Prologue

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Les Styrkiens étaient là. Et ils voulaient la princesse.

Cette guerre durait depuis longtemps, et nous étions en train de la perdre. La défaite dans la bataille de la vallée d'Ix fut le tournant. J'y étais, avec plus de cinq milles hommes à combattre pour Fendil contre l'armée Syrkienne.

Le roi Styrkiens, Karl Styrk, sortait d'une bataille victorieuse mais sanglante à Uzos et attendait des renforts pour marcher sur Ilathi, notre capitale. Nous n'avions pas les ressources suffisantes pour tenir un siège. Le temps jouait en notre défaveur. Notre reine, Azalée, pensait pouvoir mettre fin à la guerre en capturant le roi Styrk. Les éclaireurs nous avaient rapporté que le campement de l'armée Styrkienne était situé dans un recoin de la vallée, entouré par les montagnes, ne laissant aucune possibilité de repli. Nous voulions profiter de cette erreur stratégique pour piéger l'ennemi et le forcer à se rendre.

Le trajet pour arriver avant les renforts Syrkiens dans la vallée fut exténuant, mais primordial pour espérer la victoire. La reine Azalée menait elle-même nos troupes, toujours entourée par sa garde personnelle, les Ombres. Ces combattantes d'élite avaient reçu le don de la lignée Fendil, qui leur conférait des sens surdéveloppés. J'avais déjà eu l'occasion de combattre au côté d'une de ces Ombres et j'avais été subjugué par la grâce, la souplesse et la précision des mouvements de cette combattante, si bien que j'avais presque oublié de me battre moi-même, comme envouté par la perfection de ses gestes.

Lorsque nous arrivions aux abords du campement adverse au petit matin, l'optimisme était de mise. D'après les informations des éclaireurs, Nous étions largement supérieurs en nombre, et la bannière rouge et or du roi Karl Styrk flottait au-dessus d'une des tentes. Cela semblait presque trop facile. Malgré la fatigue inhérente à notre marche forcée, la reine décida d'attaquer immédiatement, profitant ainsi de l'effet de surprise.

J'étais en première ligne, avec le mélange de peur et d'excitation propre à chaque bataille. La reine et ses Ombres occupaient la partie centrale de notre formation, j'étais sur leur côté droit, avec les troupes d'infanterie. Les archers se plaçaient devant nous, prêts à décocher quelques séries de flèches avant de se replier. Nous avancions doucement et en silence vers le campement adverse, piégé entres les montagnes. Bien protégé derrière mon bouclier et entre mes frères d'arme, j'essayais de distinguer une trace de notre ennemi. Malheureusement, nous étions situés en contrebas du camps Styrkien, et la brume matinale rendait la visibilité difficile. Je ne voyais pas la moindre trace d'un soldat adverse.

Une fois arrivés à portée d'arc, la reine Azalée, d'un cri foudroyant le silence, ordonna aux archers de tirer. Plusieurs volées de flèches s'élevèrent dans le brouillard puis retombèrent dans des bruits de roches et de tissus déchirés. Après plusieurs salves, les archers, interloqués, s'arrêtèrent de tirer. Quelque chose n'allait pas. Il n'y avait presque aucun bruit qui provenait du campement Styrkien, seules quelques voix et quelques bruits de métal se faisaient entendre. Nous ne pouvions pas nous permettre de tergiverser. La reine donna alors l'ordre de charger.

Les archers s'écartèrent pour nous laisser la place. J'avançais en formation avec mon bataillon, montant la petite cote qui nous séparait du campement Styrkien. Comme nous nous en doutions, nous découvrîmes un endroit presque vide. Quelques soldats se trouvaient sur place mais ils baissèrent les armes très vite, sans même essayer de combattre. C'était étrange, cela ne ressemblait pas aux Styrkiens de se rendre sans opposer de résistance, c'était même en contradiction la plus totale avec leurs valeurs. J'observais ces hommes. Ils avaient dans leurs yeux et dans leur attitude de la fierté et de la conviction. Quelque chose ne tournait pas rond.

Soudain, je vis l'un d'eux jeter un coup d'œil dans la hauteur sur les montagnes qui entouraient le campement. Je suivis son regard et j'aperçus quelque chose bouger et se cacher derrière un rocher. Mon regard revint sur le Styrkien qui me souriait. Ensuite, ce fut le chaos.

Les Styrkiens avaient posté leurs archers sur les montagnes, et c'est un nuage noir de flèches qui recouvrait le soleil matinal et se dirigeait sur nous. Sans réfléchir, Je plaçais mon bouclier en protection au-dessus de moi, et deux flèches se plantèrent instantanément dessus. Nombres de mes frères d'arme n'eurent pas le même réflexe, et tombèrent les uns après les autres devant moi. Les Styrkiens présents sur le camp furent transpercés par les traits de leur propre camp. Ils s'étaient sacrifiés pour nous tendre un piège. Je n'oublierai jamais le sourire figé d'un des Styrkiens alors qu'une flèche se planta dans son œil droit. C'était comme s'il continuait de nous narguer depuis l'au-delà.

La reine hurla alors l'ordre de nous replier. Je me retournais rapidement, toujours avec le bouclier au-dessus la tête en protection. Je regardais autour de moi, beaucoup des nôtres étaient tombés en quelques secondes, une véritable hécatombe. Je commençais à me diriger vers l'entrée du campement avec ce qui restait de mon bataillon quand les flèches Styrkiennes cessèrent de pleuvoir sur nos têtes, laissant place à un grondement et des cris qui se rapprochaient. Bientôt, ce fut le gros de l'armée Styrkienne qui surgit du brouillard et fonçaient vers nous tels des taureaux enragés.

Nous étions pris dans le piège que nous voulions leur tendre. Notre armée était désorganisée, apeurée et acculée entres les montagnes. J'entendais la reine crier au loin, mais je ne pouvais comprendre ce qu'elle disait à cause des hurlements des Styrkiens. Au milieu de ce brouhaha, Je fis signe aux hommes encore en vie à mes côtés de se remettre en formation pour faire face à l'ennemi. Epée dans une main, bouclier dans l'autre, nous faisions de notre mieux pour nous tenir prêt à l'affrontement.

La charge fut brutale et meurtrière. Le semblant de position défensive que nous avions adopté ne résista pas à l'impact et l'ennemi perça immédiatement nos rangs. Autour de moi, mes frères d'arme se faisaient découper par les haches Styrkiennes. Au milieu de ce massacre, je m'efforçais de rester en vie.

Avec une poignée de soldat, je me repliais du côté de la reine. Les Ombres étaient là également. Elles se battaient pour leur reine avec une férocité incroyable. Leur technique était stupéfiante. Elles portaient une armure légère afin de gagner en mobilité et leurs sens exacerbées leur permettaient d'esquiver presque n'importe quel coup. Plus je les voyais découper les ennemis en morceaux, plus je reprenais espoir dans la bataille. De la même manière que moi, beaucoup d'autres soldats Fendil s'étaient également regroupés autour de notre reine et de ses guerrières. Nous formions un petit bloc et nous résistions aux assauts Styrkiens. De mon côté, je combattais avec tout mon cœur pour aider à triompher de nos ennemis.

Un cri démoniaque retentit non loin de moi et me glaça le sang. C'est alors que je les vis arriver. Les douze Titans, c'était ainsi qu'on les appelait. L'unité légendaire de l'armée Styrkienne. Ils étaient reconnaissables à leur armure à la couleur de l'or et à leurs armes démesurément grandes. Tous les bénis Styrk possédaient une force hors du commun et les Titans regroupaient les meilleurs et des plus sanguinaires d'entre eux. Leur seule présence instaurait la peur à quiconque se trouvait dans les environs. Les douze Titans de Styrk étaient menés au combat par leur chef Vlad Styrk dit le Broyeur, une brute épaisse qui dépassait d'une tête la plupart des soldats. Il ne vivait que pour faire couler le sang des ennemis de son roi. Au combat, il arborait Séisme, un gigantesque marteau en pierre de lune avec lequel il fracassait tout ce qui se trouvait à sa portée.

Et c'est Vlad Styrk lui-même qui mena la charge dans notre bloc. Quelques malheureux tentèrent de se mettre en travers de leur chemin. Le premier fut écrasé par Séisme, réduisant le pauvre homme en une bouillie de sang et d'os. L'impact du marteau sur le sol provoqua une onde de choc jusque sous mes pieds. Il porta ensuite un coup tournoyant et projeta au moins trois autres hommes à une dizaines de mètres. Le reste des Titans n'étaient pas en reste. Ils trucidaient les malchanceux qui se trouvaient sur leur chemin et fonçaient en direction de la reine Azalée. Des Ombres s'interposèrent pour la protéger. Le combat qui s'ensuivit fut dantesque. Les Titans agressaient les guerrières Fendil sans relâche, tandis qu'elles virevoltaient entre leurs lames. L'une des Ombres esquiva un coup de hache d'un saut périlleux, puis sectionna la carotide d'un des colosses. Un autre Titan attrapa une Ombre au vol, et écrasa sa tête entre ses mains avec une facilité déconcertante. La moindre erreur d'un côté comme de l'autre était fatale. Les coups s'échangeaient à une vitesse et une puissance folle. Mais peu à peu, les Styrkiens et leur force incroyable prenaient le dessus sur nous.

La reine Azalée se mêlait également au combat. Elle aussi possédait le Don Fendil et avait reçu une formation de guerrière de l'Ombre. Elle se battait férocement aux côtés de sa garde personnelle. Elle échappa à l'attaque d'un Titan d'un saut latéral, puis lorsque celui-ci tenta un coup d'épée à la taille, elle esquiva d'un grand écart et lui coupa les pieds avec ses deux épées. Elle eut à peine le temps de se relever que Vlad Styrk apparut devant elle. Deux Ombres vinrent lui prêter main forte, mais chef des Titans n'était pas seulement fort, il était aussi rapide. Il donna un premier coup de marteau qui fut facilement esquivé par les deux combattantes, mais le marteau reparti aussi vite dans l'autre sens, fauchant les deux Ombres au passage. Il n'y avait plus personne entre lui et la reine. Le broyeur engagea le combat. Azalée Fendil tenait bon devant la frénésie et la puissance des attaques de son adversaire, mais au fil du temps, la fatigue se faisait ressentir et ses mouvements devenaient de plus en plus lents. Je savais que je devais essayer de faire quelque chose pour l'aider, mais j'étais paralysé par la peur. Je n'avais aucune chance face à ce monstre. Finalement, ce qui devait arriver arriva. La reine Azalée trébucha lors d'un saut arrière, et Vlad Styrk en profita pour lui asséner un coup de marteau en plein thorax. Elle fut projetée à plusieurs dizaines de mètres, un peu à l'écart de la bataille.

Notre reine était à terre et les Ombres survivantes se faisaient de plus en plus rare. La situation était désespérée, nous allions tous mourir ici. Je regardais en direction de la reine. Elle bougeait encore. Je me précipitais à sa rencontre et me penchais vers elle. Le coup qu'elle avait reçu était mortel. Elle crachait du sang et tous ses os semblaient cassés. Quand je fus assez proche d'elle, elle murmura d'une voix faible à mon oreille.

« Soldat... articula la reine, rejoins ma fille... Elle se trouve au village de Furesta... Elle n'est plus en sécurité... Tu dois les prévenir de notre défaite... Et la mettre à l'abris.

— Où voulez-vous que je l'emmène ma reine ?

— L'île de Castalie... »

Sur ces paroles, la reine Azalée poussa son dernier souffle. Elle m'avait confié une dernière mission et je devais honorer sa volonté, ou mourir en essayant. Pour cela, je devais commencer par réussir à fuir ce champ de cadavre. Je laissais le corps sans vie de notre reine et m'éloignais de la bataille pour me diriger vers une des tentes du campement. Alors que j'arrivais presque à l'entrée, un soldat Styrkien m'aperçut de loin et couru dans ma direction. Il attaqua d'un coup de hache que je réussis à parer avec mon bouclier, j'en profitais pour contre-attaquer d'un coup d'estoc qui lui transperça la gorge. Je regardais autour de moi, personne ne semblait m'avoir repéré. Je tirais le corps du soldat dans la tente. Et rapidement, j'échangeais son armure avec la mienne. J'étais plutôt trapu pour un Fendil et pourrait donc assez facilement me fondre dans la masse.

En retournant sur le champ de bataille, il n'y avait que mort et désolation. Les cadavres des combattants Fendil et des Ombres jonchaient le sol, recouverts de sang. La bataille était terminée. Les derniers survivants Fendil s'étaient rendus, la mine grave, connaissant le sort que réservaient les Styrkiens à leurs prisonniers. Affublé de mon équipement Styrkien, je retournais me mêler discrètement aux troupes ennemies tout en réfléchissant à une occasion de m'éclipser. Pour l'instant, personne ne semblait m'avoir repéré.

Peu après que le champ de bataille et le campement furent nettoyés, le roi Karl Styrk fit son apparition. C'était la première fois que je rencontrais ce personnage légendaire de l'histoire de notre continent. Il était certes notre ennemi, mais il était également un enfant de la première éclipse et considéré comme une quasi-divinité. Il régnait sur le royaume de Styrk depuis près de trois cents ans. Les bénis des six lignées vivaient déjà plus longtemps que la moyenne, mais pour les enfants de l'éclipse, nous n'avions aucune idée de leur espérance vie. Certains pensaient même qu'ils étaient immortels, comme le peuple ancien des Inkolas. Malgré sa longue existence, il ne paraissait pas vieux. Comme si le temps avait arrêté de s'écouler pour lui lorsqu'il était dans la force de l'âge. Le roi se tenait devant ses soldats, Vlad le broyeur à ses côtés. Devant eux, le cadavre de la reine Azalée était exposé aux yeux de tous. A sa vue, les larmes me montèrent aux yeux. La reine était aimée et admirée par son peuple, et regarder ainsi son corps sans vie m'emplissait de désespoir. Elle avait fait tout son possible pour repousser l'envahisseur, en vain.

Karl Styrk commença son discours de victoire, glorifiant la bravoure de ses hommes. De mon côté, je ne pouvais détourner le regard du corps de ma reine. Ses derniers mots repassaient en boucle dans ma tête. Comment pourrais-je retrouver la princesse et la mettre en sécurité alors que j'étais entouré de nos ennemis. Les larmes coulaient maintenant le long de mes joues. Par peur que mes émotions me trahissent, je partais à pas rapide me réfugier dans la tente la plus proche.

A l'intérieur de celle-ci, un homme se tenait accroupi de dos et fouillait dans une grande malle posée à même le sol.

« C'est toi Rook ? me dit-il sans même tourner la tête, mon cheval est-il enfin prêt ? Je dois partir pour Dunin au plus vite. »

L'homme tenait dans sa main gauche une enveloppe frappée du sceau royal de Karl Styrk. J'y voyais là l'occasion que j'attendais. D'un pas vif, j'approchais derrière le garde. D'une main, j'appuyais sur la bouche du Styrkien, et de l'autre, je lui enfonçais ma lame dans le cou. Je récupérais ensuite l'enveloppe et tâchais de camoufler le cadavre du mieux possible sous un tas de tissus. Au même moment, j'entendais des bruits de pas et de cheval qui se rapprochaient. Cela devait être le fameux Rook qui apportait la monture du messager.

A peine Rook eut il franchi l'entrée que je l'attrapais violemment par le bras et le plaquais contre moi, mon couteau pointant vers sa gorge. Le pauvre garçon ne devait même pas avoir quinze printemps. La terreur se lisait dans ses yeux. A contrecœur, j'exécutais l'enfant, puis cacha son corps avec celui du messager. Je devais faire vite. Je sortais de la tente, montais sur le cheval et me dirigeais vers l'entrée du camp. Presque tous les soldats écoutaient encore le discours de Karl Styrk, dont la voix puissante parvenait jusqu'à moi. Deux hommes montaient la garde. Je brandissais vers eux l'enveloppe marquée du sceau du roi. Ils me firent signe de passer, je fuyais ce lieu maudis et galopais vers la liberté.

Le village de Furesta était situé au bout du royaume de Fendil, sur une longue avancée de terre coincée entre la mer intérieure et l'océan. Je réussis à faire le trajet en moins de trois jours, m'arrêtant uniquement le temps de reposer ma monture. En arrivant sur les lieux, je découvris un hameau de pêcheurs tout à fait normal. Je comprenais le choix de la reine de cacher sa fille ici. La situation géographique de l'endroit permettait de fuir par bateau et sa banalité n'éveillait pas les soupçons. Une grosse vingtaine de soldats se trouvaient là, chargés de la protection de la princesse. A peine arrivé, je leur fis part des terribles nouvelles que j'apportais avec moi. Mes paroles les firent sombrer dans le désespoir. Je transmis ensuite les derniers ordres de la reine au chef de la garnison. Celui-ci donna immédiatement l'ordre de préparer le bateau pour le voyage vers l'île de Castalie.

J'en profitais pour aller rencontrer la princesse. Celle qui malgré elle, était l'objet de cette guerre. C'était une jolie petite fille d'une dizaine d'années, brune avec de grands yeux bleus. Elle deviendrait certainement au moins aussi belle que sa mère, si elle reste en vie suffisamment longtemps. A peine arrivé, elle me demanda comment sa mère était morte. Je lui racontais alors les derniers moments de sa mère, la bravoure avec laquelle elle s'était battue contre les Titans et leur chef.

« Je la vengerai ! dit-elle simplement. »

Elle partit ensuite en pleurant. La pauvre enfant avait eu le malheur de naitre pendant la dernière éclipse. C'était la première fois que cela arrivait pour la lignée Fendil. Le roi Karl Styrk, étant lui aussi un enfant de l'éclipse, disposait d'une force considérable, plus grande encore que celle des titans. Le fait de pouvoir avoir un adversaire à sa hauteur, avec un enfant de l'éclipse Fendil lui fit peur. Et c'est pour cela qu'il décida de partir en guerre contre notre royaume.

La préparation du voyage de la princesse avançait bien, et le bateau pourrait partir dans la journée. De mon côté, je réfléchissais à la suite de mon existence. Ma vie de soldat se terminait avec la chute du royaume Fendil. La seule chose qui me semblait juste à faire était d'accompagner la petite sur l'île de Castalie pour lui servir de garde.

Des cris apeurés me tirèrent de ma réflexion. Un groupe de villageois passa près de moi en courant. L'un d'eux m'attrapa par le bras.

« Les Styrkiens ! Ils arrivent ! me dit-il. »

Je me précipitais aux portes de la ville. De loin, j'aperçus la poussière de leurs chevaux. Ils fonçaient sur nous. J'ignorais comment ils avaient pu nous retrouver aussi vite. M'avaient-ils démasqué lorsque j'étais parti de leur campement ? Pendant mon trajet jusqu'à Furesta, je m'étais souvent répété que j'avais eu beaucoup de chance de pouvoir partir aussi facilement de leur camp dans la vallée d'Ix. Ils m'ont certainement suivi pendant tout ce temps pour que je les mène à la princesse. Je fonçais vers le port, il fallait partir immédiatement. Sur les quais, les hommes avaient déjà eu l'information de l'attaque imminente, et s'activaient pour l'embarquement.

« Dans combien de temps pouvons-nous partir ? demandais-je au capitaine du vaisseau.

— Nous devons encore charger quelques vivres et défaire les voiles, nous avons besoin d'un peu de temps. »

Tous les villageois aidaient maintenant à la finalisation des préparatifs. Les soldats se tenaient prêt au combat pour retarder l'ennemi. La princesse avait déjà embarqué sur le bateau. Non loin, on entendit les cris terrifiants des Styrkiens. Ils étaient déjà là. Le chargement était terminé et les voiles hissées. Le bateau commençait à partir. Au même moment, les Styrkiens déboulaient sur les quais, semblables à une troupe de loups fondant sur leur proie. Vlad Styrk était là, accompagné par sa troupe de Titans et quelques soldats. Ils chargèrent et commencèrent à tailler en pièce les villageois et les soldats qui tentaient vaillamment de se défendre. Ils traversaient nos rangs sans rencontrer la moindre résistance. Cependant, le bateau était quasiment hors de leur portée. Nous devions gagner du temps. Je tuais un soldat Syrkien, puis je vis Vlad Styrk foncer vers le bateau pour attraper un des cordages. Dans un élan de courage, je courais jusqu'à lui et profitait d'un moment d'inattention pour lui asséner un coup d'épée qui lui trancha la main, et par la même occasion, libéra le bateau. Je sentis ensuite une lame me traverser le corps. Un soldat Styrkien qui m'avait planté sa hache dans le dos.

Je m'étalais sur le sol, un voile blanc apparaissait devant mes yeux. Le bateau et la princesse s'éloignaient du rivage. J'avais réussi, elle s'en était sortie. Je n'allais pas devenir son garde. Elle allait devoir se protéger elle-même. J'espère qu'elle le pourra, et qu'elle sera assez forte pour venger sa mère comme elle me l'avait dit. Mon histoire se terminait ici. J'étais fier d'avoir servi ma reine et d'avoir respecté sa dernière volonté. Alors que ma vue se troublait, j'apercevais Vlad Styrk qui s'approchait de moi.

« Nous allons la trouver tu sais, elle ne vivra pas longtemps. Tu es mort pour rien. »

Ensuite, il prit son marteau de son unique main, le leva en l'air si haut qu'il en cacha le soleil. Ce fut la dernière chose que je vis.

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