04. La marque de Cain

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Kolrarid était partagé entre deux sentiments depuis que l'ange brun s'était réveillé. L'amusement, vu qu'il semblait être un enfant ici bas. Chose assez étrange d'ailleurs. Pour lui, l'image des anges étaient encore plus péjorative qu'avant. D'accord, un ange c'était l'être parfait, ultime, c'était avant tout pour cela que les démons les détestaient. En plus de la rancœur de leur Père contre eux… Mais aujourd'hui, avec le peu qu'il avait observé de Camille… Il était en train de se dire… Qu'en réalité, les anges étaient des êtres sans substances, complètement vide. Des coquilles vides que ce Dieu semblait utiliser à son avantage. Une moue triste fini par se dessiner sur son visage. Car au fond, il savait que les démons, c'était la même chose, sauf… Que les démons n'étaient pas comme des coquilles vides. Ils pouvaient manger, boire, vivre, en gros… Il avait donc de la peine pour ce pauvre oiseau tombé du nid. Qui devait se sentir perdu, dans ce monde trop grand pour lui, qu'il ne comprenait pas.

Sa partie sombre grondait au fond de sa gorge, il devait rapidement se calmer. Ne plus penser à cela. C'était un sujet qui le faisait perdre pied. Il ne devait pas perdre le contrôle maintenant. Sinon la colombe allait perdre définitivement ses ailes. Et Kol' ne voulait pas de ça. Il n'était plus seul dans cet appartement. Pas qu'il se sentait seul, bon okay, juste un peu. Voir Camille débarquer dans sa vie était peut-être un signe. Il ne croyait pas vraiment aux signes divins, mais… Quatre-vingts ans à vivre seul et à observer les humains. Même s'il avait sa vie, ses amis n'en étaient pas véritablement. Car avec les humains, il ne pouvait pas discuter de choses en rapport avec sa véritable nature, car personne ne savait qu'il était un démon.

En tout les cas, depuis que l'ange s'était réveillé, il n'avait pas arrêté de rire. Son regard, on aurait vraiment dit un enfant humain qui découvrait le monde. Pareil pour la bouffe. Dire qu'il y avait tant de choses bien meilleur que les ramens instantanées… Étrangement, quand il lui avait demandé de remettre en place son aile, pour une fois, voir quelqu'un souffrir ne lui avait pas procuré du plaisir. Bien que ne pas compter jusqu'à trois l'avait amusé. En fait, c'était assez simple. Kolrarid aussi avait des ailes dans le dos. Il avait… Imaginé la douleur que l'aile de l'ange pouvait lui faire. Ce n'était pas très enviable. Il s'était senti, pendant un instant, proche de cet ange. Et encore maintenant, il se sentait proche de lui, malgré leurs différences, ils se ressemblaient beaucoup. Une paire d'ailes, un corps humanoïde, et soldat pour un être supérieur.

Revenant à la réalité en voyant revenir l’angelot. Ne mouftant pas d’un poil face au corps de Camille présent devant lui dans le plus simple appareil. Il n'avait pas mit ses vêtements… Pourquoi ? Était-il si farouchement opposé aux démons qu'il ne voulait même pas porter un vêtement lui appartenant ? C'était si contradictoire, vu qu'il acceptait son aide. Bon après, il n'allait pas se plaindre, il faut dire que le blanc-bec était super bien foutu. Hum… Peut-être pourrait-il lui faire découvrir le pêché de chaire… Ce serait amusant à voir. Mais alors il haussa un sourcil, intrigué. Comment ça, une marque dans le dos ?…

Alors, il se leva, mettant sa cigarette qu’il avait allumée plus tôt, dans le cendrier pour ne pas le blesser sans faire attention. Face au dos du garçon, il ouvrit grand les yeux. Son dos sans ailes était sans aucune marque, sauf une. Une trace de main, qui semblait avoir brûlé la peau de Camille, laissant apparaître la couleur rouge du sang et de la chaire. Sa partie sombre grogna encore une fois. La vue de la chaire ravivait une faim tapie au fond de lui depuis des siècles. Prenant une grande inspiration, il réussi néanmoins à se calmer.

- C'est assez particulier comme brûlure, on dirait le même style que la marque de Caïn… Elle ne semble même pas s'être un peu résorbée avec ton pouvoir de guérison… Tu sais qui te l'a faite ? Tu l'as toujours eu avant, ou pas ?, demandait alors Kol' la mine concentrée sur ses réflexions.

La marque de Caïn était une référence au début de la civilisation humaine au début de la Création par le père de Lucifer. Celle-ci représentant le sceau de la déchéance de celui-ci, après le meurtre d'Abel… Pour lui rappeler sa faute. Camille avait donc commis une faute ? Mais quoi ? Il avait l'air bien plus inoffensif qu'un chat…

- Bon, je vais essayer de te donner quelque chose contre la douleur. Vu que tu as ressenti le besoin de manger, tu devrais être réceptif aux médicaments humains Pas sûr que tu guérisses, mais si ça peut te faire avoir moins mal…

Il se tourna pour aller dans un petit meuble, près de l'entrée, pour reprendre la trousse de secours qu'il avait déjà utilisé quand Camille avait été inconscient. Prenant un petit pot, il l'ouvrit pour mettre du baume sur ses doigts.

- Tu vas peut-être avoir un peu mal. Mais rien de bien méchant…, enfin, il l'espérait pour lui.

Alors il commença à passer le baume sur la plaie. Puis, il recouvrit la marque d'une compresse qu'il fixa avec du ruban adhésif médical. Le voilà à présent affublé d'un carré blanc entre les omoplates.

- C'est un baume qui aide à cicatrisé et contre la douleur normalement… Avec la compresse, tu vas pouvoir mettre un haut. Tu sais que mes vêtements ne vont ni te manger, ni même te maudire, hein ?, venait-il de lui lancer, un air amusé au visage.

Rangeant tout ceci, il se rassit sur le canapé, regardant par les fenêtres donnant sur le dehors, en baillant.

- Par contre, il est méga tard. Il faut dormir. Garde ma chambre, je pioncerais sur le canapé.

- Dormir ?, demanda Camille, l'air aussi ahurit que quand le démon lui avait parlé de prendre une douche.

- Oui, dormir. Vu que tu es dans le monde des humains et que contrairement à là-haut, tu as eu faim, tu vas aussi avoir besoin de dormir. C'est un besoin biologique du corps chez les humains.

- D'accord… Et on fait comment ?

- Attends… Tu sais même pas comment on dort ? C'est le truc que tout le monde sait faire pourtant !

- Mais je suis pas tout le monde, moi ! Y a bien qu'un démon pour pas me comprendre…, grogna tristement le brun aux cheveux longs.

Cette tirade fit à nouveau de la peine à Kol'. Un enfant. Oui, il avait oublié que Camille semblait être un enfant dans ce monde, malgré son physique.

- Je préférerais sortir, moi…

- Ah non, ça c'est hors de question.

- Mais pourquoi ?!

- Parce qu'il fait nuit ! La nuit, les êtres vivants dorment. Et tu es encore trop faible pour sortir. Alors tu vas aller dormir, demain tu resteras ici pour te reposer aussi. Jusqu'à ce que j'estime que tu sois assez rétablit et peut-être que là je t'autoriserais à passer le pas de ma porte.

Nouvelle moue de la part de l'ange, ce qui dérida le démon, souriant d'un air amusé. Il se leva pour s'approcher de lui, lui posant son bras sur ses épaules avec délicatesse pour ne pas lui faire mal. Le prenant contre lui, ils allèrent dans la chambre. Ensuite, il l'aida à se coucher, en forçant un peu, vu qu'il ne se laissait pas vraiment faire.

- Voilà, tu restes allongé là. Dans le calme et le silence. Tu fermes les yeux et tu verras, le sommeil va venir tout seul. Ah et interdiction d'essayer de t'envoler du balcon comme un ado, j'ai des yeux partout. Aller, bonne nuit l'angelot.

Kol' venait de fermer la porte alors que Camille poussa un cri désapprobateur par rapport au surnom qu'il lui avait donné. Il s'était donc avachit sur le canapé, pour finir par s'endormir à son tour. Le lendemain, matin, il s'éveilla très tôt. Le problème des démons, c'était qu'ils ne dormaient jamais très longtemps. Les grâces matinées n'étaient pas faites pour eux. Il n'était pas loin de six heures. Se levant, il ouvrit doucement la porte de sa chambre pour voir Camille dormir comme un bébé. S'il n'avait pas été un ange, mais son petit-ami, il serait venu le rejoindre pour le prendre dans ses bras.

Alors il décida d'aller faire des courses pour le petit-déjeuner. Histoire de lui faire découvrir des trucs nouveaux et bien meilleurs que son repas d'hier soir. Il allait partir mais se ravisa d'un seul coup. Coupant le gaz, il cacha tous ses briquets ou objets pouvant produire du feu pour ne pas que Camille tombe dessus s'il se réveillait.

Revenant à peine quarante minutes plus tard, il s'attela à la tâche de la cuisine. Faisant des pancakes maison, du jus d'orange frais, des cookies au chocolat, une salade de fruits et des tartines de beurre et de confiture, ce qu'il préférait. Avec bien entendu, un chocolat chaud avec un peu de chantilly sur le dessus. Mettant tout ça sur un plateau, il l'amena dans la chambre, le déposant sur le lit. Camille quant à lui semblait déjà réveillé, sans doute par les odeurs de cuisine.

- Qu'est-ce que c'est ?, demanda-t-il alors qu'il se frottait les yeux en se réveillant telle une grosse marmotte.

- Encore de la nourriture. Mais de la nourriture différente. Le matin, c'est un petit-déjeuner. Les humains mangent plutôt des choses sucrées dans ce pays pendant ce repas. Tu verrais la diversité de la nourriture ici, c'est incroyable ! Et c'est clairement bien meilleur que les âmes que les démons ont l'habitude de manger.

Bien sûr, il s'était aussi fait des assiettes pour lui. Observant à la dérobé le jeune homme qui l’intriguait toujours autant. Finalement, il posa sa tasse de café presque vide, car lui s'était fait du café.

- Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi j'en ai pas eu ?

- C'est du café, c'est pour les grands, pas pour les bébés moineaux.

- Mais je suis pas un bébé ! Arrête à la fin !

- Très bien ! Comme tu voudras, goûtes dans ce cas !, rétorqua Kol', en écartant les mains, faignant l'agacement.

Comme il l'espérait, Camille fit une grimace de dégoût si intense par rapport au café, qu'il ne pu s'empêcher de prendre une photo avec ton téléphone.

- Hey ! Qu'est-ce que tu viens de faire ?!

- C'est mon secret ! Peut-être que si tu es un gentil petit ange, je te montrerais ça ce soir.

- Ce soir ? Tu sors ?

- Oui, je dois aller travailler. Comme tous les humains, pour gagner de l'argent et vivre un minimum décemment puisque j'ai un bébé ange à nourrir.

- Non mais je suis pas idiot, j'avais compris ce que c'était que le travail !

Kolrarid ne pu s'empêcher de rire. Vraiment Camille était quelqu'un de particulier. Il ne semblait pas savoir ce que c'était de dormir et une douche mais savait ce qu'était le travail ? À tous les coups il mentait. Finalement, le démon allait prendre une douche rapide et s'habiller. Puis, il se prépara à partir. Lançant un petit trousseau de clés sur le lit de Camille.

- Bon, je vais travailler, je vais rentrer quand il fera nuit. Dans la cuisine, il y a une assiette remplit de nourriture. Je t'ai expliqué sur un bout de papier comment la faire réchauffer au micro-ondes, en l'indiquant. Interdiction de sortir, vu ton état. Mais je te laisse quand même les clés au cas où il y aurait le feu dans l'immeuble ou un truc comme ça.

Lui lançant un sourire des plus charmant, il lui ébouriffa les cheveux, juste pour l'emmerder en s'en alla en tournant la clé dans la serrure.

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