Pépé,

  Ce soir assise devant mon écran je repense à toi. Tu nous a quitté il y a déjà quatre ans mais tu me manques. On était pas très proches voir pas du tout. Comment aurions-nous pu ?

 Ce n'était pas la façon de fonctionner de notre famille, du moins de ce côté là de la famille. Je sais que c'est pour cela aussi que papa aura toujours du mal à nous dire qu'il nous aime. Je sais que ces petits mots se retrouveront dans ses gestes au quotidien. Tu as dû être ce genre de père aussi je présume.

 Même de ton vivant tu n'as jamais pu nous voir évoluer. Pas depuis que la maladie est passée par là. Pour certain de tes petits enfants tu ne les auras jamais vraiment connus même s'il venait chez toi tous les jours. Ils sont nés bien plus tard. Et pour d'autres tu ne seras que les pièces d'un puzzle de photos et de souvenir.

 Nous vois-tu de là où tu es ?

Savais-tu que ta maladie et surtout ton départ aurais fractionné la famille à ce point? Tu étais tout ce qui faisait que la famille pouvait encore s'appeler comme ça. Tiens! une fois j'ai recroisé Camille. Cela faisait plus d'un an que je ne l'avais pas revue, le comble lorsque l'on sait qu'elle habite à six cent mètre de chez moi, elle m'as demandée comment je m'appelais. Tu t'imagine ? Ma cousine que j'ai souvent porté quant elle était bébé ne se rappelait plus de mon prénom.

 Mémé va bien. Du moins elle le prétends.. Elle prends de l'âge et la solitude après ton départ se fait de plus en plus ressentir. Je me suis toujours demandé si vous vous êtiez aimés un jour. Peut être au début. Il faut de l'amour pour donner vie à autant d'enfant, non ?

 Bref, je m'égare encore. J'aimerais que tu sois ici, que tu nous racontes tes souvenirs d'antan. Qu'en nous coupant des bout de cannes tu nous racontes les bêtises qu'avez fait mon père et ses frères et soeurs. J'aimerais que tu sois là pour que je te présente l'homme avec qui j'ai décidé de faire ma vie. Que tu me racontes tes ressentit quand mon père vous a ramené ma mère. J'aimerais encore t'entendre chanter nos vieilles chansons.

 Quand je regarde mon père je te revois souvent et je me dis que j'aimerais n'avoir jamais vu mon père s'effondrais.

                                     Tu me manques,

                                       ta petite-fille