33. Plongée dans le bonheur

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Sacha


Heureusement que je suis de repos aujourd’hui parce que je stresse à l’idée d’aller à la piscine avec Livia et Mathis. Je crois que la dernière fois que j’ai fréquenté une piscine, c’est quand j’étais au collège… et franchement, ça date. J’ai passé la matinée à regarder le site pour pouvoir donner le change et lui faire croire que je suis un habitué, ce qui est stupide car elle doit bien se douter que je n’y ai pas mis les pieds ces trois dernières années. Et puis, il a fallu me rendre au magasin où je suis allé acheter un maillot de bain. Les caleçons sont interdits, j’ai halluciné. Et la vendeuse m’a aussi recommandé de prendre un bonnet de bain, ils sont soi-disant obligatoires dans ce type de piscine. Moi qui croyais aller jouer au beau gosse d’Alerte à Malibu, je vais plutôt ressembler à E.T. avec des lunettes de plongée, un slip moule-bite et un bonnet ras du crâne. La classe, quoi.

Le temps maintenant ne passe plus aussi vite que ce matin où je n’ai pas vu la matinée filer. Je regarde ma montre et me dis qu’elle doit être en train de discuter avec ma sœur. Pourquoi toute cette action semble se dérouler hors de ma portée ? J’ai horreur de me sentir si impuissant et de n’avoir aucune prise sur ce qu’il va se passer, que ce soit le babysitting ou la piscine. C’est compliqué pour moi de ne rien maitriser et je le vis assez mal.

Bien entendu, j’arrive à la piscine bien avant l’heure prévue. D’ailleurs, ce n’est pas une simple piscine, c’est un centre nautique et il y a plein d’activités différentes. Je me demande ce que Livia et son fils vont choisir. Le nom du centre me fait un peu peur : La Baleine. J’espère que je n’aurais pas l’air de cet animal mais plutôt d’un beau dauphin. En tout cas, j’ai vraiment hâte de les voir arriver car je vais finir par avoir des problèmes si quelqu’un me repère à faire les cent pas devant l’entrée. D’ici à ce qu’un baigneur prévienne la sécurité parce qu’il y a un mec louche qui lève la tête à chaque fois qu’une personne s’approche de la porte, je ferais mieux de me calmer.

Quand quelqu’un tapote mon épaule et que je sens des petits bras entourer une de mes jambes, je suis surpris et je sursaute en me retournant, découvrant Mathis et sa mère surgis de je ne sais où pour me retrouver.

— Eh bien, vous voilà ! Juste à l’heure en plus ! Mais comment vous avez fait pour que je ne vous voie pas ?

— On s’est cachés ! glousse le petit en me tendant les bras.

Je l’attrape et lui fais un gros bisou sur la joue qu’il se frotte vigoureusement car ma barbe a dû le piquer un peu. Je me penche ensuite vers Livia qui me tend la sienne et je m’y frotte avec plaisir.

— Eh bien, bravo. Prêts à aller faire les toboggans ? Ils ont l’air sympa.

— Oui, ils sont cools. Ça fait longtemps que tu es là ? On a joué les espions pendant une petite minute, cachés derrière le mur là-bas, sourit Livia. Mathis s’est pris pour James Bond.

— Non, je viens d’arriver, commencé-je à dire avant de me reprendre. Bon, en réalité, ça fait trente minutes que j’attends parce que je ne voulais vous manquer sous aucun prétexte, avoué-je en souriant. Je ne raterais ce petit moment avec vous pour rien au monde !

— Eh, Sassa ! Tu sais que j’ai une Mary Poppins, maintenant ?

— Ah oui ? J’espère qu’elle nous fera voir sa magie alors. Elle commence quand ?

— Elle vient passer l’après-midi à la maison avec nous, histoire de ne pas être directement seule avec le petit monstre. Et, au fait… je ne raterais ce petit moment pour rien au monde non plus, me répond Livia, un sourire aux lèvres, en s’engouffrant dans le hall de la piscine.

Je la suis et file aux vestiaires pour hommes en regrettant un peu de ne pas pouvoir profiter de l’espace famille où est allée Livia avec Mathis. Je me change rapidement et dépose mes habits dans un casier avant d’aller les attendre devant leur cabine. Je les entends rire et échanger et suis ravi de les retrouver quand ils sortent enfin. Mathis est trop drôle, avec ses lunettes déjà sur le nez, son bonnet rouge et son petit maillot avec superman dessus.

— Eh bien, tu es fin prêt, Champion !

— Oui ! Ça va être trop cool ! Tu vas venir avec moi dans le toboggan ?

— Mathis, laisse Sacha tranquille une minute, rit Livia en sortant à son tour de la cabine, vêtue d’un petit deux pièces bleu très avantageux.

Je reste bouche bée devant la vision qu’elle m’offre et dois me faire violence pour ne pas baver directement. Elle a attaché ses cheveux dans un chignon tout simple mais qui révèle tout son cou et le haut de sa poitrine. J’ai une vue imprenable sur la naissance de ses seins et je peux apercevoir sous le tissu du maillot ses deux tétons que j’ai envie de venir caresser et découvrir. Ses hanches nues sont une invitation à venir l’enlacer et ses fesses sont carrément excitantes. Je ne suis pas du tout discret dans mon observation de son corps magnifique et voluptueux, mais je m’en moque. Elle est sublime et mérite bien mon adoration.

— Tu es magnifique, Livia, finis-je par annoncer alors que Mathis attrape ma main pour aller sous la douche.

— Merci, Sassa, sourit-elle en déposant un bisou sur ma joue. Je vous rejoins, je range ça dans un casier.

Oh purée, il faut que je me calme, là. Ce bisou m’enflamme et me donne des envies pas du tout raisonnables. Heureusement que je dois m’occuper de Mathis, cela m’aide à calmer mes ardeurs et nous faisons un rapide passage sous l’eau avant de nous présenter devant le petit bassin.

— Tu veux sauter dans l’eau ? Tu veux peut-être des brassards avant de plonger?

— Ah non, je saute pas, Maman elle va se fâcher si je saute. Des brassards, si te plaît.

Je les récupère sur l’étagère à l’entrée et les lui passe. Ce gamin est adorable et tellement à l’écoute de ce que dit sa mère, c’est fou. Ils sont dans une vraie relation complice et l’amour qu’elle lui transmet lui donne une belle personnalité. Il est craquant, tout comme Livia qui nous rejoint, le sourire aux lèvres.

— Eh bien, c’est peut-être toi que j’aurais dû embaucher pour jouer Mary Poppins. Vous assurez, Monsieur Moretti. Dire que j’ai failli vous courir après pour te dire de faire attention…

— Il voulait que je saute, Maman, me dénonce la petite crapule au sourire d’ange alors que je rougis, gêné à la fois par les compliments et la dénonciation.

— Je t’aurais rattrapé, Bonhomme, promis ! Et je ne savais pas que Maman ne voulait pas, sinon jamais je ne l’aurais proposé !

— Ça va, il n’aurait pas risqué grand-chose dans le petit bain. Allez, tous à l’eau ! rit Livia en attrapant Mathis sous les bras pour entrer dans le bassin.

J’enfile à regret mon bonnet qui me tire les cheveux, me faisant grimacer, et je les suis en me demandant si je vais réussir à ne pas sauter sur Livia tellement elle est attirante dans son petit maillot sexy.

— Tu viens souvent ici ? demandé-je alors qu’elle a passé ses bras sous le torse de Mathis qui se débrouille vraiment pas mal pour son âge.

— On vient un à deux dimanches matins par mois, en général. Mathis adore se baigner. Quand j’ai pu reprendre le sport après mon accouchement... enfin, quand je suis revenue de ma bêtise, grimace-t-elle, je venais faire du vélo aquatique aussi, mais je n’ai tenu que quelques mois, je n’avais pas vraiment le temps.

— Si tu veux, j’emmène Mathis aux toboggans et tu seras ainsi libre de faire ce que tu veux. Cela ne me dérangerait pas.

Je me suis rapproché d’elle pour l’aider un peu avec Mathis mais surtout pour pouvoir, l’air de rien, la toucher, la frôler et créer des opportunités de contacts qui me rendent fou de désir.

— C’est gentil, mais j’ai plutôt envie de passer un moment avec lui. Avec vous, d’ailleurs…

Je ne réponds pas mais je me dis qu’on est loin, là, de la relation entre collègues. Je ne sais pas trop ce que ça fait de nous, mais ce n’est pas le genre de questions que j’ai envie de me poser, là.

Après un moment dans le petit bassin à aider Mathis à barboter, nous décidons de rejoindre les toboggans. La structure est impressionnante et je pense que je vais adorer la descente. Surtout qu’il me vient une idée en voyant une autre famille passer devant nous.

— Ça vous dit qu’on fasse la première descente à trois ? Mathis dans les bras de ta maman, et toi, Livia, dans mes bras ?

— Oui ! s’écrie le petit qui attrape ma main pour me tirer vers la structure.

— Le boss a décidé, ajoute Livia, un sourire aux lèvres. Si tu veux aller nager tranquille, tu le dis, hein ? Tu n’es pas obligé de rester tout le temps avec nous non plus. Tu fais comme tu le sens.

— Je crois que même si on me donnait des millions, là, tout de suite, je ne laisserais pas passer cette opportunité de te serrer dans mes bras, dis-je en m’installant derrière elle, en écartant bien les jambes pour me caler dans son dos.

— Quel profiteur ! pouffe-t-elle alors que son fils s’impatiente déjà devant nous.

— En voiture Simone ! crié-je en donnant l’impulsion nécessaire pour entamer la descente qui s’accélère rapidement et nous emmène jusqu’en bas dans des cris de joie.

Je profite vraiment pour me coller à Livia jusqu’au bout et, quand nous atterrissons dans le bassin dans un grand splash, nous nous redressons tous les trois, ravis des sensations. J’attrape Mathis dans mes bras et le soulève hors de l’eau, alors qu’il rit aux éclats.

— Alors, Champion, on recommence ?

— Ouiiii ! s’égosille-t-il. Encore !

— Maman est d’accord ? demandé-je alors qu’elle se colle contre moi pour déposer un baiser sur l’épaule de son fils.

— Bien sûr ! Impossible de dire non à cette bouille, n’est-ce pas ?

— Impossible de résister aussi bien au fils qu’à la maman ! concédé-je, sans oser bouger afin de profiter du contact entre nous.

— Je suis ravie de l’apprendre, mais fais gaffe, tu pourrais t’en mordre les doigts à un moment, les Marchand sont exigeants. Quand Mathis va te demander de lui construire son établi de bricoleur, tu feras moins le malin !

— S’il me le demande avec son grand sourire, ou si c’est sa jolie maman qui me sollicite, impossible de refuser. En route, Moussaillon, il faut gravir le mat pour rejoindre le sommet du bateau pirate !

— A vos ordres, Capitaine, sourit-elle en déposant un baiser tout près de mes lèvres avant de s’enfuir en direction du toboggan.

— Vite, Moussaillon, la sirène s’enfuit ! Il faut la rattraper !

— Mamaaaan ! Attends-nous ! crie Mathis comme s’il la disputait.

Nous la rattrapons rapidement et nous continuons à nous amuser ainsi pendant de merveilleux instants. Quand arrive l’heure de repartir, je constate que Mathis est vraiment fatigué, mais il a l’air d’avoir passé un aussi bon moment que nous. Nous passons chacun sous la douche pour nous rincer un peu et je les attends près de la sortie de la piscine après m’être rhabillé.

— C’était bien, ce petit moment. A refaire ! Enfin, si vous voulez bien de moi, ajouté-je, un peu gêné de me projeter autant sans leur en avoir parlé auparavant.

— Ce sera avec plaisir. Hein, Mathis ?

— Oui ! C’était trop bien de jouer au pirate, sourit le petit avant de bailler.

— Pas de tout repos, la piscine, rit sa mère. Merci d’être venu avec nous. Tu… tu veux venir manger à la maison, pour bien terminer la journée ?

Je regarde ma montre et me dis qu’il n’est finalement pas encore si tard que ça.

— Pourquoi pas, si ça ne te dérange pas, mais il ne faudra pas que je reste trop longtemps, je dois être rentré pour vingt-et-une heures à mon centre.

— Je vais bien trouver un truc rapide à préparer. L’estomac crie famine par ici, sourit-elle en chatouillant le ventre de son fils, alors on va manger tôt et tu pourras être à l’heure sans souci, non ?

— Oui, ça devrait aller, c’est gentil de m’inviter. Cela me fait énormément plaisir, tu sais.

— Plaisir partagé, sinon je ne t’aurais pas invité, tu sais ? Allez, on y va, Petit Kangourou ?

— Oui ! Tu vas jouer avec moi, Sassa ?

— Bien sûr, mon ami. Jusqu’à ce que je rentre chez moi, si tu veux !

Nous repartons tous ensemble et je me dis que je pourrais vraiment m’habituer à ce genre de moments partagés. Et de marcher ainsi avec Mathis qui nous tient la main à tous les deux en souriant, c’est fou ce que ça me fait du bien. Je suis si loin du quartier, si loin de ma vie d’avant. Finalement, un nouveau départ, ça pourrait être possible, non ?

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