Acte 51 : LE SANG DES RAPACES - Meredith Donovan

9 minutes de lecture

— Salut les Troll-spectateurs ! Bonjour, ma chère Janette !

— Bonjour chers Troll-spectateurs ! Bonjour, cher Marcel...

— Pas de flash publicitaire, aujourd'hui, Janette ?

— Si, si... Oui... flash publicitaire :

La Nouvelle Zélande. L'une des plus belles destinations au monde, voire même dans l'univers. Avec ses paysages sublimes et variés, la New Z. vous offre un cadre idéal pour des vacances idéales... Ô toi qui déprime derrière l'écran, viens en Nouvelle Zélande !

Certes le billet est très, très cher (c'est abusé !), mais tu vas adorer tes vacances ! Et vu le prix, ce seront tes dernières... alors profite... ou prend un aller sans retour.

— Vous me raconterez ce qui vous turlupine après le récit de notre petite pigiste.

*

Chapitre troisième : Jusqu'à ce que la mort vous sépare.

— Meredith Carter, cette nuit je ferai de vous une femme comblée !

Elle ouvrit la porte de son appartement, Sloan la souleva pour la porter jusqu'à la chambre. Meredith rêvait de cette nuit torride depuis des années. Il la jeta sur le lit, puis lui lança un regard empreint d'un désir brûlant.

— Trop de tissu sur toi, ma douce.

— Arrache-moi cette robe. Je n'en aurai plus besoin.

L’époux s'attela à la lourde tache de mettre en pièces la montagne de dentelles qui le séparait du fruit défendu. Après maintes tentatives infructueuses, il finit par fermer les yeux et glisser ses doigts le long du dos de sa belle, ce qui coupa les rubans tenant le corset. Il l'arracha brutalement, libérant enfin la généreuse poitrine de sa dulcinée. Encore un geste et le reste de la robe se déchira. Sloan glissa sa main le long de la cuisse de la jeune femme, la prit par les cheveux, puis l'embrassa avec fougue. S'ensuivit une danse effrénée mêlant leur deux corps suintants à pleins pores. Toute la nuit la belle chanta sa jouissance, provoquée maintes fois par les exploits physiques de cet homme déchaîné par un désir incandescent, longtemps refoulé.

Meredith et son beau français de la Nouvelle Orléans accueillirent le matin de Noël, blottis l'un contre l'autre, abrutis par leur folle nuit d'amour, mais heureux. La jeune femme se leva pour faire du chocolat chaud.

La télévision ronronnait sa série préférée : Sloan Carter. La deuxième saison avait enfin trouvé « producteur à son pied ». Cinq ans, tout de même ! Ce soir, Karmazone Crime diffusait les épisodes inédits. Meredith avait oublié à quel point il était agréable de se retrouver seule. Sans fiancé égoïste. Sans mère envahissante. Elle préparait une soupe aux champignons, tandis que le lait, chauffait doucement dans la casserole. « Trop de tissus sur toi, ma belle » fit Carter, embrasé par le désir montant. « Arrache-moi cette robe. Je n'en aurai plus besoin » répliqua Mariella, qui avait hâte de consommer leur union. À cet instant Meredith eut une sensation de déjà-vu. Soudain, une forte détonation fit tressaillir les vitres de son petit appartement. La jeune femme, enfila son manteau, puis se rua dehors, afin d'en découvrir la cause. Un énorme trou béant coupait la rue en deux. Il en sortis une multitudes d'hideuses créatures. Meredith rasa les murs afin de ne pas chuter dans le ravin infernal. La nuée monstrueuse se dispersa dans les airs, disparessant dans la nuit. Carter se tenait au dessus de la crevasse tenant un objet, semblable à un bracelet, serti d'une grande gemme verte. La pierre prit une teinte pourpre. Quelques badauds téméraires sortirent, poussés par la curiosité. Quelques uns ne purent retenir leur cris d'effroi. Les femmes se précipitèrent sur leurs enfants, leur hurlant de rentrer. Soudain, un filet de brume s'échappa lentement des bords de la fosse infernale. Sloan recula nerveusement, tirant Meredith par le bras. Elle se tourna vers lui, le regard emprunt d'une terreur indescriptible.

— Que signifie la couleur pourpre ? Il mesure quoi votre appareil ? lui aboya-t-elle, impatiente.

— Oh ma belle, on se calme, grogna-il, écartant la jeune femme du précipice. Rentrez chez vous ! C'est de la vapeur toxique, ça vous tuerait un bœuf ! Rentrez ! Sécurité nationale ! Hey ! Vous écoutez ce qu'on vous dit ?! hurla-t-il, brandissant une pièce de monaie qui prit la forme d'un insigne du FBI.

— On ne peut plus rien pour lui, Sloan ! Il va se faire déchiqueter, sa mère va accourir en hurlant et vos avertissements n'y changeront rien ! Que signifie le pourpre ?

L'exorciste la regardait, dubitatif. Quelques secondes plus tard, la scène se jouait sous leurs yeux.

— Pourpre, ça veux dire originaire d'une dimension parallèle. C'est rare, mais ça peut arriver quand on se retrouve coincé dans une boucle temporelle. Une saloperie dans ce genre. Mais qu'est-ce que je raconte là. Je parle comme Doctor Who, maintenant !

— J'en suis fan.

— C'est pas le moment de me faire la liste de vos goût cinématographiques.

— Si, justement. C'est moi le problème.

— À là, tu m'intéresses. Raconte, ma biche, fit-il en l'éloignant, encore, du ravin embrumé.

— Suivez-moi.

Sur le chemin, menant à la bibliothèque, la jeune femme lui confia sa passion pour les légendes mystiques et horrifiques.

— J'ai commencé une fan-fiction sur vous, il y a deux ans déjà.

Soudain Sloan s'arrêta, puis se tourna vers elle, la prenant par les épaules.

— Meredith ? Mariella ?

— Meredith.

— D'accord. J'ai la tête qui va exploser ! T'as déjà eu une sensation de déjà-vu, ma biche ?

— Oui.

— À quel moment ?

— Juste avant notre rencontre. Mais la situation a changé.

— Rhaaa ! C'est mauvais signe. Je ne connais qu'un seul démon capable de créer ce genre d'imbroglio ! Kabus, le seigneur des cauchemars. Y'a quelqu'un qui est mort récemment dans ton entourage ?

— Non. Mon père, mais j'avais neuf ans.

— C'est trop vieux. Mais on va quand même faire un tour au cimetière, on ne sait jamais pour papounet...

La nuit était claire. La Lune brillait fort à son zénith. Les bêtes nocturnes hululaient aux alentours. Sloan poussa le portail, qui grinça d'une sinistre façon. Il sourit. Le cliché du vieux cimetière, pensa-t-il. Meredith le prit par la main l'entraînant vers la tombe en question. Un silence abyssal s'était emparé des lieux. Ils arrivèrent devant la sépulture, mais ce n'était pas celle du père. Sur la stèle était inscrit : Meredith Donovan. La jeune femme fut sous le choc à la macabre découverte.

— Qu'est-ce que c'est que cette merde ? s'exclama le chasseur.

Une monstrueuse sangsue rouge s'était enroulée autour de la pierre, semblant aspirer une substance vitale pour son organisme. Carter commençait à comprendre. Kabus avait sans doute placé un de ses parasites plasmiques, de ceux qui absorbent l'énergie spectrale d'un damné. Le traqueur ferma les yeux, le sol se mit à trembler. Le nuisible s'évanouit dans une nuée rougeâtre. Kabus apparut.

— Tu n'es pas ici par hasard ! Tu as forcément été invoqué, pourquoi ?

— Oh, Sloan Ezekiel Carter en personne ! Si certains, au Royaume de la Chimère, savaient que je te parle, à cet instant.

— Quel instant ? Espèce de salopard ! Tu modifies la réalité, tu manipules les pauvres âmes égarées pour t'amuser ! Tu vas mettre tes supérieurs en colère, c'est tout ce que tu vas gagner, pauvre con ! Et si tu réveilles le Tyran de la Géhenne avec tes conneries, c'est foutu pour ta face de rat !

— Détends-toi, Sloan ! Je ne suis pas le pire de la sphère des Abyssals. Les autres veulent « La Guerre des Mondes ». Moi je cherche simplement à jouer avec les gens. C'est la petite qui m'a invoqué. Mais tu le savais déjà.

— Oui, fit Carter, dépité. Pourquoi bordel ? fit-il se tournant vers la jeune femme. T'avais la tête où de dealer avec une créature de la Géhenne ?!

— La pauvre, laisse-la tranquille, elle n'y est pour rien. Je l'ai entendue dans ses cauchemars.

— Non ! Cria Meredith, désespérée.

Donovan se tourna vers le chasseur, les larmes brillaient sur ses joues.

— Je voulais seulement lever ta malédiction.

Sloan Carter, chasseur de chimères - flemmard invétéré qui ne se refuse cependant jamais aucune expérience inédite - se mit en colère. Il en avait assez. Kabus profitait de la faiblesse d'une jeune femme esseulée, en manque de considération et d'affection. Il se nourrissait de l'énergie produite par les multiples dimensions que son imagination produisait. « Écris-moi des histoires et le chasseur sera tout à toi », lui avait promis le créateur d'illusions. La réalité était fissurée, tel un miroir brisé, depuis deux ans, déjà. Sloan ferma les yeux, levant la main vers le Sans-Âme. Un grondement terrible surgi des abysses raisonna dans tout le cimetière et au-delà. L'avant bras du jeune homme s'embrasa soudainement, l'enveloppant d'une flâme verdâtre.

— Iot à tout ares ruessahc el te seriotsih sed iom-sircé ! prononça Carter d'une voix rauque.

Le pacte fut rompu sur le champ. Kabus fut englouti dans l’abîme infernale. Sloan se tourna vers Meredith, mais elle avait disparu.

— Sérieux, ma biche, tu as négocié ma vie auprès d'un maître des illusions ? s'adressa-t-il à la sépulture. Si tu m'avais rencontré dans la réalité, tu aurais compris. Je n'en vaux vraiment pas la peine. Même si c'était pas mal, quand on était marié. Enfin, si parfois ça te dit de me rentre visite quand je dors, ce sera avec plaisir. Mi-zombie, mi-humain, je traine ma carcasse entre les dimensions du Royaume de la Chimère, sans jamais chercher à en sortir... et ça me va...

Le traqueur lança un clin d'oeil en direction de la tombe, puis croqua une réglisse en quittant le cimetière.

Doctor Who. Et puis quoi encore ?

Il leva les yeux au ciel : sait-on jamais...

Pfff... Crétin.

Un nuage occulta la lumière argentée de la Lune. Le monde semblait revenir à la normale. Les bêtes nocturnes hululaient dans la nuit. Le temps reprit son rythme habituel. Les habitants de Yellowbud réveillonnaient en famille, blottis les uns contre les autres, près d'un bon feu de cheminée. Un bon verre de vin chaud, à la cannelle et zeste d'orange, à la main. Carter leva, une dernière fois, la tête en direction du petit appartement où, autrefois, habitait une jeune étudiante. La tête pleine de rêves et d'idéaux. La pauvre Meredith s'était sacrifiée afin de le sauver de sa malédiction. Encore une mort absurde.

***

Article supprimé_

Je suis Meredith Donovan, reporter au Chicago Planet. Je suis morte il y a deux ans, tuée dans mon sommeil, par le seigneur des cauchemars. Kabus m'avait proposé un pacte : la liberté du chasseur de chimères contre mon pouvoir. Je devais mourir afin de bloquer mon âme ainsi que mon énergie vitale dans une boucle temporelle. Le démon pouvait ainsi s'approprier mon aptitude. Tout ce que je dessinais, tout ce que j'écrivais se réalisait. Pour sauver l'élu de mon coeur, je devais donc mourir. Mais je me suis assuré une porte de sortie : une autre vie. Quand vous ne lisez pas les petites lignes en bas du contrat lorsque vous signez avec le diable, ce dernier ne soupçonnerait jamais, que vous pourriez être plus pernicieux, que le maître du vice. La vie n'a jamais été tendre avec moi, mais elle m'a rendue plus forte, plus dure, plus vicieuse et sadique. Au décès de mon père je savais que, dorénavant, je serais seule. Qu'il me faudrait me débrouiller sans espérer l'aide de quiconque...

***

Devenue Maître des illusions,

J'entends vos rêves et vos cauchemars,

Les modèle selon mon bon vouloir.

Kabus fut ma création.

De la Terre aux Enfers,

Je tisse ma toile.

Des profondeurs de l'éther,

J'étire le voile

De l'éternel recommencement,

Du perpétuel changement.

Il y a fort longtemps, l'humanité

Loki, m'aurait surnommée.

Pourtant, je ne suis, ni dieu, ni démon

Et nullement la seule à maîtriser ce don.

Car, quelles que soient vos croyances

Par delà les conséquences,

De mes élans d'inspiration,

Nous sommes légion.

Chant de l'Aube au Crépuscule - Meredith Donovan.

***

Les chroniques de la cité Chimère - « Le chant de l'aube au crépuscule »

DEARDON pour TROLL MAG INFINI-TEA

*

— Ooooh ! Je suis soufflée ! Morte, vivante, ange ou démon... Que de mystère !

— Encore une femme badass ! Quelle déesse, cette Meredith ! Tenez Janette, une petite tasse de thé au jasmin.

— Que c'est adorable, mon Marcel !

— Alors, racontez-moi tout !

— Je vous assure Marcel, il n'y a rien de bien méchant. En fait, non, c'est même plutôt merveilleux ! Ma voisine a frappé à ma porte pour m'offrir une part de cake aux fruits, le week-end dernier. Et hier soir elle m'offre une part de gâteau à la crème d'orange parce qu'ils ont fêté l'anniversaire de sa belle soeur. Elle pense toujours à moi. Dire qu'une amie m'a plantée à Noël, sans même, ne serait-ce que m'envoyer un texto pour prévenir ! Et ma voisine, pense à moi, me porte jusqu'à mon lit complètement soule au Nouvel An parce qu'elle ne veut pas me laisser dormir par terre ! Enfin, voilà, ça me touche beaucoup ! Je n'ai pas l'habitude de rencontrer des personnes bienveillantes...

— Ma petite Janette... La Team Ducon sera toujours là pour vous servir, vous le savez bien ! Et votre voisine est une héroïne au grand coeur, elle mériterait d'être connue !

— Ooooh, oui, mon cher Marcel ! Allez, à la semaine prochaine chers Troll-spectateurs et ne trollez pas trop devant l'écran !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Alessya Monk (LASSITER) ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0