SANS SUITE 9/ Jour 3 : Révélations de John (1)

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Oh non ! Mon alarme sonne déjà ! J’ai l’impression de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit. Lukas ? Qu’est-ce qu’il fait encore là ? Il s’étire et tourne la tête vers moi, un sourire éclatant sur les lèvres.

— Tu es encore là ? lui demandé-je, suspicieuse.

— Humm, oui.

Il m’enjambe et appuie ses deux mains sur mes épaules pour m’obliger à m’allonger sur le ventre. Ses lèvres embrassent mon cou, mon dos, parcourent mon corps courbaturé.

— Non, Lukas. On n’a pas le temps.

Il émet un grognement pour toute réponse. Je tremble lorsque ses baisers humides glissent sur mes hanches, et ma raison s'effondre quand sa langue suit la ligne de mes fesses. Il me permet de me retourner pour aussitôt coller sa bouche à la mienne. Il se presse contre moi, ses deux mains sous mon dos, pendant que nos jambes se mêlent.

— Lukas, on n’est pas protégés.

Un nouveau grognement prouve son agacement, mais il s’écarte et s’empare d’un petit sachet sur la table de chevet. À quel moment l'a-t-il déposé là ? Dois-je me réjouir de sa prévoyance ? Monsieur Parfait aurait-il préparé son coup ? Peu importe, à genoux derrière lui, je caresse son torse et joue avec ses tétons alors qu’il enfile le préservatif.

Nous nous rallongeons, lui sur moi, pour reprendre notre baiser. Des sursauts me secouent lorsque ses doigts effleurent mon sexe. Il secoue la tête, râle et plonge son visage dans mon cou. Nos mains s’entrelacent sur l’oreiller, et les yeux dans les yeux, il me pénètre. Sa respiration est rauque, la mienne haletante. J’ai besoin d’être délivrée de ce feu qui embrase tout mon corps. La voix d'Angie dans le couloir coupe court à mes gémissements :

— Lukas ? Tu n’aurais pas oublié ton réveil, par hasard ? Lukas ! Tu es là ? s'impatiente-t-elle en s'énervant sur la poignée.

Il ramène nos doigts sur ma bouche pour m’exhorter au silence. Ma tête virevolte de chaque côté, à la recherche d’air, proche de la suffocation. Il faut qu’il arrête ses mouvements de va et vient dans ma chair.

Sybille m’appelle à son tour. Elle frappe à ma porte.

— Carly, tu es là ?

— Humm, oui ! Va-t’en ! Non, pas toi ! Continue…

Mon corps capitule, explose en une myriade de sensations. Lukas grogne dans mon cou. Il a resserré son étreinte, comme s’il cherchait à échanger nos émotions.

Puis, quelques minutes plus tard :

— Lève-toi et vas les occuper, que je puisse sortir d’ici, grince-t-il.

— Je suis désolée…

Je ne comprends plus rien, il donnait pourtant l'impression de prendre autant de plaisir que moi. Mes excuses et tentatives pour expliquer mon manque de retenue ne l'intéressent pas :

— Ne discute pas et fais ce que je te demande.

Je prends sur moi pour ne pas lui hurler dessus. Je savais à quoi m’attendre. Le retour de Cro-Magnon était d'une évidence que seule une idiote comme moi pouvait oublier. Qu’il aille se faire voir.

J’enfile rapidement ma robe blanche, froissée, pleine de sable et me hâte de quitter ma chambre. S’il pouvait emmener ma bêtise avec lui en partant, ça m’arrangerait bien. Maintenant, il va falloir affronter les autres. Pfft, la journée commence bien.

Je les trouve sur la terrasse, devant leurs cafés.

— Salut.

— Carly ! Je n’ai pas très bien compris ce que tu disais tout à l’heure.

Ça m’aurait étonnée que Sybille n’en remette pas une couche.

— Laisse tomber. Aucune espèce d’importance.

— Je vois. Heu, désolée de vous avoir interrompus.

Elle me fixe en souriant d’un air entendu, sa tasse au bord des lèvres. Si elle savait...

— Carly, tu devrais avertir mon frère qu’il est temps qu’il se prépare, fulmine Angie.

Son regard me foudroie. Il est plus sombre que les nuages avant l’orage. Pourtant elle ne m’impressionne pas, elle.

— Fais-le toi-même.

La cuisine me sert de refuge. La porte du micro-ondes claque avec colère quand je la referme après y avoir déposé un bol de lait. La voix de Lukas se fait entendre, dehors. Par où est-il passé ? Je suis sure qu'il n'a pas traversé le salon. La fenêtre ! Il espère faire croire que c’était quelqu’un d’autre dans ma chambre, qu’il a passé sa nuit ailleurs. Il prend vraiment les gens pour des imbéciles ! Bref, le temps me manque pour ouvrir mon ordinateur et savourer ma Ricoré dans la tranquilité. Alors j’en avale une gorgée rapide, jette le reste dans l’évier et range mon récipient dans le lave-vaisselle. Avec autant de rage que le four pour essayer de masquer leurs visages et leurs voix. Vaine tentative qui me pousse à me cacher dans la salle de bain, pas encore assez loin d’eux.

Une cascade d'eau tiède coule sur ma peau quand on frappe encore à la porte. Lukas me demande si j’en ai pour longtemps.

— Oh que oui ! Je dois m’épiler, passer de la crème sur tout mon corps endolori, me sécher les cheveux puis les lisser. Mais pour une raison obscure, je me suis levée en retard, alors je vais oublier le maquillage. Ceci dit, je suis tellement fatiguée, toujours sans que je sache pourquoi, que tout cela risque de me prendre au minimum une heure trente. Donc, je te conseille d’aller te doucher dehors, dans les douches communes. Avec un peu de chance, tu y trouveras de quoi t’amuser.

J’en ai un peu rajouté, c'est vrai. Il va trépigner quelques instants, et finir par suivre mon conseil. Dans mes rêves :

— C’est bon, tu as fini ? Passe-moi ma trousse de toilette.

— Non. Désolée, je suis sous la douche, je ne peux pas. Maintenant, vas voir ailleurs. Tu me fais perdre un temps précieux, je hurle, en massant mes cheveux.

— Donne-moi ce que je t’ai demandé et je m’en vais.

— Appelle ta sœur. Je vais lui donner.

— Tu as peur que je me serve encore de toi ?

— C’est ça.

— Il faudrait que j’aie faim.

— C’est ça aussi.

Pourquoi fait-il preuve d'autant de mépris envers moi ? Agit-il ainsi avec toutes les femmes auxquelles il offre une nuit ? J'en viens à me demander si celle qui lui résistera n'obtiendra pas son respect.

Dans la voiture, mes amies me posent tout un tas de questions auxquelles je n’ai aucune envie de répondre. Malgré quelques commentaires insignifiants, elles se montrent avides de détails.

— Ok, ok. C’était pas mal, et oui, on l’a fait plusieurs fois. Mais cela ne se reproduira pas car j’ai passé l’âge des gamineries dont il a fait preuve ce matin. Ce type connait son pouvoir de séduction et il en joue. Qu'il aille voir ailleurs. Point final.

— Comment tu te sens ? s'inquiète Leandra. C’est la première fois depuis le décès de Christophe.

— Non, ce n’est pas la première fois. Stop, pas de questions. Les aventures sans suite sont parfaites, pas de sentiments, pas de comptes à rendre. Je refuse de me laisser piétiner par un homme sans cœur du genre de Lukas. Sinon, vous en êtes où John et toi ?

— Pas mal non plus. Même très pas mal, ricane Sybille, le regard chargé de sous-entendus.

— Bien, des détails alors ?

Je la taquine, mais surtout, je lui renvoie la question qu’elle m’a posée à maintes reprises.

— On ne l’a fait qu’une fois, mais c’était… époustouflant. John se révèle très… imaginatif.

— Ah ça, on n’en doute pas ! rétorque la douce Leandra.

Nous éclatons de rire toutes les trois.

— Nous sommes arrivées, les filles, j'annonce en reprenant mon sérieux.

Lukas, sa sœur et son ami ne nous ont pas attendues. Tant mieux, car je suis fatiguée et n'eprouve aucune envie de me quereller avec lui. L’éviter et l’ignorer jusqu’à mon départ font partie de mon leitmotiv depuis ce matin.

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