Chapitre 4

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Ça y est, Tibor était sur la plage ! Il fit quelques pas en regardant tout autour de lui, émerveillé. Devant lui, la mer, la vraie, avec des petites vagues qui se succédaient sur le sable. À gauche et à droite, des palmiers, dont il pouvait voir les noix de coco se balancer mollement dans la brise, tout en haut du tronc. Et le soleil, haut dans le ciel qui lui fit pleurer les yeux lorsqu’il le regarda et qui réchauffait sa peau. Il respira l’air chaud et humide comme l’on déguste une friandise inconnue.

Tibor s’accroupit. Il posa Duke à côté de lui et mit ses deux mains sur le sable. Il caressa la poudre dorée et en prit deux belles poignées. Les grains légers filaient entre ses doigts. Alors c’est ça, le sable des pays chauds, se dit-il, avec un grand sourire. C’était autre chose que celui du terrain de jeu, derrière son immeuble. Il leva les yeux pour embrasser tout le panorama. Son imagination s’enflamma lorsqu’il songea aux châteaux qu’il pourrait construire sur cette plage… Mais déjà, son attention s’était déplacée et son excitation fit un nouveau bond. Parce qu’en face de lui, il y avait la mer. Cette mer où il n’avait jamais mis les pieds, ces vagues où il n’avait jamais pataugé et dont les bulles d’écume venaient lui chatouiller les oreilles.

Tibor se redressa et avança de quelques pas en direction de l’eau.

Il s’arrêta pour regarder en arrière, hésitant. À travers l’ouverture que formait l’envers du poster posé sur le sable, il voyait la baignoire de la salle de bain – une vision étrange, anormale dans ce paysage tropical.

Le son d’une nouvelle vague s’échouant sur le rivage le sortit de sa torpeur. Il repartit en courant pour traverser la trentaine de mètres qui le séparait de l’eau. Il ralentit sur le sable mouillé tandis qu’une couche d’écume lui recouvrit les pieds. Waouh ! Elle est super bonne ! se dit Tibor, peut-être même plus chaude qu’à la piscine. Il se mit à rire lorsque la petite vague lui chatouilla les orteils en se retirant.

Il s’avança, incertain, jusqu’au niveau des genoux. Tibor suivait des cours de natation à l’école et n’avait pas peur de l’eau. Mais ici, ce n’était pas la piscine, c’était la mer. Steeve lui avait dit que les vagues pouvaient être énormes parfois, et dépasser la hauteur d’une maison. Tibor avait eu du mal à le croire. En tout cas sur cette plage, elles n’avaient pas l’air dangereuses.

Après une dernière hésitation, Tibor avança encore et se retrouva bientôt avec de l’eau jusqu’au cou, sur la pointe des pieds. Et il se mit à nager, comme il l’avait appris. C’était génial ! Il avait même l’impression d’y arriver beaucoup mieux qu’à la piscine. Ça aussi, Steeve le lui avait dit, c’était à cause du sel.

Tibor fit quelques brasses avant de revenir où il avait pied, gentiment balloté par le va-et-vient des vagues. Il prit conscience du paysage qui l’entourait. Sur la droite, la plage continuait bien jusqu’aux rochers, aux pieds de la forêt. Sur la gauche, elle disparaissait derrière la mer. Et devant lui, se dressait une imposante colline luxuriante. C’est un rêve, se dit-il, en sortant finalement de l’eau.

Sur le sable mouillé, Tibor s’amusa à faire des traces de toutes les tailles, en marchant à petits pas puis en faisant de grandes enjambées. Il courut et donna des coups de pied dans les vagues. Il sauta dans l’écume pour faire les plus grosses éclaboussures possible, en riant.

Il s’arrêta pour regarder l’océan. Il pourrait dire à Steeve que lui aussi, il avait été dans les pays chauds ! Et peut-être même que maman accepterait de venir sur la plage avec lui… En pensant à elle, Tibor pouvait presque entendre sa voix.

Tibor… Tibor…

Il réalisa soudain que ce n’était pas son imagination : il entendait vraiment maman l’appeler. Il se retourna pour courir vers la salle de bain qu’il distinguait à peine, tant il s’était éloigné.

Combien de temps était-il resté à jouer sur la plage ? Et qu’est-ce qu’il allait dire à maman ? Elle devait être très en colère à cause du verrou…

Tibor ne put suivre le cours de cette pensée, car son corps tout entier se figea dans sa course, comme le monde autour de lui. Il n’entendit plus rien. Loin sur la plage, il crut voir maman dans l’encadrement de la salle de bain. Ce fut la dernière image qui imprima ses rétines.

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