J'étais si heureux...

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Comme tous les matins, je réveille mes maîtres en sautant sur leur lit.

Comme tous les matins, ils me gratouillent la tête, et me couvrent de bisous que je charrie de tous mon cœur. Je les aime tant !

Dans la minute qui suit, dès que mon papa a posé les pieds sur le sol et enfilé ses pantoufles, je cours vers la chambre des deux petits humains. Je couine sous la porte, et celle-ci s’ouvre, laissant apparaître deux petits êtres en pyjamas rose et bleus. Le petit Louis me soulève et me porte dans ses bras jusqu’à la cuisine.

J’enfouis ma tête dans son cou, et jappe de bonheur.

Je les aime tant !!

En plus, je crois que nous partons en vacances. J’ai si hâte ! Depuis quelques jours, c’est l’agitation dans la maison. Et ce matin particulièrement, quatre valises attendent sagement dans le salon, ainsi que plein de raquettes, de ballons et de bouées gonflables.

Nous allons tellement nous amuser ! Ce sera mes premières vacances avec eux, depuis qu’ils m’ont adopté, j’ai si hâte !

Je prends mon petit déjeuner sous l’îlot de la cuisine, et accompagne Louise prendre son bain. Elle déteste ça, et je sais que lorsque je suis près d’elle, elle est plus docile avec sa maman. Ils sont tous jeunes, les deux petits. En tout cas, ils ne sont pas aussi grands que leurs parents.

Un ouragan d’agitation sévit dans la maison, et deux heures plus tard, nous sommes tous dehors, entrain de charger la voiture. Je regarde mes maîtres s’affairer, et gratifie mon papa d’une léchouille lorsqu’il me prend dans ses bras et me mets sur les genoux du petit Louis.

Pendant tout le trajet, je m’extasie devant les paysages qui défilent sous mes yeux, les pattes appuyées contre la portière, la tête par la vitre. Je m’extasie devant ces grands arbres verts, j’aboie de joie en sentant le vent jouer dans mes poils et faisant mes oreilles voler dans tous les sens. La petite Louise me caresse le dos, et lorsque je tourne la tête vers elle, je ne comprends pas… Des larmes coulent de ses petits yeux brillants, d’habitude si joueurs et joyeux...

Pareil pour le petit Louis, qui a une mine si triste que je sens mon petit cœur se fendre en deux… Je n’aime pas voir mes maîtres tristes. Alors je fais tout pour qu’ils retrouvent le sourire.

Je leur lèche les bras, je fais le pitre, en essayant de rouler sur le dos, ou de me tenir sur mes pattes arrières, malgré le fait que la voiture bouge et que la banquette soit instable.

Et à un moment, le petit Louis me prend dans ses bras, et enfouis son visage mouillé dans mon cou à moi. Je lui lèche l’oreille, et il sourit, avant d’éclater en pleurs.

« Papa a dit qu’on allait t’abandonner, Moolie… Je ne veux pas t’abandonner Moolie… Je ne voulais même pas partir en vacances… En tout cas pas sans toi... »

M’abandonner ? Qu’est-ce que c’est ? Un nouveau jeu ?

Sûrement !!!

J’ai tellement hâte de découvrir ce jeu ! Si ça se trouve, je me suis trompé sur toute la ligne, et mes petits humains pleurent de joie à l’idée de jouer à ce nouveau jeu !

Alors j’aboie pour leur manifester ma joie, et leur dire d’arrêter de pleurer, et qu’on allait bien s’amuser. Peut-être que ça a fonctionné, car Louise me prend à son tour dans ses bras.

Quelques minutes plus tard, la voiture s’arrête au bord de la route. Mon papa descend, et referme la portière. Il attrape mon panier, mon sac de croquettes et ma balle, et les pose au bord de la route. Reconnaissant mon jouet préféré, je me libère de l’emprise de mes petits maîtres, et saute de la voiture.

Mon papa me caresse la tête, et envoie la balle une première fois, une deuxième fois, puis une seconde fois. Je la lui rapporte toujours, comme à chaque fois que nous jouons à la maison.

Je suis si heureux !

J’adore ce jeu. C’est génial d’abandonner !

Papa lance la balle toujours plus loin, et à un moment, je la perds de vue. Je pars en courant dans le bois, et cherche partout. Sous les feuilles, entre les racines, dans les bosquets de fougères, mais je ne la trouve pas.

Lorsque je relève la tête, mon cœur manque un battement. Je ne sais plus où je suis.

Alors ignorant la peur qui me tord les entrailles, je marche en reniflant le sol, essayant de suivre ma propre trace.

CLAC !

Je le reconnais, ce bruit ! C’est celui de la portière de notre voiture !

Soudain pris d’un élan d’espoir de retrouver mon chemin, je m’élance vers la source du bruit, pressé de les retrouver.

Je suis un méchant chien… Ils doivent être morts d’inquiétude… Et tout ça à cause de moi…

J’aperçois la route devant moi, alors j’aboie pour les prévenir de mon arrivée, que je suis là, que j’ai retrouvé mon chemin, et que je ne les quitterai plus jamais d’une semelle, même pas pour aller courir après ma balle.

Mais…

Lorsque j’arrive près de mon panier et de mes croquettes, la voiture n’est plus là…

Je la vois s’éloigner à toute vitesse au loin, sur la grande ligne droite, et je lui cours après.

Revenez !!!

Attendez-moi !!!

S’il vous plaît, ne partez pas sans moi !! Je suis là !!

Juste derrière vous !!

Papa !!

Maman !!!

Louis !!

Louise !!

J’aboie de toute mes forces, je cours le plus vite que possible, je cours aussi vite que mes petites pattes me le permettent. Des larmes coulent sur mes poils. Le vent fouette mon museau, mais cette fois-ci je ne l’apprécie pas. Je ne l’apprécie pas du tout.

Alors la voiture s’estompe de plus en plus. Elle finit par disparaître.

Alors je m’arrête de courir. Je regarde le ciel et m’assied au milieu de la route. Je couine le nez vers le ciel. Je hurle au soleil, je pleure vers les nuages.

Une goutte d’eau s’écrase sur le bout de mon museau et un coup de tonnerre retentit, me faisant bondir sur mes pattes, et rentrer la queue entre les jambes.

Je retourne sur mes pas pour retrouver la familiarité de mon panier, la tête penchée, d’une démarche lente…

Je déteste ce jeu… J’aurais voulu ne jamais y jouer.

Je déteste M’abandonner…

J’aurais aimé ne jamais y jouer.

Je n’aurais pas dû y jouer…

Alors je me roule en boule dans mon panier et pleure… La pluie me trempe, la pluie me noie, se mélangeant à ma tristesse et mes larmes, qui étaient autre fois des larmes de joie…

Qu’ai-je fait de mal ? Pourquoi sont-ils partis sans moi…

Je croyais que c’était nos vacances à tous les cinq…

Alors je ferme les yeux, laissant la tristesse et la peur l’emporter sur l’espoir, et je m’endors, comprenant qu’ils ne reviendront pas.

Que je suis seul, pour toujours, et que M’abandonner a eu raison de moi…

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Bonjour à tous et à toutes,

Relever ce défi m’a arraché des larmes alors que je croyais que mon stock était, jusqu’alors épuisé.

Ce défi m’a apporté plus que je ne le pensais, autre que de faire un exercice pour améliorer mon écriture.

Ce texte est un appel à l’aide. Un appel à tous, que vous soyez français ou non, un homme ou une femme, des enfants ou des adultes.

Ce texte est un appel contre l’abandon des animaux, toujours trop fréquent.

Je vous demanderais, je vous prierais de le partager comme vous l’entendez, afin de sensibiliser sur ces actes qui sont injustes et cruels.

S’il vous plaît… Pour la survie et le respect de la vie de nos petits amis, je vous supplierais presque, de réfléchir à dix fois avant d’adopter un petit être.

Ils ont une âme, comme nous ; et pour nous, ils ne peuvent être peut-être, que de passage, mais pour eux, nous sommes leur seule famille.

Alors vous seriez priés de passer votre chemin si vous savez que vous n’aurez pas les moyens de vous occuper d’eux comme il se doit, si vous n’aurez pas les moyens d’assurer leur garde lorsque vous partez en vacances.

Faites passer ce message s’il vous plait…

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