Désorientation professionnelle

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Bonjour Camille,

J'espère que tu vas bien et qu'il en va de même pour tes proches. 

L'un de tes posts le mois dernier concernant la possibilité d'avoir un coup de main en terme d'orientation/questionnements professionnels m'a beaucoup marqué et résonne toujours en moi. Je me jette donc à l'eau et t'écris ces quelques lignes pour avoir ton avis sur ma situation. 

- Septembre 2015 -

Pharmacien de formation (diplôme obtenu en Tunisie), je traverse la Méditerranée il y'a bientôt 6 ans car j'aspirais à un meilleur avenir. Mon diplôme de pharmacien n'est pour pas reconnu au pays des Droits de l'Homme. Je poursuis alors mes études à Paris. Un Master en Dispositifs Médicaux (branche du secteur pharmaceutique) m'ouvre les portes de l'emploi. Ce Master m'octroie également le droit au changement de statut tant convoité par les étrangers. Accompagné de la joie des va-et-vient récurrents à la Préfecture qui vont avec.

- Octobre 2017 -

Ambition et vision professionnelle à long terme ne font pas partie de mon vocabulaire de l'époque. Plutôt adepte du choix instinctif. J'intègre assez aléatoirement la BU Life Sciences d'une société de conseil en ingénierie, en tant que consultant chargé d'assurance qualité et affaires réglementaires. A la clé: manque de stimulation intellectuelle, enchaînement des mois d'inter-contrat (9 mois en 2 ans), absence de reconnaissance et faible attractivité du salaire. La démission est actée au crépuscule de ma deuxième année de contrat.

- Octobre 2019 - 

Désireux de rebondir, avide de nouvelles expériences et plus à l'écoute de mes envies, je décide de suivre une formation pour devenir Business Manager/Ingénieur d'affaires. L'idée est donc de poursuivre ma carrière dans le monde du conseil en occupant un poste exclusivement axé sur le relationnel, la communication et le management humain. En somme, ce qui me faisait lever du lit le matin lorsque j'étais consultant.

- Décembre 2019 -

Après ma formation, je suis recruté par un cabinet de conseil parisien spécialisé dans l'Assurance. Finis les médicaments et la pharmacovigilance, bonjour la finance. Le métier de Business Manager est nouveau pour moi. Mais ma capacité à créer du lien avec mes divers interlocuteurs, mon authenticité insubmersible et ma faculté à m'adapter au secteur de l'Assurance (du moins techniquement) font que les retours me concernant sont positifs les premiers mois. Même sur le plan personnel, je gagne en assurance. Pourtant, plus les semaines s'égrainent, plus le plaisir au travail s'estompe. Le doute s'installe. J'en fais naïvement part à mon Manager, notamment sur mes réticences à pouvoir m'adapter fondamentalement au secteur de l'Assurance et à ses différents protagonistes. Le costard-cravate au quotidien, le discours à lisser en permanence et le manque "d'humanité" dans les échanges, très peu pour moi. Sans oublier ce sentiment d'être parfois bridé dans ma communication et ne pas pouvoir laisser libre-cours à mon imagination. Mon Manager n'est pas insensible à mes remarques et me demande de faire preuve de patience, arguant que le secteur de l'Assurance était encore nouveau pour moi. Idem pour le métier de Business Manager. Selon moi, le métier de Business Manager s'articule autour de 3 axes principalement: du Recrutement (identifier et sélectionner les talents sur le marché), du Business (identifier les missions chez les clients en adéquation avec les compétences des collaborateurs) et du Management (s'assurer que le collaborateur a toute les billes en mains pour réussir sa mission et que son intégration chez le client est optimale). La pierre angulaire de ce système étant, toujours selon moi, le collaborateur. J'ai déchanté en le vivant de l'intérieur. A mon plus grand désarroi. Au coeur des réunions business du lundi. Tout ce qui comptait au final au sein du cabinet n'étaient qu'appât du gain et pur profit. Contraste quelque peu saisissant avec la bienveillance et le management de proximité prônés lors des entretiens avec les candidats. Le malaise engendré par cette prise de conscience anesthésie mon quotidien. Noie mes capacités. Phagocyte mes doutes. Se mue en mal-être. Abattu, amorphe, apathique. Les sourires ne sont que façades. Le sommeil est moins réparateur. Cela se ressent naturellement sur mes performances. Ô Diable les chiffres, l'envie n'y est plus !

- Mai 2020 -

C'est le Covid qui a mis fin à cette supercherie. Ou la Covid? Quoiqu'il en soit, étant en période d'essai à cette époque, j'ai été remercié. Chose que je comprends et respecte. La relation avec mon ancien Manager demeure d'ailleurs cordiale voire amicale. Le fait est que j'étais comme un couscous servi dans un restaurant italien. Pas à ma place. Perdu dans l'inconnu et focalisé sur le positif, j'avais retrouvé le sourire. Et le sommeil. Les mois en recherche d'emploi s'accumulent. La recherche est plus ou moins active selon la période. L'envie de quitter Paris devient pressante. Une escapade d'un trimestre en Tunisie m'aide à renouer le contact avec mes parents. A reprendre des forces. A retrouver mon teint naturel. La question de l'avenir se pose au quotidien sans pour autant pouvoir y répondre. Les entretiens s'enchaînent. Les doutes subsistent. 

- Mars 2021 -

A mon retour "d'exil" en terre natale, j'intensifie les recherches et multiplie les échanges avec les sociétés. Positif. Apaisé. Serein. Rapidement des retours sont positifs et les opportunités coulent à flot. Je fais le choix de l'aventure et de l'exotisme en signant fin mai avec une société de conseil spécialisée dans la santé basée en Normandie dont le siège est localisé à Boulogne. Pourquoi ce choix ? Le feeling avec la fondatrice de la société lors des divers échanges, la possibilité de quitter Paris sans vraiment quitter Paris, l'envie pressante de reprendre du service, le choix de la découverte. Clairement pas pour la météo. Ni pour le poste en lui-même.

- Août 2021 -

Sur le papier, je manage une équipe de 17 consultants qui interviennent au sein des industries pharmaceutiques et les accompagne dans leur carrière. En pratique, on me demande d'user de tous les moyens possibles pour renflouer les caisses de la boîte. Le business avant tout, encore et toujours. 

Si je t'écris ces quelques lignes Camille, c'est pour pouvoir extérioriser mes doutes sur ma situation professionnelle d'une part et pour avoir ton avis sur les sujets suivants:

- Comment peut-on expliquer une boule au ventre quasi-quotidienne au travail qui se manifeste parfois par une flemme inébranlable ?

- Je ne trouve pas de sens à mon métier, est-ce grave selon toi ? Comment faire pour y remédier ?

- L'épanouissement au travail... Légende urbaine ?

- Question existentielle : comment trouver sa voie professionnellement ? (vous avez quatre heures)

Pour information, les retours de ma Manager sont à ce jour positifs et je ne suis pas épanoui pour autant.. Eternel recommencement ?

Merci à toi de m'avoir lu. Je me rends compte que j'ai écrit un roman. Navré pour le temps que ça t'a pris !

Au plaisir d'avoir des conseils/retours d'expérience qui me permettront enfin d'avancer.

Bien cordialement,

KJ

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