Série Spéciale : THE GIRLS - Origines

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Je vais vous raconter le jour où je me suis suicidée. Bien sûr je ne sais plus comment nous avions découvert, Domino et moi, que nous étions immortelles. Nous savions. C'était donc décidé, nous devions tester nos pouvoirs, ce matin là, avant le réveil de ses parents.

La famille vit dans une petite maison de deux étages. Les murs extérieurs, couleur pêche, encadrent un jardin carré laissant pousser quelques herbes aromatiques ainsi que de la menthe. Un portillon turquoise sépare ce petit monde de la rue. Le lopin de terre sert davantage à faire sécher le linge sur des câbles gainés, que de potager ou de terrasse pour se détendre en été. Cependant, l'orientation est telle que le soleil l'illumine du matin au soir, le rendant très accueillant. Les jumelles, Rahina et Suryia, jouent aux pirates quand maman y étend les draps. Un bout de Maroc en plein cœur de la Californie. À l'intérieur, deux chambres au premier et, au rez-de-chaussée, une énorme salle à manger à la décoration orientale. De beaux matelas indiens, des oreillers multicolores jetés de ci de là entourent une jolie table très basse en bois lourd, sombre, gravé et incrusté de nacre. Posé dessus, un grand plateau en cuivre avec quelques verres à thé. Domino y dort souvent, profitant de mes régulières visites.

Ayant grandi baladée de famille d'accueil en famille d'accueil, j'ai posé mon baluchon chez les Bulsara. J'ai connu Do au collège. J'étais le leader d'une bande de monstres. Littéralement. La fille à l'oeil de verre, la naine, la nana à la voix de robot - elle a été intubée bébé, ça lui a bousillé les cordes vocales, elle rêvait d'être chanteuse - la grosse un peu attardée - sans méchanceté aucune, elle était vraiment lente - la nymphomane et son frère trisomique... En bref, tous les rejetés du panier. Ce petit monde n'avait pas de protecteur, puis j'ai toujours eu horreur de l'injustice. Domino avait intégré la Team sur le tard. Après quelques mois d'observation, nous nous sommes adoptés. La rebelle du cirque du Freak. Et, moi ? La psychopathe, bien sûr.

Je reviens à notre expérience peu commune. Nous ne pouvions pas utiliser le révolver, caché dans un coffre dans le garage, qui aurait réveillé tout le monde. Elle me proposa le couteau de cuisine. Mais là non, beurk. La douleur me fait vraiment peur ! Puis nous sommes parties en ville pour réfléchir.

— Une overdose de médicaments ?

— Bonne idée mais mon seuil de tolérance dépasse tout entendement. Il y a deux ans j'ai avalé un tube entier de cachets contre la fièvre et un flacon entier de sirop pour la gorge. La fièvre est quelque peu tombée, j'avais l'impression de planer légèrement et surtout une forte envie de dormir. À part ça, rien.

— Ah, quand même ! Tu aurais au moins dû finir à l'hôpital avec un lavage d'estomac !

— Oui, ou à la morgue ! Non, rien. Hm, ça me donne une idée.

— Accouche.

— Je pourrais faire une OD pour m'anesthésier. Là, le couteau me fait moins peur. Par contre il va falloir se cacher, il va y avoir du sang partout.

— En effet, on va éviter d'ameuter la population.

Décision prise. Après le passage en pharmacie, une bonne overdose médicamenteuse et un flacon de whisky, je me suicide comme Lenny Busker. Derrière la voie ferrée sous un pont. Domino dut m'attendre jusqu'à la nuit tombée, puis je me suis enfin réveillée.

— Ça met du temps.

— Nos plans tombent à l'eau pour aujourd'hui.

— Pas grave, maintenant que nous sommes sûres, nous avons toute la vie pour nous en servir.

— OK. On rentre.

— Domino ! Je n'ai pas fait que dormir pendant que j'étais morte ! De l'autre côté j'ai été accueillie par un type d'anges.

— Un type ?...

— Oui, ils ont dit qu'ils se nomment les Éthérés. Alors, ils m'énoncent vite fait ce que nous sommes... la catégorie à laquelle on appartient... tu vois ?... les déclinaisons. Style perroquet vert, perroquet bleu, perroquet jaune...

— Oui, bon, j'ai compris, le canari arc-en-ciel, la suite...

— Ils m'ont dit qu'il fallait qu'on sauve le monde et tutti quanti, qu'on devait savoir où on met les pieds... Je leur ai dit que nous avions un plan et ils m'ont laissée partir.

— C'est pas le plan du siècle...

— C'est un début, du reste, on improvisera.

Voici l'histoire du jour où je me suis suicidée.

Quelques semaines passent, nous sommes devenues des célébrités à l'école. Les mascottes de l'équipe de football de l'université. Et tout ceci dès la première année universitaire.

Aujoud'hui je décide de déployer mes ailes pour la première fois. Perchée sur le toit du stade, je me tiens fièrement, prête à plonger. (J'ai falli m'enterrer en tombant). VLAM ! Je sors mes énormes membres de plumes blanches de derrière mon dos. Tout à fait comme dans la série Lucifer. Enfin, presque. Je manque de perdre l'équilibre vu le poids de ces choses. Quelle idée de vouloir voler sans entraînement ! Je me suis vautrée comme une grosse patate chaude, m'éclatant les rotules au passage. Ah, et je me suis déboîté l'aile, aussi. C'est comme pour l'épaule, sauf qu'aucun médecin ne maîtrise l'anatomie d'un piaf humanoïde. Il ne manquerait plus que Wilenmina Butcher vienne nous botter le fondement ! Mais c'est nous les Butcher. On voulait vraiment rendre meilleur ce monde de merde. Découvrir notre immortalité nous avait décidées.

Voici le début des aventures de The Girls. C'est comme The Boys, mais en pire.

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