Chapitre 17

13 minutes de lecture

Je me faufilai donc entre les arbustes qui composaient le lacis, leurs feuillages me permettant de me camoufler. Je rampai avec précaution dans la boue glacée qui imprégnait mes vêtements, en espérant ne pas me faire repérer parce que mon cœur battait la chamade. Mon objectif, était de le prendre à revers en utilisant la lame gelée du poignard, elle me permettrait de le givrer afin que je puisse lui trancher la tête.

—Où est-elle ? siffla-t-il

Je regardai par-dessus mon épaule et vis mon père hausser les siennes en se moquant de Python. Ce dernier débuta sa recherche, son corps vert et épineux ondulait entre les haies.
Il se figea un instant, et resta immobile, aux aguets, m’avait-il vu ?
Non, il cracha du venin en direction de mon père, qui disparut pour réapparaitre plus loin, hors de sa portée. Il avait l’air de s’amuser comme un fou.

Profitant de l’inattention du colosse, je me jetai sur lui en plantant la lame du poignard dans son dos. Elle s’y enfonça avec une facilité déconcertante, comme s’il était fait de beurre. J’activai le bouton saphir et la magie opéra dans toute sa splendeur. Du gel se répandit peu à peu couvrant sa peau. Il brailla son mécontentement et sa douleur, tout en s’agitant dans tous les sens, essayant de me déstabiliser par les brusques gestes de son corps. Hélas, pour lui, je tenais bon et je raffermis ma prise sur la poignée du couteau. J’étais têtue, il ne parviendrait pas à me déloger, et pour encore plus l’irriter, j’enfonçai la lame plus loin dans ses chairs.

Il contorsionna son buste afin de m’atteindre, je croisai son regard vide et jaune et mes cheveux se dressèrent sur ma tête. Il ouvrit la bouche et me cracha du venin ardent. J’essayai de l’éviter, sauf qu’il était trop tard, j’en reçu sur toute la longueur de mon bras gauche, ce qui me fit lâcher prise. Je roulai sur la terre en hurlant à la mort, la torture du poison était horrible et surtout insoutenable, il me grignoter chaque parcelle de ma peau.

—Hestia, s’écria mon père d’une voix forte, relève-toi, ma poupée !

Je comprimai mon bras en essayant d’endiguer le flot rouge qui s’écoulait comme une rivière. Peine perdue ça empirait et ça se propageait à grande vitesse. J’allais mourir, ici et maintenant, à cause d’un maudit serpent.
J’étouffai un couinement de douleur les yeux brouillés de larmes. Mon état était lamentable, j’étais redevenue la petite fille qui avait peur des monstres.
Une odeur de chair brulée se fit sentir me donnant l’envie de vomir. Je regardai mon bras, la peau avait disparu, on voyait l’os et les ligaments, il était mutilé de toute part. Je me retenais de tourner de l’œil. C’était abominable, j’étouffai un sanglot de terreur avec mon bras valide.

—Papa, pleurnichai-je.

Oui, j’étais plus que pathétique, je n’aurai pas dû céder à la panique, mais c’était plus fort que moi.

—Tsss, tu es faible ! Je me délecte de te voir souffrir. Il projeta sa queue dans ma direction et j’allais heurter un arbre avec brutalité.

Mon sang se mit à bouillir dans mes veines, j’allais lui arracher la langue pour ce qu’il avait fait, sauf que mes forces m’avaient lâchées. Et quoi, moi la fille d’Hadès, j’allais crever comme ça ? A dix-sept ans ? Alors que mon père était l’un des plus puissants seigneurs que l’Olympe ait connus ?

Python ricana et m’envoya une gerbe de terre dans la figure.

—Oh, pauvre petite fille, tu as mal ? Le grand méchant t’a fait bobo, fit-il d’un ton sarcastique, sa langue jaillissant entre ses crocs.

—Ferme-là ! hurlai-je à m’en arracher les cordes vocales.
—Va bruler en enfer !
Avec toute la rage dont j’étais habitée et les dernières miettes de pouvoirs qu’il me restait, j’invoquai ma magie la plus dangereuse.
Le sol se fendit en deux, les arbres tombèrent signe de mon courroux. Une tornade se forma dans les airs et je la précipitai sur lui.
Profitant du fait qu’il était allongé sur le sol, je me mis à courir en m’enfonçant profondément dans le labyrinthe. Un rugissement animal me noya les oreilles et des bruits sourds se firent entendre dans mon dos, sauf que je ne me retournais pas. Au plus, je m’enfonçais, au plus la végétation se faisait dense et envahissante. Des lianes formaient une sorte de dôme, empêchant tout lumière d’éclairer l’endroit, le terrain était semé d’obstacle en tout genre : des racines ensevelies dans la terre, des branches cassés, des troncs d’arbres, des cailloux pointus, …

Je devais à tout prix distancer Python, c’est pourquoi je me dépêchais de trouver un refuge, le temps de mettre en place mon plan d’action. Des murs et des murs de buissons se succédaient et je faillis ne pas voir la petite ouverture à ma droite. Elle était presque imperceptible au premier abord. Il s’agissait d’un étroit passage entre des buissons épineux. Le monstre ne pourrait pas y passer, mais moi si, et je m’y engouffrai. La broussaille vint me griffer le visage avec ses épines, pourtant cela ne me gênait pas.
Une odeur douceâtre d’écorce et de terre humide vint me chatouiller le nez en plus de celle écœurante de mon bras en décomposition. La douleur me submergeait encore et je l’ignorai me focalisant sur mon combat.
Je débouchai de l’autre côté et failli me faire dévorer par une plante géante à la bouche béante. Survoltée comme j'étais, je m'abaissai juste à temps et lui tranchai la tige. La plante se recroquevilla sur elle-même et disparu. Je me relevai et aperçus des dizaines de spécimens identiques à celle que je venais de tuer, qui se profilaient dans cet espace clos et au milieu d'elles, des digitales. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : je venais d’entrer dans l’antre des carnivores et des douces empoisonneuses...

Je me ruais vers ses fleurs maléfiques en tranchant toutes les bouches qui essayaient de me manger. Une fois arrivée devant les belles digitales, j’en coupai une bonne poignée, avant de les fourrer dans la poche de mon tablier. Mes mains commencèrent à me démanger, car j’avais touché la tige urticante, mais j’en fis abstraction, le temps n’étant plus aux lamentations. Le monstre venait de fracasser le mur de buissons en l’arrachant avec ses dents.
—Vilaine petite fille ! Tu pensais pouvoir m’échapper ! tonna-t-il de sa voix sifflante.
—Non, je pensais t’amener dans un piège et comme un imbécile, tu m’y a suivi, ricanai-je en retour.

Il hurla son mécontentement et cracha son venin partout en tentant de m’approcher, sauf qu’il fut assailli de tous les côtés par les plantes affamées, ce qui m’offrit un bref instant de répit.

Mon père décida de ce moment pour se matérialiser à mes côtés, une lueur d’inquiétude traversa son regard, lorsqu’il constata dans quel état je me trouvai.
—Ma poupée ton bras, chuchota-t-il en essayant de le toucher.

Je l’en empêchai et déclarai :
—Mon arc, j’en ai besoin, je me soignerai, une fois qu’il sera mort.
Je désignai le serpent qui était en train de se débattre.
Mon ton était froid, car par sa faute mon bras était abimé, il ne m’avait pas aidé et je lui en voulais.
Il inclina la tête et le fit apparaitre.
Je me dépêchai d’entourer la pointe d’une flèche avec les fleurs vénéneuses, je l’encochai et j’attendis que la bouche du monstre soit grande ouverte. Hélas, tout ne se passa pas comme prévu, évidemment sinon cela aurait été trop facile. Grâce à son corps sinueux et son venin ardent, il parvint à se dépêtrer de la flore inhospitalière. Mon corps se raidit et je me mis à transpirer à tel point que des gouttes de sueurs coulèrent le long de mon dos. Il se redressa de toute sa hauteur et me toisa avec grandeur.

—Tu croyais pouvoir me duper ? Idiote, tu vas me le payer ! pesta-t-il en faisant battre sa queue dans tous les sens.

Il se précipita ensuite vers moi, en faisant fi des tiges qui ployèrent sur son passage et s’affaissèrent. Il était trop puissant et moi je l’avais sous-estimé, en pensant que les carnivores s’occuperaient de l’achever à ma place. Le désarroi s’empara de mon âme et me fit paniquer. Comment allais-je faire pour le tuer, il semblait invincible. Mon souffle se coupa et tout mon corps se mit à trembler. Ma poitrine me serra si fort que l’air sembla me manquer. En plus, mon bras me faisait mal, à un point inimaginable, je n’allais plus pouvoir tenir longtemps et il allait me dévorer comme il l’avait si bien décrit. Comment allais-je faire pour sauver ma peau. Je me sentais faible face à lui ! Je n’étais pas assez forte ! Résignée, je rangeai ma flèche dans le carcois et me préparai à périr, mes yeux se fermèrent dans l'attente de l'impact. Un bruit de craquement, sûrement une branche, me fit sursauter. Il approchait. Je le sentais.

A la dernière minute, mon père me prit dans ses bras pour m’éviter d’être percutée et écrasée tel un insecte insignifiant et nous disparûmes, alors que les dents du serpent claquèrent dans le vide. Un souffle glacé me traversa et je m’agrippai à mon sauveur.
Lorsque je rouvris mes yeux, je vis que nous étions en dessous d’une sorte de saule pleureur, ses branches tombantes au feuillage ocre, cachaient le monde environnant et caressaient un lac à l’eau transparente. Nous étions dans une sorte de cocon protecteur, un havre de paix au milieu de cet enfer. J’étais toujours contre le torse de mon père et j’essayai de m’extirper de son étreinte, mais il me retint. Sa poigne était ferme, sans pour autant me faire mal, je le dévisageai d’un air condescendant en haussant un sourcil. Il m’était impossible de lui pardonner de ci-tôt son inertie.

Le maitre des morts, prit mon visage en coupe entre ses mains et déclama d’un ton grave :
—Hestia, il faut te ressaisir ! Si je t’ai laissé agir jusqu’à maintenant, c’était pour prouver à mon frère que ma fille, n’est pas une petite chose fragile. Il faut lui montrer de quel bois tu te chauffe d’accord, ma poupée.

Je hochai la tête, et me dégageait, ne voulant plus sentir ses bras autour de moi. J’étais trop énervée pour le laisser me câliner, il aurait pu me le dire plutôt au lieu de me lancer dans la gueule du loup. Pour me calmer, j’admirai le paysage qui m’entourait. Des vaguelettes ondoyaient sur la rive et le soleil s’y miroitait. Des nénuphars flottaient à la surface, des oiseaux gazouillaient. J’inspirai l’odeur de ce havre de paix, douce et fleurie.

Des mains se posèrent sur mes épaules et un souffle chaud me caressa la joue.
—Laisse-moi te soigner, ma chérie.
Je poussai un soupir de lassitude et lui tendis mon bras blessé, les yeux toujours portés vers l’horizon. Il y posa ses paumes calleuses et une douce tiédeur se répandit dans tout mon être, me procurant un bien fou. La magie me traversa de part en part et se concentra sur la partie qui était blessée. Mes muscles de délièrent, mon corps se détendit. Je n’avais plus mal, la douleur avait disparu comme par miracle. J’exhalai un gémissement de plaisir, ça faisait du bien de ne plus avoir mal !

Une fois son travail accompli, mon père s’éloigna de moi un rictus au coin de la bouche et m’observa d’un œil scrutateur. Je fronçai les sourcils et posai mes poings sur les hanches.

—Pourquoi me regarde-tu ainsi ? le questionnai-je.

Il me désigna l’étendue d’eau derrière moi.

—Observe ton reflet, ma petite guerrière.

Je me retournai, m’approchai du lac et poussai un petit cri de surprise. Plus aucune trace de boue, de sang ne maculait mon visage. Ma robe avait disparu remplacée par une tenue de guerrière amazone. Un corset et une jupette en cuir noir, des spartiates dont les lacets entouraient mes jambes. Une cape rouge était accrochée à mes épaules et volait au grès du vent, une ceinture à poignard me ceignait la taille et il dépassait de mon dos un arc et un carquois, tous deux fabriqué dans un magnifique bois ouvragé. Je ressemblai à une guerrière romaine avec cette tenue et mes cheveux coiffée savamment en plusieurs tresses. Le tout était sublime, je me trouvai magnifique.

—Maintenant que tu as tout ce dont tu as besoin pour te battre, je te ramène dans l’arène, me dit mon père d’une voix calme et assurée.
Il m’embrassa avec tendresse le haut de mon crane et murmura :
—Mon extraordinaire guerrière, je suis fière de toi, quoi qu’il arrive ! Ne doute pas de ta force, tu peux le vaincre.

Sur ces dernières paroles, des flammes nous entourèrent et nous fûmes transporter vers l’antre des carnivores où se trouvait le démon cracheur de venin. Des milliers de particules me chatouillèrent la peau lors du transfert. Pour éviter d'arriver nauséeuse, je fermais mes paupières, et lorsque je sentis la terre ferme sous mes pieds, je les rouvris. Un Python fulminant se tenait à quelques mètres de moi. Il arrachait et brûlait les fleurs carnassières qui tentaient de l'atteindre. Ce qui me semblait étrange, c'était le fait qu'il ne s'était pas encore rendu compte de ma présence alors que je me trouvais dans son champ de vision.
—Tu es invisible pour l'instant ! m'expliqua mon père.
Je pivotais vers lui, la tête penchée sur le côté et une moue interrogative sur le visage.
—C'est pour ça qu'il ne m'a pas encore vu !
—Oui, je veux te laisser le temps de l'examiner ! Sois attentive à sa gestuelle et à son comportement quand les plantes l'attaquent ! Essaie de repérer ses failles et tu pourras le vaincre.
Je fis ce qu'il me disait et me mis à observer le géant. Il était très rapide lorsqu'il rampait, mais à partir du moment où il restait statique son corps le gênait. Je voyais qu'il avait des difficultés à se mouvoir, surtout s'il était assailli de tous les côtés. Un plan se mit à germer dans ma tête et je dégainai l'un de mes poignards.
—C'est bon papa, je suis prête !
Il m'embrassa avec délicatesse le crâne et me donna un dernier conseil.
—Fais le vide dans tes pensées, elles ne doivent pas t'obstruer et n'hésite pas à faire usage de tes pouvoirs. Tu es puissante, ma grande, n'en doute pas !

Il me prit la main d’un geste tendre, je sentis sa chaleur me quitter et me retrouvais seule avec le serpent.
J'étais prête !
Il allait goûter la saveur de la défaite !

—Alors, on a du mal à gérer des petites fleurs inoffensives ?! le défiais-je moqueuse.
Il porta son attention sur moi et me détailla avec circonspection.
—Tu ne paies rien pour attendre !

Une plante téméraire se rua vers lui et le mordit à la joue. J’en profitais pour m’élancer dans sa direction, j’armais mon bras et projetai mon poignard qui atteignit son flanc gauche. Le sang se mit à couler le long de sa peau et une flaque vert marée se forma sur le sol.

En représailles il cracha un jet de venin dans ma direction.
Je l’évitai.

Je m’étais tellement focalisée sur le haut de son corps, que j’avais omis sa queue épineuse. Cette dernière me heurta de plein fouet et l’un de ses aiguillons me traversa la cuisse gauche. Un liquide poisseux et écarlate s’écoula de la plaie. Je hurlai ma douleur et ma colère à sa face écailleuse. Faisant fit de cette souffrance, je plongeai mes mains dans la mousse sur laquelle j’étais étendue. Une racine brune et noueuse, sortit de l’argile et alla le frapper. Sa tête partie en arrière sous l’impact, mais il reprit très vite contenance et fusa sur moi. J’opérai une roulade et dégainai mon poignard magique. Je pressai le bouton rubis et les flammes jaillirent.

Il tenta de me happer, sauf que je parvins à me faufiler, juste à temps, dans un étroit tunnel broussailleux. Ses dents claquèrent et parvinrent à mordre mon mollet.

Furibonde, je me retournai et lui plantai la lame incandescente dans la mâchoire. Pour lui faire lâcher prise, je lui assenai des coups de pieds avec ma jambe libre et ne cessais de le poignarder. L’hémoglobine gicla sur mon visage, me couvrant d’un liquide visqueux et nauséabond. S’était dégoutant, pourtant sur le coup, je m’en fichais comme de la dernière pluie. Cette dernière commença à tomber me trempant de la tête au pied et des éclairs zébrèrent le ciel. Zeus semblait en colère. Le sol se fit glissant, et je manquai de tomber à plusieurs reprises, tandis que je m’échappai. Sa tête ensanglantée disparue du passage et je continuai mon chemin le couloir végétal.

—Où te caches-tu, petite souris. Viens, je ne vais pas te manger ! ricana-t-il.

J’essayai de faire le moins de bruit possible, car je discernai sa stature au travers des branchages feuillus. Une ouverture se profila enfin, je pris une grosse goulée d’air, attrapait mon arc ainsi que la flèche empoisonnée avec les digitales et je sortis du boyau de végétation.
—Je suis là ! lui répondis-je.

Je décochai une première flèche pour le paralyser. Le projectile fusa tel un bolide et atteint la gorge de Python qui brailla.

Je lançai une seconde flèche, cette fois-ci enflammée qui fit fuir les plantes et alla rejoindre la première au fond de sa trachée.

Une troisième atterrit dans son œil gauche, une quatrième dans l’œil droit, ce qui l’affaiblit, car il se déchainait toujours.

Une cinquième traversa son cerveau et un liquide visqueux s’échappa de sa boite crânienne.

Son corps vert et épineux s’écroula dans un grand fracas et mes amies les plantes se délectèrent de ces chairs tendres.

Je venais de tuer Python et je ne ressentais rien, aucune émotion, que du vide. La pression s’étant enfin relâchée, je m’écroulai. Mon enveloppe n’avait plus aucune force, je pouvais plus tenir sur mes jambes. Je n’étais qu’épuisement et douleur. Mon père me prit dans ses bras et mes yeux se voilèrent peu à peu.

C’était le noir total.

—Hestia…ne dors pas ma puce.

Mais, j’avais déjà sombré dans l’inconscience.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Selmarin 19 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0