Chapitre 7
Il n’est pas venu à ma rencontre aujourd’hui.
J’entends des chants.
J’entre à pas feutrés dans l’église. Ils sont alignés les uns près des autres.
Tels des piliers. Le visage recouvert par un capuchon. Les bras croisés.
Je ne le distingue pas.
Je me laisse envoûter par leur voix. Les chœurs monodiques transpercent mon âme.
Une paix intérieure m’envahit. L’espace-temps n’existe plus. Je garde les yeux clos.
L’éternité est ici.
Une main touche mon épaule. Je sursaute.
— Venez, me chuchote-t-il.
Je ne vois pas son regard. Je le suis à travers les couloirs. Marcher à ses côtés m’impressionne.
Je ne me sens pas digne d’être à sa hauteur.
Il ôte le capuchon. Se retourne, me sourit.
— Bonjour, comment allez-vous aujourd’hui ?
— C’était merveilleux
Une ombre dans son regard.
— Je suis heureux que vous ayez passé une excellente journée
— Le chant. C’était merveilleux.
— Avez-vous réfléchi ? Êtes-vous prête pour une retraite hors du monde ?
— Je crois, oui.
— Nous avons des places disponibles dès samedi.
Ses prunelles bleues me scrutent.
— Dans un mois, je dois partir.
J’observe une millième fois la décoration sommaire de l’alcôve.
Je reste muette. Depuis cinq semaines, ce lieu m’est devenu familier. Non, ne le dis pas.
— Je peux demander à d’autres frères de me remplacer.
Aujourd’hui c’est moi qui regarde l’heure.
— Je dois partir.
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