Après la mort, la vie (suite et fin)

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— Tu es donc convaincu qu’il est détenteur de beaucoup de mana ? Suffisamment en tout cas pour devenir guérisseur à son tour ?

— Sans doute un très bon guérisseur même. Il en ait de même pour ce jeune garçon que tu as recueilli, Isatis. Lorsque l’âme de ton beau-père a quitté ce que tous pensaient être ton enveloppe, il est le seul à avoir remarqué la supercherie. Sincèrement je regrette de ne rien lui avoir dit pour le préparer à cela car il m’a eu l’air particulièrement troublé par cette vision.

— Comment cela ?

— Il a refusé de m’en dire davantage mais je crois qu’il serait bon que tu l’interroges à ce propos dès que possible. Pour le moment, je ne crois pas qu’il serait judicieux qu’il vienne de notre côté du campement car cela soulèverait trop de questions. Toujours est-il que pour qu’il ait une vision aussi nette de cela, il doit avoir un don puissant. Le marabout m’avait prévenu que c’était le seul moment pendant lequel il serait possible de découvrir la vérité. Il m’avait demandé de bien observer l’assistance et en particulier son petit fils. Une fois de plus, tout s’est déroulé comme il l’avait prévu.

— Je n’arrive toujours pas à comprendre la raison qui l’a poussé à donner sa vie pour moi. Pourquoi avoir pris autant de risques ?

— Non, sérieusement, tu croyais vraiment que nous allions assister à toute cette mascarade sans intervenir ?

La réaction de Zarhan devant sa réparti le fit partir dans un rire gras.

— De là à sacrifier une autre vie pour la mienne…Et puis à dire vrai, je ne savais plus quoi penser après t’avoir vu à mon procès.

— Pour le moment, tu nous es plus utile mort que vivant et je devais faire croire que je me dissocier de toi. Nous sommes plusieurs Chef de Clan à penser que bientôt notre peuple devra reconnaître que tu peux guider ton peuple vers le renouveau.

— Toi mon plus vieil ami, tu conspires contre le Massaké ? demanda-t-il effaré de l’avoir si mal jugé.

— Allons mon vieil ami, tu vas finir par m’offenser par tes propos. Ne me regarde pas de cette façon, on dirait que je t’ai trahi de la plus ignoble façon.

— Je ne pensais pas que tu étais un de ceux qui se dresseraient contre le Massaké.

Jobuloni prit un air sérieux.

— Cette fois, il est allé trop loin. Les choses sont en train de bouger un peu partout dans le pays. Comme je te l’ai dit les nouvelles du Sud ne sont pas bonnes ce qui peu à peu convainc les réticents.

— Quelle nouvelles ?

— La faille qui s’est ouverte sur l’ancien territoire des Dankils s’est encore agrandie. Les secousses ressenties sur mes terres sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus importantes. Plusieurs volcans ont recommencé à fumer et j’ai dû faire évacuer plusieurs tribus ; sans compter la sécheresse qui a réduit de moitié nos troupeaux. Je n’aurais jamais cru pouvoir dire une telle chose un jour mais, pour la première fois de ma vie, j’ai peur pour les miens. Et puis, plus grave encore car sans précédent, la terre a commencée à trembler ici aussi, le jour de ton exécution.

Zarhan tiqua devant cette affirmation et Jobuloni se reprit :

— Enfin, celle de ton beau père. Je crains que nous ne soyons bientôt plus en sécurité nulle part. Mais laissons tout ceci de côté pour le moment et raconte-moi plutôt ta rencontre avec le Tout Puissant. Il parait que tu t’es montré héroïque.

— En réalité c’est Bichegna qui s’est montré héroïque en assassinant ce traitre d’Idriss. Si seulement le Massaké n’était pas arrivé à ce moment précis, tout aurait pu être différent. Nous aurions pu accuser les pillards et personne n’aurait pu contester puisque leur propre chef était mort.

— Tu veux dire que c’était lui qui détruisait les oasis ? Jobuloni sembla interloqué par cette nouvelle.

— Tu l’ignorais ?

— Comment aurais-je pu en avoir connaissance ? Au sud du Royaume nous sommes le plus souvent très isolés et la plupart des nouvelles m’arrivaient par la voie officielle.

Jobuloni réfléchit quelques instants avant d’ajouter : et j’imagine que les Chefs de tribus sont au courant ?

— La plupart.

— Parfait, cela nous aidera le moment venu.

— Que veux-tu dire ?

— Ton beau père était un homme plein de sagesse. Il savait qu’Hakim à lui seul ne réussirait pas à convaincre les Chefs de s’allier contre le Massaké mais, si tu es à ses côtés, tu sauras les convaincre. Tu es un Chef de Clan depuis la mort de ton père et tu es donc digne d’être écouté et reconnu comme Chef.

— C’est mon frère le Chef de mon clan. J’ai renoncé à cette position il y a quelques temps.

— Je suis au courant de cela mais, lorsqu’il te saura en vie, puisque tu es l’aîné, ton frère ne pourra que te passer les rênes.

— Tu ne comprends pas. Ce n’est pas simplement entre mon frère et moi. J’ai volontairement annoncé au Prince que je n’étais plus digne d’être Chef de Clan et je ne reviendrai pas sur ma parole.

— Foutaises, s’emporta Jobuloni. Notre survie en dépend et ton foutu orgueil n’a pas sa place ici.

Zarhan leva la main en signe de paix. La dernière chose qu’il voulait été de renoncer à l’amitié de Jobuloni.

— Quand bien même cela fut possible, tu as assisté toi aussi à mon procès. Les chefs dont tu espères le soutien avaient l’air bien trop heureux de me voir condamner pour imaginer qu’ils acceptent une quelconque allégeance.

— Qui te dit que, comme moi, ils ne jouaient pas la comédie pour satisfaire leur souverain ?

— Suis-je donc le dernier dans le Royaume qui attache de l’importance à nos valeurs ? s’insurgea Zarhan.

— Zarhan, mon ami, la voie de la sagesse n’est pas toujours celle que l’on croit. Il ne s’agit pas ici de trahir notre souverain mais de sauver notre peuple.

— Il ya encore quelques jours j’avais accepté ma mort et voilà que tu me demandes de vivre contre toutes mes convictions. Je dois réfléchir à tout cela avant de m’engager.

Le fils de Jobuloni passa la tête sans s’annoncer. Il ne salua pas Zarhan et se contenta de dire à son père qu’ils allaient être en retard. Ce dernier hocha la tête et se tourna de nouveau vers Zarhan.

— Bien sûr. Je comprends. Pour le moment repose-toi et reprends des forces. J’ai beaucoup à faire de mon côté. Si tu le veux bien nous en reparlerons demain.

Une fois laissé seul, Zarhan rumina tout ce qu’il venait de découvrir. Le fils de son ami semblait irrité par sa présence. Comment réussirait-il à convaincre les autres Chefs si les propres fils de ses alliés ne le respectaient pas ? Quels que soient les choix qu’il devait faire, la route s’annonçait difficile et périlleuse.



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