Chapitre 33

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Hestia

Le bougre m’asséna un uppercut que je ne pus éviter, je valsai dans les airs et percutai la terre ferme de plein fouet. Il n’y était pas allé de main morte. La violence du choc m’arracha le souffle de ma poitrine et j’eu l’impression de ne plus avoir d’oxygène dans les poumons.

La tête dans le brouillard, je le vis s’avancer dans ma direction dans une démarche féline.

—Alors on fait moins la maligne gamine, se moqua Danaos. Je t’ai mis KO alors que le combat vient juste de commencer. Franchement pathétique, tu n’as donc rien appris ces dernières semaines.

Avec difficulté je me relevai pour lui faire face, sauf qu’il n’était plus là. Je me retournai dans tous les sens vigilante, rien. Il avait disparu de mon champ de vision comme par magie. Il ne devait pas être bien loin, surement qu’il se cachait derrière un arbre et attendant de me piéger.

Un mouvement brusque sur la gauche me fit me baisser. J’avais bien fait car sinon j’aurais eu encore une fois son poing en plein sur mon flanc douloureux. Un sourire satisfait ourla mes lèvres qui se crispèrent de douleur suite à un coup de pied vicieux. Je ne l’avais même pas vu arriver, il attint mon ventre et je me pliai en deux de souffrance tant cela faisait mal. Les larmes me montèrent aux yeux et je hoquetai. Il ne me laissa aucun répit car il attrapa mon cou dans une poigne ferme et accrocha mon regard du sien.

—Tu pensais sérieusement que tu pouvais me vaincre. Tu oublies que j’ai des années d’expériences contrairement à toi idiote. Abandonne, de toute manière tu as perdu d’avance, me susurra-t-il d’un air sarcastique.

Une rage abyssale commença à en prendre ses aises dans mon corps anéantissant une à une mes autres émotions. Il était or de question que je le laisse gagner, c’était une question de fierté. Je l’avais sous-estimé c’est vrai, mais je pouvais le faire, je pouvais le vaincre. Tout à l’heure, je l’avais pris au dépourvu, je devais encore y parvenir.

—Je n’abandonnerai pas, grognai-je avant de lui balancer un coup de genoux dans son entre-jambe.

Sa poigne se desserra et je le vis crisper sa mâchoire. Un grondement féroce s’échappa de son poitrail. Profitant de cette occasion je parvins à m’éloigner de quelques pas à reculons pour ne pas le perdre de vue. Il dardait sur moi un regard incendiaire, pire meurtrier. Je venais de réveiller la bête. Sans lui laisser le temps de se ressaisir, je tentais de lui assener un coup de pied retourné, il le dévia avec facilité et je me retrouvai une nouvelle fois au sol. Mes sourcils se froncèrent d’incompréhension, comment avait-il fait cela ? Je ne l’avais même pas vu bouger.

Ses chaussures apparurent devant mes yeux, je levais la tête vers lui. Il me toisait de toute sa hauteur. Etant donné la position dans laquelle j’étais, j’essayai de le faire tomber en entourant ses mollets avec mes jambes, peine perdu, tel un roc il resta ancré à la terre. J’étais clairement en position de faiblesse dans ce combat. La prétention dont j’avais fait montre était humiliante et j’avais conscience d’agir comme une gamine. Mais ma raison était annihilée par ma déraison.

—Tu tentes de faire quoi là ? Je pense que tu t’es assez ridiculisée comme ça Hestia, me dit-il sous le ton de la réprimande.

Je me relevai et levais les bras exaspérée par ses paroles, c’était la goutte d’eau qui faisait de déborder le vase.

—J’en ai plus que marre de toi ! Tu te permets de me juger, de faire comme si tu étais mon père, mais il n’est pas là d’accord. Personne n’est là pas pour moi. Pourquoi ? Parce qu’ils sont soit morts, soit ils s’en fichent de mon sort. J’ai jamais demandé ces pouvoirs, je n’en veux pas. J’aurai préférer ne pas être née ! m’exclamai-je impuissante.

Je vis dans son regard une once de pitié, mais je ne voulais pas qu’il me plaigne non. J’avais besoin de réconfort, d’aide et il ne m’en procurait pas. Il ne cessait de se foutre de moi à longueur de journée, de me faire me sentir inutile. Hadès l’avait envoyé pour me protéger, sauf que j’aurais préféré ne jamais le rencontrer. Certes, il m’avait sauvé deux fois, mais à contre-cœur.

— Je ne veux pas de ta pitié, ni de ta charité. Si je suis parvenue à tuer l’aigle du Caucase, alors je peux te battre.

—Ah oui et pourquoi tu as su le mettre à mort alors que tu ne savais pas te battre ? Parce que tu étais en colère Hestia. La mort de ta famille t’avais anéantie. C’est grâce à l’adrénaline que son corps à sécrété que tu as su vaincre ce monstre et aussi parce qu’il était affaibli. Il n’était pas au maximum de ses capacités.

Je fis la sourde oreille, je ne voulais pas entendre ce qu’il me disait, ça faisait trop mal dans mon cœur. Je fonçais vers lui dans un cri aigu et je le bourrai de coups. Il me laissa me défouler semblant insensible à mes attaques ce qui ne fit qu’exacerber ma colère. Son torse semblait être fait d’acier, je me blessai plus que je ne le blessai lui.

—Bats-toi, lâchai-je en criant

—Je pense que le mieux serait que tu te calmes. Fais tes enchainements de yoga pour réguler ta hargne et ta rancœur, fis-t-il d’une voix douce en affichant un air amical.

Alors que j’étais au bord du gouffre, Monsieur se permettait d’être gentil, sauf que c’était trop tard, j’étais trop proche du précipice.

—Non, je veux te battre, j’en ai plus qu’assez que tu me considères comme une bonne à rien

—Tu ne dois rien me prouver Hestia ! Tempêta-t-il

—Si ! hurlai-je

Mon pouvoir s’éveilla sans que je puisse le juguler. Un éclair de feu s’échappa de ma bouche et fusa en direction de Danaos. Je le regardai effaré, par ce qui était en train de se passer. Par miracle il parvint à éviter l’éclair mais un autre s’échappa de mon corps. Je pris de grande inspiration pour me maitriser, rien ni fit. Mon pouvoir était en train de me consumer. Je tombai à genoux en criant mon corps se consumait à petit feu. Je me recroquevillais car mes entrailles brulaient. Un gémissement s’échappa de ma gorge. Je n’étais plus que douleur et combustion. Des larmes amères s’échappèrent de mes yeux, brulant mes joues sur leur passage. Mon pouvoir venait de prendre possession de ma personne. Je n’étais plus qu’un pantin.

Soudain, des mains puissantes se posèrent sur mes tempes me procurant un bien fou. C’était comme si on m’avait posé un baume apaisant.

— Il suffit ! Contrôles-toi ! m’admonesta la voix d’Arès.

— Je ne sais pas comment faire.

Ma voix n’était qu’une filet à peine perceptible.

— Concentre-toi Hestia. Il faut que tu reprennes possession de tes sens. Tu vas inspirer profondément et visualiser dans ta tête ton pouvoir. Ensuite, tu vas faire apparaître une boite et emprisonner ta magie à l’intérieur. Ne te précipite pas, prends ton temps.

Son ton calme me calma quelque peu. Je fermai les yeux et fis ce qu’il me disait de faire. Je représentai mon pouvoir comme un esprit de feu, et je le cadenassais dans une cage. Je poussais un soupir de soulagement, car cela fonctionna.

Arès me remis sur mes pieds et posa ses mains sur les épaules.

—Tu n’es pas prête ! Tant que tu n’auras pas compris que pour combattre il faut que tu restes Maître de toi sinon tu n’arriveras jamais à vaincre ton ennemi et encore moins à terrasser mon père.

Je baissai la tête honteuse de mon comportement. J’avais honte qu’il ait assisté à ma déconfiture.

—Hestia, tu es forte tu peux le faire mais pour cela tu dois cesser de culpabiliser et aller de l’avant.

—Comment ? tout ça c’est de ma faute, c’est …

—Non ! Rien n’est de ta faute ! Ton père savait à quoi il devait s’attendre lors de ta naissance. Il aurait dû te protéger davantage. Or, maintenant tout repose sur toi Hestia. J’ai confiance en toi, je sais que tu peux le faire, il te faut juste les bons outils et surtout beaucoup d’entrainement.

J’opinai du chef et il me laissa m’en aller. En passant devant Danaos, mes joues prirent une nuance écarlate. Il me regardait d’un air incrédule.

—Je suis désolée, soufflai-je piteusement avant de me précipiter jusque dans ma chambre comme si la honte avait des jambes et me pourchassait.

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