Épilogue

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Isaac traversa la ville pour se rendre au terminal des bus. Là, les gens s'affairaient plus que de raison. Dans cette fourmilière humaine, impossible de distinguer qui que ce soit mais il savait exactement qui chercher.

 — Madame Kuzi ?

Il avait délibéremment coupé la route de cette passante visiblement pressée sans pour autant paraître impoli. D'ailleurs, il fit quelques pas à ces côtés.

 — Oui. C'est pourquoi ? demanda-t-elle gentiment.
 — Je ne vous importunerai pas longtemps. Je suis monsieur Martin. Je cherche à joindre votre mari. Nous avons fréquenté la même classe quand nous étions jeunes et, nostalgie oblige, j'essaie de regrouper les anciens camarades. Ça peut paraître idiot, n'est-ce pas ?

Isaac sourit maladroitement, feignant un air gêné. La femme s'arrêta et le dévisagea un court instant.

 — Non, ça n'a rien d'idiot. Ça relève de l'enfantillage tout au plus. Je pense que ça vous passera.

Elle sourit parce que l'homme en face d'elle semblait approcher la soixantaine.

 — Concernant mon mari, vous ne le savez peut-être pas, mais...

Elle fit une pause. Elle regarda vaguement la foule qui passait. Isaac crut voir ses yeux se remplir de larmes.

 — Il est très malade. J'ai tout essayé et croyez-moi, je pense qu'il n'en a plus pour longtemps.

Cette fois-ci, elle fondit en larmes. Surpris de la voir passer aussi rapidement d'un état émotionnel à un autre, Isaac lui saisit la main qui tremblait. Contre toute attente, elle ne refusa pas ce moment de réconfort de la part d'un parfait inconnu.

 — Je suis désolé, enchaîna-t-elle. C'est la première fois que quelqu'un demande de ses nouvelles, quelqu'un que je ne connaît pas de surcroit.
 — Ne vous inquiétez pas, Madame. Il se trouve que je suis docteur, spécialiste des infections pulmonaires. Je n'ai pas voulu vous le dire tout de suite avant d'être sûr d'avoir affaire à la bonne personne. Je le cherche depuis plusieurs semaines, vous savez.
 — Vraiment ?
 — Oui. Le fait d'être dans la même classe quand nous étions plus jeune joue en sa faveur. Vous vous rendez compte, un médecin !

Isaac avait exagéremment sourit.

 — Vous pensez qu'aujourd'hui, en 2031, il existe un remède à ce mal ? déplora-t-elle. Il a déjà vu des dizaines de spécialistes. Maintenant, il est terrorisé à l'idée même d'en rencontrer un autre. La solution existera peut-être un jour, je n'en doute pas, mais pas de son vivant, j'en ai bien peur.
 — Madame, ce que je vais vous demander est probablement difficile à faire. Venant d'un inconnu prétendument médecin...
 — J'ai envie de vous faire confiance, coupa-t-elle. Je ne saurai vous dire pourquoi. Parfois, il faut suivre l'intuition du moment, n'est-ce pas ?
 — Je suis d'accord avec vous Madame Kuzi.

Isaac afficah un large sourire cette fois-ci.

 — Il se peut que votre mari ne se souvienne pas de moi. Ce n'est pas grave. Disons que je ferai partie d'une longue liste de docteurs qui ont essayé de l'aider. S'il vous plaît, donnez-lui ça.

Isaac tendit un flacon transparent dans lequel il y avait un liquide orange vif. Aucune étiquette, ni de marque d'un laboratoire quelconque. Il prit soin de l'emballer dans un petit mouchoir qu'il entoura d'un gros élastique.

 — Faites-lui trois injections par jour pendant 9 jours. Ça le remettra sur pied. Il ira mieux rapidement.

Madame Kuzi ouvrit les yeux tout grand. Aucun médecin jusqu'à maintenant n'avait agi de cette façon. C'était souvent en des termes techniques qu'ils s'adressaient à elle et son mari sans jamais dire ce qu'il en était véritablement. Lui était direct, précis et sûr de lui.

 — En désespoir de cause, je ferai ce que vous demandez, Monsieur.

Elle fit de nouveau une pause.

 — Monsieur comment déjà ?
 — Monsieur Martin, Jacob Martin. De là où je viens, ce traitement a un taux de réussite incroyable sur les cas comme votre mari, enchaîna-t-il.

Madame Kuzi le fixa encore une fois. Elle était intriguée par cet inconnu si généreux. Il se dégageait cependant beaucoup de bonté et un désir impérieux de sauver son mari. Elle l'avait senti.

 — Je vais le faire Monsieur... Martin... Jacob.

Cette fois-ci, dans le ton de sa voix et son regard rieur, elle lui signifia qu'elle avait compris à propos de son identité.

 — Qui que vous soyez, Monsieur, je ne mentionnerai pas votre nom, ni même cette rencontre, ne vous inquiétez pas. Je me contenterai de lui dire qu'un nouveau traitement vient d'arriver.

Après l'avoir saluée, Isaac s'éloigna et finit par disparaitre dans la foule. La femme serra fort le flacon contre elle.

 — Si seulement cela pouvait sauver Luciath, s'interrogea-t-elle.

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