La promesse

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Célia était assise à une terrasse de café, éloignée du centre-ville pour ne pas être au cœur de la cohue matinale. C’était une habitude, tous les jours, elle venait boire son cappuccino. Elle voyait ça comme une promesse personnelle. Une promesse qui l’aidait à garder les pieds sur Terre. 

Assise, là, à attendre que son cappuccino refroidisse, elle divaguait encore une fois, elle réfléchissait à la suite, comment pourrait évoluer sa vie professionnelle ou sentimentale. Par réflexe, elle entourait la tasse de ses deux mains, inconsciemment elle comprit que la boisson était à bonne température et elle commença à boire, lentement, le liquide tiède descendit le long de sa gorge et sa chaleur se répandit dans tout le corps. Les pensées s’effacèrent doucement, sa tête se vida pour laisser son corps sentir toutes les sensations que lui procurait ce cappuccino quotidien. 

C’est à ce moment précis qu’elle se sentait le plus libre, quand elle ne pense plus à rien et se contente de ressentir les choses sans avoir à les interpréter, les comprendre ou les expliquer.

Ce sentiment de liberté lui permettait de vivre sa journée contrôlée par la routine: métro, boulot, dodo. Un moment qu’elle convoitait comme un Graal inaccessible, pourtant elle savait qu’elle allait le ressentir le lendemain

Elle la connaissait par cœur cette routine, métro? Le numéro 4 à 8h12, boulot? Enseignante de 8h30 à 16h30, dodo? 22h45 seule dans le grand lit de sa chambre bleu azur.

On était mardi, et le mardi, il y a toujours cinq autres clients à la terrasse du café, sauf aujourd’hui. Il y avait une sixième personne, une femme. Une femme banale, ni attirante, ni repoussante, mais cette inconnue avait attisé la curiosité de Célia, tout simplement parce que c’était une inconnue dans sa routine.

Elle l’observait, la serveuse était venue prendre sa commande, juste une dizaine de secondes et était repartie.

8h10, le métro allait arrivé, elle pouvait encore l’avoir, mais impossible de bouger, elle l’observait.

8h11, elle pouvait encore l’avoir en courant un peu, mais la serveuse revint, sur son plateau, une seule tasse, reconnaissable aux deux lignes bleues parallèles, un cappuccino.

8h12, trop tard, elle avait raté son métro.

Arrivée en retard à son boulot, elle n’en avait pas dormi de la nuit. Tout ça à cause d’un cappuccino.

Mercredi matin. Célia prit place à sa table de la terrasse, la serveuse s’approcha:

- Un cappuccino, Célia?

- Non, apporte-moi plutôt un latte macchiato, s’il te plait.

La serveuse s’arrêta une demi-seconde, comme Célia ne dit rien, elle repartit à l’intérieur du café.

Quelques minutes plus tard, après que sa boisson ait refroidi, elle l’apporta à ses lèvres. C’était une nouvelle sensation, un nouveau goût, une nouvelle chaleur, un nouveau sentiment de liberté.

À partir de ce jour, Célia se fit une nouvelle promesse, la promesse que dorénavant, tous les matins, à cette terrasse elle commanderait quelque chose de différent de la veille.

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