SANS SUITE 20/ Jour 4 : Soirée en discothèque (3)

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Lukas me surprend en s’emparant de la bouteille pour faire le service. Je me désintéresse de lui et trinque avec Mickaël.

— À une amitié naissante.

— À notre amitié, Carly.

— Excellent choix, Mickey, Minnie fait preuve de facilités étonnantes.

Je manque de m’étouffer. Comment peut-il dire une telle chose ? C’est sa façon à lui de contenir sa rage, de rappeler sa présence, et d’interférer dans des relations où il n’a pas sa place.

Je le rappelle à l'ordre :

— Lukas !

— C'est toujours bon à savoir, n'est-ce pas, Mickey ?

— Mickaël, répond l'interpellé, le visage sévère.

— Ouais, bref ; Carly est une petite joueuse, je pensais de mon devoir de t’en informer.

Sans me quitter des yeux, un rictus mauvais sur les lèvres, il emprisonne mon pied entre les siens. Je tente de me libérer, mais ma sandale à strass ne fait pas le poids contre ses sempiternelles grosses bottes de motard.

Sybille se détache de John qui suit la scène avec un intérêt certain. L’irritation se lit sur le visage de mon amie :

— Que les choses soient bien claires. Si vos perpétuelles disputes nous ont bien fait rire jusqu’à présent, on en a maintenant tous plus qu’assez. Alors prenez votre pied de la manière qu’il vous plait, mais faites le loin de nous ! Ou fermez-la !

Je ne tiens pas compte des exigences de Sybille et rétorque en m'adressant à qui voudra bien entendre :

— Voyez-vous, Cro-Magnon, ici présent connait un certain manque d’endurance. Je vous assure qu’il peut se montrer…

— Carlyane ! Non. S’il te plait, me coupe Lukas, pressant.

Serait-ce une supplique ? Ça y ressemble beaucoup. La surprise de John me conforte dans cette idée. C’est la première fois qu'il utilise mon prénom dans son intégralité. Comme je n’ai pas spécialement envie de leur raconter nos nuits, je préfère laisser tomber, et fort heureusement, personne n’insiste.

Angie nous rejoint à ce moment, et elle s’intéresse aussitôt à l’homme assis à mes côtés, Mickaël, qui ne reste pas indifférent à son charme. Je le préviendrais bien de ce qu’il risque à se frotter à cette vipère, mais il m’a assurée de son jugement fiable. De plus, je ne crois pas être la personne la plus apte à prodiguer de tels conseils.

Sybille et Leandra sont retournées sur la piste de danse et John en profite pour nous rappeler à l’ordre :

— Alors, lequel de vous deux est le plus joueur ? Je donne l’avantage à Carly, car sans ton intervention, Lukas, elle nous aurait dévoilé des détails croustillants. Tu ramollis, Fry. Vas-tu en rester là ?

Lukas prend le temps de réfléchir avant de me faire signe de le suivre parmi les danseurs. Je suis indécise, mais après tout, c'est moi qui ai lancé ce défi minable. Je m'excuse donc auprès de Mickaël, accaparé par Angie qui l'assaille de questions. Je vois bien que mon interruption la dérange, mais je n'en ai rien à faire.

Je rejoins Lukas sur la piste. Il me saisit par la taille et m’attire contre lui, pour entamer une danse proche de celle qu’il a partagée avec la blonde. Sauf que nous sommes enlacés. Nos lèvres se frolent. L'une de ses mains se pose sur ma hanche tandis que l’autre se promène sur ma peau, jusqu'à effleurer le bord de mon sein. Mes doigts trouvent un passage sous son tee-shirt et remontent sur ses épaules, où mes ongles se plantent pour m’empêcher de défaillir. Nous remuons en parfaite communion, emportés par la force de notre désir et le rythme de la musique. Sa bouche se colle à mon cou et je rejette la tête en arrière ; il frotte son érection contre moi. Il me force à reculer jusqu’à un pilier contre lequel il m’appuie, puis il glisse sa main le long de ma cuisse, pour enfin la soulever et me serrer, encore.

— On s’en va, murmure-t-il, haletant.

— Non, la soirée n’est pas terminée.

— Carly, tout le monde nous regarde. Je ne suis pas un exhibitionniste, implore-t-il.

— Ne t’inquiète pas, moi non plus.

Je me dégage à regret et retourne m’assoir. J’ai chaud. Je me liquéfie. Je termine ma coupe de champagne cul sec. Il ne m’a pas suivie. J’espère qu’il n’est pas parti retrouver sa blonde pour assouvir son besoin. Là, j’aurais vraiment très mal. John, collé à Sybille, me tire de mes pensées :

— C’est chaud, vous deux. Vous avez mis le feu à la salle sans même vous en rendre compte. Lequel a repris ses esprits le premier ?

— Il voulait partir, j’ai refusé.

— Tu conserves l’avantage, dans ce cas, apprécie-t-il.

Je remarque alors qu'Angie et Mickaël ne sont plus là, mais j’ai toujours aussi chaud et les idées trop embrouillées pour m'attarder sur leur absence. Leandra remarque mon état et me propose de m’accompagner jusqu’aux toilettes, où je trouverai un peu d’eau fraîche à passer sur mon visage. Nous n’avons pas encore atteint la porte que Lukas surgit devant moi. Je comprends mieux sa disparition. Il s’était réfugié chez les hommes. Je le contourne et fonce me mettre à l’abri de cette attirance que je ne contrôle pas du tout. Je m’appuie au bord du lavabo, le temps que ma respiration reprenne un rythme à peu près régulier.

Une femme me demande si je vais bien et je lui réponds piteusement par l’affirmative. Elle recule en regardant droit devant elle, puis se précipite vers la sortie. Toujours penchée au-dessus du robinet, j'aperçois Leandra qui prend le même chemin. Je reconnais une paire de chaussures, arrêtées devant l'issue. Mes yeux remontent sur leur propriétaire. Lukas. Il est bien entré dans les toilettes des filles. Il a fait ça ! Son expression est grave. Il franchit le mince espace qui nous sépare, me prend brutalement par les hanches, et me pousse contre le mur. Mes jambes se sont nouées autour de sa taille pendant que nos lèvres se retrouvaient. Il me maintient fermement contre lui, pousse du pied la porte d’un cabinet et la bloque de son dos pour nous enfermer à l’intérieur.

— Lukas, nous ne sommes pas seuls. Toutes ses femmes à côté…

— Chut. Pas de bruit. Elles ne peuvent pas nous voir et elles ne vont pas passer le reste de la soirée ici.

— Quand même…

— Petite joueuse, murmure-t-il, taquin.

Très fort. J’ai l’avantage et je compte bien le conserver. Je bouge mon bassin de quelques centimètres afin de déboucler sa ceinture et son jean. Il a déjà remonté ma jupe et caresse l’intérieur de mes cuisses du bout des doigts. Je ne peux retenir un petit cri de surprise lorsqu’il en enfonce un en moi. Sa bouche me murmure un nouveau « chut » en riant, avant de laisser sa langue s’enrouler autour de la mienne. Il change de position pour me coller à la porte. J’arrive enfin à le débarrasser de ses vêtements et il cherche aussitôt à me pénétrer.

— Lukas, tu es protégé ?

Il râle mais me repose au sol pour fouiller dans ses poches. Est-ce une habitude chez lui de se balader avec des préservatifs ? Il faudra que je pense à lui poser la question, par curiosité.

Ses yeux sont brûlants de désir lorsqu’il se tourne à nouveau vers moi. Il me reprend dans ses bras avec empressement pour m’embrasser avec avidité. Puis ses deux mains sous mes fesses, il me relève et s’introduit enfin en moi.

Le déferlement de sensations a bien failli nous délivrer tous les deux.

— Pas si vite. Carly, si je bouge, je pars.

Il chuchote. Moi aussi.

— Je sais. Je ne tiendrai pas non plus.

Il se retire et recommence une dernière fois, laissant l’orgasme nous envahir tous les deux. Nous avons fait le moins de bruit possible, mais sommes incapables de retenir nos derniers soupirs. Je suis surprise de ne pas entendre de rires ou de commentaires à proximité. Il se rhabille et s’en va, sans un mot, sans un regard, comme à son habitude.

— Tu peux sortir, il n’y a personne d’autre que nous, m'informe-t-il malgré tout avant de quitter l'espace féminin.

Je prends alors conscience du lieu où je me trouve et de ce que je viens d’y faire. Qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi cet homme a-t-il une telle emprise sur moi ? Suis-je tellement en manque d’affection depuis la mort de Christophe ? Je devrais dire en manque de sexe, car Lukas est tout sauf affectueux.

Je m’asperge le visage d’eau fraîche quand la porte laisse entrer Sybille et Leandra.

— Pourquoi n’y avait-il personne dans les toilettes ? demandé-je. C’est plutôt inattendu dans une boîte bondée de monde.

— John montait la garde, m'informe ma meilleure amie.

Je suis interloquée :

— John ? Quoi ?

— Leandra nous a dit que Lukas avait surgit dans les toilettes des femmes, m'explique-t-elle, le regard chargé de reproches. John a râlé, mais il voulait à tout prix protéger votre « intimité ». Devant la porte, il disait aux gens que ça ne serait pas long. Il est plutôt perspicace, non ?

— Pas bien compliqué. Avec Lukas, c’est toujours rapide, je marmonne.

— Vous jouez à quoi, tous les deux ? s'informe-t-elle, les sourcils froncés. Mis à part action/vérité et petits joueurs ?

— Justement, lors de cette première soirée, vous nous avez poussés à nous rapprocher, si ma mémoire est bonne. Alors que rien ne nous prédisposait à ça. Bien au contraire. Ceci dit, c’est un bon coup. J’aurais tort de ne pas en profiter, vous ne croyez pas ?

Je sors. Je n’ai pas besoin d’un sermon. Je suis assez grande pour m’insulter toute seule.

Par chance, la musique s’est arrêtée, et la discothèque se vide petit à petit. Lukas et John nous attendent au bar. Je ne vois pas Angie. Tant mieux. Je repense à Mickaël. Sont-ils ensemble ? Je n’ai pas à me préoccuper de ça. J’espère qu’il prend du bon temps, vraiment, mais qu’il aura assez de force pour ne pas tomber dans le même piège que moi.

Nous regagnons notre villa à pied. La fatigue commence à se faire ressentir. Les deux hommes ferment la marche, à quelques pas, silencieux. Mes amies me posent tout un tas de questions à propos de Mickaël. Ne serait-ce pas l’un des vendeurs de piscines ? Comment sommes-nous devenus amis ? Ai-je l’intention de le revoir ? N’est-il pas séduisant ? Je sais très bien ce qu'elles essaient de faire. Elles cherchent à diriger mon attention sur un autre homme que Lukas et Mickaël tombe à pic. Ça prouve au moins que je choisis bien mes amis, puisqu'elles l'apprécient si vite.

Malgré ma lassitude, je ne parviens pas à m’endormir. Je me décide à me relever pour fumer une dernière cigarette. J’enfile rapidement un tee-shirt et me rends sur la terrasse. Qui n’est pas vide. Nos colocataires sont attablés avec Sybille et Angie est avec un homme que je ne connais pas.

— Je ne suis pas conviée ? je demande sur le ton de la plaisanterie.

— Tu devrais retourner dormir, Carly. Une longue journée nous attend demain, m'apprend Lukas.

J’essaie de comprendre où il veut en venir, sans succès. Les autres le regardent avec surprise et curiosité aussi.

— Tu te souviens de Monsieur Madma, Carly ? continue-t-il. Il m’invite à un cocktail demain soir et il m'a demandé de venir accompagné. Il a ajouté que sa femme serait ravie de te revoir. Donc, tu n'as pas le choix ; tu viens avec moi.

— Je vais y réfléchir.

— Une virée en amoureux, ricane John.

— Non, John. Il s'agit d'une soirée d'affaires, rétorque son patron avec sévérité.

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