Série Spéciale : THE GIRLS - The plan

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Quand la grandeur de ton pouvoir dépasse celle de tes espoirs.

Nous avions un plan. Il était assez simple. Nous n'avions pas la folie des grandeurs. Nous espérions un monde meilleur. Des rues sûres, une police honnête, un système judiciaire équitable. Le plan consistait à étudier le droit, puis s'inscrire à Quantico, devenir profiler, chasser les méchants. Les études coûtent cher et pour deux gamines ayant grandi dans les slums de San Francisco, être acceptée à l'université était une idée de l'ordre du fantasme. Même avec un excellent niveau scolaire. L'une aurait été intégrée, tandis que l'autre serait condamnée à vendre des sandwiches pour le restant de ses jours. Mais ces pouvoirs nous donnaient enfin la priorité : nous allions devenir le plan marketing de la faculté. Apporter la visibilité dont le doyen avait toujours rêvé. Son école en valait la peine. Une bonne structure, des professeurs passionnés. Nous nous sentions comme cette blonde en quête de revanche. Cette référence, quel grandiose n'importe quoi, cependant nous avions réellement beaucoup à prouver. Garder les gens en bas de l'échelle uniquement pour leur naissance malchanceuse est la pire des injustices. Nous devions corriger ça !

Les années d'études défilèrent rapidement. Nous représentions l'image de la fac, participions à de nombreux évènements de la ville et heureusement, nous portions des masques. Les anges de San Francisco, les concurrentes directes du trio de Charlie et de Los Angeles. Ce qui doit rendre ce pauvre Lulu quelque peu nerveux. Il faut vraiment que j'arrête avec ces références. On dirait Bones (de Star Trek, je précise) avec ses métaphores.

— Tu sors toujours avec ce flic de la crim, Alessya ?

— Oui.

— Toi qui avais juré de ne jamais fricoter avec un ripou.

— Ce type est une exception. Un peu comme Russel Crow dans L. A. Confidential.

Ha ! J'adore ta comparaison !

— Tu vas rire, Do, mais je viens de le voir !

— Le film ?

— Non, le cartoon.

Haha ! Très drôle !

Après le véto, le bestiau !

Henry Gallagher. Le mec le plus sexy du globe. Un fantasme sur pattes. Je l'ai rencontré au commissariat où j'ai commencé à travailler comme archiviste dès la deuxième année universitaire. Pour arrondir mes fins de mois. Mais surtout pour apprendre. Le premier jour il m'avait fait visiter le bloc, je lui ai parlé de mon article au journal de l'université sur « le comportement humain induit par un conditionnement socio-culturel régit par la peur ». À l'origine je pensais infiltrer la police, espérant repérer quelques flics pourris à punir. Qui allait se méfier d'une petite stagiaire sans expérience ? Il m'a payé un verre dès le premier jour. Un café au lait à la pause déjeuner. J'ai laissé traîner le dossier. J'aimais le voir redoubler sytématiquement de créativité pour m'attirer dans ses filets. J'avais dit que j'étais la psychopathe de la bande ! Le sadisme est une condition si-ne-qua-none. Je m'étale sur les détails, mais que voulez-vous, je suis amoureuse. C'est un sentiment dont je n'ai jamais eu honte. Mon beau brun ténébreux d'un mètre nonante-cinq... J'ai découvert plus tard qu'il avait infiltré le district pour dénicher les ripoux qui ternissaient la réputation de notre bonne vieille police de San Francisco. C'est pourquoi Domino m'a demandé si je sortais encore avec. Et comment ! Nous avions les mêmes intentions, nous raisonnions de la même manière et j'aime son tempérament brutal, sans détour. Mon Animal Mother !

C'est la dernière année, ensuite vive Quantico ! Je ne sais pas si notre relation va tenir. J'ai appris à voler depuis le temps, mais la distance reste un obstacle non négligeable. Et il fait froid là haut !

— Je suis trop vieux pour toi, je te l'ai toujours dit !

— Je m'en fiche ! Je n'aime pas les jeunes de ma génération. J'ai toujours trouvé que quarante ans c'était la fleur de l'âge pour un homme ! Vous n'avez plus cette bouille de hamster, vos traits s'affinent... ça fait plus viril.

— Et nous avons plus d'expérience...

— Ah, ça je ne sais pas...

— J'y crois pas ! Quelle sadique !

— Toujours, mon cochon...

— Ce sont nos derniers moments... En tout cas ici, à coller les pages des dossiers classés...

Milord, quelle poésie !

— Toi et tes propositions indécentes ! Tu l'aimes plus que moi ton local aux archives, j'ai l'impression que tu m'utilises pour lui faire l'amour !

— Sans doute que le glauque m'excite...

— Je confirme, ne cherche plus. Aïe ! Tu n'en a jamais assez ! Je suis tout sec, regarde moi cette peau de chagrin, il n'y a plus rien à manger...

J'aime jouer avec mon-inspecteur-rien-qu'à-moi. Une semaine sur deux je travaille de nuit, alors parfois, j'en profite pour mener un interrogatoire approfondi.

Durant mes longues années d'études j'ai découvert d'autres pouvoirs. La télépathie. Une force surhumaine. La cicatrisation accélérée. Ce qui va de paire avec l'immortalité, ça ne m'a pas étonnée. Mais la télépathie... Après j'ai découvert que je me connecte à notre monde (celui des canaris arc-en-ciel), j'écoute l'éther. C'est comme une immense toile invisible qui relierait chaque élément l'un à l'autre, par intrication quantique. J'ai promis à Henry de ne jamais rentrer dans sa tête. Je peux le comprendre, c'est comme rentrer chez quelqu'un sans demander et faire comme chez soi. Telle une Boucle d'Or éhontée (le pléonasme est volontaire, parce que, mon Dieu, quelle garce, celle-là !). Il faut vraiment que j'arrête avec mes références.

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