Chapitre 23

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Hestia

Sans plus réfléchir une seule seconde et ivre de colère je me précipitais sur le monstre. J’étais la lionne qui protégeait sa portée. La lame de mon poignard pénétra la chair tendre de son cou. Surpris le monstre cria sa douleur et relâcha Zéphyr qui commença à pleurer.

—Hestia, souffla-t-il en écarquillant ses prunelles bleues de terreur.

La créature me fit face. Il s’agissait d’une sorte d’homme oiseau, il avait des longs bras qui se terminai par des mains aux doigts crochus et aux ongles coupants. Un énorme bec mangeait son visage ou se trouvait deux yeux ambrés aux pupilles verticales. Son corps était recouvert de plume d’un noir lustré. Il était très grand et atteignait le plafond.

Le volatile m’attaqua en représailles. Je m’abaissai pour éviter ses serres acérées et lui plantais à nouveau le poignard dans son mollet. Ma rage se décupla encore plus en voyant l’état de mon petit ange.

Pour éviter qu’il assiste à un meurtre à l’âge de cinq ans, j’envoyais valser l’oiseau dans le couloir en invoquant ma magie de l’air. Il alla se fracasser contre le mur qui se fissura sur toute sa longueur. Cependant, il n’avait pas l’air sonné pour autant, il se redressa rapidement et fondis sur moi.

—Décerto, nous sommes attaqués criais-je à plein poumons.

Avec tout le raffut que nous faisions, elle aurait dû se réveiller, mais que faisait-elle par l’enfer !

Un projectile fusa dans ma direction, tandis que je me précipitais vers la rambarde des escaliers. Je plongeais au sol pour l’éviter et me réceptionnai d’une roulade. Il s’agissait de l’une de ses griffes. Je pensais qu’il allait encore m’attaquer, mais il s’immobilisa. Je me retournai vers lui incrédule.

—Ta chère Décerto est morte ! Je l’ai tué et je me suis délecté de son foi juteux. Il était succulent je dois dire. Malheureusement pour moi, je m’apprêtais à réitérer l’expérience avec cet enfant à la chair tendre, mais toi vilaine petite fille tu m’en as empêché, ricana-t-il sa voix retentissant dans la nuit silencieuse.

—Tu mens ! Décerto, m’époumonai-je de plus belle.

Un rire sarcastique s’échappa de sa bouche et il me désigna de son bras plumeux, la chambre de Décerto.

—Regarde le sang qui s’est répandu telle un lac épais. Elle est morte ! insista-t-il.

Je tâtonnai le mur à la recherche de la l’interrupteur et l’actionnai.

Décerto était là, allongé dans son lit. Son buste était ouvert en deux et tous ses organes étaient apparents. Le sol d’un tapis hémoglobine et d’entrailles.

Je dû m’appuyer sur la commode qui était à côté de moi. Mon corps se mit à trembler avec violence. Mon souffle se fit erratique, j’avais besoin d’air. Lorsque j’aperçu ses yeux bleus grand ouverts et figés de terreur je ne pu contenir plus longtemps un hurlement de pure douleur, qui m’écorcha la gorge. Je venais de perdre celle qui faisait figure de mère pour moi et tout sa était de ma faute. Mon égoïsme lui avait coûté la vie. Mon cœur se brisa morceau par morceau, je portais la main à ma poitrine tant cette blessure était insoutenable.

—Tu vois fille d’Hadès, je n’ai pas menti ! Je ne mens jamais !

Sur ces derniers mots, il ouvrit son bec et un cri perçant s’échappa de son poitrail et me perça les tympans. Je me recroquevillai sur moi-même en mettant mes mains sur mes oreilles tant ma souffrance était insoutenable. Décerto était morte, plus jamais elle ne me serrait dans ses bras, comme elle l’avait fait quelques heures auparavant, plus jamais elle ne me rassurerait. Plus jamais…

—« Zéphyr est en danger » !rugit ma conscience en me rappelant à l’ordre

Je rouvris les yeux que j’avais fermé. L’aigle me tournait le dos et s’apprêtait à repartir se nourrir de Zéphyr. Il pensait m’avoir anéanti, il se trompait. Maintenant que je n’entendais presque plus rien, juste un acouphène aigu, son cri ne pourrait plus m’atteindre. J’allais venger ma grande sœur de cœur, ma maman de substitution. Il allait souffrir.

Un étrange calme s’empara de mon âme. J’occultai toutes les pensées tristes et fit le vide dans mon esprit. Je devais garder la tête froide pour ce que j’allais accomplir : La vengeance.

Je me redressai et furtivement je lui balançai mon poignard en bas de son dos. Avant qu’il ne puisse bifurquer dans ma direction, j’étais sur lui et j’enfonçai encore plus profondément la lame qui alla trancher les muscles, jusqu’à atteindre l’os de sa colonne vertébrale. Je venais d’anéantir sa mobilité au niveau de ses jambes. Les cours de biologie m’avaient bien servi.

Il parvint quand même à déployer ses ailes et j’allais me fracasser dans les escaliers que je dévalais. Je sentis l’une de mes côtes transpercer quelque chose à l’intérieur de ma cage thoracique, ce qui me coupa la respiration, sauf que je me repris très vite.

Je revins à la charge en utilisant mes pouvoirs infernaux. Une immense boule de feu se forma dans mes mains et je l’envoyais sur mon ennemi. Ce dernier se roula à terre en essayant d’éteindre les flammes sauf qu’il n’y parviendrait pas. C’était moi qui alimentait ce brasier et moi seule pouvait l’éteindre.

Je ne m’étais jamais exercé avec ce pouvoir car j’en avais l’interdiction formelle. Comme pour l’eau, l’air et la terre, il suffisait de ne faire qu’une avec cette aptitude, la laisser fusionner en moi car elle faisait partie à part entière de mon corps. J’avais deux bras normaux et visibles et quatre autres bras magiques et invisibles.

Remarquant, que sa peau commençait à noircir, et ne voulant pas qu’il meure de cette manière, j’éteignis l’incendie que j’avais déclenché en envoyant une gerbe d’eau qui provenait des W.C sur le monstre. Il méritait de pourrir dans des déjections nauséabondes.

—Alors petit moineau on a perdu son plumage ? me moquai-je en lui donnant un coup de pied dans son dos vouté.

Il ne me répondit pas, à la place, il m’envoya une de ses griffes éjectables qui m’égratigna la joue.

—On fait moins le malin, hein ?!

Je lui rendis un second coup, cette fois-ci sur son crâne qui se fendit sous la brusquerie de l’impact.

Il parvint à transpercer mon bras droit dans une de ses serres et pour me défaire de celle-ci, je sectionné à un à un, ses phalanges, jusqu’à ce que des moignons sanglants apparaissent. Les extrémités de ses ongles restèrent fichées dans ma peau, mais je n’y prêtais pas attention, je les enlèverai plus tard.

—Alors oiseau de pacotille, on ne fanfaronne plus ? Je suis gentille, je vais t’aider à te relever, dis-je en lui tendant la main. Oh, mais j’oubliais, tu ne peux plus compter sur tes jambes pour te soutenir, puisque je t’ai tranché la colonne vertébrale ricanai-je telle une folle.

J’était peut être atteinte de démence, parce qu’aussi étrange que cela puisse paraitre, je ne ressentais plus rien du tout, ni la douleur, ni la tristesse. Rien, j’étais juste euphorique face à la torture que j’procurai à ma proie.

—Je n’aurais aucune pitié pour toi, grommela-t-il.

Je me penchais vers lui telle une inconsciente.

—Que dis-tu ? Je n’entends rien à cause de toi !

Il redressa la tête et mugit :

—Je vais te tuer petite mortelle et ensuite je vais te dévorer en faisant bien attention à te maintenir en vie, pour que tu ressentes tout ce que je t’infligerais. Tu me supplieras de t’achever et je mangerais cet enfant que tu protèges en vain. Il est en train de mourir ou peut être qu’il l’est déjà. Le poison de mes serres et puissants et dévastateur…

Son bec troua la peau tendre de ma clavicule par deux fois. Il essaya une troisième fois, sauf que je lui saisit le bec à main nue.

—Je vais te trancher la langue pour ne plus t’entendre, hurlais-je à sa face couturée de cicatrice.

Faisant fit des blessures qu’il m’occasionnait avec la main qui lui restait, j’ouvris sa bouche en me coupant sous les bords de son bec affilé afin de lui arracher sa langue. Je continuai mon carnage en lui enfonçant mes ongles dans ses yeux aux pupilles dilatées et rouges. Je l’éventrai comme il l’avait fait avec Décerto. Il hurlait, sauf qu’aucun son ne s’échappait de son gosier. Je me délectais de sa souffrance.

Je ne savais pas combien de temps, j’avais passé à m’acharner sur lui, quelques minutes ou quelques heures, peut m’importais. Il méritait une mort lente.

— « Occupe-toi de Zéphyr », me rappela ma conscience, « ce monstre est mort, il ne te fera plus jamais le moindre mal ».

Je perçai une dernière fois son cœur avant de m’ébrouer tel un animal. Un liquide mauve et visqueux me recouvrait entièrement.

J’invoquais ma magie de l’eau pour nettoyer mon corps et telle une automate je partis m’occuper de Zéphyr, mon petit frère blessé.

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