"Il était dégoûté par ce qu'il voyait."
Louis était un jeune garçon d'une petite dizaine d'années. Ce n'était qu'un enfant quand son père, chasseur, lui proposa de l'accompagner lors de l'une de ces parties de chasse. Le jeune garçon piailla de bonheur et accepta tout de suite. Il était bien trop content que son père l'invitât à faire une activité avec lui. Il ne savait pas ce qu'était la chasse à ce moment-là.
Habituellement, son père partait à l'aube, mais comme il avait son fils avec lui, ils partirent dans la matinée avec leur chien. Paul expliqua à son enfant qu'ils ne devaient pas parler et qu'ils allaient devoir marcher un moment. Le jeune garçon s'en fichait, trop heureux d'être avec son papa. Durant plusieurs heures, ils marchèrent, sans faire de bruit. Leur chien restait à quelques pas d'eux, la truffe sur le sol comme s'il cherchait quelque chose.
Soudainement, il lâcha quelques discrets couinements. Le père expliqua dans un chuchotis qu'il ne fallait plus faire un seul bruit, Louis hocha gravement la tête. Ils firent quelques petits pas vers le chien. Paul fit signe à son fils de se baisser. Ce dernier le fit, immédiatement. À quelques mètres d'eux, dans une clairière, une biche et son petit pâturaient l'herbe verte. Les yeux de l'enfant étincelèrent à cette vue, il n'avait jamais vu d'animaux de si près. Il était fasciné, si bien qu'il ne vit pas son père armer son fusil et tirer.
Durant une seconde, le temps sembla suspendre sa course. Puis la seconde d'après, la biche s'effondra sur le sol tandis qu'une petite tache rouge commença à se répandre sur son poitrail. Le garçon lâcha un couinement surpris tandis que le faon détalait en courant. Les yeux de l'enfant se remplir de larmes même s'il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Son père jaillit des fourrées et se jeta sur la biche. Les yeux du garçon s'agrandir quand il vit Paul, un couteau à la main, près de la bête. Son estomac se serra sans qu'il ne comprenne pourquoi. Lentement, il vit son père se pencher sur la biche et son couteau disparut, l'espace d'un instant. La biche arrêta de bouger et sembla se relâcher.
Le garçon était assez grand pour comprendre. Il sentit dans sa bouche le goût de la bile et son estomac qui se soulevait tandis que les larmes dévalaient ses joues. Il ne pouvait s'empêcher de regarder l'animal étendu sur le sol. Instinctivement, il porta sa main à sa bouche et se pencha en avant alors qu'il ressentait la brûlure acide dans sa gorge. Louis avait envie de vomir. Son visage était déformé dans une étrange grimace. Au loin, son père le regardait en souriant et lui dit :
"Je ferais de toi un homme, mon fils."