l'instant d'après, afin que le soleil m'aide dans mon entreprise. C'était une question de minutes à présent. Et les coups dans mes membres se succédaient sans cesse. Irrémédiablement. Comme si quelque créature se plaisait à palper ma chair sous mes vêtements détrempés.

  Cependant que je pris pieds sur la berge, un vieil homme apparut par le sentier et vint dans ma direction d'un pas vif. L'expression de son visage ne laissait pas de place au doute. Il était ahuri, choqué de me voir, un cadavre canin dans les bras, finissant de sortir de l'eau la barre de plomb toujours attachée au cou de l'animal. Bien vite, je me dis que la situation n'était pas pour jouer à mon avantage, néanmoins, le vieil homme ne sembla pas me suspecter et, tout au contraire, m'apporta son aide. Alors que je déposai le chien sur le sol, il défit la première extrémité de la corde autour de la barre, puis s'occupa de l'autre, au cou de l'animal, qu'il trancha à l'aide d'un petit canif. Mais après cela, il conserva son canif ouvert, le regard inquisiteur.

  Devant sa suspicion, je me défendis honnêtement de toute responsabilité, en narrant les événements de la soirée qui avait précédé et de l'individu jetant son chien dans l'eau avant de m'assommer et de disparaître dans la nuit. Le vieil homme perdit sa méfiance en voyant les traces de sang coagulé qui marbraient ma joue droite et rangea son instrument. Lui narrant également les impressions qui m'avaient assaillies lorsque je ramenai la dépouille, il se proposa d'attendre mon retour, à titre de curiosité.

  Nageant cette fois en sens contraire, je fus bien surpris de n'être plus incommodé par les obstacles de mon premier passage. Je pris alors une grande bouffée d'air et plongeai. De curieuses formes semblaient se mouvoir, comme en lévitation depuis le fond. Mais j'étais encore un peu loin et la distance ne m'offrit qu'une vision floue du sol bourbeux. Après quelques nouvelles brasses, je parvins enfin à proximité de ces corps lévitant. Et le spectacle horrible qui se présenta devant moi me donna la nausée.

  À la danse des algues sous-marines, s'ajoutait celle de plusieurs dizaines de cadavres, certains déjà un stade de putréfaction avancée, d'autres dont ne subsistait plus que le squelette. Mais tous, baladés au gré de la houle, tête en bas, pattes en l'air, leur cou attaché à des pierres. Le cadavre le plus proche de moi me présentait une orbite vide et un crâne à moitié rongé, défoncé, d'où quelques lambeaux de peau et de poils dérivaient. Sa panse décharnée était ouverte sur toute la longueur. Ses pattes ne tenaient plus que par les ligaments visibles à l’œil nu. Lorsque je saisis la corde afin de le ramener pour le montrer au vieil homme, la secousse fit claquer sa mâchoire d'un bruit sec et sourd avant que je ne la visse se détacher du reste du crâne.

  C'en était trop.

  Je relâchai subitement la corde et remontai à toute vitesse, le cœur au bord des lèvres. Je me désespérai d’être celui par qui cette macabre pantomime avait pu voir le jour, dans un cadre pourtant des plus reposant, loin de toute agitation et de la fureur de la vie. La vision de ces chiens dansant, flottant, décharnés, boursouflés par les affres du temps ne quitterait plus ma mémoire jusqu’à mon dernier souffle. Les secondes qui me séparaient du rivage me semblèrent une éternité. Je battis des jambes à tout rompre, sentant mes muscles chauffer un peu plus à chaque instant, mais qu’importe ! Je voulais sortir au plus vite de ce cimetière, de cet enfer s’étendant sous mes pieds.

  Commençant enfin à toucher le fond en m’approchant de la terre ferme, je déployai d’autant plus d’énergie pour m’extirper de ce milieu jusqu’à ce que je m’aperçoive que des mains m’avaient agrippé par les bras et les épaules afin de me hisser. Relevant la tête, je vis que le vieil homme n’était plus seul à côté du défunt animal et qu’une demi-douzaine d’hommes en uniforme l’accompagnaient, en plus des deux autres qui me tenaient fermement. Entre deux bruits d’éclaboussures, j’entendis celui qui sembla être le chef ordonner aux autres de m’emmener dans le panier à salade. Visiblement, le vieil homme avait prévenu les autorités sans mentionner quel était mon rôle dans cette histoire. Et je ne pus d’ailleurs m’expliquer moi-même dans la mesure où, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’étais traîné sur le gravier, mains entravées jusqu’au fiacre. À l’arrière, un agent tenait à bout de bras l’animal enveloppé dans un drap blanc.

  De leur point de vue, voilà une affaire qui fut rondement menée, mais pas pour mon bien !

  Aujourd’hui encore, lorsque je reviens près de ce lac, je n’ai de cesse de me poser cette même question : « Comment peut-on… ? » L’être humain peut-il être mauvais au point de tuer, de torturer, de dépecer, de mutiler de pauvres animaux qui ne sont pourtant emplis que d’amour, d’affection et de gratitude envers la main qui les entretient ? L’individu de ce fameux soir mit-il fin aux jours de ce malinois simplement parce qu’il était vieux ? Mais la vieillesse est notre lot commun. Elle ne saurait susciter de la tristesse. Seule la mort le peut. Quand bien même elle susciterait de la tristesse, elle ne saurait susciter de la souffrance pour autrui. Comment pourrait-on alors éprouver du ressentiment envers une personne pour ces motifs ? Voire envers un animal ?

  Sans doute n’aurai-je jamais la réponse...

  Plusieurs heures durant, le capitaine me fit répéter ma version des événements passés dans un souci d'exactitude. Peut-être aussi parce qu'il ne me croyait guère. Parce que, de son propre avis, j'étais responsable de cet acte abominable ainsi que de la mort de tous les résidents du lac. Je sentis bien son regard soupçonneux, pesant tout au long de son interrogatoire. Sans doute était-ce là une manière d'obtenir des résultats, comme une petite torture psychologique. Sans doute voulut-il me voir fondre en larmes et reconnaître tous mes crimes, en dépit de la souffrance dont il me faisait subir, en dépit du bon sens et de la véracité de mon histoire. Je lui répétai inlassablement les mêmes choses : ma ballade au clair de lune, l'individu jetant son chien puis disparaissant, l'agonie de la pauvre bête, mon altercation, ma perte de connaissance et la découverte de ce cimetière sous-marin. Mais ce capitaine ne voulut rien entendre. Pour lui, mon histoire ne tenait pas sur certains points. J'étais incapable de donner une description de mon assaillant, la pierre qui avait servi à m'assommer fut introuvable par les autorités, mes blessures à la tempe n'étaient que superficielles en dépit de la douleur que je décrivais, pour ne citer que cela. Il argua même que, si je ne feignais pas l'amnésie, je ne verrais pas d'objections à ce qu'un médecin me vienne en aide. Je lui répondis que j'en serais le premier heureux puisque cette personne abonderai au final en mon sens.

  Lorsque un homme entre deux âges et vêtu d'une blouse blanche entra dans la pièce, la nuit était déjà tombée. Au dehors, l'agitation de la journée commença à se faire moindre, les cabs se firent plus rares, les vendeurs de journaux avaient déjà déserté la rue depuis un moment. Peu à peu, la ville s'illumina de ses réverbères, ne pouvant compter sur la lune cette fois pour obtenir un peu plus de clarté. Contrairement à la veille, le ciel était plus chargé ; des nuages menaçant l'obscurcissant.

  Le médecin m'invita à prendre place sur une chaise en face de lui. L'entretien se déroula en petit comité. Seuls étaient présent avec lui, le capitaine et un agent en faction. D'allure très avenante et d'une courtoisie aux antipodes du haut gradé de la pièce, le médecin débuta notre discussion. Prenant le contre-pieds du policier, il se soucia fort peu de mon identité en ne se contentant que de mon prénom. Il s'intéressa davantage à ma vie passée et présente, mes centres d'intérêt, mon activité professionnelle, mon cercle d'amis et ma vie sentimentale. Bien que je ne visse pas quels pouvaient être les bénéfices de telles informations sur l'issue de cet entretien, je m'y pliai cependant de bonne grâce.

  Je le répète, ce médecin était des plus avenant. Tant et si bien qu'au bout de deux heures d'une conversation riche d'anecdotes et de souvenirs, une certaine complicité s'était nouée entre lui et moi. L'atmosphère étant à chaque instant un peu plus détendue, le capitaine renvoya l'agent en faction et finit lui-même par sortir, si bien que nous nous retrouvâmes seuls. L'absence de l'autorité devenant comme un premier espoir de liberté depuis le début de cette journée, je me laissai aller à quelques confidences. Mon interlocuteur éprouva un vif intérêt pour certaines tragédies vécues que je lui relatai en détail. Une enfance, bien que joyeuse, marquée par la mort prématurée de mon animal domestique, mon premier chagrin d'amour lorsque je fus étudiant à l'université, mes déconvenues professionnelles avant d'enfin trouver la stabilité. Pour ne citer que cela...

  La pluie battante martelait sauvagement les carreaux des fenêtres, si bien que notre conversation s'en trouva interrompue. D'un coup d’œil à l'horloge, nous nous aperçûmes qu'il était bientôt minuit et, malgré la sympathie qu'éprouvait ce médecin pour moi, il mit fin de lui-même à nos échanges.

  Il alla s'enquérir du capitaine, patientant dans un autre bureau, avec lequel il discuta quelques minutes avant de revenir en sa compagnie. Ce haut gradé à la moustache stricte et au regard tantôt pourtant si sévère, m'apparut sous un tout autre jour. Faisant montre d'une bienveillance insoupçonnée, il me pria de l'excuser pour la manière dont il m'avait traité tout au long de la journée et de m'avoir tant retenu jusqu'à une heure aussi avancée dans la nuit. Il me proposa même d'être ramené chez moi par l'un de ses agents. Ayant toujours eu pour habitude de me contenter de peu, je déclinai sa proposition. Suite à cela le médecin me fit remarquer que le temps à l'extérieur ne se prêtait pas vraiment à une ballade à pied et que je me trouvai, à l'évidence, loin de mon domicile. Aussi m'invita-t-il à profiter de son fiacre, enchanté de me déposer en chemin.

  Je fis bien d'accepter, car au vu des trombes d'eau qui secouaient notre fiacre, je me serais retrouvé bien mouillé ! Par ailleurs, si la journée me parut fort longue, il n'en demeure pas moins que ce dernier trajet se déroula rapidement. En effet, quelques minutes seulement après avoir quitté le commissariat, je me retrouvé devant la porte de mon immeuble. Dans la rue déserte, le médecin me renouvellement ses meilleurs sentiments et ses excuses pour la durée de notre entretien avant que son fiacre ne s'ébranle et ne me laisse ainsi seul sous une pluie faiblissante.

  Aujourd'hui encore, je suis resté proche de cet homme, cet ami de longue date qui m'écoute et me conseille au gré de mes besoins, quel que soit le jour et quelle que soit l'heure. Pour la première fois, je pus trouver en quelqu'un, une oreille attentive ; chose qui me manquait, je l'avoue.

  Les jours passèrent.

  Avec eux, un étrange sentiment. J'avais l'impression de me sentir épié à longueur de journée. Si bien que je ne quittais mon domicile que pour mes déplacements les plus nécessaires. Le monde se referma autour de moi, excluant toute vie sociale, à l'exception de temps à autre de mon ami. La vie au-delà de ma porte ne m'était plus d'un quelconque intérêt. Je vécus en reclus, tel un ermite. Je décidai même de ne plus sortir pour un temps après mon dîner. Les images de ces chiens n'avaient de cesse de m'obséder.

  De me hanter !

  Chaque nuit, je les voyais, dans mes rêves, danser en une valse macabre et grotesque, au son des claquements de leurs os nus et dans le froissement de leurs lambeaux de chair. Je revoyais leurs orbites vides et sombres me fixer au-dessus de mon lit, flottant en cercle et lâchant des glapissements plaintifs et sinistres. Je me voyais moi-même tordu de crainte sous mes draps blancs, les yeux rivés sur ces silhouettes d'outre-tombe, osant à peine respirer. La lune traversant la fenêtre venait chaque nuit, entre deux nuages noirs, éclairer leurs dents de carnassiers pâles et teintées de sang, s'entre-choquant à chaque mouvement de nuque. Ses lueurs me montraient un peu plus la transparence de leurs carcasses que je trouvai pourtant si réelles, concrètes. Lorsque la lune disparaissait sur les nuages, les silhouettes s'estompaient. Et c'est alors que les éclairs zébrant le ciel néfaste s'accompagnaient de grognements fébriles tout autour de moi. J'entendis même quelques fois craquer les vitres comme si le verre commençait à se fendiller. Rassemblant mon courage, je me risquai à quitter mon lit pour tirer les rideaux. Mais alors, j'entendis des grattements contre le bas de ma porte.

  « Mes nerfs n'auront aucun répit », pensai-je.

  Ma fatigue était telle que je ne quittais plus, tout du jour, mes habits de nuit et mes chaussons. Je passais le plus clair de mon temps prostré dans un fauteuil, face à ma cheminée, ressassant ces souvenirs et ces nuits qui n'étaient plus des rêves. Un matin d'ailleurs, il me sembla même distinguer sur le tapis du vestibule, une empreinte boueuse. Mais ma lassitude prit tant d'ampleur que je ne m'émus pas de cette découverte. Je me répétais sans cesse, face à mon feu, qu'il s'agissait là de divagations de mon esprit. Mon moral cependant n'était plus au beau fixe et mon appétit s'en fit ressentir. Moi qui fus jadis un bon vivant, je ne me contentais plus que de pain et de fromage au déjeuner au dîner, passant sur le petit-déjeuner.

  Même mon miroir se montrait impitoyable. Pourquoi se plut-il tant, un matin, à me refléter sous un jour si désavantageux ? Sous mes cheveux en bataille, j'avais les yeux cernés, injectés de sang sous une peau noirâtre et des joues creuses. Que s'était-il donc passé ? Moi qui n'avais pas encore trente ans, voilà que j'avais déjà une chevelure blanchissant par endroits. Ce reflet me mis dans tous mes états. J'arpentais alors les couloirs d'une démarche traînante, en proie à une vive agitation. « Ce n'est pas bien, Jimmy », lançais-je quelques fois par-dessus mon épaule. « Pas bien... », continuais-je en marmonnant. Puis vinrent les tics nerveux. D'une seconde l'autre, ma tête s'inclinait seule de côté, sans que je ne puisse la contrôler. Mon crâne me démangeait sans arrêt. Je me frottais frénétiquement le poignet gauche. Un rictus douloureux et déplaisant déformait mes lèvres.

  Je n'en pouvais plus...

  Un jour, tentant de contrôler l'impulsivité de mes nerfs, je m'obligeai à me concentrer sur un point du salon. Avachi au fond de mon fauteuil, mon regard se posa machinalement sur le rebord de cheminée, où trônait cet objet recouvert d'une étoffe blanche. À cet instant, mes tics cessèrent. Je parvins même à retrouver la quiétude et le sourire, perdus depuis déjà bien des semaines. Les formes suggérées par le tissu me firent oublier le présent. Ce présent dans lequel je ne me sentais plus exister. Le silence pesant de la maisonnée ne m'oppressa point. Moi, je continuais à fixer ce linge blanc.

  « Ce n'est pas bien, Jimmy », murmurai-je avec un sourire.

  Sous l'effet d'un courant d'air, le voile frissonna. D'un coup je perdis toute joie. Toutes mes portes et fenêtres étaient fermées. J'ignorais d'où pouvait provenir ce filet d'air. Afin d'en acquérir la certitude, je me levai et fis l'inspection de chaque pièce.

  Rien.

  Sans doute était-ce le vent qui s'était engouffré sous la porte.

  Dans le vestibule, le carillon sonna douze coups. Je trouvai cela étrange car je ne pensai pas qu'il fût aussi tard. Aussi décidai-je de monter me coucher sans aucune crainte ce soir. Car j'avais trouvé le moyen d'annihiler mon anxiété. Passant d'abord par le salon, je récupérai l'objet sur la cheminée et le montai à l'étage. Arrivé dans ma chambre, je plaçai une chaise au pied de mon lit, sur laquelle je le posai, toujours recouvert de son étoffe. Quittant ma robe de chambre, je plongeai sous mes draps comme un enfant, heureux de retrouver la chaleur et la sécurité -du moins était-ce le sentiment qu'il me procurait- de mon lit. Le sommeil ne se fit pas prier et s'empara de moi en l'espace de quelques minutes. Déjà je me rêvai enfant, courant sur les terres du manoir familial, jouant avec mon chien, tantôt d'un bâton, tantôt d'une balle. Ah, ce défunt compagnon... Pourquoi étais-tu parti si précocement ? Nous avions encore tant de joies à partager... Je revis avec tant de bonheur ce jour où, après avoir maladroitement lancé ta balle, tu t'es retrouvé dans la fontaine du jardin. Puis tu revins à toute vitesse, balle en gueule, pour la déposer à mes pieds en t'ébrouant.

  La sensation, d'ailleurs, sembla traverser mon sommeil.

  Étrangement, je crus recevoir comme une goutte au niveau de mon front. Et la sensation que je me trouvai totalement oppressé... À demi réveillé, je passai une manche sur mon visage. Mais avant que je ne replonge, cette sensation rejaillit de nouveau.

  Une goutte.

  Puis une autre.

  Encore une.

  Cette fois, j'ouvris un œil, ne sachant plus si j'étais en train de rêver ou s'il commençait à goutter de mon plafond. La vision que m'offrit le rayon de lune me laissa transit d'effroi.

  Juste au-dessus de moi, se tenait la carcasse vivante du vieux malinois, sa langue au niveau de mon front. De deux yeux révulsés, il me fixait, ses pattes avant sur mon torse. Dans le raie de lumière, je m'aperçus d'une fine marque, dénuée de poils, au niveau de cou : la blessure qu'avait causé la corde.

  Malgré son état, l'animal n'avait pourtant pas l'air de me vouloir du mal. Il glapit d'ailleurs joyeusement à plusieurs reprises. Aussi ne me sentis-je plus effrayé. D'une main hésitante, j'allai pour le caresser cependant qu'il reniflât mes joues affectueusement. Mais lorsque ma main entra en contact avec son pelage, un coup de tonnerre ébranla le ciel illuminé d’un éclair. Il suffit d'une seconde pour que le défunt malinois, dans la lumière de l'orage, ne se métamorphose en créature de la plus grande horreur. Ses yeux révulsés disparurent, comme avalés par leurs orbites, les babines et les gencives se rétractèrent, et son pelage s'effrita sous mes doigts. Les glapissements se transformèrent en gargouillis rauques, exhalant une odeur nauséabonde de vase et de pourriture. Déplaçant ses pattes squelettiques sur ma gorge, je crus un instant qu'il voulait m'étouffer, mais il mesura sa pression. Dans un grincement d'articulation dépourvue de cartilage, l'animal se rapprocha de mes yeux, laissant ses dents goutter sur mes sourcils. J'entendis encore une fois sa carcasse expirer de tous ses os. Puis il s'immobilisa en me fixant de ses orbites creuses.

  Douze coups sonnèrent dans le vestibule.

  Comment cela se pouvait-il ? Je l’ignore. Minuit avait déjà bien sonné avant que je ne monte me coucher. Je ne savais comment l’expliquer.

  Au douzième coup, le malinois redressa vivement la tête et hurla à la lune. Au même moment, l'orage se déchaîna sur les vitres, le tonnerre gronda de plus belle et les éclairs déchirèrent le ciel, illuminant par saccade ma chambre. Ces secondes d'angoisse assaillirent mon cœur, tressautant de façon irrégulière. Au dernier éclair, mon effroi fut total. Au pieds de mon lit, l'objet avait disparu...

  D’un bond, je sortis de mon lit, en sueur et apeuré. La chaise fut renversée, mais aucune trace de mon trophée. Pas plus que du malinois. Tous deux s’étaient volatilisés ! Au-dehors, l’orage redoubla de violence, zébrant de ses raie de lumière blanche les tapis de ma chambre, lardés de coups de griffes. En examinant de plus près ma chaise, je m’aperçus qu’elle avait été rongée en un pieds, comme si un animal s’était acharné dessus.

  J’allumai une bougie afin d’inspecter les alentours.

  De part et d’autre de la chaise, on pouvait distinguer des empreintes noirâtres et boueuses. Celles d’un chien. Mais le malinois ne pouvait pas être encore en vie. C’était impossible ! Je l’avais repêché moi-même du fond du lac bien des heures après sa noyade. Je devais forcément être victime d’une aberration des sens. Résolu, je me mis à suivre la piste laissée sur mes tapis. Arpentant les couloirs baignés d’ombres inquiétantes et de grattements sans origine apparente, je fus bien étonné de constater que les empreintes m’emmenassent à mon bureau.

  À peine le seuil de la porte franchit, mon nez fut agressé par une odeur pestilentielle. L’on aurait pu croire à quelque mélange d’œufs pourris, mais cela s’approchât davantage d’un corps en décomposition. La fragrance fut telle que je recouvris mon nez d’un pan de mon peignoir. À la lueur de la flamme, je me dirigeai vers ma table de travail, d’où l’odeur semblait se faire plus forte. Posé sur l’amoncellement de mes papiers désordonnés, se trouvait mon trophée, toujours sous son linge blanc. Pourtant, il me parut plus petit qu’avant. Dans mes souvenirs, je le voyais bien plus grand. Pris d’un doute, autant que d’une crainte, je posai la bougie à proximité et ôtai le linge d’un geste sec.

  Mon cœur s’invita au bord de mes lèvres…

À côté du calendrier taché de sang sur la date du 26 Octobre, se trouvait la tête décapitée de mon espiègle compagnon d’enfance. Celui-là même qui mourut précocement vingt ans plus tôt et que mon père empailla afin que je ne me sente jamais seul… Mais je ne m’expliquais pas l’odeur ! Comment se pouvait-il… ? De la base de son cou fourmillait une demie douzaine de vers grignotant ses chairs. Cette vision défia mon entendement.

  Abasourdi, le regard hagard, je finis ma nuit devant la cheminée, perdu dans le vague. Mon esprit, en cet instant, n’était plus qu’un mélange de confusion, d’angoisse et d’effroi, tiraillé entre la réflexion et les douloureux souvenirs de mon passé.

  Ce sacré petit farceur s'amusait à m'éclabousser à peine sorti de la fontaine. Mais voyant ma mère apparaître depuis les fenêtres du salon, je voulus lui faire quitter les lieux afin qu'elle ne nous visse pas et ainsi, nous éviter à tous deux ses remontrances coutumières. Car Mère détestait le voir trempé. Lorsqu'il retournait à la maison, il salissait tout et obligeait les domestiques à nettoyer ses bêtises. Et comme ce n'était pas elle qui se chargeait de ces basses besognes, je ne voyais pas pourquoi cela la mettait en colère. Je me demande même si elle aimait vraiment notre chien.

  Toujours est-il que, approchant ma main trop vivement de sa tête, il enserra de sa mâchoire mon poignet, enfonçant ses crocs jusqu'à m'en faire saigner. J'aimais à croire, plus encore, j'étais convaincu qu'il n'avait agit que par réflexe, comme s'il s'était senti menacé le temps d'un instant. Mais le mal était fait. Succombant à la douleur, je ne pus réfréner un cri de souffrance.

  Et ma mère arriva en courant, catastrophée de me voir tenir mon poignet en sang.

  Devant le rebord vide de ma cheminée, je me rappelai à quel point j'aimais ce chien. Mon père avait raison, il était mon seul rempart contre la solitude. Et ce soir, je venais de le perdre pour la deuxième fois. C'était plus que je n'en pouvais supporter. Quel être ignoble avait donc pu décapiter un animal empaillé ? Comment pouvait-on éprouver tant de ressentiment à l'égard d'un être inanimé ?

  Lui qui était aussi mon rempart contre la folie, je venais de le perdre.

  Dans le bruit de la tempête, au-dehors, je commençai malgré tout à distinguer les balancements du carillon, battant inlassablement la marche du temps. Quelle heure pouvait-il bien être ? Je l'ignorai et ne voulus point le savoir, les yeux rivés sur les flammes dansantes.

  Mère fut dans tous ses états. Cet événement fut pour elle, celui de trop. Arguant que cet animal était devenu dangereux pour ma santé, elle obligea mon père à partager sa vision des choses, à savoir, se débarrasser de lui. Père tenta bien quelques temps de la raisonner, mais elle ne voulut rien entendre. Et mon chien sentit bien quelle était atmosphère à cause de lui. Je dis « à cause » car j’étais persuadé qu’il se savait responsable de la situation. Au fil des jours, il perdit de sa joie de vivre. Nous ne pouvions plus partager nos moments de bonheur. C’était fini. C’est à partir de cet instant, je crois bien, que je n’ai plus été heureux. Il ne gambadait presque plus, se faisant plus rare dans les couloirs et sur le domaine. Un matin, alors que le ciel présageait pourtant une journée de rêve, mon père retrouva mon compagnon inanimé au pieds de la fontaine, complètement mouillé. Il fut si affligé de me voir, le cœur brisé devant ce triste spectacle, qu’il décida d’apporter la dépouille à un taxidermiste. Quelques temps plus tard, il le ramena, dans l’espoir que la vue de mon défunt compagnon de jeu me rendrait le sourire.

  Il ne se trompa guère.

  Même si je savais que je ne jouerais plus jamais avec lui, que je ne connaîtrais plus ces moments bonheur, j’avais le cœur léger de le savoir près de moi. Mère, cependant, ne partagea pas mon engouement. Mais qu’importe…

  Au petit matin, je me résignai à enfourner sa tête dans un sac et sortis e direction du parc.

  Après avoir pris le petit sentier menant au lac, je bifurquai vers un coin, à l’écart. Là, au pieds d’un chêne, j’écartais les feuilles mortes avec l’intention d’enterrer ce qu’il restait de mon ami. Mais je fus bien surpris de remarquer qu’à cet endroit, la terre avait déjà été remuée. Sans doute était-ce l’œuvre d’un animal. Pourtant, je creusai. Sans avoir l’intention d’aller trop en profondeur. À cet instant, cette sensation d’être épié que j’avais ressenti plusieurs jours auparavant, m’envahit de nouveau.

  Je tournai la tête machinalement.

  Dans mon dos, se trouvai le médecin, le visage neutre et les mains dans les poches. Presque nonchalant. Lorsque nos regards se croisèrent, il me demanda ce que je faisais ici. Je lui narrai alors les événements récents et lui expliquai que j’étais venu enterrer les restes de mon défunt chien. D’une voix douce mais ferme, il me fit remarquer l’absence de sens logique de ma réponse. Se faisant, il ouvrit le sac et y plongea une main gantée. Lorsqu’il la ressortit, la tête empaillée me fit face. Il n'y avait nulle trace de sang, nul ver en train de grignoter quoi que ce fut. Dans le même temps, je me demandai pourquoi il m'avait suivi jusqu'ici. Et comme s'il avait deviné mes pensées, il m'annonça, une main chaleureuse sur mon épaule, qu'il s'inquiétait pour moi et comptait venir me rendre visite. Mais compte tenu du fait qu'il m'avait vu quitter mon domicile, il fit choix de me suivre.

  C'est alors seulement que je vis s'agiter dans son dos, un merveilleux malinois dans la force de l'âge. Il lui adressa quelques mots et le magnifique animal s'approcha joyeusement de moi. Fort étonné, mes tics refirent surface. Sans que je ne m'en rende compte, je malaxais de ma main droite mon poignet gauche et mon visage se crispait par saccades. Puis, délaissant mon poignet, je commençai à caresser ce chien. Tendrement d'abord, puis plus énergiquement.

  « Ce n'est pas bien, Jimmy... »

  Alors qu'il glapissait de plaisir, mon ami m'arrêta brusquement. Sa réaction me causa comme un électrochoc. Non seulement je ne caressais plus l'animal, mais mes mains enserraient peu à peu son cou, provoquant ses suffocations. Il ne glapissait pas de bonheur, il souffrait. J'étais en train de le tuer...

  Et des éclairs de lucidité m'assaillirent tout à coup !

  Je me revis passer la corde au cou du malinois, le jeter à l'eau en l'ayant lesté d'une barre et m'enfuir en courant. Je me revis trébucher et heurter la tête contre la roche.

  Je me revis étrangler, torturer, dépecer chacun des habitants de ce lac et les imaginer se putréfier pour ma plus grande joie. Je me revis, oui, toutes ces soirées de pleine lune, invitant tous ces chiens à jouer avec moi.

  Je me revis, enfin, jouer avec Jimmy ce fameux jour lorsqu'il me mordit et quelques jours plus tard, lui tenir la tête à deux mains sous l'eau de la fontaine. Ce délicieux moment où sa queue s'arrêta de remuer. À jamais...

  Ce n'est que plus tard, que le médecin m'avoua avoir pris conscience de mon état lors de notre toute première conversation. Mais je n'en avais que faire, car aujourd'hui ce médecin -cet ami- était auprès de moi, tentant encore de percer à jour -outre la morsure passée- la raison véritable de mon ressentiment.

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